Pairing : Minchan

Titre alternatif : Il y a un long chemin à parcourir mais Chan à l'air motivé

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Chan était dans le salon, patientant blouson en main. Il était l'heure de son rendez-vous avec Minho mais son hyung manquait à l'appel. Dans le salon il y avait Jisung, Felix et Changbin qui l'avaient complimenté sur sa tenue. Noir du reste. Mais petit à petit la tension montait. Plus les secondes passaient plus la certitude de s'être fait poser un lapin gagnait du terrain. Les regards sur lui étaient de plus en plus gênés, sa patience de plus en plus ébranlé. Déjà qu'il n'en menait pas large, stressé par ce rendez-vous comme si c'était leur premier. Et encore à leur premier rendez-vous ils étaient déjà bons amis.

Le manteau fut reposé. Il n'allait pas se tourner en ridicule une seconde de plus. Il retira ses chaussures dans l'entrée et se dirigea vers la chambre des lève-tôt suivit par trois paires d'yeux. Il n'en pouvait plus des presque jumeaux changeant pour la énième fois la disposition des ornements du sapin et de Changbin qui essayait de donner le change en triant les décorations. Il entra sans frapper.

Minho était au centre de la pièce, il lui tournait le dos. L'inclinaison de sa tête laissait penser qu'il fixait un point quelconque à l'angle de la chambre. Etonnamment sa tenue était passe partout. Un pantalon noir que ses puissantes cuisses malmenaient et un pull blanc aux formes géométriques cousu de fils noirs. Chan se demanda s'il devait y comprendre un message. Avant qu'il n'ait pu lui demander ce qui lui prenait tout ce temps, Minho se tourna vers lui. Son bras se tendit, index pointant le coin du drap qui pendait lamentablement.

-C'est cassé.

Chan ravala son exaspération au mieux. Minho était parfois si étrange ! Son drap était arraché depuis quelques temps déjà, même lui l'avait remarqué !

-Tu es prêt ? On peut y aller ?

Minho lui emboita le pas sans un mot de plus et ils sortirent de la chambre, traversèrent la mer de regard et rejoignirent l'entrée. Chacun enfila ses chaussures et tout son accoutrement pour supporter les températures négatives. L'ambiance était... spéciale. Bien loin de ressembler à la gaieté d'un rendez-vous amoureux ils avaient plutôt la gravité de deux officiers annonçant à la famille leur fils mort au combat. Cela mettait surtout les spectateurs mal-à-l'aise tant c'était incongru.

-Passez un bonne rendez-vous, leur dit Felix avec sa gentillesse naturelle.

On aurait presque dit qu'il leur rappelait de ne pas s'étriper. Jisung leur secoua énergiquement la main cachant mal son trouble face à l'ambiance. Changbin se contenta de les regarder, peu serein. Chan n'aima pas que tout le monde devine que leur rendez-vous ne serait pas léger et bienveillant mais empesé et tendu. Cela lui donnait l'impression qu'il ne parviendrait pas à détendre l'atmosphère après qu'ils aient mit les cartes sur la table.

Un vague signe du bout des doigts pour toute réponse, ils sortirent. Minho ne demanda pas où ils allaient, il se laissait guider sans curiosité mais Chan le prit personnellement. Comme si son petit-ami n'accordait pas une grande importance à ce rendez-vous, qu'il avait accepté par dépit parce qu'il n'avait rien de mieux à faire. Il prit sur lui de respirer calmement. Il ne pouvait pas commencer à s'énerver avant même le début de leur conversation alors qu'ils n'avaient pas quitté l'appartement depuis cinq minutes.

Vu la température ils auraient été mieux à l'intérieur d'un bus mais les routes étaient verglassées. Tous deux préféraient tomber sur les fesses que de risquer un accident automobile. Le froid les faisait hâter le pas autant que possible occasionnant des glissades qui créaient une frayeur soudaine. Si Chan essayait de rattraper Minho à chaque fois, celui-ci n'en faisait aucunement pareil dans l'espoir de rire d'une bonne chute. Non pas pour rire spécifiquement du malheur de Chan, il aurait fait pareil avec tous ses copains. Pas de chute mais les glissades abracadabrantes et la peur engendrée le fit tout de même bien rire ce qui détendit un peu Chan par la même occasion.

Ils entrèrent dans le café avec le nez et les joues rougies. Leurs mains dont la vitalité avait pris un sacré coup et dans le cas de Chan, qui n'avait pas d'écharpe, sa respiration se fit visible quelque temps encore. La différence de chaleur aurait pu leur causer un choc thermique mais ils gardèrent tout de même leurs manteaux avec la sensation d'avoir emmagasiné le froid jusque dans leurs os.

Une petite dame quasiment invisible derrière le comptoir les accueilli avec chaleur.

-Bonjour, entrez, vous serez mieux au chaud. Qu'est-ce que je vous sers ?

Derrière elle, sur un tableau à la craie, avait été inscrit toutes les boissons. Devant elle s'étendait toutes les pâtisseries. Autour le plus de tables possibles avaient été placées pour maximiser le profit. La décoration était plutôt quelconque mais Chan n'avait pas choisi le lieu pour son cadre ou sa carte. C'était le café le plus proche de chez eux tout simplement. Il commanda un chocolat chaud, Minho un thé glacé avec un gâteau individuel au citron et à la meringue.

Une fois réglé ils se trouvèrent une table. Ils avaient l'embarras du choix comme ils faisaient partie des rares clients à avoir bravé le froid pour une boisson. Qui serait assez fou pour affronter le dehors quand un rendez-vous cocooning à la maison était des plus agréable ? Apparemment une jeune fille et un jeune homme qui ne se connaissaient pas bien et dont le courant avait du mal à passer ainsi qu'un petit couple de vieux qui devaient être des habitués, lisant leur journal et leur magazine dans un silence complice.

Les deux paires ayant choisi les tables les plus au fond, pour éviter les courants d'air de la porte, Chan voulut faire de même tout en évitant d'être trop prêt. Leur conversation ne permettrait pas les oreilles indiscrètes. Il opta pour une table à mi-chemin entre la porte et le fond de boutique. Ils se déshabillèrent enfin. Leur chaleur corporelle commençait à se réguler mais la boisson finirait de les aider... Du moins celle de Chan.

La petite dame s'affairait derrière le comptoir dans un bruit de vaisselle, les petits vieux étaient entourés de froissement de papier, les adolescents aussi silencieux qu'eux. Un air de musique sans parole faisait office d'ambiance. Ce n'était pas une énième chanson de noël mais un air calme et léger. C'était apaisant. C'était pour cela que Seungmin et Jeongin, nos deux grands testeurs de café, lui trouvait un certain charme.

La conversation ne parvint pas à démarrer avant l'arrivée de leur commande. Bien qu'elle ne prenne pas dix minutes de préparation, le temps leur parut interminablement long. Chan tenta bien de capter le regard de Minho mais celui-ci regardait partout plutôt que devant lui.

-Qui prend une boisson froide en hiver ? Tu n'as pas envie de te réchauffer ?

-Pourquoi faut toujours que vous trouviez quelque chose à redire ?

-C'était pas méchant, je tentais juste de lancer la conversation.

L'un était agressif, l'autre sur la défensive. Autant dire que cela ne débutait pas sous les meilleurs hospices.

-Pas toi spécialement. Tout le monde juge.

Chan ne pensa pas à lui demander si cela le dérangeait, d'aussi loin qu'il s'en souvienne Minho avait toujours été égal à lui-même, faisant fi des remarques le concernant. S'il venait lui chercher les poux aujourd'hui c'était à cause de la tension qui s'accumulait entre eux parce qu'ils ne mettaient pas les choses au clair. Mais aujourd'hui ils étaient là pour tout mettre à plat.

-On doit discuter, dit-il pour réorienter la conversation.

-De quoi ?

-S'il te plait ne fait pas l'innocent. Je fais des efforts et...

-Des efforts ? Répéta Minho ébahi. Des efforts ? ça t'est si difficile d'être avec nous ? Tu dois prendre sur toi en notre compagnie ?

-Minho...

-Chan. Ça devrait être naturel. C'est de l'ordre du bon sens qu'un copain veuille passer du temps avec son copain.

-Ne joue pas sur les mots, veux-tu ? Et puis c'est bien joli de me faire la morale sur un fait qui te dérange même pas.

-Pas moi, pas si on n'avait été tous les deux uniquement mais c'est moi qui récolte les pots cassés. C'est moi qui réconforte nos copains que tu rends inquiets et insécures, c'est moi qui dois le faire alors que j'ai pas d'espoir que tu changes. Et j'ai d'autres choses à foutre que de les voir dans cet état pour un gars qui n'en vaut plus la peine.

Maladroit de sa part mais Minho était plein de reproche et la communication n'avait jamais été son fort. Il n'en avait pas « rien à foutre » de voir ses petits-amis dans le mal cependant il en avait marre de les voir se morfondre pour un garçon pour lequel son amour s'amenuisait jour après jour. Pire, pour un garçon dont le sentiment dominant dans son cœur était l'antipathie.

-Oh oui je comprends ça doit être dur pour toi de ne pas pouvoir te consacrer entièrement à Jisung ! Compatit Chan plein d'aigreur.

Le sang de Minho ne fit qu'un tour dans ses veines. Ses poings se contractèrent si fort que ses jointures en blanchirent. Il les fit disparaitre sous la table. Il avait fourni un effort de communication, maladroit certes, mais là sa colère bouillonnait tellement qu'il n'avait plus les mots. Son esprit était en pause, son seul moyen d'expression restait les gestes. Et il avait une de ses envies d'écraser le nez de Chan si forte que la tête aurait pu lui tourner.

Sachant qu'il serait incapable de s'apaiser avec ce visage devant lui, il se leva sans un mot pour se rendre aux toilettes. Il n'avait jamais frappé personne sauf acte de légitime défense. Il savait qu'il ne frapperait pas Chan mais cette bouffée de colère qui l'avait pris devait redescendre pour leur bien à tous les deux.

Dans cette unique toilette il se força à décrisper ses doigts et passer de l'eau sur son visage. Malgré ça il lui fallut un peu de temps pour que la tension redescende. Qu'il n'ait plus envie d'étriper Chan et que ses idées s'éclaircissent.

Toc toc.

-Minho ? Tu peux me laisser entrer s'il te plait ?

-C'est ouvert.

Dans sa colère il n'avait pas pensé à enclencher le verrou. Chan entra alors que lui s'adossait au lavabo en croisant les bras. Il le toisa alors que Chan refermait la porte et allait se placer contre le mur d'en face.

-Je suis désolé. Je veux vraiment fai... changer mais ton hostilité et tous ces sentiments négatifs que tu dégages à mon égard me mettent sur les nerfs.

Son ton était enfin un ton de conversation, ouvert à l'échange d'opinion et de points de vue. Sous cette modification Minho se détendit inconsciemment.

-Pour ça tu devrais faire des efforts avec nous tous. Tu te penses plus intelligent que nous mais je vois bien que tu nous traites pas tous pareil. Je sais pas ce qu'il t'a fait mais je vois bien comment tu traites Jisung et c'est limite toxique. Il a déjà bien assez de H... Il a pas besoin de ça en ce moment.

Minho se félicita intérieurement, si Felix ou Changbin l'avait entendu il était certain qu'il aurait eu un petit signe d'assentiment. Chan lui se retint de rouler des yeux. Jisung avait surtout besoin d'un bon coup de pied au cul et que tout le monde arrête de le surprotéger.

-D'accord mais il est pas question de Jisung là, il est question de nous.

-Bah justement si. Comment je peux te croire sincère quand je te vois agir comme ça ?

-Il faut me laisser le temps de faire mes preuves.

-Exactement. Tu peux pas me demander d'être comme Felix et les autres à sauter de joie tout ça parce que t'acceptes enfin de faire le minimum syndicale. C'est que des paroles ou... l'exécution de ce qu'on t'a demandé mais tu restes le Chan qui a changé. Pas de remise en question. Et au pire je m'en fou le temps que t'arrives à jongler entre eux et le boulot et à les rendre de nouveau heureux mais moi ça me prend la tête de pas comprendre pourquoi t'as changé. Pourquoi avant t'étais ce petit-ami exemplaire que toute belle-famille reverrait d'avoir pour ses rejetons, toujours à te plier en quatre pour notre bonheur et maintenant c'est à peine si tu te souviens qu'on existe. J'ai l'impression de t'avoir détraqué.

-Toi ?

-Oui moi pour avoir proposé cette stupide idée d'emménager tous ensemble ! A cause de ça t'es aux abonnés absent, Jisung n'est plus que l'ombre de lui-même, Changbin dépense beaucoup trop même si ça lui fait plaisir et j'ai gâché la relation de Hyunjin avec chacun d'entre nous en brusquant les choses !

Pour la toute première fois Minho laissait voir la faille de son plus gros doute à Chan. C'était lui qui avait proposé cette solution qui devait tout arranger. C'était à cause de leur emménagement tous ensemble que tout s'écroulait. En plus de ceux déjà cité il y avait aussi ceux dont il devait garder le secret. Seungmin et ses problèmes auditifs depuis qu'il avait vécu avec eux, Felix et son insécurité fluctuante à propos de son penchant pour le bdsm et Jeongin... En soit il obligeait Jeongin à vivre entouré de ses copains qui l'idolâtraient alors que lui aimait être dans son coin loin de tout contact physique.

-Minho...

La voix s'était encore adoucit, Chan tendit la main vers lui pour le réconforter mais Minho s'esquiva. Il n'avait pas pu en parler à Changbin ou Felix qu'il craignait de mettre encore plus dans le mal ou qu'ils le rassurent de phrases bateaux et de câlins. Il n'avait pas eu l'occasion d'en parler avec Hyunjin avec qui sa relation redevenait enfin saine, ni à Seungmin qu'il ne voyait pas plus de cinq minutes seul, ni à Jeongin qui était trop prit par ses problèmes d'adolescent pour prêter une bonne oreille. Il avait laissé voir cette fragilité uniquement à son plus précieux confident. Jisung l'avait déjà rassuré, ce que Minho souhaitait maintenant c'étaient des réponses.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé Chan.

-Retournons à table.

D'un mouvement de bras il fut invité à sortir le premier. Ils contournèrent le comptoir, les tables. Juste avant d'arriver à la leur ils se firent couper la route par les deux jeunes gens. La fille s'était faite élégante avec une jupe au-dessus des genoux que son manteau fit bientôt disparaitre. Minho se demanda comment elle pouvait ne pas mourir de froid. Même après avoir vu les collants de laine, cela ne pouvait pas tenir tant chaud, si ?

Sur la table restait leur commande inentamée pour sa part et quelque peu bu pour Chan. Surement durant le laps de temps avant qu'il ne vienne le chercher. Son gâteau tant par sa couleur que par son existence même, faisait plutôt festif. Il n'y avait pourtant rien à célébrer.

Ils s'assirent l'un en face de l'autre et le silence sembla plus pesant encore. A croire que les deux jeunes en emplissant le lieu de leur présence, détournaient d'eux le critique de la situation. Qu'ils n'étaient pas si pires. Mais maintenant qu'ils étaient partis, Chan et Minho devenait ce couple au bord de la rupture où tout a déjà été dit.

-Alors ? Je veux savoir, le pressa Minho.

Chan soupira.

-Apparemment ça vous rassurerez s'il m'étais arrivé quelque chose... Mais je n'ai pas eu de problème. Ni avec des clients, ni avec mes voisins de palier, ni avec les propriétaires du studio. Avec personne. Je ne suis pas non plus endetté ni au bord de la faillite. Rien. Rien de mauvais n'est arrivé.

Ce n'était pas la réponse qu'il attendait. Minho darda sur lui un regard intransigeant, il voulait ses réponses. Il ne lui vint même pas en tête de rassurer Chan sur le fait qu'ils ne souhaitaient pas qu'un malheur lui soit arrivé mais que cela aurait été moins dur à encaisser que « je suis débordé et au lieu de déléguer je fais tout tout seul quitte à ne plus vous voir parce que le boulot est plus important que vous ».

Chan tenta de gagner du temps en jouant avec son chocolat, en retirant une miette imaginaire de la table. Minho continua d'attendre le regard braqué sur lui.

-C'est juste que... J'ai trouvé un nouveau projet qui me passionne. Mais ça demande de l'énergie et du temps à travailler dessus.

Il semblait pudique à en parler plus. Minho ne crû pas qu'il lui mentait.

-Donc tu veux me faire croire que ce projet t'anime au point de nous effacer complétement de ta mémoire ? Je veux bien que t'aime bosser et tout mais de là à ne jamais penser, pas même une seule putain de fois dans la semaine à nous ? A te dire « oh mes copains me manquent je ne les ai pas encore vu de la semaine alors pourquoi pas rentrer pour le diner ? ». On n'est pas tes putains de plantes vertes que tu peux penser à arroser une fois dans l'année.

-Tu vois ? C'est ça le truc. Vous ne comprenez pas ma raison. Vous la refusez sans sommation pour pouvoir m'assaillir de tous vos maux. Vous n'essayez même pas de vous intéresser à mon travail, vous y êtes carrément hostile ! Alors... Alors ouais ça me fait chier de rentrer et que tout le monde puisse parler de sa journée sauf moi.

Minho pinça les lèvres en une fine ligne blanche. Il sentait un pic de colère remonter en lui et faisait de son mieux pour le tenir à distance. Pour une fois depuis des mois il avait un semblant de discussion avec Chan. Dans un coin de sa tête le titillait cette phrase que Changbin ? Felix ? avait dit : Ce n'est pas nous contre Chan ou Chan contre nous, c'est nous ensemble contre le problème.

-Donc tu veux introduire ton boulot jusqu'à nous alors qu'il est déjà omniprésent ?

-Non. Je vais faire des efforts, changer, me modifier, appel ça comme tu veux mais je peux pas le faire si vous continuez de m'en vouloir pour mon travail. Je vais pas me mettre au chômage pour vous, ça réglerait pas le problème.

L'espace d'un bref instant Chan cru qu'il commençait à convaincre Minho de sa bonne volonté. Il allait changer, il faisait déjà les efforts pour. Il était plus souvent à la maison, s'incluait donc plus dans les diverses activités qu'ils proposaient et répondait plus à aux messages. Il ne disait pas que c'était tâche facile car une partie de lui comptait chaque seconde de travail perdue mais il se rappelait que ses copains ne l'avaient pas exclu, s'était lui tout seul qui avait refusé de voir leurs demandes d'attention. Et puis maintenant que les efforts étaient généralisés il voyait bien leurs relations reprendre du poil de la bête. Surtout avec Felix et avec Changbin à vrai dire. Quoi que récemment après les câlins dans la cabane (ne voyant pas de réponse de Hyunjin il avait craint d'avoir fait un faux pas et avait pris sur lui de rentrer pour arranger tout cela) lui et Hyunjin se réapprivoisaient aussi. Pour Minho il tentait actuellement d'améliorer leurs rapports et pour Seungmin il s'y attelait ne sachant pas encore s'il allait l'appeler pour lui proposer un rendez-vous ou plutôt se pointer devant chez lui pour lui faire la surprise.

-Tu vas vraiment le faire ?

Ce n'était pas de l'ironie mais bien un sérieux plein de doute. Pourquoi n'arrivait-il pas à convaincre Minho de sa bonne volonté ? Il soupira et concédant de s'ouvrir un peu plus à son chéri. Peut-être qu'ainsi Minho percevrait sa sincérité.

-J'ai réalisé que je m'étais trop laissé prendre par le boulot même si ça m'importe toujours autant. Et tu sais comment je l'ai réalisé ? Grace à Felix. C'était le seul dont le comportement n'était pas plus froid, distant ou mal à l'aise en ma présence. C'était comme si notre relation n'avait pas changé quand toutes les autres se détérioraient. Et j'ai pas eu envie de perdre ça. Ça m'aurait fait trop mal au cœur de voir que lui aussi finalement se détournait de moi. Ça a commencé avec Felix mais le lendemain j'ai vu Hyunjin s'approcher des boites à maux. Ce jour-là je suis parti au bureau avec la mienne dans mon sac et j'ai lu, j'ai tout lu. Et... C'était là. Les preuves étaient toutes là que vous m'aimiez encore, que vous attendiez uniquement mon retour. Les mots, les messages, les demandes, les invitations. Jusqu'à ce jour vous avez continué de me proposer de me joindre à vous et c'est moi... C'est moi qui... J'étais tellement persuadé que vous vous éloigniez de moi... Que j'avais rien à voir avec cette exclusion... Mais en fait j'ai été con et aveugle, je le reconnais maintenant et... Vous...

Reprit par l'émotion qui l'avait saisi ce jour-là en lisant tous les messages dans sa boite, les mots se bousculaient à sa bouche, les ressentis à son cœur. C'était un moment vulnérable si bien qu'il ne pouvait regarder Minho dans les yeux, se contentant de fixer un carreau du carrelage.

-J'ai compris que vos réactions hostiles elles étaient surtout dû au fait que vous ne saviez plus sur quel pied danser avec moi et que moi je m'isolais de plus en plus parce que je ne savais plus sur quel pied danser avec vous... C'est pour ça que j'ai décidé de changer et que je m'efforce de le faire depuis. Parce que j'ai été aveugle mais que maintenant je... je vous voies de nouveau. Vraiment.

Tout d'abord il continua de fixer ce magnifique carreau de carrelage mais le silence qui s'éternisait le fit relever la tête. Pas de fierté mal placée, d'égocentrisme ou de réaction pleine d'orgueil, fragilisé par son aveu il eut mal au cœur en voyant l'expression indéchiffrable de Minho. Il le savait peu expressif mais il avait espéré faire fondre la glace en étant franc. C'était comme si ses mots n'avaient pas atteint leur cible.

-Minho... Qu'est-ce qu'il y a d'autres ? Je veux bien comprendre que tu souhaites protéger nos copains mais j'ai l'impression qu'il y a plus. Ce rendez-vous... je sais pas trop pourquoi je l'ai appelé comme ça parce que ça a clairement pas la gueule d'un rendez-vous mais bref on est là pour discuter. Je sais que t'aimes pas ça mais le Minho que je connais aurait haussé les épaules l'air de dire « on verra bien » et aurait suivi le cours des choses sans animosité, à peine curieux de ce qui se produirait ensuite.

Minho ferma les yeux alors que Chan l'incitait de nouveau à tout lui dire. De sa main gauche il faisait tourner sa petite cuillère. L'inox teintait contre la table. Chan voulait qu'il lui sorte un beau discours, sincère et touchant comme lui venait de le faire. Il aurait bien aimé lui aussi mais les mots restaient coincés dans sa gorge.

Il aurait aimé y enfoncer les doigts pour dégager le canal et lui déposer ses paroles pleines de salives dans son chocolat. Mais il faisait un blocage et il savait très bien pourquoi. Les mots de Chan tournaient dans sa tête à chaque fois qu'il le voyait, qu'il pensait à lui, lui donnant la nausée. Donc j'ai même plus le droit de vous montrer que je vous aime maintenant ? Vous réalisez que c'est pire qu'une dictature ? Vous voulez tout contrôler de mon comportement jusqu'au nombre de fois où j'ai du sexe avec vous ! Avait-il répondu quand Minho lui avait demandé de ne pas constamment leur sauter dessus. Cette nouvelle manie qu'il avait que chaque problème se résolve par des faveurs sexuelles. Mais surtout quand Jeongin, Jisung et lui l'avaient surpris avec Felix dans l'entrée. Quand il avait demandé à Chan Tu lui as demandé s'il était consentant au moins ? Et que la réponse avait été c'est mon... C'est mon copain. Pas la peine de lui demander s'il le veut puisque moi j'en ai envie. Qu'il assouvisse donc mes besoins, il est là pour ça.

Sa main se crispa sur la cuillère, si fortement qu'elle trembla. La nausée le reprenait.

Il aurait aimé avoir les mots. Être capable d'en discuter avec Chan, de lui montrer combien sa manière de penser était dérangeante. Mais il savait qu'il n'avait pas la patience ni la force mentale de débattre. Il ne voulait pas entendre Chan tenir des propos encore plus horribles.

La confiance entière et aveugle qu'il avait en Chan s'était craquelé. Même si son hyung reconnaissait ses torts et s'en excusait il mettrait du temps à s'en remettre. A se remettre du fait que l'une des personnes qu'il avait chéri le plus au monde, l'une de celle qu'il avait autorisé à rentrer dans sa vie privée, à voir des facettes de lui qu'il ne montrait qu'à quelques élus... Minho le prenait comme une trahison. Mais Chan ne pouvait pas comprendre et la gorge de Minho restait serrée. Il voulait effacer tout cela de sa mémoire mais il savait bien que c'était impossible. Plus tard, quand Chan se serait racheté une conduite, quand la confiance lui reviendrait, peut-être qu'il trouverait les mots pour en discuter.

-Le cadeau de Seungmin. Il était très joli.

-... C'est le tiens ? C'est toi qui l'as fait ?

L'un se sentit plus léger de savoir, l'autre de l'avoir enfin dit. C'était presque étrange d'en parler enfin. De lâcher le pavé dans la mare. Oui c'est moi qui l'ai fait et je ne pensais pas que ça me dérangerait tant de ne pas rétablir la vérité. Tu dois avoir raison, je ne suis plus le même qu'avant.

Un vague sourire en guise de réponse Chan détailla Minho sous un jour nouveau. Il n'aurait jamais parié sur lui. Felix et Hyunjin étaient ses chevaux de tête. Minho devait être bon dernier de la liste. Parce que ce type de cadeau n'était pas son genre, parce que Seungmin n'était même pas son ami aux dernières nouvelles. Y avait-il vraiment tant de choses qu'il avait loupé ?

-Il était très joli, répondit-il humblement sans même se souvenir qu'il y avait deux marques pages et non un.

-Je sais. J'y ai passé du temps.

Chan acquiesça dans un demi-sourire. Cette réponse correspondait plus au Minho qu'il connaissait. Tout comme cette gêne de s'ouvrir qui le faisait regardait autour d'eux et jouer avec sa petite cuillère. Il se raccrocha à ces détails familiers.

-Je pensais que vu que vous saviez que je travaillais beaucoup vous comprendriez que je n'avais pas le temps de lui trouver un cadeau. Désolé, je m'excuserais auprès de Seungmin et je lui dirais...

-Non. Tu vas rien lui dire du tout.

-Pourquoi ? Maintenant que je sais qui est l'auteur du cadeau...

-Non. C'est le cadeau préféré de Seungmin, j'entends Hyunjin s'en lamenter (pour rire, il avait demandé) à longueur de journée. Il a bien plus de valeur que le reste pour lui parce qu'il pense que c'est toi qui as passé autant de temps à le lui faire. Votre relation va pas fort en ce moment, si tu lui avoues ça... Il serait très blessé au bas mot.

-Mais et toi ? Et puis il a le droit de connaitre la vérité, non ?

-Pour ça il aurait peut-être pas fallut lui mentir en premier lieu.

-T'aurais pu dire quelque chose !

-Toi aussi !

Le silence se fit le temps que la tension redescende. Elle continuait de monter rapidement entre eux même quand l'un d'eux tentait de fournir un effort. Cela contrastait avec le silence paisible du couple de petit vieux, de l'employée et du monsieur, nouveau client qu'ils n'avaient ni vu ni entendu arriver.

-Autre chose ? S'enquit poliment Chan.

Minho eut l'air de réfléchir puis finalement secoua la tête. Chacun attendit que l'autre reprenne la parole mais comme aucun n'osa, ils trouvèrent au mieux pour donner le change. Minho entama enfin son gâteau qui n'était pas mauvais du tout. Le voyant faire, Chan mélangea son chocolat pour la forme. Il en bu une gorgée et grimaça.

-Tu vois l'avantage de prendre une boisson froide maintenant ?

Minho lui offrit un petit sourire malicieux avant d'enfourner une nouvelle cuillerée de gâteau. Chan se détendit, Minho lui montrait un peu de sympathie. Il eut enfin la certitude que cette conversation leur avait été bénéfique. Ils allaient pouvoir repartir sur de bonnes bases sans se chercher à tout vas.

-Tais-toi, lui dit-il en souriant. Je vais m'en commander un autre, tu veux quelque chose ?

-Non c'est bon.

-Je sais que c'est...

-Tu sais qu'à défaut d'être une arme léthal je peux toujours me servir de ma cuillère pour te rendre aveugle ? Le coupa Minho avec ce sérieux si caractéristique quand il les menaçait.

Chan partit sans demander son reste mais avec la sensation d'avoir retrouvé un peu de leur relation d'antan. Cela faisait combien de temps que Minho n'avait pas menacé de le tuer ? Très longtemps. Trop longtemps.

Bien sûr il savait que tout ne redeviendrait pas comme avant en un claquement de doigts (même s'il aurait largement préféré) mais maintenant, si les efforts venaient des deux parties alors ils ne pouvaient être que sur la bonne voie.