Deux semaines s'étaient écoulées depuis notre arrivée à Marrakech. Après avoir pris nos marques dans la ville qui s'offrait à présent à nous, Yeleen et moi nous étions mises en quête d'un travail à effectuer pour gagner l'argent nécessaire à notre voyage à venir. Nous avions finalement trouvé un poste de femmes de ménage dans un hôtel accueillant des touristes des quatre coins du monde. Nous étions logées, nourries et blanchies en échange de notre labeur, sans oublier une petite rémunération qui nous serait d'une grande aide bientôt. Mon plan fonctionnait donc encore mieux que je ne l'avais espéré.

Je venais tout juste de finir mon service du soir, et m'étais enfin décidée à faire quelque chose que j'aurais dû mettre en application dès mon arrivée : appeler mon père. Les jambes flageolantes, je me dirigeais donc vers les téléphones mis à notre disposition dans le hall de l'établissement. D'une main tremblante, je saisis finalement le combiné et composai ce numéro que même mon amnésie n'était pas parvenue à effacer de ma mémoire. Le cœur battant, j'écoutais les sonneries sourdes retentir dans mon oreille en croisant les doigts pour que mon paternel me réponde. Finalement, un bruit caractéristique me fit sursauter et une voix retentit à l'autre bout du fil.

_ Allô ? quémanda un enfant.

_ Konan ? questionnai-je d'une voix fébrile.

_ Oui ? Vous voulez parler à mon papa ?

_ Konan, c'est... Enfin, oui, je voudrais parler à ton père, s'il-te-plaît.

_ D'accord, je vais le chercher, attendez madame.

J'entendis mon petit frère déposer l'objet, puis partir à toute vitesse chercher l'intéressé dans notre baraquement. J'attendais patiemment, cédant à l'envie qui me tiraillait de me ronger les ongles. Bientôt, des pas biens plus lourds me parvinrent, et je pus déceler un "Merci Konan, va surveiller ta petite sœur s'il-te-plaît." avant qu'il ne prenne la parole. Je pris une grande inspiration, encore chamboulée par mon bref échange avec le petit garçon. Sa voix trahissait la vitesse à laquelle il grandissait, loin de moi...

_ Allô ? Qui est-ce ? Je n'ai pas...

_ Papa, c'est moi, Esi, le coupai-je.

_ Oh mon Dieu... Esi, je pensais t'avoir perdue...

_ Je suis désolée, papa. Je suis arrivée à Marrakech, et j'ai trouvé un travail. Je vais bientôt pouvoir partir pour la France.

_ C'est fantastique, ma chérie, je suis si heureux de te savoir en vie... J'ai vraiment peur pour toi, tu sais.

_ Tu n'as pas à t'en faire, je ne suis pas seule... Dis-moi, est-ce que tu pourrais m'indiquer dans quelle région de France la famille de maman habite ?

_ Oh, euh, oui, bien sûr, il me semble qu'ils habitent dans les Landes, au sud-ouest du pays. Mais, comment ça, tu es accompagnée ?!

_ Merci papa. Je t'expliquerai tout plus tard ! Je dois y aller, je n'ai plus beaucoup de pièces pour le téléphone.

_ Oh, je vois...

_ Une dernière chose... S'il-te-plaît, fais en sorte que Konan et Aïssa se souviennent de moi.

_ Ne t'inquiète pas, tu seras là bien assez tôt pour passer du temps avec eux. Je t'aime, ma fille.

_ Je t'aime aussi, papa. À bientôt...

Je raccrochai vivement, un souffle glacial me broyant la poitrine. Immobile au milieu de la grande salle servant d'accueil à l'hôtel, je pris le temps de me remettre de mes émotions. Je venais de me rendre compte que ma famille me manquait énormément. Plus que je l'avais jamais imaginé. Avec la distance et le manque de nouvelles, je n'y pensais pas réellement. Mais entendre la voix de mon petit frère avait été comme un électrochoc. L'envie de tout laisser tomber et de prendre le premier convoi au départ pour les rejoindre me traversa l'esprit. Mais je ne pouvais pas abandonner, alors que j'étais si près du but. Je devais tenir bon, et découvrir le fin mot de l'histoire qui m'avait menée jusqu'ici. Ce ne serait qu'après avoir rempli ma mission que je rentrerais auprès des miens, à Bamako.

Je pris donc une énième inspiration, avant de me diriger vers la chambre que je partageais avec Yeleen. Je me remémorai la mise désolée qu'avait affiché notre employeur quand il s'était rendu compte qu'il n'avait pas assez de lits pour nous héberger toutes les deux. Ma petite amie et moi nous étions alors échangé un sourire complice, avant de lui dire en nous retenant de rire que cela ne nous dérangeait pas le moins du monde. Oui, j'étais accompagnée. Et c'est ce qui me donnait la force d'avancer jour après jour.

* * *

Ce soir-là, nous avions pour mission de nettoyer la piscine car celui qui s'en chargeait habituellement était tombé malade. C'est pourquoi nous nous étions retrouvées plantées au bord de l'eau, munies d'épuisettes et autres ustensiles, à fixer cette lumière bleutée d'un regard envieux sans vraiment réussir à nous décider sur ce que nous allions faire. Finalement, je tournai la tête vers la jolie châtain, lui offrant un regard espiègle qu'elle ne tarda pas à comprendre.

_ Tu penses vraiment qu'on peut faire ça ? me questionna-t-elle, un brin intimidée.

_ Non seulement on peut le faire, mais on va le faire, lui lançai-je.

Un grand sourire illumina son si beau visage, et nous commençâmes à nous dévêtir en hâte, avant de plonger la tête la première dans l'eau turquoise. Nous refîmes surface quelques secondes plus tard, riant aux éclats. Elle me lança un regard tendre qui me fit fondre immédiatement. Je me sentais chanceuse d'avoir croisé son chemin. Pourtant, je l'avais repoussée à maintes reprises... Mais il me fallait l'avouer, je ne serais jamais parvenue jusqu'ici sans elle. En quelques brasses, je fus à ses côtés, nos cuisses nues se frôlant.

Passant la langue sur mes lèvres, je fixais les siennes, si désirables. Elle planta alors son regard profond dans le mien, semblant comprendre la moindre de mes pensées. Nos corps se rapprochèrent jusqu'à se coller, et nos bouches se lièrent dans une danse effrénée. Peu importait si quelqu'un passait par là, nous observait par sa fenêtre ou allait tout rapporter au directeur pour que nous perdions notre emploi. Elle était mon présent, mon avenir. Et je comptais bien commencer à en profiter dès aujourd'hui.

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Bonjour !

Enfin un nouveau chapitre ! Je m'excuse une énième fois pour tout le retard accumulé, j'ai vraiment énormément de travail avec le BTS et je n'ai plus une seconde pour moi !

En tous cas, j'espère sincèrement que vous avez apprécié ce chapitre. Qu'avez-vous pensé de la conversation d'Esi avec son père ? Et de sa petite escapade nocturne avec Yeleen ? À quoi vous attendez-vous pour la suite de leurs aventures ?

ATTENTION ! Ne partez pas, j'ai besoin de vous. Voilà, le premier arc de l'histoire arrive à sa fin, et on est déjà à une centaine de pages A4. Le second arc étant assez conséquent, je pensais à faire un deuxième tome des aventures d'Esi. Ou bien, à diviser celui-ci en deux grosses parties, ce qui nous fera un roman assez conséquent ! Qu'en pensez-vous ? J'ai vraiment besoin de votre aide !

En attendant, je vous dis à la prochaine, et merci d'avance pour vos commentaires !