10 - Les Activistes
« Quand est-ce qu'on part pour aller voir Mr. Koskinen ? demanda Fleur.
Alexandre, Fleur et Léopard étaient assis à la table de la cuisine, en train de manger le plat que Fleur avait honteusement gagné au Casino quelques heures auparavant.
— Quand tu veux, lui répondit Alexandre, je n'ai plus mal à la jambe. Et puis, je crois que tu as suffisamment abusé du Casino pour nous permettre d'avoir assez de repas avant longtemps.
Fleur eut un petit sourire espiègle.
— Je vous accompagne, déclara Léopard, c'est moi qui ai escorté le Professeur il y a quelques mois.
— Oh, super ! s'exclama Fleur »
Elle avait visiblement mit Léopard dans sa poche.
« Oh, douce et innocente petite gamine... »
Alexandre sentit la main de Léopard se poser doucement sur sa cuisse, sans que Fleur ne le remarque. Il frissonna et se redressa, avant de faire des gros yeux à Léopard. Ce dernier lui répondit par un sourire carnassier. Alexandre dégagea sa cuisse de la main de Léopard d'un mouvement sec. Il se cogna le genou sur le dessous de la table, lui arrachant une grimace.
« Fait attention, lui dit Léopard, faudrait pas que tu te pètes un autre truc avant de partir...
Alexandre le fusilla du regard.
— On y va à pied, voir le professeur ? demanda Fleur
— Non, on a quelques véhicules qui devraient faire l'affaire...
— Des véhicules Miliciens ? demanda à nouveau Fleur
— Non, des voitures d'avant l'Apocalypse.
Alexandre dévisagea Léopard.
— Mais comment peux-tu avoir des voitures qui marchent ?! lui demanda Alexandre
— Je dirige le Casino, répondit-il tout simplement »
Alexandre savait que Léopard ne lui disait pas tout, mais il ne lui demanda pas plus.
À la fin du repas, Fleur voulu aller une dernière fois au Casino, mais Alexandre et Léopard l'en dissuadèrent ; ils devaient être en forme pour partir. Fleur acquiesça et parti dans sa chambre pour dormir. Alexandre et Léopard se retrouvèrent tout les deux dans la cuisine, seuls. Léopard commença à ranger la vaisselle dans l'évier. Alexandre le regarda faire.
« Qui es-tu, Léopard ? lui demanda Alexandre
— Juste un dirigeant de...
— De Casino, oui, mais ce n'est pas que ça, n'est-ce pas ? Je n'y connais rien, mais un simple gérant de Casino n'a pas des véhicules d'avant l'Apocalypse à sa disposition qui sont en état de fonctionner, il ne voyage pas pour trouver des livres et il n'a pas des biens aussi précieux que ça dans sa... Dans sa... Bibliothèque...
Ce qu'il s'était passé quelques heures plus tôt lui revint en mémoire.
— Et... Et il ne nous proposerait pas de l'aide aussi facilement ! Alors, tu es qui ?!
Léopard se mordit la lèvre pour ne pas rigoler devant Alexandre.
— C'est dingue ça. Tu es la première personne qui se pose autant de questions... D'habitude, les personnes se contentent de jouer au Casino ; mais toi... Pourquoi es-tu aussi méfiant ?...
— Parce que ma confiance ne s'achète pas avec des boîtes de conserves !
— Pourtant, je ne te veux aucun mal, Renard. J'ai envie de vous accompagner, Fleur et toi, voir ce Professeur. Tu es peut-être même la personne la plus intrigante que je n'ai jamais rencontré. Tu es borné, méfiant et une tête de mule, mais qu'est-ce que tu m'intrigues, toi aussi... Je crois que j'ai autant envie d'en savoir plus sur toi que toi de moi. Ai-je raison ?
Léopard s'était accroupi devant Alexandre, toujours assit sur la chaise, dans un mouvement félin. Alexandre hocha lentement la tête, montrant qu'il avait comprit ce que Léopard lui demandait.
— Et tu as raison, je suis peut-être plus qu'un simple gérant de casino. Viens avec moi. »
Léopard se releva brusquement, et tira Alexandre. Ils marchèrent vers une armoire. Léopard la déplaça sans peine, dévoilant une porte. Léopard l'ouvrit et dégagea le passage pour permettre à Alexandre d'entrer. Léopard le suivit et alluma la pièce. Ils étaient dans un garage sans fenêtres. Devant eux se trouvait de nombreuses voitures et motos. Toutes dataient d'avant l'Apocalypse. Alexandre se retourna vers Léopard.
« Comment est-ce que...
Léopard souffla et referma la porte. Alexandre se sentit prit au piège. Il n'avait jamais remarqué à quel point Léopard était aussi grand.
— Renard, tu connais le groupe des Activistes ?
Alexandre blêmit. Il hocha la tête.
— Qu'est-ce que tu sais d'eux ? demanda Léopard.
— Qu'ils sont cruels, qu'ils tuent tout sur leur passage, qu'ils ne veulent que leur propre survie, et qu'un jour, ils seront les maîtres sur la planète, qu'ils écraseront la dictature de la Capitale.
Léopard semblait sidéré par ce que venait de dire Alexandre.
— Attend, mais... Qui t'a dit ça, exactement ?
— Le doyen d'un petit village où j'allais de temps en temps...
— Alors, c'est pour ça que tu te méfies de tout le monde tout le temps ?
— Non. Parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour survivre.
Le visage de Léopard s'adoucit. Il avança vers Alexandre pour le prendre par les épaules. Il le regarda longuement avant de lui dire :
— Oh, Alexandre, si tu savais... Je suis Léopard. Je suis le gérant d'un Casino mais je dirige aussi les Activistes. Si je voulais mettre fin à tes jours, je l'aurais fait bien avant... Mais je n'en ai jamais eu l'intention...
Il sentit Alexandre trembler entre ses mains.
— Ton doyen a du confondre les Activistes et les Révoltés.
— Qui... Qui ça ?
Alexandre était perdu entre la Milice, les Activistes, les Révoltés et les bras de Léopard.
— Les Révoltés. Ils ont tués tellement de personnes... Y comprit des miens... Ils ont bien failli m'avoir un jour, précisa-t-il en tapotant son cache-œil, c'est pour ça que j'ai crée le Casino. C'est notre refuge. La Milice a la Capitale, les Révoltés ont certainement un autre endroit, et nous avons le Casino.
— D'accord...
— Tu me crois, maintenant ? Quand je te dis que je ne te veux aucun mal ?
Alexandre ne savait plus sur quel pied danser.
— Et... Et le Professeur dans tout ça ?
— Il est en sûreté, dans une de nos base. La Milice était à sa recherche.
— Tu veux dire que la Milice vient ici ?
— Seulement si on la laisse passer. Et rassure-toi, personne ne vous cherchait, Fleur et toi, personne n'est venu ici durant la durée de votre séjour.
Léopard sentit Alexandre se détendre un peu dans ses bras.
— Et puis... susurra Léopard, si tu ne m'intriguais pas un minimum, est-ce que tu crois que j'aurais vraiment fait tout ça, que je me serais senti concerné par tout ce que tu fais ? Que je serais allé voir cette bornée de Chaton pour tes cheveux ? Que je t'aurais proposé de rester ici ? Que je serais resté calme, dans ma bibliothèque ? Que je t'aurais embrassé ?
Plus Léopard parlait, plus le ton de sa voix diminuait, pour se terminer sur un doux murmure, comme s'il voulait que seul lui et Alexandre ne soit au courant de ce qu'il venait de dire. Les joues d'Alexandre s'enflammèrent. Son cœur s'emballa.
— En plus, ça n'avait pas l'air de te déplaire. C'était la première fois ?
— De... De quoi ? bégaya Alexandre.
— Que tu embrassais un homme ?
— Oui. Que j'embrassais tout court, en fait.
Léopard écarquilla son œil.
— Comment un visage aussi attirant que le tiens...
— J'avais d'autres priorités, trancha Alexandre, nous devrions aller nous reposer, si l'on part demain.
— J'ai d'autres priorités aussi.
— Lesquelles ? risqua Alexandre
— Celles-là... »
Léopard fondit sur les lèvres d'Alexandre, pour la deuxième fois. Alexandre se surprit à répondre à son baiser, venant chercher les lèvres et la langue de Léopard. Ce dernier le fit reculer jusqu'à ce qu'Alexandre se retrouve coincé entre le corps de Léopard et une voiture.
Léopard glissa ses mains sous le débardeur d'Alexandre pour toucher sa peau. Il avait conscience qu'il allait devoir se contenter de baisers et de caresses pour l'instant, mais cela lui convenait très bien pour le moment. Entendre Alexandre gémir sous ses mains sonnait comme une véritable harmonie dans ses oreilles.
Alexandre passa ses bras autour du cou de Léopard pour ne pas glisser par terre. Ses jambes s'étaient transformées en coton et son corps était parcouru de frissons de plaisir qui se dirigeaient vers son entre-jambe. Il sentit Léopard glisser son genou entre ses jambes pour les écarter. Alexandre gémit.
Ils s'embrassèrent encore pendant de longues minutes avant que Léopard ne mette fin à leurs caresses.
« Il faut qu'on dorme. Sinon, on ne sera pas en forme, pour demain.
Alexandre hocha la tête, encore rouge.
— Vous êtes combien d'Activistes ?
— Nous sommes une dizaine. Il y a moi, le chef. Puis Gazelle, mon bras droit. Oryx, mon capitaine de route. Chaton, mon sergent d'armes. Il y a quelques suivants, mais le gros bras, Luciole, est avec le Professeur.
— Et pour demain ? demanda Alexandre
— Pardon ?
— Il n'y a que nous trois ?
— Non, Gazelle va venir avec nous. Fleur semble beaucoup l'apprécier.
— D'accord... »
Léopard tira Alexandre par une bretelle de son débardeur. Ils sortirent du garage, Léopard referma la porte et remit l'armoire en place. Il embrassa une dernière fois Alexandre sur le front avant qu'ils ne se séparent pour aller dormir.
———————
Alexandre ne dormit pas beaucoup cette nuit-là. Il s'était passé trop de choses en une journée.
Ce n'était pas le fait que Léopard soit un Activiste qui l'ai le plus dérangé, ni même le fait qu'il l'ai embrassé deux fois - il avait trouvé ça plutôt plaisant - c'était le fait d'apprendre l'existence d'un autre groupe qui avait l'air beaucoup plus violent et sanguinaire.
Le lendemain arriva rapidement. Fleur frappa à la porte d'Alexandre pour lui dire de se lever et de prendre ses affaires. Alexandre s'exécuta.
« Perfecto, lunettes, foulard, chaussures. »
Il vérifia que les cartouches offertes par Léopard étaient bien dans son sac, puis il sortit de sa chambre, sac sur le dos et carabine à la main.
Fleur, Léopard et Gazelle étaient dans la cuisine et semblaient l'attendre.
« Bonjour Alexandre, dit Gazelle, on n'attendait plus que toi, tu es prêt ?
— Oui, je suis prêt.
— Alors allons-y sans plus tarder, déclara Léopard »
La petite troupe se rendit dans le garage. Léopard choisi une voiture. Elle était plus usée que les autres. La peinture était abimée, et il y avait plusieurs éléments, dont les portières, qui semblaient venir d'autre voiture. Plusieurs impacts de balles parsemaient la carrosserie. Alexandre se demanda comme cette chose pouvait encore s'appeler « voiture » et comment elle pouvait encore rouler. Léopard la démarra sous les yeux étonnés de Fleur, tandis que Gazelle ouvrait la porte du garage qui menait à l'extérieur.
Une fois dehors, Léopard descendit du véhicule, pour saluer les autres Activistes avant son départ. Alexandre et Fleur se rapprochèrent. Il aida Fleur à monter dans la voiture, et il vit du coin de l'œil Chaton serrer Léopard dans ses bras, pour lui dire au revoir. Alexandre jura qu'elle lui avait lancé un regard noir. Oryx se contenta d'une poignée de main. Alors qu'il s'apprêtait à monter dans la voiture lui aussi, il sentit une main se poser sur une épaule. Il se retourna ; c'était Gazelle.
« Toi, tu montes à l'avant avec Léopard, je reste avec Fleur.
— Hum, d'accord... »
Alexandre s'installa donc sur le siège passager, et ils furent tout les trois bientôt rejoint par Léopard, qui fit avancer la voiture hors du domaine du Casino. Chaton et Oryx restèrent encore quelques instants à regarder la voiture partir au loin. Ils retournèrent dans le Casino quand la voiture disparu à l'horizon.
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