24 - Des bleus à l'âme
‼️ TW *tentative de viol* ‼️
— Taehyung ?
Jimin se trouvait face à moi, la mine défaite et la joue écarlate. Je repris mes esprits avec difficulté.
— Ta joue.
Je posai mon index sur sa peau, et il grimaça. Puis il me présenta à nouveau le verre d'eau qu'il me tendait.
— Est-ce que tu vas mieux ? demanda-t-il.
— Je ne... comment on est rentrés ?
— En taxi... tu as... eu un choc, ou un truc dans le genre. Tae, qu'est-ce qu'il t'a dit le mec ?
Je me souvins alors de ses paroles, et je me mis à trembler, la nausée au bord des lèvres.
— Où est Jungkook ?
— Dans sa chambre...
— Est-ce qu'il va bien ? m'affolai-je en posant le verre sur le meuble.
— Il... il s'est battu... comme moi, et le reste du groupe... ça a fini en bagarre générale.
Je suffoquai, et pris la sortie pour longer le couloir.
— Tae ! m'interpella Jimin.
Mais je ne l'écoutai déjà plus, focalisé sur mon meilleur ami que je revoyais se jeter sur ce type.
Lorsque je poussai la porte de sa chambre, je le trouvai assis sur son lit, dans le noir. Immédiatement, j'allumai et il grimaça.
— Éteins...
J'obtempérai et avançai pour allumer la petite lampe de chevet, près de son lit. Puis je m'accroupis face à lui. Il releva le visage, et je pus alors me rendre compte de l'ampleur des dégâts. Mes sourcils s'arquèrent vers le bas devant son visage tuméfié. Il avait un coquard, l'arcade et la lèvre fendues, et ses phalanges étaient à vif. Le sang gouttait encore le long de sa tempe, et mes yeux s'embrumèrent.
— Kook...
— C'est rien, hyung. Je vais bien.
— Non... sanglotai-je. C'est ma faute, c'est moi, j-
— Ne dis pas de bêtises ! Ce type est un malade !
Je reniflai en regardant la moquette bleu foncé entre nos pieds qui se touchaient presque.
— Je suis une erreur de la nature... je s-
Il saisit mon poignet et grogna :
— Arrête ça !!
— Mais c'est la vérité ! contrai-je, la lèvre inférieure tremblante.
Jungkook me ramena contre lui, et me força à m'installer à califourchon sur ses genoux. Je saisis son visage entre mes mains, et observai ses blessures.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit, ce type ?
Mon regard échappa au sien, et il releva mon menton de son index.
— Hyung, qu'est-ce qu'il t'a dit ?
— Rien...
— Si. Tu as été tellement choqué que j'ai dû te porter jusqu'au taxi... alors c'était loin d'être rien, si tu veux mon avis.
— Il a...
Ma voix se craquela dans un sanglot, et les larmes dévalèrent mes joues.
— Je suis tellement désolé... m'excusai-je. À cause de moi, tu as dû te battre, tu as pris des coups, et t-
— Ne le sois pas... souffla-t-il, ses mains dans le bas de mes reins. Je me fiche de prendre des coups si c'est pour te défendre. Tu mérites tous les coups de poing du monde, hyung...
Les papillons s'envolèrent au creux de mon ventre, et me sentis rougir.
— Je vais te soigner, reste-là.
Je me relevai et disparus dans la salle de bains pour récupérer du désinfectant et des compresses que je posai sur le lit. Il tira à nouveau mon poignet, le regard intense et brillant d'émotion, et je me réinstallai sur lui. Je pris soin de chaque blessure, chaque plaie que je nettoyai avec attention. Puis j'ôtai le sang, et lorsque j'eus terminé, j'embrassai du bout des lèvres, chaque blessure, jusqu'au coin de sa bouche.
Alors que j'allai me reculer, je sentis sa main dans ma nuque me retenir. Nos visages tout proches l'un de l'autre, Jungkook ancra son regard dans le mien, et avec une assurance qu'il n'avait jamais eue jusque-là, il écrasa ses lèvres contre les miennes. Une chaleur liquide se déversa dans tout mon corps, et ses mains agrippèrent mes fesses, tandis que sa langue glissait sur la mienne avec sensualité. Je laissai échapper quelques gémissements, et il tira sur ma lèvre avec ses dents, tandis que je glissai mes mains dans ses cheveux. Mon cœur me faisait mal, si mal que les larmes ravinèrent mes joues. J'étais à la fois heureux et blessé qu'il ait fallu en arriver là pour que mon meilleur ami s'ouvre enfin à moi. Sans alcool, sans artifice ni excuses superficielles. Il dénoua les lacets de mon haut et caressa mon dos, tandis que j'ondulai mes hanches sur lui, nos sexes se frôlant à travers nos vêtements. La chose m'effrayait. Serait-elle à la hauteur ? Que fallait-il que je fasse exactement ? Est-ce que Jungkook ne serait pas dégoûté de mon corps ? Je le voulais entièrement, sans qu'aucune peur ne me retienne. J'étais prêt, depuis toutes ces années, à me donner entièrement à lui.
Nous nous embrassâmes longtemps, nos bouches s'unissant, nos langues dansant lascivement l'une contre l'autre, tandis que nos mains découvraient le corps de l'autre. Puis Jungkook m'attira contre lui, dans son lit, et rabattit la couverture sur nous. Il caressa longtemps mon corps en ne cessant de m'embrasser jusqu'à ce que nos lèvres soient rougies et douloureuses, et peu à peu, je me laissais bercer par sa douceur. Il rouvrit les paupières, et dans la lumière faible de la pièce, il me regarda dans les yeux comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Je me sentis mis à nu, comme s'il voyait mon âme, comme si enfin, il me voyait entièrement.
— Hyung...
— Oui ?
— Reste avec moi cette nuit.
— D'accord.
Il glissa sa main dans la mienne, et entrelaça nos doigts, puis fourra son visage dans mon cou et embrassa ma peau. Il l'aspira à plusieurs endroits, et y laissa des traces, qui je le savais, resteraient un bon moment. Et j'en étais fier. J'en voulais partout, je voulais en être recouvert, peut-être pour que le monde sache que je lui appartenais corps et âme.
Peu à peu, je papillonnai de sommeil, encore grisé par l'alcool, et fermai les yeux, mon corps entre ses bras.
**
— Est-ce que tu veux un café ?
— Non, ça ira, merci.
— OK, on se retrouve en cours ?
— Oui, d'accord.
— Ferme la porte en partant.
— Hmm...
Jungkook claqua la porte derrière lui, et me laissa à mes lamentations.
Dès le réveil, j'avais perçu son trouble. Il avait reculé des quatre fers lorsque ses yeux étaient tombés dans les miens, et qu'il avait senti mon corps lové contre le sien dans son lit. Très vite, mais avec douceur, il s'était extirpé du lit et avait rejoint la minuscule cuisine de sa chambre universitaire pour se faire couler un café. Puis il avait filé à la douche, et il était ressorti vingt minutes plus tard, les cheveux trempés et le t-shirt collant à sa peau, en m'ignorant royalement. Il était 9 heures, et je fixai la porte de la chambre depuis déjà une bonne dizaine de secondes. Peut-être imaginai-je qu'il allait réapparaître, me serrer contre lui et m'embrasser. Peut-être que tout ce que nous avions partagé cette nuit n'avait eu lieu que dans ma tête.
Cependant, j'étais blessé. Ce n'était pas de cette façon que j'avais imaginé notre réveil. Pour moi il s'était passé quelque chose entre nous, et à voir sa réaction, j'étais le seul à m'en souvenir.
Jimin n'était pas rentré de la nuit. Il avait certainement pensé que nous avions à discuter, Jungkook et moi. Voilà pourquoi je me retrouvai seul ce matin, sans savoir si je devais me rendre en cours ou rester ici et me terrer sous la couverture.
Lorsque je repensais à ce que ce type m'avait dit hier soir, je frissonnai. L'idée de me retrouver seul m'angoissait. Je devais m'assurer de toujours être accompagné, et de ne pas traîner dans des endroits suspects.
Pendant la journée, je croisai d'innombrables étudiants qui me regardèrent de travers, et j'en devins parano. Est-ce que les avais croisés à la soirée ? Faisaient-ils partie de la bande de types affreux qui m'avait menacé ?
Deux semaines plus tard, nous n'avions toujours pas évoqué cette fameuse nuit de baisers intenses. Je laissais à mon meilleur ami le temps qu'il fallait, et puis, qu'aurais-je pu faire ? Une nouvelle dispute nous aurait éloignés, et c'était de loin ce que je redoutais. Alors j'attendais. Un regard, un sourire, un geste tendre, que j'emmagasinais comme des billes dans un sac, comme des bijoux dans un coffre aux trésors. Il était mon trésor, et je ne voulais surtout jamais le perdre.
Mon existence était à la fois complexe et d'une limpidité stupéfiante. J'aimais Jungkook depuis mes 5ans, et j'attendais depuis bientôt 13 ans qu'il m'aime à son tour. Peut-être que ce jour n'arriverait jamais, et que je mourrai en n'ayant eu qu'un seul et unique amour, vierge de toute autre expérience. Je mourrai en regardant le plafond de ma chambre, figé dans ma rétine comme un mauvais polaroid.
Je décidai de sécher les cours. Je n'avais envie de rien, et il faisait un froid abyssal, raison de plus pour rester sous la couette. Je fermai les yeux pour éviter le contact avec la lumière du jour, et sentis la chose se tortiller entre mes cuisses. Elle n'en faisait qu'à sa tête. Néanmoins, je tentais de l'apprivoiser comme je le pouvais. Alors je glissai la main dans mon short, et la frictionnai jusqu'à avoir trop chaud. Jusqu'à ce que mon pouls s'accélère, et que ma poitrine se soulève sous mes respirations hachurées.
Mon imagination fit le reste. Il ne m'en fallait pas beaucoup ; le torse de Jungkook luisant de sueur après son entraînement, ses cheveux mouillés, ses muscles roulant sous sa peau, ses cuisses tendues, et ses lèvres entrouvertes. Je me visualisais l'embrasser, et caresser sa langue avec la mienne. J'imaginai ses mains parcourir mon corps, et son bassin onduler contre le mien.
Je suffoquai, et laissai la chose cracher son venin. Puis immédiatement, je grimaçai.
Je me rendis à mon dernier cours après 19 heures, un cours d'art pendant lequel j'aimais laisser parler ma créativité. En sortant, je marchai avec Gisèle jusqu'à sa résidence, puis traversai le parc pour rejoindre mon bâtiment. La nuit avait déjà enveloppé le campus comme une couverture froide. J'accélérai le pas en remarquant qu'il n'y avait plus grand monde dans les allées, et serrait mes livres contre moi, peu rassuré.
Toutes ces histoires m'avaient effrayé, et je me rendais compte que j'étais beaucoup moins serein qu'avant. Jungkook venait me chercher en général lorsque je finissais tard, mais cette fois, il avait un entraînement de boxe, et nos derniers échanges n'étaient pas des plus chaleureux.
En arrivant devant mon bâtiment, je soufflai de soulagement, et passai ma carte d'étudiant sur le lecteur pour déverrouiller la porte du hall, puis je grimpai les étages en tapant des pieds contre les marches. Je me pressai jusqu'à ma chambre, et tapai le code pour pénétrer mon petit cocon familier.
Mais lorsque je tendis le bras pour allumer, une main s'abattit contre ma bouche, et me plaqua contre le mur adjacent. Je laissai mes livres tomber au sol, mon cœur martelant ma poitrine si fort que mes côtes en furent douloureuses. Mon sang battit dans mes tempes, et j'entendis des rires gras, et des mains se balader sur mon corps. Des larmes pointèrent au coin de mes yeux, alors que je tentai de me débattre comme je le pouvais.
Je fus jeté sur le lit, et un corps massif m'écrasa, m'empêchant de me relever. On tira mes cheveux vers l'arrière, et la voix du sportif de la fête fit crépiter mon ouïe.
— Salut, Taehyungie... tu es prêt à jouer... ?
Je hurlai de terreur, donnant des coups de pied, mettant toute ma force à me sortir de ce mauvais pas. Si je ne voyais rien dans l'obscurité de la nuit, je sentis la présence de plusieurs personnes, dont deux de chaque côté me tenir les bras, tandis que le sportif grimpait sur moi.
Je ne sais pas s'il est possible de mourir d'un arrêt cardiaque, mais à cet instant, j'en avais tous les symptômes. Je tremblai de tous mes membres, et mon cerveau se mit en pause lorsque le sportif glissa ses mains sous mon t-shirt. Son contact me brûla la peau, et j'eus la nausée.
J'allais me faire violer parce que j'étais différent. Parce que j'avais osé exister de la manière dont je le voulais. La main sur ma bouche avait une odeur de rouille et de sang. La bile coincée dans ma gorge remonta et je manquai de m'étouffer. Lorsqu'il déboutonna mon pantalon et glissa la main entre mes cuisses, la porte s'ouvrit brutalement et cogna contre le mur. Des coups furent portés, des cris poussés, mais je ne vis rien. J'étais recroquevillé sur moi-même en position fœtale, mes mains plaquées sur mes oreilles et la respiration entrecoupée de sanglots.
Puis le silence.
Une main tira mon avant-bras pour me relever.
— Hyung, je suis là... tout va bien... tu es en sécurité.
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Hey, mes kiwis ! 🥝
J'espère que vous allez bien, c'est vendredi, enfin le week-end. 🥰
Courage à ceux et celles qui travaillent demain ! Que la force soit avec vous ! 🤗💪🏻
J'espère que ce chapitre vous a plu, et que vous avez hâte de découvrir la suite. 👀
Des bisous ! 🤸🏻♀️
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