Partie III : Aveux attendus.
Deux jours de passés et Clary commençait à s'impatienter alors que le brun ne daignait plus répondre à ses messages. Rien n'avait changé, si ce n'était, qu'au lieu de subir les soupirs las et reproches, Simon ne parlait plus du tout à Raphael. Le vampire semblait vouloir l'éviter le plus possible. Ironie lorsqu'il était coincé dans ce corps.
Ce soir-là, tout le monde sauf Raphael, coincé dans le corps d'un bébé vampire, alla au Pandémonium. Deuxième expérience pour Simon qui tomba sur un terrestre alcoolisé. Ce qui, bien évidemment, l'alcoolisa également. Il aimait particulièrement cette sensation d'avoir consommé de l'alcool sans l'avoir vraiment fait. C'était vraiment agréable quand on oubliait le fait qu'il avait très probablement gâché la soirée de ce plus jeune qui somnolait à son départ.
Il ne rentra pas trop tard, se sentant étrangement bien et vif d'esprit, dans son "ancienne" chambre. En s'affalant sur le lit, il entendit un grognement sourd et s'immobilisa. Il ne s'était quand même pas trompé de pièce, si ?
"- Simon, pousse-toi."
Le concerné obéit et s'assit sur le lit en regardant droit devant lui. Est-ce que son mur avait toujours été aussi beau ? Il s'attira un regard curieux.
"- Tu as bu ? Demanda le plus vieux, ennuyé."
Simon sourit légèrement à la question. Bien sûr qu'il l'avait fait.
"- Ouais, lui répondit-il.
- Tu en avais besoin ? Soupira le mexicain.
- Je ne suis pas allé là-bas dans ce corps pour jouer à la dinette."
Il haussa de lui-même un sourcil. Pourquoi parlait-il de dinette dans ce genre de conversation ? Il fit tomber sa tête sur l'un de ses oreillers et ferma les yeux, appréciant le contact de ses draps contre la peau légèrement bronzée. D'un bronzage légèrement éteint depuis des décennies. Il se mit à regarder la main particulièrement élégante sans se soucier du plus vieux qui le fixait silencieusement. Est-ce que Simon s'émerveillait pour des choses aussi simples lorsqu'il était alcoolisé ?
"- Que fais-tu ?
- J'admire, répondit-il franchement."
Simon ne releva pas ce qu'il venait de dire et fit finalement reposer la main sur ses yeux qu'il massa légèrement. Il se sentait tout de même fatigué. Le silence les accompagnait et plaisait au plus jeune qui était complètement exténué. Le silence soignait ses oreilles abîmées par la musique de la boîte de nuit. Il reposa sa main contre son ventre et rouvrit les yeux, fixant le haut plafond de la pièce.
"- J'ai lu. La discussion, déclara de but-en-blanc le plus vieux."
Il se tendit soudainement et tourna lentement la tête vers le mexicain dans son corps qui le fixait toujours. Il détourna le regard et se redressa. Un sourire ironique se dessina sur les lèvres du corps qu'il occupait.
"- Et alors ? Tu vas me sauter dans les bras ? À moi, baby-vamp incapable de se débrouiller seul et ancien terrestre pathétique ? Cracha-t-il. Tombant toujours et encore sous l'emprise de personnes inatteignables ?..
- Simon, tenta le brun.
- Non, arrête, ne commence pas à..
- Dios mio, Simon, grogna le plus vieux."
Là, le concerné se tut et reporta son attention sur son interlocuteur qui le fixait toujours, silencieusement.
"- Tu n'es pas pathétique. Pas toujours, du moins.. Tu sais aussi te débrouiller dans certains domaines, déclara-t-il, légèrement ennuyé par le comportement du brun. Et il est normal de ne pas savoir. Tu es jeune, bien trop jeune pour tout connaître. Arrête donc de dire tout ça."
Simon le regarda un instant avant de détourner le regard. Voir son propre corps lui dire ça ne lui retirait pas ce poids de ses épaules. Absolument pas. Il était un imbécile pathétique et rien, pas même des mots prononcés à la va vite, ne pourrait changer cela. Il se releva et, arrivé devant la porte, posa sa main sur la poignée, indécis. Pourtant, et même s'il ne savait si l'alcool dans son sang lui faisait faire ça; il plongea une dernière fois son regard dans celui de Raphael qui le regardait, assis dans le lit.
"- Je me suis épris de toi, Santiago."
Et il partit.
-
Il se réveilla le lendemain soir, dans un lit moelleux, familier, et non imprégné de l'odeur de son leader. Il ouvrit brusquement les yeux après s'être répété ce fait et manqua de tomber en se précipitant vers la salle de bain. Il se claqua les joues de nombreuses fois, se passa de l'eau sur le visage et une révélation s'offrait à lui : il était revenu à la normale. Alors, dans un élan de joie, il accourut à la chambre du mexicain et ouvrit la porte brusquement. Il trouva Raphael, dans la salle de bain, à se coiffer silencieusement et qui se retourna en entendant quelqu'un. Dès l'instant qu'il croisa son regard, la discussion de la veille lui revint en tête. Ce qui le fit repartir aussi vite qu'il était arrivé. Il ne pouvait pas assumer d'avoir dit ça; encore moins de l'avoir dit de cette façon. Il optait pour la fuite. S'habillant rapidement d'un sweat et d'un jean, il attrapa son portable et descendit précipitamment les marches de l'escalier. En sortant de l'Hôtel, il croisa Lily qui haussa un sourcil en le voyant si.. secoué au réveil.
"- Où vas-tu ? Demanda-t-elle en posant une main sur l'épaule du plus jeune qui faillit se mettre à trembler d'effroi.
- Je.."
Il ne put continuer sa phrase et se mit à courir de toutes ses forces. Sans vraiment savoir où il allait ni pourquoi il le faisait. C'était stupide. Mais en s'endormant, la veille, il ne s'était pas souvenu avoir dit ça de cette façon. Et il n'avait pas vu le regard du plus vieux. Il aurait pu parier tant il était sûr que le mexicain le haïssait à présent qu'il lui avait avoué ce qu'il ressentait. Il n'était qu'un gamin énervant après tout.
Lorsqu'il s'arrêta, il se rendit compte qu'il s'était, bien évidemment, perdu. Il était dans une sorte de zone industrielle vide de monde et parsemée de conteners non utilisés. Il se hissa au dessus d'un de ces artefacts et s'y assis, les pieds dans le vide alors qu'il observait droit devant lui, perdu dans ses pensées. Il sortit son téléphone et fixa un instant la conversation qu'il avait avec Clary avant de l'appeler, portant le combiné à son oreille. Il allait lui devoir des explications à présent.
"- Simon ! Je t'ai envoyé des tonnes de messages ! Pourquoi tu ne m'as pas répondu plus tôt ?"
Le vampire sourit nostalgiquement en entendant la voix de la rousse. Il aimait ce côté protecteur, parfois.
"- Clary.. commença-t-il et la rousse se tut. Je lui ai dis."
Quelques secondes passèrent sans qu'aucun d'eux deux ne prenne la parole. Sa meilleure amie avait dû comprendre que quelque chose n'allait pas et sa voix se fit plus douce.
"- Et alors ? Que s'est-il passé ?
- Il me hait, j'en suis sûr."
Simon put entendre son amie soupirer bruyamment.
"- Pourquoi le ferait-il ?"
Il se répéta la même question de nombreuses fois. C'était évident, non ? Il n'était qu'un gamin ennuyant qui parlait sans cesse et était venu troubler la routine tranquille d'un leader qui aimait le calme. Il se demandait d'ailleurs comment celui-ci était capable de lire pendant des heures ou de s'enfermer dans sa chambre, qui se révélait être son bureau.
Le mexicain était impatient et Simon lent d'esprit. Il avait souvent été mis à la porte pendant quelques heures quand il l'agaçait trop.
"- Car je suis un gamin et lui un adulte, répondit-il finalement.
- Simon.."
Le physique d'un vampire ne changeait pas, il n'évoluait pas. L'attirance charnelle était donc forcément la même et la question de l'âge ne se posait pas, en principe. Mais Simon y tenait. Raphael était beaucoup plus vieux que lui et avait vu tant de choses dans sa vie qu'il aurait pu en faire une série de livres. Lui n'était encore qu'un enfant qui n'avait rien vu de plus qu'une peine de cœur comme horrible évènement. Et sa découverte du monde de la nuit.
"- Écoute, Cly', je te rappelle demain sans faute."
Et il raccrocha sans attendre la réponse. Elle l'aurait sermonné dans le cas contraire.
Las, il se passa une main dans les cheveux et entendit un bruit, quelques mètres plus loin. Sur la défensive, il fit le moins de bruit possible en descendant du contener. Aussi silencieux qu'une ombre. Il s'approcha à petits pas de l'endroit où il soupçonnait que quelqu'un se trouvait. Il se trouvait à un mètre ou deux et, réunissant tout son courage, s'exposa en une seconde. Il ne vit qu'un chat qui miaula piteusement et partit en le voyant arriver.
Simon soupira de soulagement et se retourna avant d'hurler de peur en fonçant dans quelqu'un. Avant de se mettre à hurler sur l'inconnu, il remarqua qu'il ne s'agissait pas de n'importe qui et se calma immédiatement, détournant les yeux. Il n'était pas encore prêt à lui faire face. D'ailleurs, s'il pouvait simplement le mettre dans un coin de sa tête jusqu'à ce qu'il l'oublie, il ne dirait pas non.
"- Si tu es venu pour me faire la morale quant à mes sorties nocturnes, je te remercie, mais tu peux rentrer, cracha le plus jeune en regardant un contener très intéressant."
Il entendit un soupir et s'imagina Raphael rouler des yeux. Il se claqua mentalement pour cette charmante remarque démontrant combien il connaissait son aîné. Foutue obsession. Foutues pensées.
"- Si ce n'est pas pour ça, alors pourquoi es-tu là ? Demanda Simon, tout de même curieux."
Le plus vieux lui attrapa d'un coup sec le menton et le força à le regarder dans les yeux. Simon ne put retenir un sourire moqueur en pensant que Raphael aurait pu lui casser quelque chose, avec toute cette brutalité dont il faisait preuve. Son sourire s'évanouit bien vite en voyant le regard sérieux en face de lui.
"- Si tu veux me faire peur pour que je m'enfuie à toute jambe, autant directement me dire que tu ne veux plus de moi au DuMort, Raphael.
- Je ne veux pas que tu partes, idiota."
Simon cligna des yeux plusieurs fois avant de se défaire de l'emprise du plus vieux sur son visage. S'il n'était pas là pour ça, alors faisait-il simplement une promenade nocturne exactement là où lui s'était lamentablement perdu ? Le plus vieux soupira en voyant le regard rempli d'incompréhension de son interlocuteur.
"- Tu n'es vraiment qu'un idiot, murmura Raphael."
Simon, vexé, croisa les bras et regarda ailleurs.
"- Merci de me rappeler combien je suis stupide. Ça fait toujours plaisir, cracha-t-il.
- Simon, appela le plus vieux, dans l'intention d'attirer son regard."
Le concerné ne fit que tourner un peu plus la tête, se trouvant un intérêt profond pour le magnifique paysage qui les entourait. Il entendit un léger grognement et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
"- Simon, regarde-moi, claqua le plus vieux, irrité."
Sans savoir pourquoi, le plus jeune obéit pour la première fois au vampire et replongea son regard dans celui sombre. Et ce qu'il vit dans ce regard raviva une flamme d'espoir qui s'était éteinte depuis qu'il avait compris que Raphael le haïssait tout simplement. Il détourna de nouveau le regard, les yeux écarquillés et tenta de partir. Peine perdue, lorsqu'un vampire plus âgé bougeait bien plus vite que lui et l'avait retenu contre un contener. Il ne put s'empêcher de remarquer qu'il n'avait jamais été aussi proche du mexicain et il aurait pu jurer avoir entendu son cœur, mort, manquer un battement. Tant il était nerveux. Inquiet. Déprimé d'avoir de l'espoir.
"- Lâche-moi, ce n'est pas drôle.
- Je ne te déteste pas, pequeño, déclara soudainement le plus vieux."
Il fut tellement choqué qu'il s'arrêta de respirer. Raphael le remarqua et pensa qu'être un vampire lui aurait permis de survivre à ce moment, puisqu'il ne nécessitait plus d'utiliser ses poumons. Lorsqu'il se remit à respirer, ce fut pour détourner le regard et retrouver des traits énervés.
"- Tu ne le penses pas.
- Bien sûr que si, répondit-il en fronçant les sourcils.
- Non. Tu me hais et je le sais. Depuis le premier jour, depuis que j'ai tout foutu en l'air et que tu as été obligé de t'occuper de moi, claqua le plus jeune."
En tentant de repousser son aîné, l'épaule de Simon claqua de nouveau contre le contener et il sentait les mains de Raphael tenir ses épaules fermement. Aucun moyen de s'échapper.
Il se mit à trembler, de tristesse, de déception, de rage. C'était de la torture que de voir le sujet de ses tourments le regarder de cette façon. Il observa avec horreur le plus vieux s'approcher de lui, semblant vouloir l'enlacer. Il le repoussa alors, sa main poussant sa tête de l'autre côté. Il entendit un grognement sourd et se tendit avant de se reprendre. Il ne faisait que raviver un espoir, mais il allait l'anéantir. C'était obligé, c'était écrit. Et il ne voulait pas souffrir plus.
Il ne put repousser le vampire plus longtemps que des bras forts enserrèrent sa taille, tremblante. L'odeur de cologne parvint aux narines du plus jeune qui sentait le souffle de Raphael dans son cou.
"- Arrête de trembler de cette façon baby vamp."
Il frissonna et ferma les yeux sous la douleur que lui procuraient toutes ses pensées et émotions. Il aurait pu se mettre à pleurer tant il se sentait mal. Il tenta une nouvelle fois de le repousser tant il suffoquait. Sa tentative fit se reculer légèrement le vampire qui le tenait toujours fermement.
"- Tu me détestes alors ne fais pas ça, s'il-te-plaît, déclara Simon en détournant le regard."
Il crut que le plus vieux allait s'énerver et le frapper et ferma les yeux. Au lieu de ça, il sentit deux mains entourer son visage gentiment. La surprise lui fit rouvrir les yeux et il les écarquilla en sentant des lèvres se poser doucement sur les siennes. Le temps que l'information lui parvienne au cerveau, il repoussa brutalement le vampire et se laissa glisser contre le contener, tremblant de nouveau et se cachant les yeux de ses mains.
"- Pourquoi tu fais ça ? Murmura-t-il. Pourquoi tu ne me laisses pas t'oublier et mourir de peine ? N'aie pas pitié de moi.."
Il sentit des mains retirer les siennes de ses yeux et replongea de nouveau dans le regard brillant. Il distingua dans les orbes foncées de l'irritation, de la tristesse; et quelque chose d'autre qu'il n'avait jamais vu chez le vampire. Un pouce caressa lentement sa joue et il cessa lentement de trembler.
"- Dios, tu es tellement borné, Simon.
- Non je suis juste.."
Il fut coupé par une paire de lèvres sur les siennes et ferma les yeux lentement. Ne pouvait-il pas savourer un tant soit peu ces rares et derniers moments ? L'espoir inondait tout son être et il se haïssait pour ça. Le plus vieux passa une main dans son dos et le força à relever légèrement la tête alors qu'il approfondissait le baiser, mouvant ses lèvres contre celles du plus jeune avec une délicatesse dont il ne pensait pas faire preuve. Il se retira quelques instants plus tard et laissa le plus jeune pantois, complètement perdu.
Il eut un sourire moqueur.
"- Je t'ai dis que je ne te détestais pas. Et je ne mens jamais, baby.
- Mais.."
Simon baissa les yeux. Il ne comprenait vraiment pas ce qu'il venait de se passer mais il en avait été tellement heureux que ses mains en tremblaient encore. Il sentit une main se poser dans son cou et reporta son attention sur Raphael qui le fixait avec un léger sourire qu'il n'avait jamais vu sur son visage.
"- Mais pourquoi tu me criais dessus ?
- Por dios, Simon, ce n'est pas parce-que je me suis épris de toi, commença-t-il en reprenant la même tournure de phrase que le plus jeune, que tu ne m'agaces pas."
Simon cligna des yeux tandis qu'un large sourire étira ses lèvres. Il fixa le plus vieux d'un regard joyeux qui le fit rouler des yeux et en profita pour cueillir ses lèvres en se penchant en avant, lentement. Et Raphael répondit au baiser. Dégoulinant de gnan gnan. Mais bizarrement, il aimait ça.
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