Une femme a sauté du train reliant les villes de Nice et d'Antibes
17 juin 1894 :Le Petit Niçois
Vendredi dernier, une femme a sauté du train reliant les villes de Nice et d'Antibes. Les circonstances de ce fait restent mystérieuses, tout comme l'identité de la jeune femme.
Mais remettons avant cela les faits dans l'ordre. Vendredi 15 juin à 14h précises, un train part de la gare de Nice, vers sa destination, Antibes, avec à son bord, semble-t-il, la jeune femme. Le contrôleur du train, monsieur Gaston Chalard, syndicaliste engagé, n'a vu aucune jeune femme monter dans le train, mais déclare qu'un jeune garçon "propre, bien habillé ", lui a demandé la destination du train, et que "son visage s'est illuminé comme s'il avait vu arriver le salut quand je lui ai dit qu'il se rendait à Antibes, et puis il a immédiatement acheté un billet". Elle sautera du train 3 kilomètres plus loin, à la sortie d'un tunnel près du viaduc d'Orival, où elle sera vue par de nombreux témoins. Le sort qu'a connu la jeune femme varie d'une version à l'autre.
Des habitants du village voisin d'Auriac déclarent l'avoir vue tomber dans le précipice, mais Adolphine Maupin, qui lavait son linge à la rivière au moment des faits, dément : "je l'ai vue comme je vous vois. Elle a roulé sur la pente et s'est arrêtée juste au bord du gouffre." Si la jeune femme a bien sauté, la falaise mesurant plus de 77 mètres de hauteur à cet endroit ne lui aura laissé aucune chance. Les différentes versions des protagonistes, cependant, concordent toutes sur une chose : la passagère était vêtue d'un costume masculin et portait une casquette. Certains témoins disent avoir aperçu un homme à longues moustaches portant un haut-de-forme noir se pencher à la fenêtre de la locomotive un instant après qu'elle eut sauté, homme dont l'identité reste, à ce jour, inconnue, et dont le billet n'a pas été enregistré.
Georges Clemenceau, en vacances à Nice, se trouvait dans un des derniers wagons : " il m'a semblé entendre des bruits de lutte près du crochet d'attelage, mais j'ai mis cela sur le compte du bruit occasionné par les roues et la cheminée de la locomotive". Un témoignage qui ne fait qu'épaissir un mystère déjà très lourd. En effet, nous et nos collaborateurs avons eu du mal à imaginer une femme se battre, à part peut-être contre une tache particulièrement tenace. Mais toutes les pistes restent ouvertes sur cette étrange affaire, même les plus farfelues. Le motif de son geste demeure flou : était-elle poursuivie ? A-t-elle été poussée ? Avait-elle l'intention de mettre fin à ses jours ? Le Parquet a été saisi, mais le mystère demeure à ce jour entier sur cette singulière affaire.
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