C'était l'heure de la pause déjeuné et je n'avais toujours pas récupéré mon portable. J'avais pourtant essayé à mainte et mainte reprise. La première fois c'était peu de temps après que Kiseop se soit présenté mais toutes les élèves infirmières formaient une barrière autour de lui. Il faut dire que vu son physique il n'y avait rien d'étonnant à cela. Ensuite je n'avais pas eu le temps d'aller lui parler car nous avions fait la tournée des patient, divisé en plusieurs groupes et évidemment je n'étais pas dans le sien et pour finir j'avais été appelé aux urgences à cause d'un grave accident de voiture. Ce qui fait que sur quatre heures de travail, j'avais du rester trente minutes dans la même pièce que Kiseop :
« Je dois être maudite c'est pas possible.
-Encore avec ton portable ? Me demanda Carla.
-Oui. Imagine que Kiseop tombe sur les photos, il y a mieux pour faire bonne impression le premier jour quand même.
-C'est bon, si il a un minimum de savoir vivre il n'ira pas fouiller dans tes dossiers. Puis la journée n'est pas fini, il nous reste encore six heures de travail. Tu auras le temps d'aller lui parler.
-Merci de me rappeler que je suis encore coincée ici pour le reste de l'après-midi. Je te jure dès que je rentre je tue SooHyun. Pourquoi faut toujours qu'il ramène ses conquêtes chez nous et pas chez elles. Au moins je pourrais avoir la paix.
-C'est les hommes, ça lui donne l'impression qu'il garde le pouvoir en faisant ça.
-Alors les filles qu'est-ce que vous racontez ? Interrompit Kevin qui venait de nous rejoindre. -Oulà Aude c'est quoi cette tête.
-Elle est encore en colère après son colocataire.
-Si un jour vous voyez dans le journal qu'une fille a tué, découpé et enterré les morceaux d'un homme au quatre coins de la terre dans le journal, vous serez que c'est moi.
-Pourquoi tu ne cherches pas un autre appartement ?
-Kevin, je ne vais pas passer ma vie à déménager. Déjà parce que ça coûte cher, ça demande du temps et même si je ne supporte pas SooHyun je dois dire que vivre avec lui offre des avantages. Il a beau avoir des défauts, au moins il pense toujours à faire le repas pour deux, comme ça quand je rentre de l'hôpital j'ai juste à m'installer et manger. En plus son appartement est assez proche de l'école et le loyer est raisonnable.
-Dis plutôt que malgré vos prises de tête tu t'es habituée à sa présence ouais.
-Tu veux mourir ?
-Allons arrêtez tous les deux, reprit Carla. -Aude mange un peu sinon tu vas tomber cet après-midi. Je suis sûr que tu vas vite récupérer ton téléphone. Quand à toi Kevin arrête de la taquiner sur SooHyun. » Ce Kevin, toujours à appuyer sur les sujets sensibles. Je le regardais avec une pointe de colère dans les yeux. Depuis que j'avais emménagé avec SooHyun, il était persuadé que je finirais avec lui. Venant d'un garçon que je connaissais depuis ma plus tendre enfance, cela me vexait beaucoup qu'il puisse m'imaginer craquer pour un goujat de haut niveau comme SooHyun. Enfin je l'avais pris comme cela et je ne le changerais pas. Pas au bout de vingt trois ans. Je me décidais à manger, toujours contrariée par cette histoire et la fatigue commençait à regagner mon corps. J'étais en pleine conversation spirituelle avec mes petits pois quand je vis un portable apparaître devant mes yeux. Je relevais la tête et remarquais Kiseop :
« C'est à vous si je ne m'abuse.
-Mon téléphone. Merci.
-Je vous en prie, je n'allais pas le garder toute la journée. Il posa son plateau et s'assit avec nous. Tous les gens présents dans la salle le regardèrent bizarrement, ainsi que Carla et Kevin. -Qu'est-ce qu'il se passe, j'ai une tâche sur le visage ?
-C'est que... les médecins n'ont pas l'habitude de s'asseoir avec les infirmiers pour déjeuner, surtout quand ceux ci sont encore élève.
-Pourquoi ça ?
-Ils disent que c'est mauvais pour l'étiquette, reprit Kevin.
-Qui ça ils ?
-Vous savez, les gens d'en haut.
-Baliverne, dans l'ancien hôpital où je travaillais, tout le monde mangeait avec tout le monde. Alors si vous me le permettez, maintenant que je suis installais, je vais rester ici et manger bien tranquillement.
-Oh au fait tenez, votre portable à vous aussi. Je sortis le téléphone de Kiseop et lui rendis.
-Merci, sans lui j'étais perdu ce matin. Quand il l'attrapa, il me fit un large sourire. Même cela était magnifique chez lui.
-Je vous en prie.
-Au fait, je crois que votre petit ami a tenté de vous joindre désespérément ce matin.
-Mon petit ami ?
-Oui, vous avez reçu au moins une vingtaine d'appels d'un certains SooHyun. Kevin éclata de rire.
-SooHyun ? Le petit ami de Aude ? Je ne crois pas non.
-J'ai dis quelque chose de drôle.
-Non c'est juste que SooHyun est simplement mon ...abruti de colocataire, soupirais-je
-Ce n'a pas l'air d'être le grand amour entre lui et vous.
-Disons qu'en lien d'amitié il rentre dans la catégorie supportable.
-Je vois. Ça me rappelle quand j'ai fais mes études. Pour ne pas payer trop cher de loyer nous étions cinq dans l'appartement et dans le lot il y avait une fille qui ramenait un garçon différent chaque jour. Parfois ça lui arrivait qu'il y en ait deux dans la même journée.
-J'ai exactement le même genre de colocataire.
-Alors je suis bien placé pour comprendre ce que vous ressentez. » Nous passions le reste du repas à discuter avec Kevin et Carla. Kiseop était vraiment une personne agréable et le courant passait très bien. Cela aller être un plaisir de travailler avec lui.

A la fin de journée, je regagnais le vestiaire, me préparant à rentrer chez moi. J'avais enfin récupérer mon téléphone et il n'y avait pas eu de nouvel incident. Il ne me restait plus qu'à rentrer tranquillement chez moi en espérant que SooHyun se soit calmé et ne m'ait pas préparé de vengeance. Ce dont je doutais fortement :
« Kiseop est un homme gentil, tu ne trouves pas ? Demandais-je à Carla.
-Oui, et le courant à l'air de bien passer entre vous .
-Qu'est-ce que tu sous entends encore ?
-Rien. Je dis juste que pour une première fois vous avez bien parlé.
-C'est lui qui va s'occuper de nous, il faut bien que l'on apprenne à le connaître.
-Bien sûr. Avoue qu'il te plait. J'eu un sourire en coin. -Haha j'en étais sûr, tu craques pour le Docteur. Il faut dire qu'il est très beau. Si ça se trouve vous allez vous rapprocher lors d'une intervention très délicate et ensuite vous vous marierez et aurez beaucoup d'enfants.
-Le parfait cliché du médecin et de l'infirmière. Bon je file retrouver mon colocataire imparfait, on se voit demain.
-D'accord. Rentre bien et fait des beaux rêves du Docteur Mamour. »
Je quittais l'hôpital, pressée de retrouver ma chambre. Avec la nuit que j'avais passé et ma journée bien remplie, j'étais épuisée. Mon programme allait être révision et une grosse nuit de sommeil. Enfin si SooHyun se montrait coopératif. Je somnolais dans le bus quand mon portable sonna :
« Allô ?
-Aude c'est Jun, comment vas tu ?
-Bien et toi ? C'est rare quand tu m'appelles.
-Oui. Je sais et j'en suis désolé.
-Oh toi, tu as quelque chose à me demander.
-En fait les vacances approchent et je voudrais savoir si je pouvais venir passer quelques jours chez toi.
-Laisse moi deviner, tu t'es encore pris la tête avec papa et maman.
-Ils sont tout le temps sur mon dos en ce moment. Et vu que tu n'es plus à la maison ils se défoulent deux fois plus sur moi.
-C'est normal, tu vas passer ton bac cette année. Ils étaient pareil avec moi.
-Je sais mais là ça devient insupportable.
-Très bien tu pourras venir. Je ne serais pas souvent là mais j'essaierais de t'accorder un maximum de temps.
-Merci tu es génial. Je te rappelle bientôt.
-D'accord. Et essaie de ne pas pousser à bout les parents.
-Je vais faire ce que je peux. » Il ne manquait plus que ça, une visite de mon petit frère. Enfin ça ne pouvait pas me faire de mal de le revoir, cela faisait longtemps. J'arrivais enfin chez moi et jetais mes affaires dans l'entrée. Le rangement allait attendre un peu. Je fis le tour de l'appartement en appelant SooHyun mais personne ne me répondit. J'esquissais un sourire de satisfaction pensant être seule jusqu'à ce que je m'aperçoive que ses chaussures se trouvaient devant la porte de sa chambre... ainsi que des chaussures de femme. Je me frottais les yeux de désespoir. Je n'entendais pourtant aucun bruit. Avec un peu de chance, ils s'étaient endormis et j'allais être peinarde pour la nuit. J'allais dans la cuisine et sortis mon repas du frigo. Malgré l'accrochage de ce matin, SooHyun avait pensé à préparer mon repas. Si il pouvait être mignon et attentionné comme cela tout le temps, il me rendrait un sacré service. Je m'installais devant la table et commençais à réviser tout en mangeant. Les heures défilèrent, j'étais toujours plongée dans mon livre et SooHyun ne s'était toujours pas réveillé. J'apercevais l'espoir d'une nuit de repos sans avoir besoin de me lever pour mettre mes écouteurs sur mes oreilles. Du moins c'est ce que je croyais. J'entendis ce qu'il me semblait être des couinements. Je tendis l'oreille pour être sûr de moi et malheureusement je ne m'étais pas trompée. Enfin si le volume ne montait pas, je pouvais certainement passer outre pour une voir deux heures. Sauf que ces couinement se transformèrent en cris d'une intensité indéfinissable. J'eu tellement peur que j'en échappais mon verre d'eau sur mon livre.
« C'est pas vrai, celui là il va m'entendre ! Je me levais et me dirigeais devant la porte de la chambre de SooHyun où je me mis à tambouriner dessus. SooHyun ! S.O.O.H.Y.U.N ! Je l'entendis parler et il vint m'ouvrir la porte. Et forcément, il était nu comme un ver. Je levais les yeux au ciel.
-Quoi ?
-Tu t'es réconcilié avec Déborah à ce que j'entends.
-Non ce n'est pas Déborah, j'ai trouvé quelqu'un d'autre pour me consoler. Après le coup que tu m'as fait ce matin, j'en avais bien besoin. Je baissais les yeux et regardais dans la chambre. Effectivement ce n'était pas la même fille que ce matin.
-Salut, je m'appelle Océane, me dit-elle.
-C'est bien je m'en fiche. SooHyun, j'essaie de réviser, j'ai un examen dans pas longtemps. Tu pourrais attendre un peu avant de refourer ta dinde ? Tu ne vas pas me dire que depuis hier tu as déjà les hormones qui te démangent ? Si ?
-Tu m'excuseras mais là je suis lancé, alors je vais avoir du mal à m'arrêter. Tu n'as qu'à prendre ton Ipod comme tu as l'habitude de le faire.
-Sauf qu'apprendre quelque chose en ayant des bruits parasites n'aide pas à la concentration. Donc soit tu t'arranges pour la faire taire, soit je m'en charge.
-Ou alors...
-Ou alors quoi ?
-Ou alors tu termines ce qu'elle a commencé pour te faire pardonner de ton interruption. Ainsi tu seras détendue pour tes révisions et moi j'aurais pu prendre mon pied comme il se doit. J'ouvris la bouche tel un poisson tant ce qu'il venait de me sortir m'avait choqué et surprise à la fois.
-Non mais et puis quoi encore ? Démerde toi ! Moi j'en ai ras le cul, je me casse. Quand tu auras décidé à garder ton chibre plus de vingt quatre heures dans ton boxer tu m'appelleras, je te décernerais une médaille. »
J'allais dans ma chambre, prenant soin de claquer la porte et me mis à faire les cent pas. Cette fois-ci, il avait poussé le bouchon un peu loin. Et apparemment ma colère n'avait pas l'air de le perturber car il remettait le couvert avec comment elle s'appelait déjà ? Ah oui Océane. Je décidais d'aller faire un jogging dans le parc pour calmer mes nerfs. J'enfilais un vieux survêtement et un t-shirt, pris mon Ipod et sortis. Il avait beau être vingt deux heures, je ne voulais absolument plus être au même endroit que SooHyun. Je supportais de moins en moins ses aventures d'une nuit, surtout quand elles gâchaient mes chances de devenir infirmière. Une fois sur place, je me mis à courir comme une folle pour me défouler mais la fatigue me rattrapa très vite, me séchant les jambes. Je décidais donc de ralentir la cadence, jusqu'à atteindre un point sur-élevé du parc. C'était un point de vue qui donnait sur la mer, car oui, j'avais la chance d'habiter tout près de l'eau. Je regardais tout autour de moi. Ne voyant personne, je décidais d'hurler un bon coup pour cracher toute ma colère :
« Shin SooHyun je te déteste, tu m'énerves espèce d'homme à femme. Si un jour tu as une panne au lit je serais la première à en rire et j'espère que cela t'arrivera très bientôt. Espèce d'abruti congénitale !
-Et bien, c'est de la haine où je ne m'y connais pas. Je sursautais et me retournais.
-Oh Docteur.
-Je vous en pris, en dehors du travail c'est Kiseop. Alors, après qui en étiez-vous ?
-Toujours le même. Mon colocataire.
-Il a du sacrément vous mettre en colère. Pour souhaiter de telles choses à une homme, il faut vraiment qu'il vous ait poussé à bout.
-Vous avez tout entendu ?
-Je pense que la ville entière a du entendre la malédiction que vous venez de lui lancer.
-C'est assez gênant ce genre de situation.
-Ne vous en faites pas, je suis médecin alors j'ai déjà vu pire. Bien pire. Je vous offre un café ?
-Avec plaisir. »
Je partis en ville accompagnée de Kiseop. Nous nous installions à la terrasse d'un café assez classe il faut le dire. L'extérieur était décoré avec des guirlande qui donnaient une faible lumière reposante et le bruit du vent dans les feuilles des arbres rendait la situation encore plus relaxante. Il commençait à se faire tard, nous étions les seuls clients de ce café et le bruit des passants de nous dérangeait guère car il était quasi inexistant. J'avais complètement oublié ma colère.
« Au fait, que faisiez vous dans le parc aussi tard ? Demandais-je
-Comme vous, je m'aérais l'esprit. J'aime beaucoup marcher après une longue journée de travail. Comme cela je fais le point et peut aborder la journée d'après plus sereinement.
-Belle philosophie, je pense que je devrais faire pareil.
-Je peux vous poser une question qui va pouvoir vous paraître indiscrète ?
-Bien sûr allez-y.
-Pourquoi avoir choisis de vivre avec un homme. Je veux dire il aurait pu vous arriver n'importe quoi. Surtout vu le caractère de votre colocataire, on ne sait jamais, si des pensées pas très catholique lui passaient par la tête à votre égard.
-C'est déjà arrivé mais je l'ai vite remis à sa place et je crois qu'il a compris la leçon. Il n'a pas put plier le bras pendant deux jours d'ailleurs. Disons que j'ai surtout était prise de court. Mais enfin il n'a pas que des mauvais côtés. Il sait se montrer attentionné, comme la fois où j'ai eu une mauvaise grippe et qu'il est resté avec moi pendant trois jours pour s'occuper de moi. Sauf que son côté agaçant est très dominant chez lui. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai eu envie de l'étrangler.
-Il y a des personnes qui sont comme cela. Du moment qu'il ne s'en prend pas à vous tout va bien.
-Non SooHyun n'est pas comme cela. Il est con certes, mais il n'est pas méchant.
-J'en conclus donc qu'il n'y a pas d'homme dans votre vie.
-Non, et avec les études je n'ai pas vraiment le temps. Et vous, vous êtes mariez ? Si ce n'est pas trop indiscret bien sûr.
-Non, je suis seul aussi.
-C'est étonnant cela. Il me fit un petit sourire.
-Pourquoi ?
-Oh j'ai pensé tout haut, je dois être plus fatiguée que je ne le pensais. Je ferais mieux de rentrer, il se fait tard.
-Je peux vous ramenez si vous le voulez, j'ai ma voiture. »
Kiseop me déposa en bas de mon immeuble. Durant le trajet, j'avais beaucoup parlé avec lui. D'un naturel méfiant et peu bavarde à la première approche, avec lui j'arrivais à parler en toute aisance et sans crainte. D'autant plus qu'il avait beaucoup de conversation et c'était agréable de parler avec lui.  

 Quand je rentrais, SooHyun était dans la cuisine en train de se préparer un sandwich. Je m'installais devant la table en face de lui. Il y eu un long silence avant qu'il ne se décide à prendre la parole :
« Tiens pour me faire pardonner. Il me tendit une tasse.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Pour t'aider à dormir cette nuit, vu comment tu es énervée tu vas certainement en avoir besoin.
-Océane est partie ?
-Oui.
-C'est pour cela que tu te comportes gentiment avec moi. Il n'y a que quand tes hormones sont au repos qu'on peut avoir une discussion avec toi.
-Personne ne t'a demandé de venir me déranger en plein milieu de mes ébats. Tu sais bien que je ne supporte pas cela.
-Oui je sais tu es un homme et vous supportez mal que quelque chose vienne tout gâcher quand vous vous envoyez en l'air. J'ai beau avoir une vie sexuelle platonique ces derniers temps, je sais comment fonctionne les garçons, j'ai déjà eu des copains. Mais au passage, personne ne t'a demandé à toi aussi de me déranger pendant mes révisions. Tu dis souvent que tu as hâte que je m'en aille pour pouvoir, je cite « sauter tout ce qui bouge dans toute les pièces de ton appartement sans retenu et sans être dérangé », alors si tu veux que cela arrive évite de me déranger quand je travaille et je ne redoublerais pas. Car si cela arrive, tu devras me supporter une année de plus.
-Regarde nous, on dirait un couple de vieux, les rapports sexuels en moins.
-Rassure toi, les vieux couples ne se touchent plus non plus.
-Au fait c'était qui ?
-De quoi c'était qui ?
-L'homme qui t'a raccompagné.
-Tu m'espionnes maintenant ?
-Non, je t'ai simplement vu descendre de sa voiture quand je regardais par la fenêtre.
-Tu m'attendais ?
-Evidemment que non.
-Le contraire m'aurait étonné. C'est Kiseop, le médecin qui va s'occuper de notre enseignement.
-Tu sors avec tes professeurs maintenant ? Ce n'est pas une relation très... autorisée.
-Je l'ai juste croisé par hasard. On est allé boire un café et il s'est proposé de me ramener.
-Et... il te plait ?
-La question qui est sur toute les lèvres aujourd'hui. Est-ce que Aude va enfin rencontrer quelqu'un et tirer un coup pour se détendre.
-Pour ça il n'y a aucune chance.
-Pourquoi ?
-Parce que le premier mec qui te grimpera de nouveau dessus ce sera moi. Je finis ma tisane tout en rigolant.
-Rêve Shin SooHyun. Bon je vais au lit, merci pour la tisane. Au fait Samedi Carla vient pour réviser, et vu que je sais qu'Eli sera là, tu seras gentil de lui mettre sa laisse. Bonne nuit. »

Samedi arriva. J'étais installée dans le canapé en train de lire un livre pendant que SooHyun jouait au poker en compagnie d'Eli et Hoon. J'avais du mal à suivre le fil de l'histoire car Eli et SooHyun se vantaient sur leur nouvelle conquête. Je détournais de temps en temps le regard de mon livre pour regarder en leur direction, croisant de temps à autre le regard de Hoon qui semblait aussi blasé que moi :
« Et je suis sûr qu'elle attend toujours que je la rappelle, rit Eli.
-Tu es fier de toi en plus ? Sermonna Hoon.
-Tu es trop sérieux mon pote. Tu devrais te détendre avec une fille une fois de temps en temps, tu verras c'est génial.
-Ce genre d'acte ne m'intéresse pas. À toi de jouer SooHyun.
-Serais-tu gay par hasard ? On sonna à la porte.
-J'y vais, dit SooHyun.
-Aude va me chercher une bière, reprit Eli.
-Tu m'as prise pour quoi ? La femme de maison ?
-Je suis sûr que tu serais très sexy dans leur costume.
-Ta mère t'as fait deux jambes, inutile de t'expliquer comment t'en servir. Il se leva et vint s'installer sur le canapé à côté de moi.
-Et moi je pourrais t'expliquer toute la nuit à quoi peut servir le corps d'un homme pour une femme. Il posa sa main sur ma cuisse.
-Tu as trente seconde pour retirer ta main sans quoi je te jure que ta propre mère ne pourra pas identifier ton cadavre à la morgue, lui dis-je sans détacher mes yeux du livre.
-Je suis un homme, je ne crains pas la mort.
-Très bien alors que dis tu de ça, je suis élève infirmière, j'ai donc accès à un certains nombre de médicament, je pourrais très bien en ramener et te préparer un joli petit cocktail qui te rendrait impuissant, même face à la fille la plus parfaite de la planète.
-Tes connaissances ne sont pas si étendues que cela.
-J'ai des amis laborantins.
-Ok d'accord. Il n'en fallut pas plus pour qu'il retire sa main.
-Aude c'est pour toi, me signala SooHyun. Carla venait d'arriver.
-Toi tu gardes tes yeux dans tes poches, dis-je à Eli. - ça va Carla ?
-Oui et toi ?
-Très bien. Bon pour faire court tu connais déjà SooHyun, l'andouille sans cervelle à côté de moi c'est Eli et le gentil garçon dans le coin c'est Hoon. Elle salua tout le monde, s'arrêtant un long moment sur Hoon, qui la regardait avec insistance lui aussi. -Bon bah tu viens dans ma chambre, on va réviser.
-Hein ? Oui oui on y va.
-Suis moi. Nous entrions dans ma chambre et nous installions pour travailler. Quelques minutes plus tard, je voyais que Carla avait toujours le nez en l'air. -A quoi tu penses encore ?
-A rien pourquoi ?
-On dirait que tu es perdue dans les abîmes de ton subconscient.
-Non c'est juste que... Il est mignon Hoon. Je refermais mon livre.
-J'en étais sûr, rien qu'à la façon que tu as de le regarder, je me doutais que tu avais flashé sur lui.
-Un peu comme toi avec Kiseop.
-Ok on va éviter le sujet des garçons pour ce soir hein. D'un seul coup, nous nous retrouvions dans le noir . -Allons bon, qu'est-ce qu'il se passe encore ? » Je vis sous la porte qu'il y avait encore de la lumière dans les autres pièces. Mon ampoule avait donc grillé, nous n'avions pas d'autre choix que de retourner dans le salon pour travailler. Oh joie extrême. Quand nous retournions avec les garçons, je fus surprise en découvrant qu'Océane était revenue . C'était bien la première fois qu'une conquête de SooHyun revenait deux soirs de suite. Elle était assise sur les genoux de SooHyun et ignorait complètement ce qui l'entourait. Quand au comportement de son amie qu'elle avait amené avec Eli ... Alors eux n'en parlons pas. Pauvre Hoon, il était en train de tenir la chandelle. Je m'installais sur la table basse et profitais du calme qui régnais dans le salon pour travailler. Au bout d'une heure où Hoon faisait toujours parti des meubles, je me sentis mal pour lui :
« Hoon, tu veux venir t'installer avec nous, on va faire une pause. Carla me regarda avec de grands yeux. -Quoi ?
-Avec plaisir. Il nous rejoignit et s'assit à côté de Carla qui garda le nez dans son livre. Je m'empressais de le refermer.
-Qu'est-ce que tu fais, j'étais en train de réviser.
-C'est malpoli d'ignorer les gens, tu reprendras plus tard. Pour l'instant je te le confisque.
-Ce qu'ils m'énervent quand ils sont comme ça, continua Hoon.
-Et dis toi que moi je vis toute l'année avec SooHyun. Enfin, au moins quand ils ont la bouche pleine ils ne parlent pas et je peux travailler en paix. Je vais aller chercher quelque chose à manger, j'ai faim. »

Je laissais Carla en compagnie de Hoon. En réalité je n'avais aucune envie de manger, je voulais juste que ces deux là puissent se parler. Les deux autres étant occupés, Eli n'aurait jamais pu ramener sa fraise. J'avais un léger défaut, c'est que j'aimais bien jouer les entremetteuses. Je m'assis à la table de la cuisine, faisant une partie de Candy Crush ou deux pour attendre que Carla ait eu le courage d'adresser une parole à Hoon. Sauf que c'était tout le contraire de ce à quoi je m'attendais. Au lieu de se parler, ils restèrent silencieux. Il faut dire que malgré qu'il soit un homme beau, bien bâtit et plein de charme, Hoon était un grand timide avec les filles. Il lui fallait toujours un petit temps d'adaptation. Alors qu'un silence pesant s'immisçait gentiment entre eux, il releva la tête vers Carla, qui sentant son regard, en fit autant. Il s'approcha légèrement d'elle et la dévisagea, approchant son visage un peu plus du sien. Elle se crispa légèrement. Il passa ensuite son pouce sur le coin de sa bouche :
« Tu avais une petite tâche de sauce.
-Oh merci. Elle se toucha le coin de la lèvre du bout des doigts.
-Je me demande bien ce que peut faire Aude, elle en met un temps préparer un truc à grignoter.
-La connaissant, elle a du encore se préparer un repas plutôt qu'un en-cas. Un vrai ventre sur patte celle là . » Cette petite blague détendit l'ambiance, si bien qu'ils finirent par parler et que Hoon ramena Carla chez elle à la fin de la soirée.

Quelques jours plus tard, je faisais ma première garde de nuit. Moi qui pensais que cela allait m'agacer au plus haut point... et bien pas du tout ! J'étais loin de SooHyun et de ses conquêtes, et la nuit était beaucoup plus calme que si j'étais restée chez moi. Vu que l'hôpital était désert, j'en profitais pour aller m'allonger dans la salle de repos où je m'assoupis. Il n'y avait pas un bruit et je pouvais vraiment dire que là je me reposais. La pièce était tellement silencieuse que mes oreilles en sifflaient presque. Le bruit d'un stylo tombant sur le sol me réveilla. J'ouvris les yeux et vis que Kiseop était assis dans le fauteuil en face de moi.
« Quelle heure est-il ? Demandais-je difficilement.
-Il n'est qu'une heure. Je m'assis et m'étirais. -Excusez-moi, je ne voulais pas vous réveiller.
-Ce n'est rien, j'ai plus dormi en étant ici que chez moi. Sauf que quand je ne suis pas dans mon lit, j'ai le sommeil plus léger. J'avais pourtant demandé à Kevin de me réveiller si jamais je m'endormais. Je regardais dans un coin de la pièce et vit mon ami en boule, dormant lui aussi. -Je vois. Je vais aller prendre l'air, cela me réveillera sûrement.
-Cela vous dérange si je vous accompagne ?
-Non pas du tout. Kiseop et moi montions sur le toit de l'hôpital. La ville était tranquille ce soir, rien ne bougeait. Seul un léger vent faisait vaciller mes cheveux. Je posais mes mains sur la rambarde et regardais en bas.
-Vous n'avez pas le vertige ?
-Un petit peu mais cela m'amuse de voir les gens en bas, ils sont si petit. Kiseop eu un sourire gêné. -C'est immature je sais, surtout pour quelqu'un qui a des responsabilités comme les miennes.
-Non c'est mignon au contraire, c'est juste rare de voir quelqu'un qui assume son côté enfantin.
-C'est ma façon de décompresser. J'entendis au loin la sirène des pompiers. -Je crois que le calme va vite prendre fin.
-Je crois aussi. Il s'approcha à son tour et posa accidentellement sa main sur la mienne. -Désolé.
-Ce n'est rien. Vous auriez été SooHyun j'aurais pris cela pour du harcèlement.
-Je n'aimerais pas être dans ses baskets à cet homme.
-Pourquoi ?
-Vous avez l'air de ne pas bien l'estimer. Cela me ferait de la peine d'être mal vu à vos yeux. Je ne pourrais plus venir vous parler comme je le fais tous les jours. Vous êtes une femme avec qui on apprécie passer du temps, toujours à faire rire les autres, à sortir une blague ou même à avoir un mot gentil. Des fois j'aimerais bien être un patient pour que vous m'accordiez autant d'attention que vous leur accordez. Votre sourire doit les faire guérir plus vite. » Le rouge me monta aux joues, voilà longtemps que je n'avais pas reçu d'aussi beaux compliments. Mon bipeur sonna, il était temps d'y retourner. Quand je redescendis, les urgences étaient pleines et c'était le chaos. Un incendie s'était déclaré dans un immeuble du centre ville, les victimes avaient donc toutes été rapatriées à l'hôpital. Il y avait à peine de place pour circuler dans les couloirs, les infirmiers et les médecins couraient dans tous les sens, se rentrant dedans, libérant des salles de réanimation à la chaîne, soignant même les blessés dans les couloirs. Je pris un dossier au hasard et me rendis dans une chambre. Il s'agissait d'un petit garçon qui n'était heureusement que très peu blessé. Après l'avoir rassuré, je repartis dans les couloirs pour m'occuper des cas les plus graves. Une fois le coup de folie passé, je posais mes coudes en appuie sur le comptoir de l'accueil. Kevin me rejoint :
« Tu parles d'une nuit. J'ai encore deux patients à m'occuper, et toi ? Demandais-je.
-J'en ai un mais c'est un blessé grave, on va devoir le surveiller toute la nuit. J'ai bien fait de dormir un peu tout à l'heure.
-Oui moi aussi. Bon je vais retourner voir mon petit garçon pour qu'il puisse sortir au plus vite. Ça doit être long d'attendre pour lui, surtout à son âge. Une collègue arriva et me tendit un nouveau dossier. -Qu'est-ce c'est ?
-Il y a eu une bagarre dans un bar et trois types sont arrivés. Il n'y en a que deux de blessés, et il y en a un qui te réclame, il dit qu'il te connait. Du coup on l'a mit dans la même chambre que ton autre patient.
-Oh c'est pas vrai, pourvu que ce ne soit pas celui auquel je pense. Souhaitez moi bonne chance. Je me dirigeais vers la salle de soin pour prendre en charge ce nouveau patient qui je l'espérais n'était vraiment, mais alors vraiment pas la personne à laquelle je pensais. Je posais ma main sur la poignée et ouvris courageusement la porte.
-Ah enfin te voilà, ça fait des plombes que je t'attends !
-SooHyun... »