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4. Se Brûler Les Doigts

Jaejoong se jeta sur son lit, sans même avoir pris le temps d'enlever sa doudoune. Épuisé. 3h24. Il se félicita d'avoir laissé sa sœur chez son amie.

Il n'avait même pas pris la peine de vérifier si sa mère était à la maison.
Mais où serait-elle sinon ?

Dans sa poche, il froissait les deux billets de 50 000 wons que Yoochun lui avait donné. C'était énorme. 100 000 wons. Juste pour être resté debout à côté d'un type. Il n'avait même pas eu besoin de sourire. Juste rester là et incliner la tête. Jaejoong ressentit comme une petite joie, ou un soulagement l'envahir.

Il serait rapidement pleins aux as, comme l'avait laissé sous-entendre le fameux Xiah.

Il n'avait pas touché à la came. Il n'avait pas pris une goutte d'alcool. Le conseil de son senior était des plus sages : être en permanence dans un état de lucidité et de vigilance extrême. Les flics rôdaient... Et pas que les flics. Les bandes rivales aussi, et les affrontements pouvaient être sanguinolents.

Ses paupières alourdies par la fatigue se fermaient seules. Il plongea dans un sommeil profond instantanément.

Quand il se réveilla, sa montre indiquait plus de midi. Il sursauta. Le lit de sa sœur était vide. Pendant un quart de seconde, une panique l'envahit. Puis le souvenir de la veille lui revint en mémoire.

Il était encore habillé, ses fringues et sa doudoune puaient la clope froide. Il tergiversa pendant deux secondes entre prendre une douche ou filer comme ça pour chercher sa sœur.

Sa mémoire dessina la silhouette fine et tentatrice de la mère de Ha Na. Est-ce cela qui le poussa à se changer et même se parfumer ? Il ne se l'avoua pas.

Jaejoong avait toujours été un solitaire. Pas d'amis et encore moins de petites amies. L'amour ? Il ne connaissait que l'amour démesuré qu'il portait pour sa frangine, et un amour presque filial pour Madame Hwang. Quant au prêtre Kwon... Ce vieux papi sympathique, bien sûr qu'il l'aimait... Quel était donc cet attrait physique pour cette femme mariée ? Il rougit.

Père Kwon. Cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu. Avec ses 100 000 wons, il pouvait bien acheter un petit truc sucré pour le prêtre. Et pourquoi pas ? C'était dimanche. Le jour ennuyeux... Il avait décidé que ça allait changer à présent.

Mais d'abord, il devait aller chercher sa sœur. Son cœur battait la chamade en appuyant sur le bouton de la sonnette.

"- Oui ?"

La voix douce de la femme le fit sursauter.

"- Euh... C'est... C'est le grand frère de Hee Soon... Désolé du retard."

Comme toute réponse, il n'y eut que le déclic du portail indiquant son ouverture. Jaejoong hésita, puis le poussa. De jour, le jardin lui parut bien plus vaste que la veille. En arrivant sur le perron, la porte s'ouvrit, sa sœur était dans l'encadrement, habillée, coiffée, l'air heureuse.

Une main sur son épaule, la mère de son amie affichait un large sourire.

"- Bonjour !"

Jaejoong s'inclina poliment mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Il aurait voulu rentrer, s'asseoir dans le salon, vivre dans cette maison. Avoir cette mère. Avoir cette vie.

Il n'eut pas le temps d'y songer plus longtemps, sa sœur plongea dans ses bras.

"- Elle a eut un peu de chagrin au milieu de la nuit..." annonça la maman. Jaejoong regarda la petite fille avec étonnement.

"- Tu m'as manqué, Oppa. Je n'arrive pas à dormir sans toi."

La femme, attendrie, sourit :

"- Si seulement Ha Na et Han Eul étaient ainsi... Chats et chiens, ces deux-là."

Peut-être que la misère rapproche les humains... L'opulence les éloigne ?

Le jeune homme respira un grand coup les cheveux de sa sœur toujours dans ses bras, et la serra encore plus près de son cœur.

Main dans la main, ils partirent après avoir chaleureusement remercié cette famille... Normale.

Après quelques mètres de marche, Jaejoong proposa à Hee Soon de se poser un instant, sur un banc.

Il sortit de sa poche un énorme pain aux haricots rouges et regarda sa petite sœur le dévorer à grandes dents.

"- Tu as bien mangé chez Ha Na ?"

"- Délichieux." répondit la gamine la bouche pleine. Et elle commença à énumérer les plats que la mère de son amie avait préparé. Hee Soon était devenue prolixe et parla sans arrêt : des jeux auxquels elles avaient joué, des dessins animés qu'elles avaient vu à la télé, de la couleur du papier peint de la chambre de Ha Na, de la splendide salle-de-bain dans laquelle il y avait une baignoire !

"- Un château, Oppa ! C'était un château ! Ha Na c'est une princesse !"

Jaejoong ébouriffa les cheveux de sa sœur :

"- C'est toi, ma princesse." Elle sourit tristement... Elle ne se sentait pas princesse pour un sous.

"- Et toi ? Tu n'étais pas triste sans moi, hier soir ? "

Il soupira. Si elle savait... Ce n'était pas de la tristesse qu'il avait ressenti mais du désespoir. Cependant, en sentant l'argent du bout de ses doigts, il s'apaisa. Il devait lui dire.

"- Soonie... Je... " Elle planta ses yeux dans les siens. Leurs formes étaient semblables. Ils avaient beau être demi-frère et sœur, leurs yeux étaient les mêmes. "Désormais, je ne serais plus là les samedis soirs."

Il lut la panique dans ses yeux.

"- Co... Comment ça? Tu... Tu vas voir des amis ?"

"- Hum. Si on veut. Je... Je travaille avec des amis. C'est juste le samedi. Tiens, regarde."

Il sortit de sa poche son nouvel appareil téléphonique flambant neuf.

"- Wahou !" dit-elle impressionnée par cet engin si peu répandu.

"- Bientôt j'aurai assez d'argent pour t'en acheter un. On pourra s'appeler quand on ne sera pas ensemble."

"- Pour de vrai ?"

"- Pour de vrai."

Les yeux brillants de sa sœur valaient plus que toutes les étoiles réunies.

Il y avait droit une fois par an à peu près. Yunho porta le verre de vin rouge à ses lèvres en scrutant la jeune femme face à lui. Il ne faisait pas attention à ce qu'elle lui disait, malgré lui.

Sa mère avait insisté comme souvent au mois de décembre : "Tu vas encore finir seul cette année !"

Même en 1999, il n'y avait pas échappé. Et il était donc là, dans ce restaurant, à sourire sans sincérité, parce que sa mère avait arrangé un énième rendez-vous avec une énième fille d'une énième voisine, amie, cousine éloignée.

"Ça me fait grandement chier, tout ça..." songea-t-il en dégustant le morceau de steak cuit à point.

"-...bibliothécaire, c'est ça ?" Yunho releva la tête, il n'avait pas entendu le début de la phrase.

"- Hum, tout à fait, oui." Poli, souriant, mais exaspéré.

"- Je trouve ça vraiment chouette..." et elle le noya à nouveau dans un flot de paroles.

Le jeune homme s'évada en pensées. Était-ce grâce à sa passion pour la lecture, ou tout simplement son calme olympien, mais Yunho avait cette facilité à voyager dans son imagination dès qu'une situation présente lui pesait. Comme à ce moment-là.

Elle avait parlé de bibliothèque, et ses méditations l'avaient amené, de fil en aiguille, au jeune homme assis par-terre, remontant ses lunettes pendant sa lecture. Il poussa un tout petit soupir de satisfaction quand cette image se dessina malgré lui.

Qu'était-il arrivé à ce lycéen, la veille ? Serait-il là le lendemain ? Pourquoi était-il si perturbé ? Devait-il lui parler ?

La question obsédante ne le lâchait pas. Allait-il, oui ou non, aller le voir et entamer une discussion plus longue que "c'est l'heure de fermer."?

Yunho sentit son cœur battre un peu plus vite que d'habitude à cette idée.

D'un coup, devant ses yeux, le visage de Changmin se dessina, avec ses sourcils froncés et son air réprobateur : "Yunho, fais gaffe ! Tu descends dangereusement... Il y a un âge pour tout... Fais gaffe."

Le bibliothécaire eut un petit rictus. Mais bien sûr qu'il faisait gaffe ! Oh la la...

Cependant, une partie de lui ressentait une pointe de culpabilité. Et si Changmin avait raison ? Et s'il glissait vraiment sur une pente savonneuse ?

C'est vrai que cet étudiant était de loin beaucoup plus jeune que toutes ses conquêtes précédentes.

Il secoua la tête pour faire disparaître l'adolescent, Changmin, les livres. Et il tenta de revenir sur terre, face à cette gentille fille... Dont il avait oublié le nom.

Le serveur apporta deux coupelles de glace avec de la crème chantilly. Ce fut à ce moment précis, qu'elle attaqua :

"- Yunho-shi, c'est dans votre caractère d'être si peu affable ?"

Il sursauta, lui envoya encore, un de ses sourires désolé.

"- Oh, je... Eh bien... Oui." admit-il.

"- Ah. J'ai eu peur un instant... Je pensais que peut-être... Je ne vous intéressais pas."

Yunho, las de cette entrevue qui ne donnerait rien, de toutes façons, énonça très posément :

"- En vérité, ce n'est pas vous qui ne m'intéressez pas. Vous êtes tout à fait charmante et d'excellente compagnie..."

La jeune femme fut charmée, car depuis le début, elle trouvait ce jeune homme très à son goût.

"- Mais," continua-t-il, "je ne suis juste pas intéressé par les personnes de votre sexe."

Il avait annoncé ça, d'une traite, dans le but de choquer un peu. Et aussi de se détacher d'elle rapidement. Mais contrairement à ce qu'il attendait, elle eut un air amusé.

"- Ah bon ? Vraiment ?"

"- Oui, vraiment. Mais je vous demanderai de bien vouloir garder la confidence."

"- Cela va de soi." avait-elle répondu en pouffant, tout en avalant sa gorgée de vin.

"- Vous n'êtes pas choquée ?"

"- Oh ! Il m'en faudrait bien plus ! " Cette fois, elle riait franchement. "Je comprends mieux votre attitude de ce soir."

"- Je suis bien heureux que vous le preniez comme ça." Avoua Yunho.

La soirée prit une tournure différente et bien plus agréable que ce qu'il avait imaginé. Ils finirent même par s'entendre pour se revoir à l'occasion.

"Sympathique, ce genre de rencontre !" se dit-il, une fois chez lui, alors qu'il se retirait son costume pour enfiler une tenue plus agréable. Il se demanda tout de même ce qu'il dirait à sa mère...

"- Tu retournes encore en cours ?"

Elle était assise dans le salon, une bouteille de bière à la main. Il n'était même pas huit heures du matin. Son visage était pâle, ses cernes bleues creusaient encore plus son visage amaigri.

Jaejoong, prêt à partir lui jeta un œil.

"- Tu as au moins conscience de quelle heure il est ?"

Elle rit en laissant sa tête trop lourde partir en arrière.

"- Je sais même pas quel jour on est."

"- J'ai commencé à travailler."

La femme leva un sourcil. Ce gosse serait-il enfin utile ?

"- Ça paye bien ? "

Savoir si c'était dangereux, si son fils ne risquait rien, n'était pas dans ses priorités. Il serra ses poings dans ses poches.

"- Hum." Il ne savait plus très bien s'il éprouvait de la haine ou de la pitié. "Dès que j'aurai assez d'argent, tu iras te faire soigner. Ça ira mieux après."

Il s'était approché d'elle. Hee Soon était restée près de la porte d'entrée, observant son frère, happant tous les mots qu'il disait pour tenter de comprendre. Le rire soudain et tranchant de sa mère la fit sursauter.

"- Me soigner ? Avec l'argent que tu gagnes en en vendant ?"

"- Comment tu sais ?"

Elle planta ses yeux d'un brun terreux dans le regard franc de sa progéniture. Elle n'avait aucune idée de qui pouvait être le père de cet enfant, mais il devait être sacrément beau pour avoir engendré un garçon aux traits si fins. Elle regretta presque n'avoir gardé aucun souvenir de cette nuit qui avait été témoin de la création de Jaejoong.

"- Je le sais. C'est tout. Qu'est-ce que tu peux bien faire d'autre ? On vit dans une société de merde. Alors on vend ce qu'on peut. De la merde ou son corps."

"- Tais-toi." Il l'avait ordonné d'un ton pesant. Il ne voulait pas que sa sœur comprenne ce genre d'allusions. Il n'était pas encore prêt à expliquer. Et surtout, il ne voulait pas mettre dans la tête de sa sœur, que la vie ce n'était que ça.

Non, la vie ça pouvait aussi être une famille, dans une grande maison, un père et une mère qui soutenaient leurs enfants, des week-ends en camping et des pop-corns devant un dessin animé sur la télé pendant les dimanches frileux. La vie, ça pouvait être la famille d'Ha Na. Avec une vraie maman qui préparerait des lunch-box avant d'embrasser ses enfants qui partiraient en se disputant sur le chemin de l'école.

Oui...

Jaejoong laça ses vieilles baskets. Bientôt, ça aussi, il s'en rachèterai. Et pour sa sœur aussi. Ce boulot, finalement, c'était une porte qui s'ouvrait sur l'espoir. S'il y avait des gens trop cons pour consommer cette merde, il fallait bien des salauds pour en prendre. Eh bien, soit. Il allait entrer dans le monde des salauds.

Pour offrir à sa sœur les étoiles qu'elle avait eu la veille au fond des yeux. Elle devait sourire. Toujours.

Il redoubla d'attention en cours, gardant dans un coin de sa tête que son job du samedi soir ne serait que temporaire. Il devait réussir ses études. Il n'avait jamais eu le temps de réfléchir à ce qu'il voulait faire vraiment mais maintenant, il en était sûr : quelque chose qui payait bien. Médecin ? Avocat ? C'était bien le genre de métiers que les gens de bonne famille espéraient pour leurs enfants. Alors... Pourquoi pas lui ?

Mais ce sont des métiers à vocation. Et si le seul paramètre important était l'argent...

Il soupira. Il aurait voulu être éditeur, ou bosser dans un journal... Mais quel avenir pour ce genre de métier ?

Avocat. Ce serait bien avocat. Ou médecin ? Tirer à pile ou face ?

"- Monsieur Kim !" Le professeur avait presque crié. C'était bien la première fois. Jaejoong avait sursauté.

"- Vous êtes dans la lune aujourd'hui ? Cela fait deux fois que je vous pose une question."

Toutes les têtes se tournèrent vers lui. Ses joues se tintèrent en rouge. Quelle question avait-il bien pu poser ?

"- Alors ? Cette traduction ?"

Jaejoong se redressa et regarda la phrase écrite en anglais, à la craie blanche sur le tableau noir.

"- C'est un passage d'Alice aux Pays des Merveilles de Lewis Carroll."

"- Je ne l'avais pas précisé. J'ai juste demandé la traduction de ce passage. Mais effectivement c'est bien ça."

Le sourire fier du jeune homme éclaira son visage. D'une traite, il traduisit simultanément en coréen les phrases qu'il lisait en anglais. Le professeur se gratta la tête et le coupa dans l'exercice.

"- Bon, bon, c'est bien. Laissons quelques phrases à vos camarades de classe. Soo Ah, vous voulez bien prendre la suite ?... Soo Ah ?... Mademoiselle Jeon ! Tout le monde dort aujourd'hui ?!"

La journée au lycée se terminait enfin. Il semblait à Jaejoong que cela faisait des semaines qu'il n'était pas allé lire. Il courut en direction de la bibliothèque.

Sur le chemin, ses yeux tombèrent sur l'église du prêtre Kwon. Cela faisait un bon bout de temps qu'il n'était pas passé le voir. Sur un coup de tête, il fit un crochet. Le vieil homme astiquait le sol de la paroisse. Jaejoong le surprit en lui prenant le balai des mains.

"- Bonjour mon Père."

"- Oh ! Mon ptit Jaejoong ! Cela fait un moment ! Comment vas-tu ?"

"- Bien, comme toujours."

"- Avec la grâce du Seigneur ! Tu travailles toujours aussi bien ? Et ta sœur ?"

"- Elle va bien aussi. Depuis peu, elle a une amie qui la rend heureuse."

Le vieil homme sourit. Jaejoong s'activa à rassembler la poussière.

"- Toujours dans tes livres ?"

L'adolescent hocha la tête :

"- Je m'apprêtais à aller à la bibliothèque mais vous me manquiez... Je voulais vous voir et vous donner ça. "

Il sortit de sa poche des petites douceurs sucrées dont le prêtre raffolait. Il lui tendit et s'en alla. Plusieurs fois, il s'était dit qu'il raconterait tout au Père Kwon. De toutes façons, il était tenu par le secret de confession, non ? Mais... Et si le prêtre estimait qu'il fallait mettre sa sœur en foyer ? Le jeune homme avait le cœur gros. Il voulait en parler à quelqu'un. Il voulait partager sa peine et sa hargne. Il le voulait tellement...

Mais non. Il ne le ferait pas. Parce que c'était trop risqué. Sa sœur, personne ne le lui enlèverait.

Ses pas le portèrent à la bibliothèque et ses soucis s'envolèrent enfin.

La lourde porte s'ouvrit sous sa poussée et il sentit immédiatement un regard insistant posé sur lui. Le nouveau bibliothécaire. Il lui sourit. Madame Hwang ne serait plus jamais là. Il fallait passer à la suite. Comme lui, ne serait plus jamais un gamin. Il était entré dans le milieu. On ne revient pas en arrière. Jamais. Ce qui est fait, est fait, alors il faut continuer à avancer. Ce type avait remplacé Madame Hwang, il fallait l'accepter. Comme il fallait accepter de bosser sous les ordres de Yoochun. Comme il fallait accepter que sa mère se shootait.

"- Bonjour."

Ce type avait une voix chaleureuse. Et un regard protecteur.

"- Tu vas mieux ?"

Jaejoong fut surpris par la question.

"- Euh... Mieux ? De quoi ? Je vais bien... Merci."

"- Alors tant mieux." Répondit l'autre soulagé.

Son cœur s'était apaisé. À partir du moment où le lycéen avait pénétré l'établissement et qu'il lui avait montré sa mine réjouie, Yunho ressentit un certain soulagement. Il reprit son exercice favori : l'observation du lecteur.

Cette fois-ci, il décida de se perdre complètement dans les méandres fantasques de son imagination, quitte à frôler des idées quelques peu frivoles. Ce jeune homme réveillait en lui un désir assez ardent. Pourtant, il ne le connaissait pas. Pas du tout.

"La nature de l'homme est bien dégueulasse, parfois !" Changmin lui avait dit ces paroles, alors qu'ils discutaient des instincts de prédateurs de certains "amants". Yunho avait frémit. Il avait peur par moment de se retrouver dans la description de son ami.

Jaejoong était absorbé dans sa lecture, jetant de temps à autre, un œil à l'horloge. Sa sœur devait le rejoindre avec Ha Na juste après ses cours. Elle avait décrété qu'elle était assez âgée à présent, pour pouvoir venir sans lui.

Il l'attendait, presque anxieux.

"- Bonsoir." Les voix des deux jeunes filles résonnèrent enfin. Il leva simplement la tête, et les vit se faufiler jusqu'à leur étage, bras dessus, bras dessous. Il eut un soupir de soulagement et se replongea dans sa lecture.

Yunho passa plusieurs fois devant lui pour ranger des livres rendus, ou pour aider un étudiant à trouver le bon bouquin pour son exercice. Il jetait toujours un coup d'œil à Jaejoong, et s'étonnait sans cesse du flegme imperturbable du garçon. On aurait pu croire qu'il c'était une statue posée là. Ses seuls mouvements, à présent que sa sœur était présente, consistaient à tourner les pages du livre.

"- C'est un sacré bouquin que tu lis là !" Yunho avait décidé qu'il devait lui parler. Cela ne servait à rien de l'observer de loin. Qu'il brise la glace une fois pour toute, et qu'il se mette face à la réalité des choses. C'était un jeune adulte, beaucoup plus jeune que lui et apprendre à le connaître permettrait de stopper les fantasmes, et de remettre chaque chose à sa place.

Jaejoong leva les yeux vers lui. Pourquoi avait-il les yeux si pénétrants ? Il avait envie de se noyer dedans...

"- Hum..." répondit le jeune homme passablement excédé.

"- Pourquoi tu n'amènes pas le livre chez toi pour lire autant que tu veux ?"

Jaejoong se dit qu'il avait peut-être jugé le nouveau bibliothécaire, un peu trop rapidement. Il n'était pas sympathique, il était casse-pied. Pourquoi le coupait-il dans sa lecture ?

"- Parce que jusqu'alors, c'était bien plus calme ici, que chez moi !"

Yunho eut un petit rire.

"- Eh bien, je suis désolé de t'apprendre que tu vas devoir laisser ton Comte pour aujourd'hui. Il est vingt heures."

Ses paroles venaient de sonner le glas de son échappée. Retour à la réalité. Yunho le regarda aller chercher sa sœur. Il voulait le retenir, lui dire qu'il avait envie d'apprendre à le connaître, de rester avec lui... Mais il ne s'y résolut pas.

Quand Jaejoong le salua avant de quitter la bibliothèque, un désir incontrôlable prit possession de l'employé. Il voulait vraiment, vraiment, goûter ses lèvres.

Il n'avait pas pu détacher ses yeux de la bouche rose et brillante du garçon. Quel goût sucré pouvait-elle avoir ?

Tout en le suivant du regard, il sentit son cœur battre la chamade.

"Yunho, tu ne serais pas en-train de tomber amoureux, toi ?"

Cette idée lui sembla ridicule. Sa seule vraie histoire d'amour s'était terminée douloureusement après avoir mis du temps à démarrer, qu'il se pensait guéri de ce genre de maladie.

Pourtant, il se surprit à espérer de revoir cet étudiant le lendemain, et le jour d'après et encore...

Il ressentit une quelconque tristesse dans son cœur... Et il avait l'impression de jouer un jeu dangereux... De se brûler les doigts...

Son souhait se réalisait. Les jours passaient, et le lycéen revenait, inlassablement, s'asseoir près de la baie vitrée, s'évader dans son roman. Les pages défilaient. Il aurait bientôt fini cet énorme pavé de plus de mille quatre cents pages. Impressionnant.

Yunho essayait d'estimer combien de pages il pouvait rester, ce samedi. Les fameux samedis. Ceux où il restait toute la journée avec sœur. Ceux où il était un peu plus nerveux. Ceux où il partait toujours avant la fermeture.

Le samedi était un jour particulier mais Yunho l'adorait. La présence continue de Jaejoong sur la journée entière le réjouissait.

Le matin-même, il avait eu l'idée de préparer des kimbap, des omelettes et d'autres petites saveurs afin de proposer à l'étudiant et sa sœur de manger avec eux. Mais ses catastrophes culinaires l'avaient plutôt poussé à en acheter, déjà tout prêts.

Midi trente-deux. Jaejoong était toujours dans son livre. Yunho ne devait pas rater le coche. Il tentait d'évaluer quand le garçon se relèverait pour aller déjeuner avec sa sœur.

"- Oppa !" C'est elle qui avait décidé de le déranger sous les gargouillis de son estomac. Il se leva en souriant, et attrapa son sac. Il avait préparé trop de riz. Ha Na n'avait pas pu venir, ce jour-là. Ils se dirigèrent vers la sortie.

"- Attendez." L'interpellation de Yunho le fit se retourner.

"- Moi ?" demanda-t-il en se pointant du doigt.

"- Vous deux." sourit le bibliothécaire. "Vous allez manger, n'est-ce pas ?"

Hee Soon hocha la tête. Ses cheveux dansaient devant ses yeux.

"- Il fait trop froid dehors, à l'arrêt de bus."

"- On a l'habitude." rétorqua le lycéen.

"- Venez. Il y a un bureau fermé, c'est là-bas que je mange... Vous voulez venir avec moi ? "

Jaejoong se sentit devenir méfiant. Il avait toujours mis en doute les adultes trop gentils. Même ses professeurs. Il ne brisait pas facilement la glace. S'il avait été proche de madame Hwang, c'est parce que cette mamie attendrissante le connaissait depuis plus de dix ans.

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