Chapitre 24 Punition
Matt encaissait douloureusement les impacts de son agresseur. Le nordique lui heurtait brutalement les épaules tout en tournant autour de lui. Il voulait lui faire prendre conscience que la mort arriverait inévitablement, sans aucun moyen de l'enrailler ! Matt goûtait désagréablement à la sensation de vulnérabilité. Une douloureuse gifle lui démit la mâchoire. Il observa son reflet dans une flaque d'eau pour découvrir que sa transformation bestiale avait totalement fait disparaître son état zombiesque. Un douloureux coup lui fit plier une jambe pour le mettre genoux au sol. Son agresseur était trop rapide, il parvenait avec peine à voir ses mouvements. Les capacités des créatures de la nuit semblaient se perfectionner avec l'âge, l'expérience. Ce qui lui faisait défaut !
Matt avait cru que son état l'associant à la fois comme zombi, loup-garou, lui donnerait l'avantage. Il se trompait ! Haverd avait simplement commis l'erreur impardonnable de le sous-estimer. La victoire n'avait été que de la chance. Certes la puissance physique de Matt était accrue, mais il restait tant d'autres caractéristiques hors norme. Une collision à l'arrière de colonne cervicale le fit trébuchait face contre terre.
Il comprit que ce serait sa dernière nuit ! Il revint au début de la soirée.
« Il regardait avec regret la Jaguar traversant le portail pour rejoindre la route campagnarde.
— Non, mais sérieux, tu fais quoi là, s'exclama Matt ?
La situation farfelue lui donnait envie de hurler ! Il avait tant espéré de cette rencontre, tant désiré s'entretenir avec l'icône d'un peuple caché aux yeux de tous ! Et cette effigie, ce prétentieux protagoniste médiatique l'abandonnait là à son triste sort. Il avait plus urgent à faire que de perdre son temps avec lui !
Matt ne pouvait l'accepter, il le refusait tout simplement. Une prodigieuse douleur le submergea dans le torse. Il se pencha pour faire craquer toute son ossature en déformant ses membres. Ses omoplates gonflaient, ses muscles dorsaux triplaient de volume, ses canines se transformaient en crocs tout en déformant ses lèvres. L'acuité visuelle d'un humain diminuait d'un à trois dixièmes la nuit, le champ visuel rétrécissait d'autant, mais plus pour lui. La dilatation des pupilles, ronde, large et très dilatée permit aux rétines de Matt de capter davantage de lumière, il partageait désormais celles des animaux nocturnes. Il discernait mieux la paysage qu'en plein jour, plus facilement le mur, les carreaux le formant, les guêpes le survolant à une centaine de mètres.
Ses ongles s'allongèrent, se durcirent en déchirant la peau. Il se mit à courir en accélérant le pas, en triplant les enjambées. La distance le séparant de la Jaguar raccourcissait chaque seconde. Il aperçut quatre silhouettes traversant son champ de vision de chaque côté. Celle de droite l'enlaça brutalement pour le faire trébucher dans le gravier.
Il rugit de colère en repoussant son agresseur. Le responsable de sa chute, un Nordique glissa dans la terre en labourant le gravier de ses doigts. Le norvégien aux yeux vairons esquissa un sourire moqueur, prétentieux, il trouvait comique la légère bousculade ! Il connaissait Matt ou du moins reconnaissait l'odeur corporelle associée à la sienne. Le combat serait attrayant, pas véritablement dangereux, mais plaisant. Il extirpa les crocs tout en le dévisageant. Andreas, le scandinave originaire d'Oslo était déjà au service du comte lors de la prise de pouvoir de Sverre Sigurdsson. Il avait la charge de la sécurité des garages, des patrouilles extérieures. On ne lui accordait qu'un seul défaut, l'aquavit ! De son nom latin « aqua vitae » signifiant « eau-de-vie », elle était une boisson spiritueuse parfumée au carvi ou à l'aneth, ainsi que d'autres substances aromatiques. Andreas détestait le vin, les roux, les voitures électriques, désormais Matt.
Haverd était son cousin paternel, un enfant de chœur par rapport à lui !
Andreas passa à l'attaque. Matt esquiva de justesse l'empoignade, mais pas la profonde lacération au niveau de l'épaule. Il grogna de colère en plantant ses griffes dans ses paumes, Matt découvrait avec inquiétude la détermination de son agresseur.
Andreas le renifla à deux reprises avant de le pointer du doigt.
— Tu as croisé la route de mon cousin !
— Possible ?
Le nordique hocha le visage en en reniflant de bas en haut.
— Tu apprendras, jeune morpion, que notre sang reste ancré plusieurs semaines dans la peau. Il est indélébile, marque le tueur ! Tu vas périr dans d'atroces souffrances. Qu'est-il advenu d'Haverd ?
— Chute mortelle, regretta-t-il rapidement la plaisanterie. »
Il se releva péniblement pour être soulevé dans les airs par une poigne solide.
— Andreas, s'exclama un homme chauve en empoignant l'avant-bras du nordique. Le comte n'admettra pas son trépas.
— Mais pas la souffrance !
Il brisa le nez de Matt d'un coup de poing avant de l'écraser lourdement contre un mur en pierre. Il le longea ensuite tout en frottant son prisonnier dessus. Les omoplates déchirées, la peau de crâne arrachée, Matt luttaient pour ne pas hurler de douleur. Tous les spectateurs assistaient au spectacle sans rien dire. Andreas lui enfonça le visage dans la terre pour l'étouffer. Matt tenta vainement de détourner sa tête, mais rien n'y faisait. Il était bloqué, immobilisé sans aucun espoir de se libérer. L'arrogance précède la ruine, Et l'orgueil précède la chute, lui traversa l'esprit. D'où provenait cette phrase ? Ou l'avait-il lu ou entendu ? Il aperçut dans son esprit un inconnu portant une armure de chevalier du moyen âge, puis reconnut la voix du comte annonçant cette phrase. Comment était ce possible ? Ce souvenir ne lui appartenait pas. L'absence d'oxygène lui fit perdre connaissance.
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