Chapitre 12 Gironde, zone sinistrée
13 h le 23 octobre 2021.
Château de Cazeneuve en Gironde, la silhouette d'un homme en costume bougeait au rythme des éclats de lumière de l'écran 4 K. confortablement installé dans un canapé en cuir, le comte regardait en fumant l'interview d'un officier supérieur de l'armée de terre. Le rougissement du cigare éclaira la cicatrice traversant le coin de l'œil gauche pour rejoindre les lèvres. Le souvenir de la cérémonie lors de la pleine lune du vingt octobre deux mille vingt et un, appelée pleine lune du chasseur, le tourmentait encore. Il était certes sorti vainqueur d'une longue bataille, mais cela avait eu son prix !
Il quitta ses pensées pour le reportage télévisé.
— Colonel Des Vignes, la situation n'est elle pas un peu exagérée, demanda le journaliste ?
— Les mesures employées sont d'une éventuelle nécessité, jamais auparavant nous n'avons été confrontés à une telle situation !
— Situation ? Colonel, vous jouez sur les mots !
— Je tente simplement de me faire comprendre en utilisant un vocabulaire adapté !
Le journaliste serra les dents de mépris, personne n'aurait souhaité se retrouver à sa place. Il avait au préalable fait des recherches sur le colonel, cela avait été de mauvais augure !
— Certaines vidéos amateurs en provenance de Bordeaux sont terrifiantes, incroyables, anormales, annonça-t-il alors que l'écran quadrillé montrait une multitude de scènes montrant des personnes aux vêtements en lambeaux, visage défiguré, attaquant, dévorant leurs proies. Vous confirmez que ce n'est ni une attaque terroriste ni un virus virulent ?
— Les premiers cas ont été signalés dans tous les hôpitaux, cliniques de Bordeaux ainsi que sa banlieue proche, aucune analyse complète ne sera divulguée !
— Vous confirmez donc une invasion de Zombis ?
— Vous êtes libre de vos suppositions !
— La zone de quarantaine va certes empêcher les morts-vivants de sortir du périmètre, mais va tout autant mener à sa perte les habitants !
— Nous agirons le plus rapidement possible, annonça-t-il pour obliquer le regard vers la caméra. Zone sinistrée, restez chez vous, n'ouvrez à personne... nous arrivons !
— Une mission est-elle prévue ?
L'ignorant volontairement le colonel Des Vignes quitta le plateau. Le journalise n'en revenait pas, aucune explication, aucun remords, il avait tout simplement décidé de partir.
— Colonel, contesteriez avoir donné tout pouvoir à l'armée sur Bordeaux et son agglomération ?
Le colonel souffla de mépris en abaissant le visage.
— L'armée va effectivement instaurer le maintien de l'ordre à la place de la police ou en collaboration avec celle-ci.
— Le président est en outre mer, donc hors du territoire, a-t-il déposé un décret au conseil des ministres.
— Il ne peut en être autrement, confirma-t-il en se retournant vers les caméras !
— Vous ne siégez pas au cabinet militaire de la présidence de la République. Qui vous donne les pouvoirs de gérer cette crise hors norme ?
— Le décret présidentiel a ordonné une durée indéterminée d'application sur la Nouvelle-Aquitaine. C'est effectivement un état de siège, loi martiale que l'on m'a administrée !
Il fit demi-tour pour quitter la pièce d'enregistrement !
— Bon, désolé cher téléspectateur, mais...
Le comte éteignit l'écran puis expira longuement pour contempler la fumée. Il se dirigea vers le balcon pour observer au loin le mur protégeant l'enceinte. Le château se trouvait à une heure de route de Bordeaux en prenant l'autoroute. La ville la plus proche était Préchac.
Il se remémora l'incendie causé par l'explosion d'un camion-citerne devant approvisionner la station-service de Langon. Les responsables avaient été sévèrement punis, on n'empiétait pas sur son territoire ! Des avions-Canadair avaient survolé l'incendie pour rapidement l'éteindre. Les flammes n'avaient pas eu le temps d'atteindre son domaine. La situation avait déjà été assez complexe avec l'attentat terroriste sur Préchac. Le comte avait connu nombre de batailles, de dilemmes sanglants, mais le bioterrorisme était une guerre sale !
Il regrettait un certain écart de conduite dans les doctrines de son peuple, il avait prêté assistance à Mathieu ! On ne devait interférer d'une quelconque manière dans l'existence des individus. Le comte s'était pris d'affection pour ce fugitif ayant fui Bordeaux. Gilles avait son fardeau, Lucas. Lui, il avait choisi Mathieu ! Quel poulain glorifierait le mieux son maître ?
Parviendrait-il à apprendre seul ?
Il le vaudrait mieux pour lui.
Le Duc du sud-ouest n'avait attribué à personne la charge de la Nouvelle-Aquitaine, devrait-il se l'approprier ?
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