6 - Balade forestière
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Cela faisait plusieurs jours qu'Alexandre et Fleur avaient volé le véhicule Milicien, et qu'ils planaient dans l'immense forêt d'arbres morts. Fleur avait volé un des masques à gaz d'un Milicien, faisant office d'un trophée de chasse.
Comme à son habitude, Fleur avait essayé d'engager la conversation, d'autant plus qu'Alexandre lui avait enfin révélé son prénom, mais ce dernier demeura muet comme une tombe.
Au fond d'elle, Fleur espérait sortir le plus vite possible de la forêt. Tout d'abord parce qu'elle y trouvait l'atmosphère angoissante et oppressante, ensuite parce que le véhicule Milicien avait de plus en plus de mal à se frayer un chemin parmi les arbres, et enfin parce que la nuit tombait, une fois de plus.
Leurs rations d'eau et de nourriture diminuaient lentement mais sûrement, et Alexandre n'était pas sûr de trouver de quoi manger dans la forêt.
Fleur, pour occuper le mutisme d'Alexandre, passait ses heures à scruter le ciel, les environs, pour guetter une quelconque menace.
« Si tu tords ton cou comme ça, tu vas attraper un torticolis, finit par dire Alexandre
— Si vous restez aussi tendu, vous allez vous coincer le dos, répliqua-t-elle.
Elle vit Alexandre lever les yeux au ciel en guise de réponse muette. Il poussa un soupir.
— On va devoir abandonner ce machin.
— On ne peut plus avancer ?
— Ouais. Le passage est trop étroit, le véhicule ne passera jamais. Si j'en suis ta carte, c'est toujours dans cette direction. Récupère tes affaires, si on marche assez rapidement, on sera sorti de cette putain de forêt avant la nuit.
— Oui, Alexandre ! »
Elle attrapa rapidement ses affaires et suivit Alexandre, qui s'avançait déjà dans la forêt. Il avait remit son foulard et ses lunettes. Voyant que Fleur ne l'avait pas rejointe, il se retourna.
« Tu n'as pas de quoi te couvrir le visage ? Au cas où...
— J'ai toujours le masque, mais il est trop grand pour moi.
— File-moi ça, je vais essayer de le régler un peu plus...
Fleur donna le masque à Alexandre. Ce dernier se plaça derrière elle, et il lui mit le masque sur la tête. Il resserra les sangles derrière le crâne pour éviter que la tête de Fleur ne bouge trop à l'intérieur. Cela dura quelques minutes, Alexandre essayant de ne pas trop arracher de cheveux sur le crâne de Fleur en même temps.
— C'est mieux comme ça ? demanda-t-il enfin
— Beaucoup mieux, merci !
— On peut y aller, alors ! »
Fleur massa discrètement l'arrière de son crâne. Alexandre n'était pas un tendre dans ses mouvements.
Fleur n'osait pas l'avouer à Alexandre, mais elle était fatiguée de marcher autant et rapidement. Alexandre ne faisait pas de pause et il ne se retournait pas, même quand Fleur se trouvait quelques mètres derrière lui. Elle devait alors courir un peu pour le rattraper. Mais elle savait pourquoi il avançait aussi vite ; elle aussi, elle voyait le jour tomber petit à petit.
« Monsieur Alexandre, demanda-t-elle sous son masque, est-ce qu'on pourrait ralentir un peu, je ne tiens plus le rythme...
— Non, on doit se dépêcher, on doit sortir de cette forêt avant la nuit. Sinon je ne donne pas cher pour notre peau face aux irradiés, ou pire.
— Pire que les irradiés ? La Milice ?
— Non, pas la Milice, les Activistes.
— Qui ça ?
Alexandre eut un petit rire.
— Tu vis à la Capitale et tu ne sais pas qui sont les activistes ? T'es étrange, gamine... On t'apprends quoi à l'école au juste ?
— On nous apprend surtout à bien se comporter avec les autres.
Alexandre leva les yeux au ciel. Il trouvait cette gamine exaspérante, quand elle s'y mettait.
— Et aussi, ils nous apprennent à travailler pour rendre la planète meilleure quand la Navette reviendra.
Alexandre arrêta tout ses mouvements. Il se retourna.
— Quoi ? demanda-t-il
— La Navette. Vous savez ? Elle va revenir. Tout le monde en parle. Si elle revient, la planète sera définitivement sauvée. Alors, on attend, et on essaye de rendre la planète meilleure, à la Capitale. »
Alexandre la détailla, un sourire aux lèvres. Il y eut un long silence où ils se regardèrent dans le blanc des yeux, avant qu'Alexandre n'explose de rire. Il rigola d'abord nerveusement, comme quelqu'un qui avait oublié comment on rigolait, puis il partit dans un fou rire incontrôlé, allant s'adosser contre le tronc d'un arbre pour ne pas tomber par terre.
« Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?! demanda Fleur, agacée.
— Oh merde, répondit Alexandre en essuyant des larmes au coin de son oeil, t'étais sérieuse, vraiment ?
— Oui, parfaitement ! Tout les mois, la Présidente nous donne un rapport de situation de la Navette, et nous écrivons un rapport à notre tour pour l'envoyer à la Navette.
— Putain de dictature, marmonna Alexandre dans ses dents, qu'est-ce que tu sais de la Navette, au juste ?
— Juste qu'ils ont des personnes importantes à leur bord, qu'elle tourne en orbite autour de la Terre et qu'ils reviendront.
— Mais qu'est-ce que tu es naïve, ma parole...
— Pardon ?!
— Tu es naïve, ignorante, tu ne connais rien à ce monde ; t'étais même pas foutue de reconnaitre des irradiés et tu as failli y laisser ta peau, d'ailleurs. Et tes parents, ils te répètent la même chose ? Que la Navette va revenir ?
— Oui, ils me disent la même chose.
— Alors pourquoi il t'ont envoyé hors de la Capitale, avec un machin à remettre à leur pote ? Pourquoi ils ne l'ont pas fait tout seuls comme des grands ? Parce qu'ils ne voulaient pas ? Ou parce qu'ils ne pouvaient pas ?
— Je... commença Fleur.
— Imagine si je te laisse toute seule dans cette forêt. Genre tu te débrouilles. Tu vas vraiment réussir à rester en vie, sans tomber ni sur des irradiés, ni sur la Milice, ni sur les Activistes ? Mais fait-moi donc rire, c'était tordant !
Fleur ne répondit rien. Alexandre devina des larmes qui coulaient sur ses joues à l'intérieur du masque à gaz. Il se rendit compte qu'il était peut-être allé trop loin dans ses propos.
— Fait chier, putain... murmura-t-il avant de continuer d'avancer. »
Il vérifia que Fleur le suivait. Elle trainait un peu le pas, mais elle semblait être résolue à supporter la compagnie d'Alexandre encore un peu.
La nuit tombait rapidement. Bientôt, ils n'auraient plus de lumière naturelle. Ou ils allaient devoir s'arrêter, ou ils allaient devoir marcher à l'aveuglette. Alexandre ignorait laquelle des deux option était la plus dangereuse. En tout cas, il n'entendait plus Fleur pleurer, ce qu'il était une bonne chose, selon lui.
Quand le jour fut totalement tombé, il chercha le bras de Fleur à tâtons pour ne pas la perdre. Elle comprit le geste, et elle accrocha fermement ses doigts à la manche de son perfecto. Aucun d'entre eux n'avaient prononcé un mot depuis l'échange de tout à l'heure.
« Bon, écoute gamine... Je suis... Désolé pour tout à l'heure. J'ai peut-être été un peu dur, mais... Je... Enfin bref, je m'excuse, voilà.
— Wow. C'est impressionnant. On dirait que ça vous a arraché les dents en même temps.
— Oh ferma-là, sale gamine, râla-t-il en réponse.
Fleur sourit sous masque.
Et puis, ce petit moment de calme s'envola aussi vite qu'il était venu. Alexandre, ne voyant rien devant lui à cause de la nuit, enfonça son pied sur quelque chose de mécanique. Il eut juste le temps de réaliser son énorme imprudence que le piège à ours se referma sur sa jambe, lui broyant le mollet au passage. Il hurla et tomba par terre. Fleur s'agenouilla à côté de lui, tout aussi paniquée. Alexandre hurla des insultes plus vulgaires les unes que les autres. Il s'assit et essaya de regarder les dégâts. Il perdait beaucoup de sang.
« Gamine, va falloir que tu m'aides...
— Je ne sais pas quoi faire !
— Calme-toi putain ! Écoute-moi ! Tu vois les deux machins sur le côté du piège ?
— Oui...
— Il faut que tu les tires vers toi, et surtout, tu les maintiens fermement, ok ?
— Ok...
Alexandre suait à grosse goutte et sa tête tournait. Fleur s'exécuta, et elle attendit. Alexandre souffla lentement, avant de diriger ses mains vers le piège et qu'il écarta afin de libérer sa jambe. Il retira son pied, et une fois hors d'atteinte, il souffla à Fleur :
— Tu peux tout lâcher, c'est bon. »
Fleur lâcha le piège et elle aida Alexandre à se relever. Il laissa échapper un grognement de douleur. Il pouvait à peine poser le pied par terre, et sa tête tournait.
Ils firent quelques mètres, puis Alexandre s'effondra par terre.
« Fait chier putain...
— Eh, restez avec moi !
— T'es con ? Tu veux que j'aille où ?
Elle le gifla.
— C'est pour que vous restiez réveillé ! se justifia-t-elle
— Avoue que ça te titillais depuis le début...
— Oui, aussi.
— Merde... Désolé, il faut que je me repose. »
Et il s'endormit. Fleur paniqua. Elle tenta de le réveiller en le secouant, mais il ne réagit pas. Elle prit son pouls, pour s'assurer que son cœur battait encore. Soulagée, elle se mit à guetter tous les bruits de la forêt. Il n'y en avait aucun, et elle ne trouvait pas cela rassurant.
Fleur entendit tout à coup un bruit énorme, si fort qu'elle en eut des frissons. Elle n'avait jamais entendu un tel vacarme auparavant. Puis, elle vit de la lumière, semblable à celle des véhicules Miliciens. Elle leva son bras pour se protéger de la lumière. Elle vit une forme se rapprocher d'elle.
« T'es qui toi ?! cria une voix grave.
La personne se rapprocha d'eux.
— Enlève ton masque et ne fait pas de...
Fleur enleva son masque, laissant voir son visage rempli de larmes. Le regard de la personne faisait des aller-retours entre Fleur et Alexandre.
— Oh, merde alors... »
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