23 - Action ou vérité ?
Notre relation avait repris de plus belle. Je passai à sa chambre chaque soir, et nous révisions ensemble. De temps à autre, je portais un peu de maquillage, des boucles d'oreilles ou un vêtement féminin. Mon style s'imposait peu à peu, et j'assumais mon identité. Je n'avais envie de personne à part Jungkook. J'aimais plaire, et les regards pleins de sous-entendus ne me laissaient pas indifférent. En revanche, je n'avais toujours d'yeux que pour lui.
Jungkook avait du succès. Il était inscrit au club de boxe de la fac en plus des ses entraînements quotidien, et j'assistais à ses entraînements avec assiduité. Des filles s'agglutinaient maintenant à l'entrée de la salle, toutefois, j'étais le seul à avoir l'autorisation d'entrer avec lui. Jungkook avait demandé une dérogation en début d'année pour moi, et je m'attirais depuis, les foudres d'une meute de filles en jupe courte et décolleté.
C'est au printemps que les choses s'accélérèrent. En vue des examens, un tas de fêtes qui avaient pour but de « décompresser » virent le jour. Et c'est ainsi que tout bascula.
**
— Est-ce que tu viens, ce soir ?
— Et toi, tu y vas ?
— Évidemment, hyung ! Il y aura tout mon département !
— Alors je viens.
— Pour qui ? Eux ou moi ? plaisanta-t-il avec entrain.
— Toi, nigaud !
Il me sourit tendrement, et posa son menton sur son épaule.
— Tu sais ce que tu vas porter ?
Mon regard suivit son reflet dans le miroir. Nous étions beaux tous les deux. Il n'y avait qu'avec lui que je me sentais si bien, en raccord.
— J'en sais rien encore.
— J'ai vu une fille de ma promo avec une robe, je suis certain qu'elle t'irait à ravir.
Boum Boum.
Mon cœur vacilla et la chaleur envahit mon ventre.
— Alors je vais voir ce que j'ai du côté des robes... murmurai-je.
Il embrassa ma joue, ses mains posées sur mon ventre.
— On se retrouve sur place où tu veux y aller avec moi et Jimin ?
— Je veux être avec toi. Pour toujours, aurai-je voulu rajouter.
— D'accord. J't'attends en bas dans 2 heures, ça ira, princesse ?
Je manquai de m'étouffer avec ma salive. Ses mains glissèrent le long de ma taille, et j'eus froid. Jungkook était plus tactile que précédemment. Lorsque je le rejoignis, ses yeux sortirent presque de leurs orbites. Il se racla la gorge, et frotta ses mains l'une contre l'autre.
— Wow, lâcha Jimin en me regardant. C'est... enfin... tu es très beau comme ça. Mais tu sais que ce n'est plus Halloween, Tae ?
— Je sais.
Jungkook lui jeta une œillade mauvaise.
— Il s'habille comme il veut.
— Je sais, enfin, ce n'était pas... je ne voulais pas être désobligeant, se justifia Jimin, tu as le droit de te chercher, la fac c'est fait pour ça.
— Je sais exactement qui je suis, répliquai-je piqué au vif.
C'était faux. Je me cherchais encore, je tâtonnais.
— Bon, on y va où on s'engueule ?! grogna Jungkook.
Il était tendu, et d'un certain côté, ça me plaisait. Je me sentais l'âme séductrice, ce soir.
— C'est bon, t'énerve pas !
Jungkook m'envoya un sourire en coin suivi d'un clin d'œil et je suivis mes deux amis jusqu'au métro. Je portai une robe de cuir noire dont la fermeture éclair partait de ma poitrine pour descendre jusqu'à mes cuisses, là où la robe prenait fin. J'avais chaussé des bottes à talons aiguille. Ma robe dos nue laissait mes épaules dévoilées, et je portai le collier de perles blanches de Joo, ainsi que de petits brillants à mes lobes d'oreilles. Mes cheveux étaient attachés en une demi-queue de cheval retenue par un nœud en satin noir. Je me sentais irrésistible.
Nous entrâmes dans un night-club de Hongdae bourré à craquer de monde. Étrangement, ici, personne ne me dévisageait, et j'étais plus à l'aise encore qu'à Halloween. Jungkook commanda des boissons au bar, et me tendit un énorme gobelet contenant un cocktail ultra sucré, mais bien chargé en alcool. Il me connaissait assez pour savoir que j'aimais les boissons sucrées et colorées, et que je détestais le whisky et les alcools forts, depuis ma cuite à Édimbourg. J'avalai le tout en une seule fois, et mon meilleur ami me regarda avec étonnement.
— Tu as prévu un coma éthylique ce soir ?
— Non, simplement de me sentir encore plus à l'aise que je ne le suis déjà.
— Tu n'as pas besoin de ça, dit-il à mon oreille. Vis, amuse-toi, tu rayonnes déjà, hyung.
Il n'en fallait pas plus pour me donner une confiance excessive, et me pousser sur la piste. Les corps me frôlèrent, et je sentis quelques mains s'aventurer dans le bas de mon dos ou sur mes fesses. Je mis ça sur le compte de la soirée, et ne cherchai pas à arrêter les coupables.
Jungkook ne me lâchait pas des yeux, son verre à la main, le regard prédateur. Je murmurai à demi-mot par-dessus la chanteuse qui hurlait ses paroles dans les enceintes, et me trémoussai sensuellement jusqu'à lui. J'enroulai mes bras autour de son cou, et il glissa sa main libre dans le creux de mes reins. Il n'était pas encore assez ivre pour déraper, mais je voyais déjà le désir qu'il éprouvait dans ses yeux. Je le voyais naître aux creux de ses pupilles et croître.
Les verres s'enchaînèrent sans que nous nous détachâmes, et lorsqu'il fut presque 2 heures du matin et que mes yeux commencèrent à se fermer tous seuls, je sentis la main de Jungkook glisser dans ma nuque, et son torse se coller au mien. Alors que la musique entamait une mélodie bien plus douce, il glissa son genou entre mes cuisses, et nous bougeâmes l'un contre l'autre dans une danse sensuelle.
Les spots et la foule nous couvraient. Personne ne nous regardait, personne ne pouvait voir la puissance des regards qu'il me lançait, et la multitude d'étoiles dans ses yeux. C'était la première fois que je le sentais un tant soit peu déraper. Nous avions déjà échangé des regards équivoques en soirée, notamment à Halloween, puis à plusieurs soirées depuis. Mais jamais nous n'avions été si proches et si alcoolisés en même temps. Je sentais ma vue se troubler, mes cheveux coller à ma nuque, et mes membres s'engourdirent.
Je me mis à rire bêtement.
— Pourquoi tu ris ? souffla Jungkook contre mes lèvres.
— J'en sais rien... j'suis bien là... pour une fois, c'est rare.
— Tu mérites d'être heureux, Tae.
Sa façon de prononcer mon nom, alors qu'il m'affublait toujours de ce fameux « hyungie-hyung » enfantin, me rendait atrocement faible.
Je sentis l'excitation vibrer en moi.
— Redis-le.
— De quoi ?
— Mon prénom...
Mes doigts caressaient le bas de sa nuque, et nous nous regardâmes dans les yeux de façon si profonde, qu'une chaleur enivrante gagna mon bas-ventre. Jungkook me colla davantage contre lui, nos bouches à quelques millimètres à peine l'une de l'autre. Son nez caressa l'arête de ma mâchoire, et il glissa le long de la courbe de mon cou, tandis que je fermai les paupières.
— Taehyung...
Je retins ma respiration un instant, et entrouvris la bouche.
— Encore... murmurai-je.
Ses bras s'enroulèrent autour de ma taille, et sa main droite repoussa les cheveux qui glissaient dans mon cou. Il se pencha encore, et je sentis son souffle chaud contre ma peau. Ses yeux me sondèrent un instant, ses pupilles dilatées au maximum, puis il se rapprocha de mon oreille, et prononça mon prénom telle une plainte.
— Taehyung...
Je laissai échapper un gémissement, couvert par le bruit ambiant de la musique, mais qui n'échappa pas à Jungkook. Il s'immobilisa un instant, et je sentis la chose entre mes cuisses se réveiller. Enfin, il effleura ma gorge de ses lèvres, sa main gauche empoignant ma hanche avec fermeté.
Je haletai littéralement au milieu de la piste, et ce fut pire lorsque je sentis sa langue effleurer ma peau dans un rapide baiser.
— Kook... laissai-je échapper en plongeant mes mains dans ses cheveux.
Ce geste l'encouragea, et il aspira ma peau et l'embrassa franchement, son bassin collé contre le mien. Notre danse lascive se poursuivit. Nous étions noyés au milieu des autres fêtards, invisibles aux yeux du monde. Lorsqu'il releva le regard, ses lèvres étaient rougies et son regard brillant. Il fixa mes lèvres un instant sans oser se jeter à l'eau, et je sentis son érection frotter contre la mienne. Ses sourcils se froncèrent, et il s'écarta brutalement pour me tourner le dos et disparaître dans la foule, me laissant pantois de notre précédent échange.
**
La vie étudiante était étrange. J'aimais la fac, les amphis, les cours magistraux, et le fait de disparaître aux yeux des autres lorsque je le souhaitais. J'aimais aussi me faire remarquer lorsque je l'avais décidé, et peu à peu, je pris de l'assurance. Pourtant, notre rythme de vie était anarchique. Je sortais avec Jungkook et Jimin au moins trois fois par semaine, et nous finissions presque toujours ivres morts.
Ce soir encore, nous étions à une gigantesque fête, dans une résidence universitaire, pour l'anniversaire d'une fille que nous ne connaissions même pas.
Je n'avais pas joué les divas ce soir, mais je portai tout de même un jean et un crop top blanc dos nu doté de lacets entrecroisés. J'avais des converses blanches, et un petit sac à main en cuir noir, ainsi que des boucles d'oreilles dorées qui pendaient jusqu'au creux de mon cou. J'avais tracé un fin trait de liner noir au-dessus de mes paupières, et j'arborai un gloss couleur framboise.
— Tae, tu veux boire un truc ? me proposa Jimin.
— Ouais, une vodka orange, s'il te plaît !
Jimin s'était accoutumé à ma façon de vivre. Après quelques interrogations un peu lourdes et aussi plusieurs recadrages de la part de Jungkook, il avait fini par comprendre que c'était ma façon de m'habiller, et d'être tout simplement.
Je me permettais des extravagances lors des soirées, le reste du temps, je portais des vêtements classiques, mais toujours assez féminins, et j'avais commencé à me maquiller plus régulièrement.
J'avoue que ça m'attirait les foudres de certains étudiants, et que parfois, j'évitais les couloirs déserts, ou de rentrer seul jusqu'à mon dortoir. Des insultes m'étaient lancées sur mon passage au moins une fois par jour, et parfois, on me jetait des choses au visage. J'avais eu droit à des épluchures de fruits, à des chaussettes sales roulées en boule dans les couloirs du dortoir, à un verre d'eau une fois, et aussi dernièrement, le contenu d'une poubelle. J'essayai d'éviter au maximum ces fâcheuses rencontres qui me tordaient le ventre. Néanmoins, je refusais de faire taire ma personnalité pour eux. Je m'étais battu tant d'années, que m'écraser encore m'aurait trop fait souffrir. Je devais être là pour les générations transgenres futures, pour ces enfants qui naîtraient dans le mauvais corps, pour leur identité bafouée.
Souvent, je pleurais en silence, le soir dans mon lit, en espérant que la vie me réservait encore de belles surprises, plutôt qu'une vague de haine.
— Tiens !
Je récupérai mon verre, et repositionnai mon sac sur mon épaule. Jungkook posa sa main sur ma hanche, et m'électrisa. Il récupéra une bière sur le comptoir, et m'envoya un sourire doux auquel je répondis. J'étais fâché. Il n'avait jamais reparlé de la soirée, et j'avais dû porter son suçon durant une semaine alors qu'il l'ignorait royalement, comme s'il n'en était pas à l'origine.
Je n'avais pas forcé la discussion. J'étais parfois épuisé de notre relation. Jungkook buvait beaucoup. Trop même, comme s'il cherchait une excuse à ses comportements. Car non, ce n'était pas arrivé qu'une fois. En général, il attendait d'être bien torché pour venir se frotter à moi, le regard vitreux. Ensuite, il glissait ses mains sur mon corps, ses lèvres dans mon cou. Il soufflait le chaud et le froid, et me sortait toute l'artillerie lourde pour me faire tomber dans ses filets. Ensuite, lorsqu'il décuvait, il s'échappait et me faussait compagnie, certainement honteux d'avoir cédé à ses envies.
— Hey !! hurla Gisèle, on fait un action ou vérité, vous venez ?!
— Quoi, ça existe encore ce jeu ? raillai-je.
— Taehyung, ne soit pas rasoir ! Allez, viens !
Je me tournai vers Jimin et Jungkook, qui haussèrent les épaules simultanément. Je roulai des yeux et les suivis jusqu'à une pièce attenante au salon, où un petit groupe était déjà installé à moitié sur le sol, et des banquettes.
— Installez-vous, indiqua Gisèle.
Le jeu commença, et je me sentis peu concerné, jusqu'à ce qu'une demi-heure plus tard, le regard d'un étudiant se pose sur moi avec insistance. Je remarquai ses yeux bleus, et je reconnus le type de la soirée d'Halloween. Je détournai le regard, les joues rouges, lorsqu'une voix me ramena au centre du cercle.
— Taehyung !
Mon regard se posa sur un sportif de la fac que j'avais déjà croisé. En général, il ne me portait pas d'attention particulière. Mais ce soir, je semblais l'intéresser.
— Oui ?
— Action ou vérité ?
— Euh... vérité... soufflai-je, embarrassé.
Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres, alors que tous les regards convergeaient dans ma direction.
— J'aimerais savoir... ce que tu caches sous tes robes.
Jungkook recracha sa bière, et se mit à tousser. Je sentis le sang affluer sur mon visage.
— Comment ça ?
— Eh bien... est-ce que t'as une chatte, ou une bite ?
Une bouteille de verre se brisa à ses côtés, et Jungkook se leva en titubant.
— Retire ce que t'as dit !!!
— Du calme, mec ! Y'a rien d'offensant... rétorqua le sportif.
— Ah oui ?!
— Ouais, je veux simplement savoir ce que je m'apprête à baiser...
Mon cœur rata un battement, et Jungkook se rua sur lui, le visage déformé par la colère.
— J'vais t'éclater ! Retire ce que t'as dit !!
Je me levai précipitamment pour les séparer, mais le bras du type me fit reculer, tandis que Jimin et d'autres étudiants tentaient de retenir Jungkook.
Le sportif s'approcha de moi en souriant, et me caressa la joue.
— Alors ?
— Je n'ai pas à répondre à cette question.
— Pourquoi ? Tu n'as rien à cacher, non ?
— Non, en effet. Mais ça ne regarde que moi.
Son sourire s'élargit et il posa sa main sur ma taille, mon cœur battant la chamade. À l'arrière, Jungkook se débattait en hurlant.
— Putain, lâchez-moi !!! Je vais le crever !
— Kook, arrête !! Il en vaut pas la peine ! criait Jimin.
— Arrête ça, mec, ils vont appeler les flics si tu déclenches une bagarre !
Le sportif se pencha à mon oreille, et ses mots me déclenchèrent une vague de frissons sur la colonne vertébrale.
— T'attends que ça, ça se voit... t'attends que j'te baise, moi et tous ceux qui le voudront... et tu ne diras rien... non, mieux... tu crieras, parce que t'es qu'une pute... c'est comme ça que tu te trimbales tous les jours... murmura-t-il en tirant sur le lacet de mon corsage. Alors c'est comme ça qu'on te traitera tous... on viendra te chercher... un soir, dans ton lit... tu t'y attendras pas... mais t'inquiète, tu prendras ton pied... et chacun de nous aussi... parce qu'on te passera tous dessus un par un...
Mon souffle se bloqua dans ma gorge. Les larmes inondèrent mes joues, et mes oreilles bourdonnèrent. Le regard que je lançai à Jimin devait être suffisamment évocateur, car il s'immobilisa, et relâcha Jungkook qui se rua sur le sportif. Les coups pleuvaient sûrement, peu importe, je ne voyais plus rien. Ma vue se brouilla, et je m'évanouis.
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Hello mes kiwis ! 🥝
J'espère que vous allez bien. J'ai vu que Wattpad allait supprimer les messages privés à partir du 6 mai. Je ne pourrai plus recevoir vos petits messages d'amour, je suis dépitée... 😭😭
Du coup, je vous laisse mon mail, au cas où : [email protected]
mon insta : hansoolparadise0109 (pour les fics)
max_rogier_correctrice (mon compte pro)
mon twitter :
Bon, on est d'accord, cette histoire d'action ou vérité, ça mène toujours aux embrouilles, non ? 🤨
J'espère que ce chapitre vous a plu, accrochez-vous pour le prochain. 😵💫
Des bisous, et à vendredi !!! 🥰
🤸🏻♀️
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