Chapitre 15 le monarque
Une étouffante odeur de chair brûlée réveilla Matt. Il ouvrit avec peine les paupières pour découvrir des morts-vivants à perte de vu le bousculant à chaque seconde. Aucun ne semblait lui accordait le moindre intérêt ! Il se leva avec hésitation, dégoût, répulsion. Il ressentait leur regard, leur désir de chair fraîche. Il n'avait malgré tout pas d'autre choix que de suivre le mouvement.
Il reconnut bientôt à une cinquantaine de mètres la Base aérienne 106 de l'Armée de l'air de Bordeaux-Mérignac. Que faisait-il ici ? Comment s'était-il rendu à cet endroit ? Et pourquoi ?
Cette situation l'irritait tout en l'effrayant à la fois. Que lui arrivait-il ? Il aperçut sans réelle surprise ses vêtements déchirés. Qui pouvait en être responsable ? Des agresseurs ou bien tout simplement lui-même ? Il serra les poings de colère. Il refusait de supporter une nouvelle fois cette perte de mémoire. La seule explication n'était guère réjouissante !
Deux morts-vivants ralentirent pour le dévisager. Ils ne le quittaient plus des yeux, il percevait sa conscience, son humanité ! Un troisième le heurta pour trébucher en accompagnant une lignée de zombis.
Une douleur torride dans le crâne fit hurler Matt. Il plia les jambes pour poser genoux à terre. Son cri attira subitement l'attention des morts-vivants sur un large périmètre. Certains continuaient en direction de la base, tandis que d'autres se dirigeaient vers l'homme agenouillé. Des zombis se chamaillèrent dans leur route divergente, mais un attroupement submergeait déjà Matt en l'étouffant.
On entendit que claquement de dents, succions, gémissements. Un soulèvement brutal projeta les cadavres loin dans les airs. Tout comme une explosion, une douzaine de morts-vivants furent éjectés comme des marionnettes en bois. Matt se retrouva seul au centre de se défoulement extraordinaire. Son visage ensanglanté camouflait une certaine vérité ! Qui avait déchiqueté l'autre ? Ses doigts d'une rougeur morbide, recouverts de viscères, de tripes, de membres arrachés, démontraient le mal dominant, c'était lui le prédateur.
Une explosion à l'intérieur fit trembler le sol.
Une fusillade derrière l'immense porte confirmait une intrusion ou une fuite dans la base militaire.
Matt arracha les manches de son pull-over imitation treillis. Il déchira ensuite son épaisse chemise comme une feuille de papier. Il griffa son torse de ses griffes tout en hurlant.
Il pointa la base de l'index pour pousser un grognement animal. Tous les morts-vivants aux alentours semblaient perdus, désorientés ! Les lourdes portes de l'enceinte militaire s'ouvrirent lentement en repoussant les zombis déjà agglutinés dessus.
Matt courut en grandes enjambées en direction de l'entrée. Tout comme les moutons de Panurge, les zombis le suivirent, mais à pas plus lent. Alors qu'il pénétrait dans l'enceinte, un véhicule militaire sortant le percuta violemment. Dans sa chute, il eut juste le temps d'apercevoir un adolescent en compagnie d'un jeune adulte. Il agrippa le bitume de ses griffes pour stopper sa roulade, puis hésita entre poursuivre ses agresseurs ou se préoccuper des soldats le prenant pour cible avec leurs fusils mitrailleurs ?
Il écarta les bras pour orienter les doigts de chaque côté. Les morts-vivants se séparèrent en deux groupes, l'un sur sa droite, l'autre sur sa gauche, pour envahir la base. Des impacts de balles traversèrent son ventre, ses jambes pour le faire trébucher. Il se releva aussi vite pour courir sur son agresseur en ignorant la douleur. Une balle ricocha sur son crâne pour le désorienter. Il frotta la plaie de ses doigts pour ensuite regarder le sang les recouvrant.
Un soldat de grande taille le menaça de son arme tout en pressant la détente. Matt détourna la tête pour esquiver la balle. Il le pointa ensuite du doigt en poussant un hurlement rauque. Une demi-douzaine de morts-vivants se jetèrent immédiatement sur le soldat.
Matt découvrit que ses mouvements étaient d'une rapidité accrue, il se trouvait presque à l'endroit ou il désirait se rendre. Une seule envie le menait, ôter la vie dans les pires souffrances !
Il observa avec étonnement ses blessures profondes, ses plaies. Comment pouvait-il encore se tenir debout ? Une senteur exhalant un imposant parfum de chocolat, de bois attira son attention. Il suivit l'odeur pour s'agenouiller auprès du cadavre d'un lieutenant-colonel. Matt se pencha pour le renifler, puis débusqua l'origine de la senteur. Il écarta une poche du treillis pour en sortir une boîte à cigare avec zippo. Il en sortit un pour le sentir sur toute sa longueur, puis l'alluma.
Matt n'avait jamais fumé de cigare, mais il trouva le goût exquis. Il inspira longuement pour garder la fumée dans sa bouche, puis la recracha en admirant la fuite vaine des soldats poursuivis par une horde de zombis.
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