20 - La Capitale
Fleur, Alexandre et Léopard se trouvaient à bord d'un avion Milicien, qui les transportaient jusqu'à la Capitale. Il se trouvait qu'Artan et les deux autres Miliciens étaient des connaissances de Fleur, et que ses talents de manipulatrice l'avaient mené à les convaincre de les ramener en secret à la Capitale, où Alexandre pourrait bénéficier de soins médicaux adéquats.
Cela voulait dire qu'ils ne devaient être vus de personne. L'avion Milicien était peu luxueux, composé de fauteuils précaires qui semblaient avoir eu la vie dure. Le tissu était troué à certains endroits, laissant sortir le rembourrage.
Léopard avait posé leurs affaires dans un coin, et Artan avait eu la gentillesse de leur donner un chiffon et un peu d'eau, afin qu'ils s'essuient le visage. Le trajet jusqu'à la Capitale durait quatre heures. Un des collègues d'Artan avait donné à Léopard une trousse de secours, retrouvée abandonnée sous un siège. Depuis deux heures, il lavait, désinfectait et soignait Alexandre. Ce dernier n'avait pas prononcé un mot depuis qu'ils avaient quitté la base des Révoltés. Quand à Fleur, elle avait passé son temps à discuter avec Artan.
Artan était un jeune homme à peine plus âgé que Fleur, aux cheveux noirs coupés courts dû à son engagement dans la Milice, aux yeux bleus foncés comme l'océan d'avant l'Apocalypse et au teint basané.
« Et eux, d'où ils viennent ? Fleur, tu te rends compte que ça ne va nous attirer que des ennuis de les ramener à la Capitale ?
— Au point où j'en suis, je m'en fiche ! Ils m'ont sauvé et aidé plus d'une fois, et je n'aurais jamais survécu sans eux !
— Pourquoi est-ce que tu es partie de la Capitale ? Tu te rends compte à quel point tes parents sont inquiets ?
— Non, justement.
— Oh, s'il te plaît, ce n'est pas le moment de faire une crise d'adolescence ! siffla Artan entre ses dents
— Non tu ne comprends pas ! C'est mes parents qui m'ont envoyé hors de la Capitale !
— Sans compter qu'ils ont eu leurs lots d'ennuis, leur graine a disparue.
— Ah... soupira Fleur
Artan se redressa, pour la dévisager. Il croisa ses bras. Il fronça les sourcils. Baissa le regard. Regarda d'un coup d'œil Léopard qui s'occupait d'Alexandre. Il reporta son regard sur Fleur. Il entrouvrit la bouche il la pointa du doigt.
— Tu... Tu n'as pas vraiment fait ça, n'est-ce pas ?
— Non, mes parents.
— Quoi ? Mais pourquoi, c'est stupide !
— La Capitale est stupide, cruelle, fausse et dangereuse pour mes parents. T'imagine, s'ils seraient partis à ma place ? Je risquais trop à rester. S'ils étaient partis tout les deux, ça aurait été suspect. Si on était partit tout les trois, on serait devenus des fugitifs. Alors la petite gamine dont personne ne fait attention... Ça passait crème.
Artan leva les yeux au ciel.
— Tu sais que je t'aurais protégé, si tu étais restée toute seule.
— Ils ne sont pas aussi cons à la Capitale, ils t'auraient demandé de m'arrêter. T'aurais eu l'air bien con, tiens.
— Depuis quand tu parles comme ça, toi ? demanda Artan
Fleur eut un petit sourire de coin.
— Ils vont comment, mes parents ? Tu les as vus ? Tu leur as parlé ?
— Ouais. Ils avaient l'air inquiet. J'imagine qu'ils sont bons comédiens. Quand on a vu ton signal, ils ont demandés à ce que ce soit moi qui soit envoyé sur place. Tu m'étonnes.
— Tu penses pouvoir nous faire rentrer discrètement ?
Artan sourit.
— Bah oui p'tite puce. Tu m'as prit pour qui ?
— C'était pas notre plan à la base, mais... On a eu des contraintes.
Léopard se rapprocha d'eux.
— Artan ? demanda-t-il, je peux te parler ?
— Oui, Monsieur.
— Mon... Mon ami a besoin de plus de soins que ça. Il perd du sang et ça n'arrive à cicatriser.
Il avait les doigts couvert de sang. Fleur se leva pour aller voir Alexandre. Il était encore plus pâle que d'habitude.
— Ça va, M'sieur Alexandre ?
— J'pète la forme, gamine.
— Écoutez... On va nous faire discrètement rentrer à la Capitale, et on pourra vous trouver de meilleurs trucs pour vous soigner. Je vous le promet.
— Tu me le promets ? s'étonna Alexandre, eh bien, je le prends au pied de la lettre, gamine.
— Vous ne m'en voulez pas trop ?
— De quoi ?
— Qu'on aille à la Capitale. J'ai cru comprendre que c'était pas vraiment votre lieu de prédilection.
— Non c'est vrai. Mais bon, voit le côté positif des choses. Là-bas, il y a probablement du matériel adéquat pour la graine. Des trucs pour me soigner. Et puis, on est vivants, non ?
— Ouais... M'sieur ?
— Quoi ?
—Il s'en est passé des trucs, hein ?
— Ah, ça.
Il y eu un silence.
— Je vais vous laissez vous reposer.
— Merci gamine. »
Fleur s'éloigna. Léopard revint rapidement s'assoir à côté de lui. Il avait un plaid dans ses bras.
« Tu fouilles dans mes affaires ? demanda Alexandre
— C'est la bonne cause. Et oui, j'ai vérifié, ton perfecto y est toujours. Pareil pour tes lunettes. Je suis désolé pour ton foulard par contre.
— Pas grave, répondit Alexandre tout en s'enroulant dans le plaid, c'était pour la bonne cause.
— Tu me passes un peu de ton plaid ?
— Il y en a un autre dans mon sac.
Léopard le regarda en penchant la tête et en souriant. Alexandre soupira.
— C'est pour la bonne cause, lui dit Léopard.
Il rouvrit le plaid pour que Léopard puisse s'y glisser, à ses côtés. Il lui enserra doucement la taille, veillant à ne pas toucher ses plaies grossièrement enroulées dans des bandes de gaze.
— Celle de ton ventre n'est pas aussi profonde que celle de ton bras. Je ne te fais pas mal ?
— Non, j'aurais déjà hurlé, sinon.
Alexandre vint poser sa tête sur l'épaule de Léopard.
— Que sont devenus Luciole et Gazelle ?
— Ils ont du retourner au Casino, j'imagine. Tu peux dormir, je ne tenterais rien dans ton sommeil. »
Alexandre lui pinça le bras. Léopard déposa discrètement un baiser sur ses cheveux.
Artan les regarda de loin avec un air suspicieux. Un appel venant de la Capitale le tira de ses pensées. Artan enclencha l'appel vidéo. C'était son supérieur.
« Lieutenant Lochlainn, vous êtes déjà de retour ?
— Mon Capitaine, dit Artan, oui, nous sommes sur le point de rentrer.
— Qu'a donné la mission ?
— Nous avons retrouvé la montre de Fleur Callester, Mon Capitaine.
— C'est tout ?
— Oui, Mon Capitaine.
— Combien êtes-vous à bord de l'avion ?
— Nous sommes trois, Mon Capitaine.
— Bien. Lieutenant, j'attends votre rapport demain matin sur mon bureau.
— Oui, Mon Capitaine. »
La communication coupa, le silence se fit dans l'avion. Artan se retourna vers Fleur.
« J'espère que tu sais ce que tu fais.
Il se retourna vers Léopard.
— Vous aussi, j'espère que vous savez ce que vous faites. »
L'avion survola la Capitale. Léopard se pencha au dessus d'Alexandre pour voir le paysage. Étrangement, tout y était vert, beau, propre, brillant. Il sentit Fleur se rapprocher derrière lui.
« Tout est artificiel, dit Fleur pour répondre à sa question, ce ne sont pas des vrais arbres, ni de la vraie herbe, ni des vraies fleurs. Tout est synthétique.
— Ingénieux, répondit Léopard
— Ennuyeux, ajouta-t-elle »
Léopard la regarda d'un œil intrigué.
L'avion se posa dans l'aéroport militaire. Artan dit à Fleur, Léopard et Alexandre de rester dedans quelques heures, le temps qu'il revienne les chercher une fois la nuit tombée.
———————
Ils ne firent pas un bruit. Seul la respiration d'Alexandre, un peu plus forte parce qu'il dormait, rompait le silence. Léopard tenait toujours Alexandre dans ses bras. Fleur les fixait.
Au bout de quelques heures, la porte de l'avion s'ouvrit, les faisant sursauter. Alexandre remua dans son sommeil pour ouvrir les yeux. Artan se tenait devant eux.
« Venez, on doit faire rapidement. Suivez-moi.
Alexandre se leva péniblement et suivit le groupe. Léopard attrapa son sac et sa carabine d'une main, pour l'aider de l'autre. Ils sortirent tout les quatre de l'avion. Tout était silencieux. Ils sortirent de la base pour se rendre dans une voiture Milicienne.
Le trajet se déroula silencieusement. Artan s'arrêta dans une petite ruelle. Tout les quatre descendirent de la voiture pour frapper à une porte d'appartement. Cette dernière s'ouvrit sur un couple. Fleur se jeta dans leurs bras. Ella et Armand Callester serrèrent leur fille dans leurs bras. Artan invita Alexandre et Léopard à rentrer, avant de refermer la porter derrière lui.
— Madame Callester ? demanda Artan, j'ai besoin de votre aide.
— Bien sûr Artan, qu'est-ce qu'il y a ?
— Ce... Euh, il a besoin d'aide, rapidement, dit Artan en désignant Alexandre assit sur le canapé.
Ella s'approcha d'Alexandre, et manipula avec précaution son bras. Il se laissa faire. Elle ôta les bandages pour examiner les plaies sur sa peau.
— Est-ce que tu peux te lever ? Je vais devoir poser ton bras sur un plateau.
Alexandre hocha la tête. Il suivit la mère de Fleur dans la cuisine, où elle le fit patienter.
Elle revint quelques instant plus tard, portant dans ses bras une énorme machine qui ressemblait à une structure en verre, comme une machine à rayon X portable.
— Mets ton bras dessus, d'accord ?
Alexandre obtempéra. Des petites aiguilles sortirent de toute part, et commencèrent à picoter lentement la peau à vif, rougie et saignante d'Alexandre pour la désinfecter, puis pour la recoudre.
— Ne t'inquiète pas, c'est une de mes inventions, ça se soignera très vite, mais les cicatrices seront visible...
— Merci Madame.
— Alors comme ça c'est toi l'homme qui a escorté ma fille jusqu'au Professeur Koskinen ?
— Oui, mais je n'étais pas seul.
— Je ne sais pas si on doit te remercier de l'avoir rapporté, mais... Où est la graine ?
— Toujours dans mon sac. J'ai réussi à la récupérer avant que... Qu'on se fasse tous enlever.
— S'il te plaît, tu ne dois dire à personne que tu l'as encore. Au pire, fait comme si elle était encore perdue. Je pense que tu es bien placé pour savoir ce qui pourrait arriver si elle tombait entre de mauvaises mains.
— Euh, oui, mais... »
Une sonnerie les interrompit. Ella se tendit d'un coup, puis elle se leva rapidement. Alexandre resta seul dans la cuisine, regardant les aiguilles recoudre son bras. Léopard entra dans la pièce , ferma la porte derrière lui et s'assit à côté d'Alexandre. Tout les deux se sourirent.
« Ça va mieux ? demanda Léopard.
— Oui. C'est en train de se faire recoudre.
— J'aurais été très triste de te perdre, Renard.
Alexandre rigola doucement.
— Arrête avec ce surnom, s'il te plaît...
Léopard se rapprocha de lui.
— Je ne me lasserais jamais de ça... lui murmura-t-il tout en écartant lui quelques mèches de cheveux de son visage.
— J'avais comprit.
Ils se regardèrent en silence, le bruit de la machine soignant Alexandre terminait son travail.
— Tu ne tentes rien, cette fois-ci ? demanda Alexandre
— Ça te manque ? le railla Léopard, et si...
Les lèvres d'Alexandre vinrent s'écraser sur celles de Léopard, le faisant taire au passage. La machine bipa, indiquant qu'elle avait terminé ses fonctions. Léopard tira Alexandre d'un coup pour venir le faire monter à califourchon sur ses genoux, face à lui. Il passa ses bras autour de sa taille, tandis qu'Alexandre plongea ses deux mains dans sa crinière couleur blé. Léopard approcha ses lèvres, mais Alexandre eut un éclair de lucidité.
— On... On ne devrait pas faire ça ici, et pas maintenant ! »
Léopard soupira et acquiesça ; malgré son envie, Alexandre avait raison. Ce dernier se releva rapidement et alla ouvrir la porte de la cuisine.
Il se retrouva nez-à-nez avec un fusil Milicien.
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