Partie II : Semaine tendue.
Simon se réveilla en sursaut, un imbécile lui secouant l'épaule de bon matin. Il dormait paisiblement jusqu'alors. Il ouvrit lentement les yeux et tomba sur Raphael, dans son corps, un regard ennuyé. Il comprit qu'il devait se lever. Et il était hors de question qu'il se lève à cette heure-ci. Absolument hors de question. Il tenta la fuite dans les couvertures et entendit un soupir agaçé. Ne pouvait-il pas dormir un peu plus ? On lui retira ses couvertures et il jura, lançant un regard noir à Raphael qui fixait sa tenue plutôt bien choisie. Là, il eut un sourire en coin.
"- Tu aimes Star Wars, je le sais.
- Tu ne peux pas t'habiller de cette façon.
- Je dormais, qui à part toi serait venu me voir ?"
Raphael roula des yeux et se déplaça vers la salle de bain. Là, Simon se redressa et remarqua que le plus vieux était fin prêt et bien habillé, sans qu'il n'ait pour autant touché à ses cheveux. Il allait vraiment s'habiller de cette façon ? Il se leva et s'étira inutilement, rejoignant le plus vieux pour se passer de l'eau sur le visage. Là, il vit son reflet dans le miroir et pouffa de rire. Pourquoi les cheveux ébènes ondulaient-ils de cette façon au réveil ?
Il se retrouva penché en avant alors que Raphael lui lavait les cheveux rageusement, jurant en espagnol tout en lui donnant des consignes. Ne pas prendre de shampoing agressif, ne pas se rincer à l'eau chaude. Et puis quoi encore, il n'allait pas crever de froid pour satisfaire les superbes cheveux de son leader.
On lui donna brusquement la poire de douche et il se rinça lui-même la tête. Il commença à s'essuyer les cheveux énergiquement avant de se faire réprimander. Là, il vit Raphael, un sèche-cheveux et un peigne dans la main, un sourire diabolique ornant ses lèvres. Il ne s'était jamais imaginé avoir cet air là un jour, ni tenir un sèche-cheveux dans le but de coiffer le corps de Raphael manipulé par son esprit.
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Incarner Raphael Santiago était épuisant. Il fallait se faire un brushing, étaler un peu de gel hors de prix et se parfumer légèrement. Il ne se plaint pas. Il aimait particulièrement l'odeur du plus vieux qui l'entourait. Mais c'était tout de même épuisant. Aussi, il devait porter des habits hors de prix et lui, qui n'avait pas le sens de la mode, n'accordait pas spécialement les habits comme il le fallait. Il se retrouva donc, se fixant dans la glace et se faisant habiller par son corps incarné par son chef.
"- J'espère que ça ne durera qu'une journée.
- Je ne peux pas m'habiller comme d'habitude ? Se plaint le plus jeune qui s'attira un regard noir.
- Pour que les autres découvrent qu'un bébé vampire réside dans mon corps ? Hors de question."
L'expression de bébé vampire aurait pu le faire sourire si une expression ressemblant à du dégoût n'ornait pas le visage qui lui faisait face. Était-il si honteux de savoir que lui, Simon Lewis, avait pris contrôle de son corps ? Ne l'appréciait-il pas un tant soit peu ? Il se renfrogna et adopta inconsciemment l'expression fade du plus âgé. Il n'était pas sûr d'être très heureux de la situation finalement.
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Arriva rapidement le septième jour suivant leur échange. Rien n'avait changé, si ce n'était qu'il ne supportait plus de devoir s'habiller et se comporter comme son aîné. C'était, à vrai dire, une plaie. Il ne pouvait pas faire ce qu'il souhaitait, ni voir ses amis qui ne savaient pas encore ce qu'il s'était passé. Que pouvaient-ils dire ? Qu'un étranger fou avec un sens de la mode douteux les avait fait changer de corps ? C'était tellement improbable qu'eux-mêmes ne voulaient pas y croire. Mais les preuves étaient là.
Il ne faisait que de se disputer avec son leader et ne supportait pas cela non plus. C'était fatigant, ennuyant, énervant, vexant. Tout à la fois.
La journée passa et il se décida à aller dans son ancienne chambre. Là où Raphael vivait à présent. Il entra dans la pièce silencieusement et referma la porte, soupirant de soulagement. Il posa son téléphone sur la table, ignorant les dernières questions de sa meilleure amie qui l'avait encore renfrogné. Il avait besoin d'un peu de temps pour tout assimiler à la fois. Il s'affala sur son lit et s'autorisa à fermer les yeux. Il voulait retrouver son corps. Et il allait le retrouver. Il attrapa précipitamment son ordinateur et l'alluma, tapant "Échange de corps" sur le site des Downworlders. Le site secret qui le faisait se sentir spécial. Il ne trouva rien d'autre que le nom d'une boutique d'antiquité. Il sursauta en entendant la porte s'ouvrir et Simon roula des yeux. Il sentit qu'il allait encore se faire réprimander. Alors, il coupa le pc d'un geste rapide, se releva et esquissa un mouvement en direction de la porte. Là, son corps le retint et le fusilla du regard.
"- Que fais-tu ? Siffla-t-il.
- Je m'en vais. J'en ai assez de t'entendre m'engueuler. Je n'ai rien fais, ce n'est pas de ma faute, et je n'ai pas que ça à faire que de voir mon propre corps rouler des yeux en me voyant ou me prendre pour un imbécile dès que je propose quelque chose."
Raphael referma la bouche et le scruta d'un regard qu'il ne connaissait pas. Il n'en prit pas compte et partit dans la chambre du plus vieux, sans un regard en arrière. Énervé et vexé.
Le lendemain, alors qu'il décida de continuer ses recherches afin de ramener la situation à la normale, il remarqua qu'il avait oublié son téléphone dans sa chambre, la veille. Il le déverouilla, surpris de n'avoir aucune notification et s'immobilisa. Il avait, au contraire, reçu de nombreux messages de Clary. Lus la veille. Alors qu'il n'avait pas lu ces messages. Son sang ne fit qu'un tour en lisant le message le plus explicite : "Arrête de m'ignorer. Il faut que tu lui dises, Simon. Il faut que tu dises à Raphael ce que tu ressens pour lui."
Il se mit à haïr sa meilleure amie d'avoir envoyé ça. Cette colère se retourna contre lui-même qui n'aurait pas dû oublier de cette façon son téléphone dans sa chambre. Enfin, il se remémora l'étranger et cette colère se tourna vers lui. Il se devait de le retrouver. Il découvrit l'adresse de la boutique et la nota avec précaution. Il n'avait plus qu'à y aller discrètement. Et ce n'était pas simple de passer devant tous les autres sans qu'on ne lui pose de question. Du moins, c'était ce qu'il pensait car, abordant une expression irrité; tout le monde se tint loin de sa personne.
Il arriva devant la boutique après dix minutes et, comme il s'y attendait, vit le panneau "Close" se dressant fièrement sur l'avant du bâtiment. Il claqua sa langue contre son palais et se mit à toquer contre la porte, se mettant à demander que le propriétaire sorte. Il se fichait de réveiller le quartier. Après dix minutes, il soupira bruyamment et se retourna, se passant une main dans les cheveux. Une porte grinça derrière lui et il se retourna. La porte était entièrement ouverte, et personne ne l'avait fait. Alors, avec tout le courage qu'il avait, et car il n'avait pas fait le trajet pour rien, il entra dans l'établissement plongé dans l'obscurité; se rassurant en pensant qu'il avait un corps puissant et musclé en cas de problème.
Au bout du couloir qu'il avait pris se trouvait une porte et il la franchit sans se poser plus de question. Une odeur d'encens agressa immédiatement ses narines et il grimaça, balayant la pièce étrangement décorée du regard.
"- Te voilà enfin, Simon Lewis."
Il cessa tout mouvement et aperçut enfin l'homme à l'accent prononcé, habillé d'une veste colorée plutôt laide. Il se rapprocha de lui, usant de la vitesse vampirique de son chef dans le but de l'impressionner. Il ne reçut rien d'autre qu'un air blasé et soupira. Il ne savait pas intimider les gens, décidément.
"- Je vois que tu te plais dans ce corps.
- Comment revenir à la normale ? Demanda Simon en ignorant la remarque peu constructive.
- Tu ne peux pas, commença-t-il alors que Simon écarquilla les yeux. Cependant, à deux, vous le pouvez."
Il sentait l'embrouille arriver et y plongea dedans, pieds joints. Il fallait bien que la situation évolue..
"- Comment ?
- Ah, Magnus m'a bien dit que vous n'étiez pas très malin.
- Je le suis, grogna-t-il en montrant ses crocs. Et... Magnus ? Que vient-il faire ici ?"
L'homme s'assis dans un fauteuil usé en rigolant, buvant d'un coup sec un verre rempli d'un liquide vert pomme. Il crut voir un de ses yeux rouler dans son orbite et frissonna d'effroi. Cet homme n'était vraiment pas normal. D'autant plus qu'il se stoppa de rire d'un coup et reprit une expression blasée, se grattant le menton.
"- Raphael Santiago et toi n'êtes pas en bon terme. Il a jugé intelligent de faire évoluer la situation.
- En nous faisant changer de corps ? Il n'y a aucun intérêt autre que de nous énerver un peu plus à chaque fois que l'on se croise."
L'homme le fixa comme si un troisième oeil était apparu sur son front et Simon faillit vérifier. Qu'avait-il dit de mal ?
"- Les américains ne sont définitivement pas très malins.
- Vous vous fichez de moi ? Comment revenir à la normale ? S'énerva le plus jeune."
Soudain, sa vision devint trouble et il perçut le probable sorcier sourire étrangement. Il se retouva devant la devanture de la boutique et, dans un dernier coup de vent, entendit l'homme lui parler.
"- L'honnêteté est la clé."
Il soupira bruyamment en se grattant la nuque. Il aurait juré se trouver dans un conte de fées tant cette réponse était dégoulinante de gnan gnan. Tout ce qu'il n'aimait pas en soit.
-
Après être rentré à l'Hôtel, il s'était immédiatement dirigé dans sa chambre provisoire -il l'espérait- et s'était affalé dans le lit, remontant les couvertures jusqu'en haut de son crâne, épuisé. De tout. Il se sentait capable de dormir deux journées entières et ses nerfs étaient à fleur de peau.
Il eut le malheur de soupirer en entendant la porte s'ouvrir et sentit qu'il allait, encore une fois, devoir hausser la voix inutilement. En se redressant légèrement, il croisa le regard de son corps. Un regard irrité qui fit s'élever une colère sourde en lui. Il avait pourtant tenté d'arranger les choses.
"- Où étais-tu ?
- À la boutique du vieux schnoc qui nous a fait ça.
- Tu aurais pu me prévenir.
- Je n'avais pas le temps de me disputer. Je ne supporte plus d'être toi, je veux revenir à la normale au plus vite, avoua-t-il sèchement."
Il aurait juré avoir perçu un éclat de déception ou de regret dans ses yeux. Il était trop tard pour qu'il ravale ses mots. Il soupira et se recouvra des couvertures, fermant les yeux. Il n'avait pas besoin de parler. Il voulait juste dormir. Pourquoi ne pas dormir pour toujours ? Il sentit encore et toujours la présence du mexicain dans son dos et se redressa de nouveau, agacé.
"- Il m'a dit qu'on y arriverait ensemble. Que l'honnêteté était la clé, marmonna-t-il."
Le plus vieux ne lui répondit pas et il lui sembla même qu'il détourna son regard. Il se rappela que celui-ci savait à présent beaucoup et se mordit légèrement la lèvre inférieure. Alors que Raphael ouvrait la porte de la chambre, il ne put s'empêcher de reprendre la parole.
"- Est-ce que tu as lu.. ? Demanda-t-il sans continuer la phrase."
Il ne lui répondit toujours pas et se contenta de lui lancer un regard un peu ennuyé avant de refermer la porte. Il était donc ennuyé que Simon ressente ce genre de chose envers lui. La situation ne pouvait pas être pire. Et pourtant, il se rendit compte qu'il avait encore oublié son téléphone.
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