Chapitre 3
Un silence de plomb fendait l'atmosphère si calme. Les oreilles du jeune garçon se délectaient de cette douce et fâcheuse mélodie. Sa tête ronde était recouverte d'un masque noir accompagné de sa fidèle casquette de la même couleur. Tous ses sens étaient à l'affût, il devait se fondre dans la masse, ne pas se faire voir. Son cœur battait rapidement, lui déchargeant une bouffée d'excitation dans son cerveau. Du haut de ses dix-sept ans, il connaissait pertinemment ce sentiment depuis des années. Survivre. C'était le mot d'ordre. Il était chanceux, ou plutôt débrouillard, d'avoir réussi à trouver un logement, bien qu'abandonné et dorénavant insalubre. Son visage crasseux était en total désaccord avec le statut prestigieux qu'il avait acquis à sa naissance dans la riche famille Yang. Quel gâchis de procréer et de laisser tout simplement sa progéniture dépérir au coin d'une rue. Il avait dû faire avec depuis qu'ils l'avaient jeté dans la rue, seul et devenu brigand à vie, recherché par la police. Il avait tout de suite eu de quoi réussir sa vie aisément, pouvant s'entourer de personnes hautement placées dans la société dans le but d'assurer la prospérité à sa famille. Tout ceci à cause de ses multiples petits vols envers des camarades de classe. Et la solution de ses parents avait été radicale. Il avait au moins le mérite de s'en être sorti, sans leur aide, malgré les actions qui l'avaient conduit à tout ce bordel dans lequel il s'était fourré. Et la famille Yang ne pourra jamais être fière de l'homme qu'il était devenu, c'était totalement impossible de leur point de vue. Leur fils était mort à leurs yeux, et cela ne changerait pas, peu importait ce qu'il se passerait. Et le fils Yang se sentait bien seul dans son taudis. Personne pour le soutenir, personne pour lui faire confiance. Simplement aucune présence. Il était livré à lui-même, vivant replié du monde social réel dans lequel il vivait. La folie prenait plaisir à le ronger un peu plus chaque jour, dégustant chaque petite cellule qui se trouvait sur son chemin.
Et le jeune homme continuait de rêvasser sur la vie qu'il aurait pu avoir. Mais il avait fait ce choix, contraire à toutes les lois imposées par sa famille. Et les conséquences étaient vite apparues, sans qu'il n'ait pu s'en rendre réellement compte. Des idées toujours plus extravagantes prenaient possession de son esprit, de plus grands projets encore que ce qu'il avait pu imaginer jusque-là. Et ce soir-là, il était déterminé mais pourtant bien habitué à aller récupérer de quoi se nourrir. Ses accessoires allaient bien l'aider à rester inconnu aux yeux de tout le monde, pensait-il. Mais il ne savait pas que la police avait déjà effectué son enquête. En passant de sa description corporelle, de son portrait-robot à des photos prises par des caméras de surveillance. La police avait déjà en sa possession beaucoup d'informations dont il ignorait tout. Mais il s'était juré de ne jamais ôter son masque en dehors de son chez-lui. Et sa résolution portait ses fruits, personne n'arrivait à lui attribuer un nom, ni même un âge ou quelque chose de vraiment fiable. Il fallait dire qu'il faisait dans le discret, et cela marchait !
Doucement, il força la porte de l'entrepôt arrière du supermarché pour pénétrer à l'intérieur de ce dernier. Heureusement pour lui, les caméras étaient étonnamment éteintes. En temps normal, une alarme se serait déclenchée assez rapidement en voyant du mouvement. Mais cette fois, rien. Yang sentait quand même une ambiance étrange dans l'enceinte du bâtiment. Pourtant, rien ne pouvait le détourner de sa quête. Ce serait bête de mourir affamé, sans rien n'avoir pu faire pour pallier ce manque. C'est donc dans le plus grand des calmes intérieurs qu'il arriva dans les rayons du supermarché qu'il pensait déserts. Se précipitant sur une multitude de produits qu'il fourrait rapidement dans le sac qu'il avait prévu à cet effet. La vitesse, c'était tout ce qui importait. Probablement plus que le choix des denrées. Il se dépêchait, autant qu'il le pouvait. Si quelqu'un l'apercevait en train de voler alors que les caméras ne fonctionnaient pas, il serait pris sur le fait et très sûrement mis en prison pour motif de vol à répétition.
Se baladant dans les différentes allées, le jeune garçon à l'expression tendue et en alerte cherchait un petit complément à son pactole. Et il vit là, posé sur une étagère, une petite boîte en velours noir. Intrigué, il ne put contrôler sa curiosité et la prit entre ses doigts de bandit qui apprécièrent ce contact si doux. Il l'ouvrit dans un souffle. Il ne put en croire ses yeux. Un magnifique collier était exposé sur un petit coussin aux allures de son contenant. Une chaîne en maillons d'argent au bout desquels un cœur en rubis rouge sang entouré chaleureusement d'ailes en diamant noir se tenait devant ses yeux abasourdis. Il ne bougeait plus, impressionné et très attiré par ce bijou d'exception qu'il avait la chance de tenir entre ses mains. Il n'en revenait pas, il allait pouvoir se faire un sacré paquet d'argent en revendant cette parure. Il appréciait vraiment l'idée de devenir riche, ne plus avoir à voler pour vivre sa vie. Il admira quelques minutes sa trouvaille, oubliant la notion complète du temps. Plus rien ne comptait ; ni le vol, ni même sa propre survie. S'il avait trouvé ce bijou, cela voulait dire que le destin l'avait décidé ainsi et qu'il était voué à remonter la pente pour devenir une personne riche est respectée de la population. En tout cas, c'était ce qu'il pensait avant de remarquer que d'étranges nervures pourpre s'étaient formées sur la petite boîte. Elles clignotaient lentement, laissant le temps au possesseur de froncer les sourcils. La vie s'était créée à l'intérieur de la boîte, c'était ce qu'il se disait à lui-même. Et il n'était pas rassuré mais pourtant, il était tout de même fasciné par sa beauté et son étrangeté.
Soudain, la boîte se transforma en un volcan en éruption. Le fils Yang poussa un cri en lâchant sa possession qui tomba lourdement sur le sol, secouant frénétiquement sa main brûlée. Les filaments rouges disparurent un instant, c'était le calme avant la tempête comme on disait. Puis, un violent tourbillon de fumée grandit dans la pièce, aspirant tout sur son passage. Bien qu'elle ne put bouger, sa source provenant de la boîte, le jeune homme s'agrippa à une étagère pour ne pas s'envoler sous la force du vent que la tornade provoquait. Il n'avait pas énormément de force, il fallait le dire, et il le savait très bien. Il espérait pouvoir s'en sortir malgré son faible taux de réussite. Le vent se faisait de plus en plus fort, de plus en plus violent, arrachant meubles et produits de leur place respective. Et le garçon vit ses doigts se décrocher un à un, sous son corps attiré vers l'arrière. Et l'inévitable arriva. Il se sentit partir, emporté par le tourbillon rouge pourpre.
Il était confus, complètement perdu, que se passait-il ? Il ne comprenait rien de ce qu'il se passait, et tout humain censé se serait enfui en voyant toute cette magie. D'innombrables idées traversèrent son cerveau en un instant, mais les principales étant la cause de sa mort ou encore ce qu'il se passait autour de sa pauvre existence. Et il avait beau se débattre et essayer de s'en sortir, il ne pouvait pas vaincre l'ouragan tout droit sorti d'un conte. Et il se fit aspirer, sans qu'aucune personne ne puisse être mise au courant. Sans personne pour l'aider. Mais ça, il avait l'habitude. Aspiré dans le néant, probablement, personne ne savait réellement où menait cette tornade, à part évidemment sa créatrice. Toujours fière lorsque ses inventions marchaient parfaitement bien, et elles n'étaient jamais défaillantes. Le jeune homme fut alors emporté, personne ne savait où ni quand, mais le moyen pour l'y emmener, lui, était bien réel...
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