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La Demoiselle (8)

Devinant son soudain trouble mieux que les spectateurs de la salle ne le pouvaient, conscient des enjeux de la situation, l'homme prit son temps pour répondre. Lorsque les mots sortirent, ils étaient soigneusement pesés, mais ne laissaient place à aucun doute.

— Je suppose que... c'était devenu à la fois une habitude et un besoin. Je m'attendais à être accueilli comme les deux premières fois.

— Cela a-t-il été le cas ?

— Oui.

— Alors pourquoi vous accuse-t-elle de l'avoir forcée ? cingla Eliane, ravie qu'il ait dévié la discussion, mais demeurant dans son rôle de juge impartiale.

— Quand... quand quelqu'un a toqué... elle m'a demandé de cesser, mais...

— C'est de ma faute... souffla soudain Tyrha, incapable de soutenir la disgrâce publique. Votre Grâce, je vous prie de ne pas blâmer cet homme, je suis respon...

— Tyrha, cesse ! lui intima Dalethras.

Elle se tut, considéra son père d'un regard anxieux, brûlant d'incertitudes et de culpabilité refoulées. Eliane ferma un instant les yeux, à son tour prise d'un léger doute. Elle escomptait la résistance de Tyrha, espérait se baser sur sa mauvaise foi pour contrebalancer la douloureuse honnêteté de Melvin. Si Tyrha commençait à plaider coupable, c'était certes bon pour Melvin, mais cela ne serait pas assez pour suffisamment la disgracier aux yeux de la Cour. Il fallait la placer dos au mur, entre le marteau et l'enclume, la contraindre à reculer de cette position ambiguë où elle contrariait les plans de sa concurrente au trône, l'obliger à revenir sur ses mots, à la situation initiale.

Eliane vrilla donc ses yeux azurins dans ceux, verts lumineux, de Tyrha de Terre, et interrogea d'une voix tranchante :

— Souhaitez-vous affirmer qu'il n'a pas abusé de vous ? Que c'était un acte consenti des deux côtés et que, par conséquent, ce jugement n'a pas lieu d'être ?

La femme à la peau sombre donna brièvement l'impression d'être une biche aux abois. La position de victime était toujours préférentielle. Si elle disculpait Melvin de la faute, elle ramenait l'ensemble de la honte sur elle-même. Si elle avait été aussi libertine que certaines femmes d'Ombre, ou même d'Eau, elle aurait peut-être pu l'assumer, mais la vérité était qu'elle n'avait pas les épaules assez solides pour soutenir ce genre de réputation.

— Non... finit-elle par murmurer. Et je ne souhaite rien dire d'autre.

Eliane sourit en son for intérieur, satisfaite d'avoir retrouvé l'équilibre de départ. Tant que Tyrha demeurerait sur la défensive, elle pouvait se permettre d'attaquer sans réellement craindre de retour de flamme.

— Donc vous n'avez cessé que quand le Prince Vilhelm est entré dans la chambre, est-ce correct ?

— Oui, Ma Dame.

— Et êtes-vous conscient, entama-t-elle, se maudissant de devoir poser la question, que vous auriez dû cesser au moment où elle vous l'a demandé ?

— J'en ai toujours été conscient, admit-il.

Une vague de murmures désapprobateurs parcourut l'assemblée, mais Eliane savait que, si elle n'avait pas posé la question, le roi l'aurait posée à sa place. Elle le consulta un instant du regard, haussa un sourcil, et, le défiant silencieusement, demanda :

— Mais si Dame Tyrha ne vous avait pas prié de rester en premier lieu, auriez-vous pu envisager une relation avec elle ?

— Non.

C'était un pieux mensonge, et il sembla s'en vouloir de l'avoir proféré, mais Eliane le remercia d'un hochement de tête.

— Y a-t-il quelque chose que vous n'avez pas dit et que vous aimeriez ajouter ? demanda-t-elle finalement, conformément aux traditions d'Ombre.

L'homme leva le menton, planta ses yeux vairon dans ceux, azurins, de l'héritière d'Ombre.

— Ma Dame, dégradé de mes fonctions de soldat à Ciel, je ne suis qu'un homme d'Ombre, et vous êtes ici la seule à qui je réponds. J'ai agi au mépris des traditions et j'ai failli à mon devoir, et je mérite la sentence que le Roi décidera d'appliquer. Mais je souhaite vous remercier pour m'avoir permis de faire entendre ma vérité.

— Je vous remercie de votre honnêteté, murmura-t-elle en réponse.

L'ensemble de la salle s'immobilisa, comme en apnée. Tous ceux qui ne provenaient pas d'Ombre devinaient qu'ils assistaient à une tradition aussi vieille que leur royaume, et tous ceux qui provenaient de cette province hochaient la tête, heureux que les choses se soient déroulées comme la coutume l'exigeait. La sentence n'importait plus tellement, lorsque le jugement était rendu dans les circonstances appropriées.

Ce fut le Roi qui rompit finalement le silence d'une voix calme.

— Merci, Dame Eliane.

La Cour reprit son souffle, émergeant lentement du cérémonial qu'elle venait de vivre.

— Melvin d'Ombre, après avoir écouté votre témoignage, j'ai décidé de votre sentence. Ce sera...

Vilhelm tourna la tête vers son père, curieux.

— ... la décapitation. Ici, et maintenant.


La Cour se figea, soufflée par la décision. L'un des deux soldats en uniforme bleu ciel recula, dégaina sa lame, la leva haut au-dessus de la tête du condamné. L'ambiance, déjà oppressante, devint insoutenable. Eliane se raidit, statufiée par l'incompréhension. Ils avaient tout fait comme il fallait. Tout.

— Votre Altesse, pourquoi ? murmura-t-elle.

Dans le lourd silence, sa voix ténue résonna entre les murs, secouant les esprits.

— Dame Eliane, il l'a dit lui-même. Il a agi en connaissance de cause, en dépit des règles qui régissent cette Cour.

Le ton de Laurus était ferme, décidé, et ses yeux noirs étincelaient d'un éclat dur. D'un simple regard, Eliane comprit. Il avait besoin d'affirmer son autorité, face à elle comme face au reste de la Cour. Jusqu'au mariage de Vilhelm, il demeurait l'unique souverain, et ses décisions devaient être indiscutables.

Un goût amer envahit la bouche de la Dame, mais elle baissa la tête. Elle n'avait pas les armes pour gagner cette bataille. Elle avait fait tout ce qu'elle avait pu en permettant à l'homme de plaider sa cause. Il n'y avait rien de plus qu'elle puisse faire sans potentiellement dévoiler son rôle dans l'histoire.

Melvin lui lança un regard attristé, mais résigné, ploya le buste en avant, courba sa nuque. Le soldat se décala d'un pas sur le côté pour avoir un meilleur angle.

— Prince Vilhelm, je sollicite une dernière faveur, souffla Eliane.

Le Prince, étonné d'avoir été appelé, tourna la tête. La jeune femme sentit l'air geler dans ses poumons, sa voix se fêla.

— Permettez-moi d'exécuter la sentence.

Les murmures d'incompréhension s'élevèrent à nouveaux, vrillant son crâne, mais elle demeura raide, ne fixant que Vilhelm, qui ne savait pas quoi faire. Elle voyait que, d'instinct, il aurait refusé, mais la supplique muette qu'il devinait dans ses yeux azurins le paralysait, lui aussi. Chacun aux prises avec la volonté de l'autre, ils luttaient pour ne pas baisser les yeux ou parler en premier.

Finalement, Vilhelm céda et demanda :

— Pourquoi ?

— C'est notre tradition, répondit-elle, atone, en s'avançant.

Ses escarpins claquèrent, rythmant les murmures, mais son esprit était ailleurs, perdu dans les brumes de cet échec cuisant. Elle était incapable de déterminer si elle ressentait de la honte, de la tristesse ou de la colère mais, quoi que cette émotion soit vraiment, elle la consumait de l'intérieur.

En la voyant se déplacer, les quatre gardes qui l'avaient accompagnée jusqu'à la salle du trône, et qui s'étaient rangés sur les côtés de la salle, s'avancèrent eux aussi. Leurs uniformes sobres, entièrement noirs, contrastaient violemment avec le bleu pâle chargé d'ornements de la garde de Ciel. Nerveux, les deux soldats qui avaient maintenu le prisonnier jusque là reculèrent, cédant la place à leurs pairs, et celui qui avait levé sa lame la tendit sans même réfléchir, garde en avant, à Eliane. Elle s'en saisit, la leva, avec l'impression qu'un étau d'acier enserrait sa poitrine, ferma un instant les yeux. La voix de son père résonna dans son esprit, ferme, mais résignée. Si c'est un homme de notre Province qui a commis le crime, c'est à nous d'appliquer la sentence. Et parfois, l'unique possibilité est la mort. Le souffle de la jeune femme s'apaisa lorsqu'elle croisa le regard bicolore de l'homme agenouillé, dans lequel une pointe de fierté et de gratitude semblait être apparue. Melvin, songea-t-elle en lui adressant un hochement de tête respectueux. Je me rappellerai de vous.

Il baissa à nouveau le nez, et Eliane sentit les muscles de ses bras trembler. L'obsidienne de sa bague scintilla d'un éclat morbide à la lueur des torches, la lame entama sa course vertigineuse vers le sol et, dans le silence le plus absolu de la Cour de Ciel, son sifflement résonna comme un cri de corbeau de mauvais augure.

Elle sentit la résistance des os, les craquements des cervicales qui se rompaient net. Elle devina la force qu'il manquait à son coup pour trancher la tête proprement. Son arcane de glace entra en jeu, invisible au public, sectionna proprement les muscles qui étaient encore intacts. La tête roula sur le sol, éclaboussa la robe de la Dame d'écarlate.

Toujours perdue dans le vide de son esprit, inconsciente du choc de la salle, Eliane posa sa main libre sur la lame ensanglantée, les yeux fixés sur le corps qui s'affaissait lentement, déversant son liquide vital sur le carrelage, inondant les fentes entre les carreaux gris. Absente, elle s'avança en direction de la famille dirigeante de Terre. En la voyant approcher, armée, les gardes sur les côtés de la salle se crispèrent, Tyrha se tassa dans son fauteuil, terrifiée, et Dalethras se redressa, protecteur mais nerveux à la vue du sang qui gouttait de la lame.

— Dame Eliane, qu'est-ce...

La jeune femme se contenta de vouloir. Son arcane, qu'elle n'avait jamais affichée en public jusque là, jaillit de ses mains, repoussant Dalethras dans son fauteuil, renversant le fauteuil au sol. Le tintement cristallin de l'épée qu'elle avait tenue jusqu'alors dans ses mains, et qui chuta sur les carreaux de pierre, sonna comme un glas. Les gardes de Ciel bondirent, mais le quatuor de soldats qui accompagnait Eliane leur fit barrage. Lentement, comme plongée dans un cauchemar, Eliane leva ses doigts tachés de sang vers sa joue, traça un long trait écarlate depuis le coin intérieur de sa paupière jusqu'à la commissure de sa lèvre, puis tendit cette même main ensanglantée vers Tyrha. La Demoiselle de Terre gémit, se recroquevilla sur elle-même, en vain. Les doigts glacés d'Eliane descendirent le long de sa joue, laissant derrière eux un sillon poisseux qui se mêlait au sel des larmes qu'elle avait pleurées un peu plus tôt.

— J'espère que vous vous souviendrez de lui, souffla la Dame d'Ombre d'une voix rauque. Vous avez aussi son sang sur les mains.

Et, dans le silence irréel des spectateurs de cette scène, parmi lesquels plus personne n'osait intervenir, elle s'en alla.

Comme lorsqu'elle était venue, la foule s'écarta largement sur son passage.

◊~◊~◊

Et voici la fin de la première partie d'Eliane ! J'espère qu'elle vous a plu, pour moi, ça a été un réel plaisir d'écrire cette dernière scène XD

À bientôt pour la suite =)

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