Chapitre 2 Solitude
26 octobre 2021
Une silhouette au visage recouvert de poussières, de cendres traversait en moto-cross un champ de blé. Sa tête avait été mise à prix pour meurtre, involontaire certes, mais coupable malgré tout ! Il ne devait pas l'oublier. Où pouvait-il se rendre ? Chez qui pourrait-il quémander de l'aide ?
Combien de temps avait il été emprisonné dans la ville de Préchac, huit, dix jours ?
Sa lutte quotidienne avait ressemblé à un jeu de téléréalité ! Il avait employé tous les moyens nécessaires pour assurer sa survie, comme le meurtre. Lorsque notre vie en dépendait, tous les moyens étaient bon.
Il termina de traverser le champ pour regagner une route.
Il s'étonna de ne croiser aucune voiture.
L'état aurait-il fait évacuer toutes les villes environnantes ?
Il s'en moquait totalement, les flammes étaient loin dans son dos. Cela lui laisserait du répit.
Une longue traînée de véhicules à l'arrêt confirma bientôt le péage. Il se gara derrière un monospace.
Le véhicule n'avançait pas, il se pencha sur le coté pour observer les autres voitures immobiles.
L'absence de tous mouvements lui confirma que la zone du péage était abandonné. Il bifurqua sur la droite pour passer sous une dernière barrière à demi levée.
L'absence de toute circulation commençait à l'inquiéter.
Un peu plus loin, il aperçut un carambolage incroyable, les voitures s'étaient percutées, abandonnées sur place. Il zigzagua entres elles avec difficulté.
Il ne croisa pas âme qui vive sur tout le trajet.
Il ralentit à proximité de Bordeaux en apercevant deux silhouettes au milieu de l'autoroute. La première la traversait en étant poursuivie par la seconde. Que se passait-il ? Le motard arrivait sur place que leurs silhouettes quittaient son champ de vision pour s'engouffrer dans l'aire de repos de l'autre côté.
Toutes les voies étaient occupés par des véhicules de toutes sortes, berline, break, monospace, bus, camions, motos. Certaines avaient été abandonné dans un accident, mais la plupart stationnait dans le sens de circulation. Où se trouvaient les conducteurs ? Que s'était il passé ?
Il ralentit en apercevant un homme à demi engouffré par la vitre passager d'une citadine.
— Un problème, monsieur ?
Son sang se raidit lorsque l'homme en ressortit pour le dévisager avec la moitié du visage arraché, un œil pendant dans le vide, la bouche remplie de morceaux de chairs.
— Non, sérieux ?
L'inconnu courut dans sa direction pour perdre l'équilibre, trébucher sur une tige en métal d'un parechoc qui lui traversa le torse. Il gesticula en poussant des hurlements vivaces, mais dénués de toutes douleurs. Il tendit vainement ses doigts décharnés dans la direction du motard.
Matt accéléra en apercevant trois silhouettes désarticulées venant dans sa direction. Elles n'avaient plus rien d'humain, leurs organes traînants au sol, les membres étaient à demi arrachés ou dévorés !
La folie guetta un court instant Matt, mais il reprit ses esprits.
C'était un survivant.
Le monde lui appartenait !
Il n'avait plus à se soucier des forces de police, à expliquer son comportement à quiconque. Matt détenait une connaissance approfondie des zombies par une lecture assidue de romans, bandes dessinées, séries, films, jeux.
Il était conscient du danger, de maintenir une surveillance permanente, mais il lutterait jusqu'au bout.
Il fit dérapa le pneu arrière, puis leva la roue avant tout en écartant les doigts serrés de la main gauche pour former trois lignées.
— Paix et prospérité, hurla-t-il en faisant référence à Spock, personnage de Star Trek. Je vous emmerde tous.
Il perdit l'équilibre en glissant de la roue arrière sur une flaque de sang. La moto percuta violemment une remorque, le motard fut projeté dans les airs pour s'écraser lourdement sur la vitre d'une berline. Il se releva à demi sonné en chancelant. L'impact n'avait pas été aussi brutal que prévu, il se sentait en pleine forme. Les trois silhouettes désarticulées voulaient profiter de la situation en accélérant.
Matt passa le lecteur de glycémie devant le capteur, le chiffre 0,70 le déstabilisait. Il ne se sentait absolument pas en hypoglycémie. Il mangea rapidement une madeleine, puis retourna à la moto. La roue en travers confirma qu'elle était hors d'usage.
Il escalada une voiture pour observer les alentours. Il aperçut à une centaine de mètres une moto de sport italienne sur cale-pied. Le motard courut à contresens des morts-vivants pour rejoindre le célèbre deux roues italien.
Il la démarra pour faire rugir les pots, puis se faufila entre les véhicules pour prendre la direction de Bordeaux.
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