Pdv Emma

-Mademoiselle.

Je me réveille en sursaut, je dois prendre quelques secondes pour rappeler ou je suis. Quand j'aperçois la serveuse au bout de la table avec une carafe à café, je me souviens que je suis dans un dîner. Comme j'ai quelques heures de libres entre mon premier et deuxième cours, j'ai décidé d'aller prendre une longue marche à l'extérieur du campus. Je voulais éviter de croiser les regards des autres étudiants.

-Désolée de vous avoir fait peur mademoiselle.

Je souris à la femme qui doit être dans la quarantaine.

-Non ça va, je n'ai pas très bien dormis et je crois m'avoir assoupit un instant.

Elle prend mon bol de soupe devant moi.

-Vous êtes certaine que vous ne voulez pas autre chose.

Discrètement, je vérifie mon budget dans mon sac à main. Il me reste moins de vingt dollars pour survivre jusqu'à jeudi, ma mère devrait me verser un autre montant dans mon compte.

-Non, ça va. Mais je prendrais bien un autre café, s'il vous plait.

Avec un sourire triste, elle me rempli ma tasse et s'éloigne pour revenir avec la facture.

-Voilà, vous pouvez prendre votre temps pour régler.

-Merci.

La facture est de 5, 25$, je vide le contenu de mon porte-monnaie et commence à compter mon change.

-Dix, quinze, vingt, vingt-cinq.

J'entends la sonnerie du restaurant, pour ne pas perdre mon compte, je ne lève pas les yeux pour regarder qui vient d'entrer. J'en suis à trois et quarante quand je remarque qu'une personne vient de s'assoir en face de moi.

-Salut.

Une fille d'environ mon âge vient de se joindre à ma table. C'est cheveux noir sont coiffés à la perfection, on dirait qu'elle sort de chez le coiffeur, elle porte une jolie robe violette sophistiquée qui fait ressortir son teint hâlé.

Elle prend une tasse devant elle et fais signe à la serveuse.

-Pouvez-vous m'apporter du café s'il vous plait?

Puis, elle s'adresse de nouveau à moi.

-Je m'appelle Lola Cooper et toi tu es Emma Jones, n'est ce pas?

Soudain, je la reconnais. Je l'ai vue accompagnée d'Alek, mais qu'est ce qu'elle me veut?

-Désolée, j'étais sur le point de partir.

Elle baisse les yeux sur ma tasse qui est rempli de café brulant et pousse un petit soupire.

-Tu es certaine.

Elle regarde sa montre qui doit sortir d'une bijouterie avant de poursuivre.

-Pourtant, ton prochain cours ne commence pas avant 3 heures.

Comment connait-elle mon horaire? Devant mon air interrogateur, elle s'explique.

-Avant que tu me poses la question, j'ai effectivement fait quelques recherches sur toi. Mais malheureusement, je n'ai que trouvé ton horaire et une adresse dans le Vermont. Tu es sur aucun réseau social. Tu es une véritable énigme Emma Johns.

J'ouvre la bouche mais la referme aussitôt à l'arrivée de la serveuse qui rempli la tasse de Lola et dépose devant moi une assiette avec une pointe de gâteau aux fraises.

-Cadeau de la maison.

Sa gentillesse me touche.

-Merci.

Elle pose sa main sur mon épaule.

-Ca me fait plaisir.

J'attends que la serveuse soit éloignée avant de m'adresser à Lola qui me sourit tout en tournant sa cuillère dans son café.

-Est-ce que je peux savoir pourquoi tu as fait une recherche sur moi, Lola?

Elle prend une gorgée de son café et ensuite dépose sa tasse sur soucoupe avant de me répondre.

-Enfaite, je dois écrire un article sur les étudiants qui décident de faire des études loin de chez eux. Sur les cinq étudiants que j'ai interviewés, tu es celle qui m'intrigue le plus.

-Et comment m'as-tu trouvée?

-Par pure hasard, mon esthéticienne se trouve de l'autre coté de la rue et je t'ai aperçue par la fenêtre. Je t'assure que je ne t'ai pas suivie, malgré que je t'aie cherché toute la matinée, même Stella ne savait pas ou tu étais.

Entendre le prénom de ma colocataire me rappelle à quel point j'ai passé une affreuse nuit à cause d'elle.

-Tu es très mystérieuse, Emma. Pas étonnant que tu as attiré l'attention d'Alek. Bon, est ce que tu accepterais de participé à mon reportage? Il s'agirait que de répondre à quelques questions et ton nom ne sera pas nommé dans l'article.

Je termine de compter mon argent, je laisse à la serveuse, deux et soixante-quinze de pourboire pour un total de huit dollars que je dois malheureusement payer en petite coupure.

-Merci de l'intérêt que tu me portes, Lola. Mais, je décline ton offre, je n'ai pas envie de parler des raisons qui m'a poussé à étudier aussi loin de chez moi.

Au moment que j'allais me lever, Lola attrape mon poignet.

-Attends! Je suis prête à te payer pour cette interview.

-Quoi?

Elle me relâche pour prendre son sac à main et en sort un billet de cinquante dollars, qu'elle dépose juste devant moi.

-Et si ton histoire est intéressante, je suis prête à te payer le double. Alors, si tu veux inventer une histoire à propos de tes décisions qui t'ont poussé à faire des études à des milliers de kilomètres de chez toi alors fait en sorte qu'elles soient intéressantes et plausibles.

Cinquante dollars peuvent paraitre une mince somme pour certaine personne mais pour moi c'est des repas un peu plus consistant pour plusieurs jours.

-Est-ce que tu acceptes?

-Tu me promets que mon nom ne sera pas écrit nul part dans ton article.

Un large sourire qui dévoile une parfaite dentition blanche apparait sur son visage.

-Absolument, aucune de mes sources ne sera citée dans mon article.

Je saisis ma fourchette pour prendre une bouchée de mon gâteau.

-Tu peux me poser tes questions.

Elle sort de son calepin pendant que je goute à mon dessert.

-Pourquoi as-tu choisis notre université?

-Elle offrait un bon plan de bourse d'étude, les programmes qui s'y trouvent sont intéressants et qui à pas envie de venir vivre en Californie?

Lola me regarde avec de gros yeux, je vois bien que ma réponse ne lui plait pas.

-Vraiment?

Elle referme son calepin et reprend le billet de cinquante pour le ranger dans son sac à main.

-Désolée du dérangement Emma, je crois bien que je me suis trompée.

Au moment qu'elle s'apprêtait à se lever je lui donne la réponse qu'elle espérait.

-Je suis venue étudier ici parce que ma mère à peur de l'avion!

Lentement, elle se rassoit et fronce les sourcils puis je poursuis.

-De chez nous à ici prendrait près de deux jours de voiture sans s'arrêter, elle faudrait qu'elle soit vraiment déterminé pour les faire.

-Est-ce que ta mère et toi vous êtes en froid?

Sans vraiment savoir pourquoi, je me mets à rire.

- (En froid) le mot est faible. Je rêve du jour que je serais totalement indépendante d'elle. Tu n'as pas imaginé de la joie que j'ai ressentie quand j'ai reçu ma lettre d'admission. Sa colère fut terrible. Je ne lui avais pas dit que j'avais fait une demande.

Je pose ma main à l'endroit où elle m'a frappée quand je lui ai annoncé la nouvelle et m'a ensuite m'enfermer dans ma chambre pendant prêt de 24 heures en espérant que je change d'idée. Mais, elle a fini par diriger la nouvelle, cependant elle me donne le stricte minimum pour subsister.

-Est-ce qu'elle te... maltraitait?

-Disons que ma mère n'a jamais été douée pour contrôler ses émotions. J'ai quelques cicatrices sur le corps qui démontre à quel point la colère de ma mère peut être violente.

Je baisse mon chandail pour lui montrer une cicatrice sur mon épaule. .

-Un jour, elle m'a poussée et je suis tombée sur la table, un morceau de verre est entré à cette endroit.

Ensuite, je pose ma main sur la table pour lui montrer mon petit doigt qui est légèrement tordu.

-Durant un épisode de colère, elle a voulu m'enfermer dans ma chambre et par mégarde elle a refermé la porte sur mon doigt. J'ai dû passer la nuit debout car elle a refusé d'ouvrir la porte pour me permettre de libéré mon doigt.

Le regard de Lola est troublé, je vois bien que mon histoire avec ma mère l'attriste.

-Et ton père ne disait rien?

-Mes parents sont divorcés et mon père avait trop peur de ma mère pour intervenir, elle le menaçait de dévoilé des rumeurs sur son compte si jamais il s'interposait sur la façon de m'éduquer. Maintenant, tout ce que je veux c'est faire mes trois années d'études pour ensuite me trouver un bon emploi pour ne plus jamais avoir à faire avec ma mère car malgré les distances, elle continue à me contrôler en me versant une allocation très minime.

Une larme s'échappe d'un de ses yeux.

-Emma, je suis vraiment désolée.

-Pourquoi, tu n'as rien à avoir avec elle.

Elle essuie sa larme avec une serviette de table avant de me répondre.

-Oui, mais c'est moi qui t'a pratiquement contraint à m'en parler.

Elle fouille dans son porte monnaie pour me remettre un billet de cent dollars. Mais, j'hésite avant de prendre l'argent.

-Je ne veux pas de pitié, Lola.

-Je t'assure, ce n'est pas ça. Je t'ai dit que j'étais prête à te payer pour un interview et j'honore mon engagement

Après un moment de silence, je finis par prendre l'argent.

-Merci

-Désolée de t'avoir donné si peu de raison qui m'a poussé à partir aussi loin de chez moi. Est-ce que mon explication t'a suffi pour ton article?

Elle hoche la tête et prend un billet de cinq dollar qu'elle laisse sur la table.

-Absolument! Je te raccompagne à l'université, comme ça tu ne seras obligé de prendre l'autobus.

-Non, ça va. Je préfère marcher.

Elle enroule mon bras au sien pour m'inciter à la suivre.

-Ne sois pas ridicule, le campus se trouve à une dizaines de kilomètres.

Nous sortons du dîner en saluant la serveuse.

-Au revoir mesdemoiselles, à la prochaine.

Finalement, je finis par accepter son offre de me raccompagner, ainsi je pourrais bénéficier d'une heure de repos pour dormir un peu dans mon lit. Les premières minutes se font dans le silence complet, Lola n'a même pas mis la radio, elle semble être dans ses pensées.

-Emma. Si tu as besoin de travail. Je connais quelqu'un qui a beaucoup de contacts, sa mère a une boutique pas très loin du campus et il a des parts...

-Si cette personne est Alek Anderson, je préfère rester dépendante de ma mère que de lui demander quoi que se soit.

L'habitacle de la voiture redevient silencieux, jusqu'au campus. Lola stationne sa voiture devant mon dortoir.

-Lola, je peux compter sur ta discrétion, mon nom ne sera pas ...

-Tu peux me faire confiance.

-Merci, je n'ai pas envie d'être un phénomène de foire. Déjà que certains étudiants m'appelle numéro quatre.

Elle pousse un long soupire.

-Alek n'aurait jamais dû te dire ça et je sais qu'il est vraiment désolé de qu'il t'a fait.

En parlant de lui, je me souviens soudainement que j'ai un cours demain avec lui, j'espère qu'il va abandonner se cours.

-Merci de m'avoir raccompagné, Lola.

-Ce ne rien.

Après un échange de politesses, je referme la porte et monte à ma chambre. Je suis ravie de constater que la pièce est vide. J'enlève mes souliers et m'allonge sur mon lit. Je prends mon téléphone pour programmer ma sonnerie, mais je n'arrive pas à fermer l'œil, trop nerveuse à l'idée revoir Alek demain.