Comme il l'a promis, Louis-Paul m'attend avec un thermos à café à l'entrée de mon dortoir, il me le tend avec un large sourire.

-Bon matin, Emma.

-Merci

Nous entrechoquons nos thermos et je prends une gorgée de mon café, je dois réprimer une grimace quand je réalise qu'il a mis du sucre dans mon breuvage.

-Ton café te plait.

Je lui souris

-Absolument, il est délicieux.

Il semble soulagé.

-Ouf, je ne me souvenais plus comment tu le prenais, alors j'ai mis un peu de lait et du sucre.

-C'est très bien, merci.

Nous nous mettons en chemin vers le campus, pendant que Louis-Paul me raconte sa fin de semaine, je regarde discrètement aux alentours pour essayer d'apercevoir Alek. Mais je ne le vois nulle part.

-Tu cherches quelqu'un?

La question de Louis-Paul me prend par surprise.

-Non! En faite oui. Hier, j'ai eu un malentendu avec une personne a qui je tiens et j'espère pourvoir avoir une discutions avec elle.

Ma lettre que j'ai rédigée est dans mon carnet de note et j'ai bien l'intention de lui remettre aujourd'hui.

Louis-Paul m'arrête en posant sa main sur mon coude.

-Emma, est ce que cette personne est un garçon ou une fille?

Devant son regard inquiet et ses joues rosies, je réalise soudain que mon nouveau camarade de classe aimerait peut-être qu'on soit plus que des amis. Je ne sais pas trop quoi lui dire sans lui faire de la peine ou même le décevoir.

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais nous nous faisons surprendre par une averse, nous nous mettons à l'abri juste à temps que la pluie se change en déluge. Je dois dire que cette averse tombe à pique car le brouhaha des étudiants qui courent pour se mettre à l'abri, nous éloigne l'un de l'autre, j'ai juste le temps de l'entendre me crier.

-On se retrouve à la cafétéria pour le lunch, je te dois toujours un sandwich au jambon.

-Entendu

Je lui fais un signe de la main pour lui dire que j'ai compris puis il disparait dans la foule d'étudiant, je prends le chemin opposé pour me rendre à mon premier cours.

Vers midi, je me rends à la cafétéria qui est pleine a craqué, affamée. Avec la nervosité de revoir Alek, je n'ai pas pris mon petit déjeuner.

-Emma.

J'aperçois Louis-Paul qui me fait des signes de la main. Il est assis à une table et me montre un sandwich emballé avec une bouteille d'eau.

Génial, je n'aurais pas besoin de faire la fille qui semble interminable. Je m'installe sur la chaise en face de lui et dépose mes affaires sur la table.

-Comment a été ton cours? Demandé-je.

-J'ai eu une très bonne note pour mon travail, grâce à toi.

Il sort de sa poche de sa veste, un petit gâteau au chocolat enveloppé dans un papier plastique et le met juste devant moi.

-Tiens, pour te remercier.

-C'est gentil, merci. Mais, tu n'étais pas obligé, le sandwich aurait suffit.

-Ça me fait plaisir.

Pendant notre repas, nous discutons de tous et de rien. J'apprends qu'il est le cadet de cinq enfants et tous des garçons.

-Comment ils s'appellent ?

-Charles est l'ainé, il a trente ans, une femme et deux enfants Jasmine et Antoine. Il travail à New York, en publicité, nous le voyons trop peu souvent. Le deuxième est Henri, 28 ans. Il vit avec son copain à moins d'une heure d'ici, ils travaillent tous les deux dans une boite de pharmaceutique et ils viennent tout juste d'adopté une petite haïtienne du nom de Maeva, elle est vraiment mignonne.

Il sort son téléphone de sa poche de jeans et mon montre des photos de ses nièces et de son neveu.

-C'est ils sont très mignons.

Un sourire charmant apparait sur son visage quand il regarde les photos, c'est évident qu'il adore ses neveu et nièces. Puis, il éteint son téléphone pour le déposer sur la table.

-Ensuite, il y a Karl, 26 ans qui vit à San Francisco avec sa copine. Ils ont ouvert une école de surf et il y a Tommy 23 ans, est venu aussi à cette université et a graduer l'année dernière. C'est la grande vedette de la famille, il a été repêché par les Chargers de Los Angeles. Il vient de s'acheter une maison pas très loin d'ici.

-Wow! C'est génial!

-Oui, mon père en est très fier.

Dans sa vois, j'arrive à percevoir de la déception. Ça ne doit être facile de faire sa place dans une grande famille comme la sienne.

-Pourquoi portes-tu un nom composé, alors que tes frères ont tous un nom simple?

Il termine sa bouché avant de me répondre.

-J'étais supposé me nommé Louis tout court, mais mon grand-père maternelle est décédé tragiquement quelques jours avant ma naissance et en son honneur, mes parents ont rajouté le prénom de mon grand-père au mien.

Il s'approche de moi pour me chuchoter à l'oreille.

-J'aurais préféré qu'ils fassent un choix entre les deux. Louis-Paul je trouve que ça fait vieux jeu.

-Moi, je trouve ça original.

Après s'être rassis, il hausse les épaules.

-J'aurais préféré avoir un nom comme Louis Mitchell ou encore Paul Mitchell mais Louis-Paul Mitchell ça ne sonne pas aussi bien.

Je dois admettre qu'il a un peu raison.

-Peut-être plus tard, je vais faire des démarches pour changer mon prénom.

Il a dit ça un peu pour lui même, alors je n'insiste pas sur ce sujet.

- Parle-moi un peu de toi, Emma. Tu as des frères et sœurs?

Je baisse les yeux et fais semblant de m'intéresser à la composition de mon sandwich au jambon. Est-ce que j'ai réellement envie de parler de ce sujet ? Ça serait bizarre de son point de vue que je refuse de parler de ma famille, alors qu'il vient de le faire.

-Oui, j'ai deux demi-sœurs. Une de trois ans et l'autre va bientôt avoir un an, je crois.

Il se met à rire.

-Tu crois ? Quoi ? Tu ne te souviens plus de l'âge de tes petites sœurs ?

Sans lever les yeux, je replace une mèche de cheveux derrières mon oreille.

-Ça fait un bon moment que je les pas vu. La petite dernière, Annabelle. Je l'ai vu une seule fois, à la pouponnière.

Quand j'ai su que Daisy, la nouvelle femme de mon père venait de mettre au monde une seconde fille, je me suis rendue à l'hôpital avec des fleurs et une peluche rose. Quand je suis entrée dans sa chambre, Daisy m'a demandé de partir avant même que je puisse dire quoi que se soit.

-Je suis désolée, Emma. Mais, tu ne peux pas rester ici. , m'avait-elle dit. Tu connais ton père, il est toujours bouleversé quand il te revoit.

Depuis leur séparation ma mère, sous la menace, oblige mon père de rester loin de moi et dieu sait qu'elle serait prête à inventer toutes sortes de rumeurs pour leur nuire, lui et sa famille. Alors, sans argumenter, j'ai déposé mes présents sur la table et au moment que j'allais quitter, elle m'a annoncée que ma nouvelle sœur se nommait Annabelle.

-Tu peux aller la voir, elle est à la pouponnière, mais ne tarde pas. James va bientôt revenir avec Suzy.

-Merci.

-Emma, n'essaie plus de revoir mes enfants et mon mari, temps et aussi longtemps que ta mère ne t'a pas donner la permission. Tu comprends, je ne veux pas de problème.

Sans attendre, j'ai quitté sa chambre d'hôpital et ensuite je suis allée voir ma nouvelle petite sœur.

Je lève les yeux pour regarder mon nouvel ami qui me regarde intrigué.

-Tu l'as vu qu'une seule fois ?, me demande-t-il surpris.

Mes yeux scrutent un point fixe au loin et je poursuis.

-Je me rappelle de la première fois que je vu ma toute nouvelle petite sœur, elle était vraiment mignonne, de tout les bébés de la pouponnière, elle était la plus jolie. Pendant, que je l'observais, elle s'est réveillée et s'est mise à pleurer, j'avais qu'une seule envie, c'est de la prendre dans mes bras pour la consoler.

-Pourquoi ne l'avoir pas fait ?

Discrètement, j'essuie une larme qui glisse sur ma joue.

-C'est compliqué.

La main de Louis-Paul se pose sur la mienne et la tapote doucement.

-Si tu as envie d'en parler, je suis...

Soudain, mon ami reçoit un ballon de football sur la tête, il en perd ses lunettes qui glissent sur la table, je les rattrape avant qu'elles ne tombent sur le sol de la cafétéria, puis me retourne pour voir d'où venait le ballon. La bande d'Alek est assis à une table à l'autre bout de la pièce et rigole sauf lui. Son regard est posé sur moi, Stella est entrain de lui dire quelque chose et il semble furieux.