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XIX - Déchirure

Il était difficile de faire une grasse matinée lorsque l'on dormait dans un petit hôtel miteux placé au cœur de Tamanrasset. Les bruits produits par la ville se réveillant avant même que le soleil ne se lève nous avaient toutes deux réveillées depuis bien longtemps. Nous en avions donc profité pour utiliser les sanitaires communs que proposait l'hôtel et pour nous nourrir un peu avant de repartir.

En y repensant, nous avions déjà traversé trois pays différents : le Mali, le Niger et maintenant l'Algérie. Je pouvais me vanter d'avoir enfin voyagé à l'image de mes parents. La prochaine et dernière étape avant le grand saut était le Maroc. Je devais rejoindre le port de Tanger pour pouvoir espérer mettre un jour un pied en Europe.

J'étais consciente que le passage de l'Afrique du Nord à l'Europe occidentale était loin d'être aisé. Cette frontière maritime était bien surveillée. Je connaissais le sort qui avait été réservé à d'autres immigrants bien avant moi. Je me devais donc d'être très prudente dans ma démarche.

Ma première idée était de m'arrêter quelques temps dans une grande ville marocaine, afin de me trouver un petit travail qui me permettrait d'amasser un peu d'argent. Autant jouer la sécurité tant que je pouvais encore le faire. Voyager en tant que clandestine était beaucoup trop risqué. Je devais tout mettre en œuvre pour atteindre mon but.

Avec le salaire récolté ainsi, je pourrais obtenir des vêtements à l'air un peu plus occidentaux que ceux que je revêtais aujourd'hui, et je pouvais peut-être espérer payer ma traversée jusqu'à l'autre monde. Une fois parvenue là-bas, ce serait un jeu d'enfant comparé à ce que je venais de vivre pour en arriver là.

« _ À quoi tu penses ? m'interrompit Yeleen dans le fil de mes pensées. »

Je relevai la tête, jusque-là passionnée par le balancement de mes jambes au-dessus du parquet élimé de la chambre. La jeune femme tout juste sortie de la douche me faisait face, une simple serviette abîmée enroulée autour de son corps mince, ses cheveux humides ornant ses épaules et sa poitrine que je pouvais deviner partiellement.

« _ À l'après, répondis-je honnêtement.

_ Tu ne m'as jamais dit où tu comptais aller.

_ En Europe, soufflai-je. »

Je savais que ma réponse ne la laisserait pas indifférente. Après tout, je comptais me rendre là où elle n'était jamais parvenue à rentrer. Aussi, je la regardais attentivement. Ses yeux s'assombrirent, sa lèvre inférieure trembla et elle sembla perdre un peu de sa prestance naturelle en l'espace de quelques secondes. Je lui lançai un regard peiné.

« _ Je suis désolée de te rappeler ça.

_ Ce n'est rien, affirma-t-elle. Je dois retrouver le reste de ma famille. »

J'acquiesçai, silencieuse. Ainsi, elle me suivrait bien jusqu'au bout de ma dangereuse aventure. Dans un sens, peut-être lui avais-je permis de retrouver le courage nécessaire pour entreprendre cette difficile traversée. Mais d'un autre point de vue, je l'avais entraînée dans une quête qui pourrait lui coûter la vie.

Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable de lui faire courir de tels risques, mais j'étais réellement heureuse de l'avoir à mes côtés. Si je pouvais lui permettre de retrouver sa vie d'avant en agissant ainsi, cela ne pouvait qu'être bénéfique. Mais la peur de la perdre une fois arrivées en France me tordait le ventre.

« _ Qu'est-ce que tu feras, une fois que tu les auras retrouvés ? ne pus-je m'empêcher de demander.

_ Je ne sais pas, Esi. Je n'en ai aucune idée. Je pense que je tenterai de retrouver une ville normale, là-bas. Dans mon pays d'origine. »

J'accusai le coup, inconsciemment attristée par ce qu'elle venait de m'annoncer. Ainsi, notre aventure s'arrêterait là. Elle resterait en Europe, tandis qu'une fois les réponses que je cherchais trouvées, je retournerais auprès de ma famille, à Bamako. Je ne pouvais pas abandonner mon père et mes frères et sœurs ainsi. Ils avaient besoin de moi. Si je faisais ce voyage, c'était en partie pour eux. Ils avaient besoin de ces réponses tout autant que moi.

« _ Qu'est-ce qu'il y a, Esi ? me questionna-t-elle, intriguée par ma soudaine mélancolie.

_ Je ne resterai pas en France, Yeleen. Je retournerai au Mali au bout de quelques temps. »

Mon interlocutrice resta muette quelques instants. Je pus voir différentes émotions traverser son si joli regard. Stupéfaction. Incompréhension. Réalisation. Tristesse, dégoût, pour finalement se murer dans une souffrance palpable.

« _ Pourquoi... ? réussit-elle finalement à articuler.

_ Si je vais là-bas, c'est seulement pour avoir des réponses, avouai-je. J'ai besoin de savoir ce qui a tué ma mère.

_ Mais, tu...

_ Je n'y crois pas une seule seconde. Ma mère avait reçu tous les vaccins nécessaires pour survivre à ce genre de maladie, expliquai-je. »

Elle prit le temps d'assimiler ce que je venais de lui apprendre, avant de poursuivre d'une façon plus assurée :

« _ Comment comptes-tu rentrer à Bamako ?

_ Le chemin inverse est beaucoup plus facile à faire, affirmai-je.

_ C'est vrai... Qu'il en soit ainsi, alors. »

Mal à l'aise, je me levai pour prendre Yeleen dans mes bras et la rassurer. Mais à mon grand étonnement, ce fut à elle cette fois-ci de s'éloigner volontairement. Elle me repoussait. Elle se sentait trahie, blessée. Elle m'avait donné sa confiance, et je n'avais pas su en faire bon usage. Je pouvais sentir mon cœur s'effriter en des milliers de petits morceaux à l'intérieur de ma poitrine.

Je l'avais perdue. J'avais perdu celle que j'aimais. Celle que j'aimais plus que tout au monde. Je n'avais même pas su faire bon usage de cet amour pourtant si fort. Mais que pouvais-je faire d'autre ? L'amour était-il fait ainsi ? Devions-nous faire face à des choix, aussi durs que ceux du sang face aux sentiments ?

S'il en était ainsi, je ne souhaitais plus jamais le ressentir. Il ne servait qu'à souffrir, se retrouver tiraillé entre des solutions beaucoup trop compliquées. À quoi bon aimer, si c'était pour perdre l'objet de toute notre attention ? J'avais été bien naïve de croire que je pourrais toucher le bonheur du bout des doigts en agissant ainsi. Qui étais-je pour penser pouvoir donner l'envie à quelqu'un de me suivre jusqu'au bout du monde ? Je ne le méritais pas.

Détruite, le poitrail en lambeaux, je bousculai Yeleen pour accéder à la porte de notre chambre, les larmes aux yeux. Une main se tendit vers mon bras dans une vaine tentative pour me retenir, mais je l'esquivai agilement et dévalai les escaliers pour atteindre l'extérieur. De l'air. J'avais besoin d'air.

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