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XXXVIII - Attaque

Une fois n'était pas coutume, je m'endormis paisiblement, bien que ma position soit pour le moins inconfortable. Ce ne furent pas les cauchemars qui troublèrent mon sommeil cette nuit-là, mais des bruits étranges qui me tirèrent de mes rêveries pourtant agréables.

Je me redressai lentement, l'esprit encore embrumé, mais tout de même intriguée par ce qu'il se tramait aux alentours. Ce que je vis me glaça le sang, et je me baissai immédiatement pour calmer ma respiration qui s'était accélérée en une fraction de seconde.

Un groupe de personnes, quatre ou cinq il me semblait - bien que je n'aie pas réellement eu le temps de bien les apercevoir, s'approchait dangereusement des tentes de mes compagnons. J'étais tétanisée.

Qui étaient-ils ? Que devais-je faire ? Je ne savais pas quel choix faire, entre celui de risquer de me faire repérer en essayant de prévenir mes amis, et celui de rester cachée derrière le véhicule en espérant ne pas me faire repérer.

Je ne bougeais pas d'un poil, relevant tout juste la tête pour observer les actions des intrus. Ceux-ci semblèrent se concerter en chuchotant, je ne pus donc entendre ce qu'ils manigançaient. Mais rapidement, je compris.

Deux des hommes se jetèrent sur la tente d'Elyas, tandis que les autres encerclaient celle d'Abel. Ils percèrent le tissu sans ménagement à l'aide de leurs lames. Le père de mon ami n'eut pas réellement le temps de réagir, car après seulement quelques secondes de lutte, je pus voir son corps s'affaisser suite à un coup de poignard bien placé. Je mis ma main devant ma bouche pour retenir un cri d'effroi.

Le jeune homme restant, alerté par le bruit, sortit en trombe de son abri. Il n'en fallut pas plus aux agresseurs pour se saisir de lui, et lui lier les mains dans le dos en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. C'est avec horreur que je les vis ensuite se diriger vers le quatre quatre, quelqu'un restant derrière eux pour fouiller les toiles détruites et récupérer tout ce qui pouvait avoir de la valeur. "Des pilleurs..." pensai-je.

En les voyant s'approcher ainsi de ma cachette, je pris le parti de me dissimuler sous de vieilles couvertures et autres babioles. Ils ne me remarqueraient peut-être pas, et j'aurais alors une chance infime de m'échapper.

J'étouffai un gémissement lorsqu'un poids relativement lourd s'abattit sur moi. Je compris seulement en entendant une légère plainte et des grognements : ils avaient balancé Abel à l'arrière, et celui-ci était tombé sur moi, pieds et poings liés comme il l'était.

Une étincelle d'espoir apparut alors en moi, sans que je ne puisse la contrôler. J'allais pouvoir faire d'une pierre deux coups : sauver ma propre vie, et par la même occasion celle de mon ami. C'était un pas de plus vers la rédemption pour moi.

Encore fallait-il que j'agisse suffisamment vite pour que le jour ne surprenne pas ma tentative. En soit, mon plan n'était pas très compliqué : hisser Abel hors du véhicule et sauter à sa suite. L'obscurité serait ma meilleure alliée.

Je retins un soupir de soulagement lorsque j'entendis le quatre-quatre démarrer et le plancher vibrer sous mon corps. J'allais pouvoir passer à l'action. Alors que nous commencions à avancer entre les dunes, je me déplaçai discrètement de façon à me libérer de l'emprise du jeune homme, qui semblait avoir abandonné sa lutte. Ma voix dissimulée par le bruit du moteur, je chuchotai à l'adresse de ce dernier :

"_ Abel, c'est moi, Esi. Ne dis pas un mot, je vais te sortir de là. Fais-toi discret, ce sera bientôt terminé."

Supposant qu'il m'avait entendue et qu'il avait bien compris ce que j'attendais de lui, je m'activai. Je n'avais pas le temps de m'amuser à le détacher, je me contentai donc d'entreprendre la dure tâche de le pousser vers le bout du véhicule. Heureusement pour moi, il se laissait faire et tentait même de m'aider. Le plus compliqué étant le fait de ne pas pouvoir me lever, au risque d'être aperçue à travers la vitre arrière, je devais faire tout cela en rampant.

Finalement, je parvins à le déplacer suffisamment pour pouvoir le pousser hors de la remorque, et ainsi, lui rendre sa liberté. Il atterrit dans le sable sans faire trop de bruit. Maintenant, il fallait que je me dépêche de sauter à mon tour. Cependant, je pris le temps de rassembler quelques affaires qui me semblaient essentielles, chose difficile en restant baissée. Je n'avais plus beaucoup de temps, d'autant plus que nous nous éloignions de l'endroit où j'avais largué Abel.

Je pris une grande inspiration, et me laissai tomber à mon tour. Pourvu que nos agresseurs n'aient rien remarqué...

Une fois à terre, je laissai le temps au véhicule en marche de disparaître à travers les dunes, reprenant ma respiration que j'avais retenue sans le vouloir durant mon saut. Le soulagement s'emparait de moi.

Je finis cependant par me relever et par emprunter le chemin inverse, me souvenant que celui que j'avais sauvé était certainement encore à terre et ligoté. C'est alors que je me rendis compte que je tremblais comme une feuille.

Il me fallut quelques minutes pour le rejoindre, l'adrénaline étant retombée pour laisser place à une grosse fatigue. Sans que je ne sache pourquoi, mon coeur sembla se desserrer quand j'aperçus son corps étalé dans le sable, et ses yeux hypnotisants me fixer dans l'attente que je lui vienne en aide.

J'accourus vers le jeune homme pour le libérer de ses liens et l'aider à se relever. S'appuyant sur moi, il planta alors son regard dans le mien.

"_ Merci, Esi. Tu m'as certainement sauvé la vie...
_ De... De rien, c'est normal... souris-je, gênée."

Abel sembla alors réaliser quelque chose, et me demanda, la voix tremblante :

"_ Esi... Où est mon père... ?"

Incapable d'affronter son regard, je baissai la tête, me mordillant la lèvre. Comment lui apprendre ce qu'il était arrivé... ?

"_ Abel, je... Je suis désolée... Il... Il n'a pas survécu à l'attaque..."

À ce moment-là, je crus entendre le coeur de mon compagnon se briser depuis l'endroit où je me tenais. Sans réfléchir, je l'attirai à moi et le serrai aussi fort que mon énergie restante me le permettait dans mes bras. Il se mit alors à sangloter doucement sur mon épaule, bien qu'elle soit légèrement basse pour lui. Nous restâmes ainsi de longues minutes, et je luttai pour ne pas laisser mes larmes couler à leur tour...

__________

Hey !

Eh oui, enfin un nouveau chapitre ! *pas taper* Je suis vraiment vraiment vraiment désolée pour tout le retard que j'ai pris, je n'ai pas d'excuse ^^'

Enfin bref, j'espère qu'il vous aura plu tout de même, un peu d'action ne fait pas de mal ! :D

Avez-vous des prédictions pour la suite des événements ? Comment pensez-vous qu'Esi et Abel vont s'en tirer ?

Ah et promis, j'essaie de vous refaire un point de vue de Yeleen bientôt. x)

Bisous bisous !

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