Le benjamin observait son aîné dormir avec toute la tendresse qu'éprouverait une mère à observer un enfant assoupi. Ce regard aimant traduisait l'amitié qu'il éprouvait pour Jimin et il poussa un soupir en songeant à tout ce qui se passait dans la vie mouvementée du blondinet. Le garçon dormait avec sur le visage un air paisible, comme si le sommeil avait su éloigner ses tracas.

Le plus jeune venait de remonter de son salon, Jalang avait éteint la télévision en prétendant que le brun ne cessait plus de couler son regard sur Julia – elle ne cherchait plus à dissimuler sa jalousie.

Autrement dit, à peine un quart d'heure après le départ de l'aîné, les deux autres étaient partis se coucher à leur tour, l'un dans sa chambre dans les combles, et l'autre dans une chambre d'ami de l'étage.

Et pourtant, malgré le fait que l'histoire de Jimin titille sa conscience, ce n'était pas ça qui empêchait Jungkook de dormir, ou même de se coucher, c'était Jalang. Avoir vu dans les yeux de celle qu'il aimait une jalousie naïve, ça l'avait touché, et il avait envie de parler avec elle, d'aller la voir, même s'il ne savait pas franchement quoi lui dire.

Alors il se pencha au-dessus de son aîné, dégagea de son front ses mèches blondes qui barraient ses yeux, et il déposa sur sa peau un chaste baiser dans l'espoir qu'il lui porte chance – après tout, il pouvait y croire, rien ne lui interdisait. Il observa le sourire de Jimin s'adoucir encore et crut un instant qu'il allait parler, mais ses lèvres ne se murent que pour lâcher un petit soupir qui demeura discret et témoignait de son bien-être.

Dans le monde des rêves, seul monde auquel appartenait désormais encore Yoongi.

Ainsi Jungkook se redressa, caressa une fois de plus sa douce chevelure blonde et s'en alla sans un mot, laissant son aîné dormir seul dans son grand lit – dans lequel ils avaient malgré tout toujours eu l'habitude de se serrer l'un contre l'autre pour dormir.

Il descendit silencieusement les escaliers, franchit la porte qui le mena au couloir et ouvrit la porte de la chambre dans laquelle son amie avait l'habitude de coucher lorsqu'elle passait la nuit ici. La lampe de chevet était allumée, Jalang se tenait au milieu de la pièce, vêtue d'un débardeur et d'un short de sport qui servaient de pyjama. Elle était assise en tailleur sur son lit, les yeux dans le vague et, dès que son ami fit son apparition, un sourire étira ses lèvres fines.

« Je savais que tu viendrais me voir. Tu veux t'excuser d'avoir maté Julia Roberts ?

- Non, elle était super mignonne, je vais quand même pas te demander pardon.

- Et après ça se croit gentleman...

- Je suis un gentleman, affirma malicieusement le brun.

- Je n'en doute pas. Tu mates les autres filles, tu me prends de haut, tu t'assures toujours de ne respecter aucune règle de politesse avec moi – surtout quand je viens de te battre à tes jeux préférés – et...

- Alors tu ne me bats pas, la corrigea Jungkook avec orgueil, je te laisse gagner, c'est très différent.

- Mais bien sûr où avais-je la tête. C'est pour ça que tu t'énerves à chaque fois.

- Je fais semblant. Je te laisse gagner pour avoir des gages, comme par exemple que tu danses tout contre moi.

- Jungkook... quel débauché, se moqua la jolie blonde. Alors comme ça tu aimes bien quand je danse pour toi... ?

- Fais pas l'innocente, ça ne sert plus à rien de mentir. On sait tous les deux que ça me plaît beaucoup... »

La blondinette eut un sourire espiègle et suivit du regard son ami qui vint prendre place à ses côtés sur son lit, assis comme elle en tailleur. Ils regardaient tous deux dans la même direction, observant le même point invisible dans l'obscurité du fond de la pièce.

« Ton ami va bien ? reprit Jalang.

- Il n'a pas l'air d'avoir pleuré avant de s'endormir, même si tel que je le connais il a dû lâcher une ou deux larmes, au moins avant de venir là.

- C'est sexy un gars sensible.

- Plus ou moins sexy que Julia Roberts ? la nargua Jungkook.

- Ferme ta gueule.

- Quelle violence Jalie...

- Je t'ai dit de la fermer ! »

L'œil malicieux, elle fit brutalement volte-face vers lui avant de le plaquer sur le matelas sans mal, il se laissa faire comme s'il s'attendait à ce genre de réaction.

« Trop prévisible, lui reprocha-t-il, j'aurais pu t'en empêcher sans difficulté si j'avais voulu.

- Mais tu n'as pas voulu m'en empêcher donc... ?

- Visiblement, en effet.

- Et pourquoi ? Tu aimes bien quand je suis... sur toi ? »

Elle termina sa phrase en un murmure soufflé à son oreille, tirant un agréable frisson au brun qui demeura immobile, allongé sur le dos, les mains de Jalang sur son pectoral et leurs deux bassins trop proches pour que ce contact puisse sembler innocent. Les lèvres de la jeune femme glissèrent sensuellement près de sa nuque pour descendre sur sa mâchoire et s'approcher dangereusement des lèvres de son ami qui n'osait plus esquisser le moindre mouvement.

« Oppa... tu n'as pas répondu, susurra-t-elle d'une voix torride. Est-ce que tu aimes que je sois ici, sur toi ? »

Ses mains débutèrent de languissants mouvements sur son torse alors même que son regard ardent était verrouillé au sien, c'était comme un combat dont Jungkook savait d'avance qu'il était le perdant. Au fil des jours puis des semaines, elle avait tout gagné, tout jusqu'à son cœur. Il avait depuis longtemps baissé les bras et tracé une croix sur les coups d'un soir, car plus rien d'autre que cette fille mal habillée avec un tempérament de merde ne l'intéressait. Elle l'obnubilait, le fascinait, elle était superbe et il voulait être le premier à poser les mains – ou les lèvres – sur sa peau nacrée.

Tout chez ce démon tenait de l'ange, elle avait en elle ce petit quelque chose sur lequel on ne pouvait poser aucun mot, ce petit je-ne-sais-quoi qui faisait battre son cœur et dont il n'était capable de décrire que les sentiments qu'il lui inspirait – l'euphorie lorsqu'il la voyait, l'envie de se rapprocher d'elle, l'envie de l'étreindre, de la faire sourire et d'entendre son rire.

Elle embrassa sa joue avec une douceur épatante, câlinant tendrement son torse, et elle s'abaissa pour poser son bassin sur le sien, l'air narquois, comme pour le provoquer – ce qui marchait furieusement bien puisque Jungkook avait la féroce envie de lui faire bien plus que de simples bisous sur la joue. Elle remonta l'une de ses mains sur sa joue pour y passer avec délicatesse son pouce, appréciant de cette manière la peau douce de son visage qui quittait peu à peu l'enfance qui le marquait toujours, et elle laissa son doigt dériver sur ses lèvres légèrement rosées et vaguement humides

« Tu n'es pas bavard... n'est-ce pas oppa ? » chuchota-t-elle encore.

Puis elle détourna son visage qu'elle enfouit dans le cou brûlant de son ami, causant alors la première réaction du brun qui posa les mains sur ses hanches en les caressant de façon surfacique, par-dessus son t-shirt.

« Ne m'appelle pas comme ça, je déteste ça. »

Elle jubila silencieusement et expira contre son épiderme, si bien que Jungkook sentit sur son cou un souffle chaud et agréable qui le poussa à bouger une main pour la poser dans ses longs cheveux blonds et l'obliger à rester contre lui.

« Jalie tu fais chier...

- Et pourquoi ?

- Pourquoi tu fais tout ça ?

- Tu sais pourquoi.

- Tu fais vraiment chier.

- Je suis très douée dans ce domaine. »

Elle ricana tout en enclenchant un seul mouvement contre son bassin, seul mouvement qui fut déjà de trop. Sentir sa peau si près de la sienne avait le don de lui faire perdre la tête, et sans qu'il ne la voie elle se passa doucement la langue sur le pourtour des lèvres, comme mise en appétit par le magnifique jeune homme dont il semblait qu'elle avait le total contrôle à présent.

« Jalang arrête de faire ça.

- De faire quoi ?

- Ça te ressemble pas. T'es pas si tactile d'habitude.

- Et toi t'es pas si froid. C'est à cause de Jimin ?

- Nan je sais pas, soupira Jungkook tandis que la blondinette se replaçait à quatre pattes correctement au-dessus de lui, c'est bizarre, je saurais pas expliquer.

- T'as pas à avoir honte. Tu peux me le dire si tu me kiffes. »

Jungkook laissa échapper un rire contagieux, et Jalang se laissa retomber à côté de lui, sur le dos, un bras nonchalamment abandonné sur le ventre de son brun.

« Bah putain, t'as de sacrés abdos... »

Il sourit, comme si toute la tension née entre eux s'était évaporée en l'espace de quelques instants. Ce climat un peu étrange auquel ils avaient dû faire face s'était totalement évanoui pour laisser la place à un moment tel qu'ils en avaient l'habitude.

« Ça c'est parce que je fais du sport, répliqua Jungkook.

- Tu te goinfres de cochonneries toute la journée.

- Oui mais je fais vraiment beaucoup de sport.

- C'est ça, fais ton malin...

- T'es jalouse ?

- Pff, même pas vrai.

- Tu peux le dire que j'ai un corps magnifique.

- Tes chevilles sont déjà assez larges comme ça, rétorqua Jalang en s'allongeant sur le flanc dos à lui.

- Moi je trouve pas : elles tiennent toujours dans mes chaussettes, c'est bon signe.

- T'es vraiment idiot... »

Il sourit avec tendresse et vint s'allonger contre elle, le torse contre son dos, passant une main innocente autour de sa taille pour la serrer affectueusement. Ils ne restèrent silencieux que quelques instants avant que Jungkook ne soupire :

« C'est un peu à cause de Jimin, ouais.

- Tu t'inquiètes pour lui ?

- C'est quelqu'un de très attentif aux gens qui l'entourent, j'étais content qu'il devienne infirmier, pour moi c'était vraiment sa voie, mais je sais aussi qu'il est très attaché à sa famille et à ses amis, j'ai peur qu'il se sente vraiment mal, seul à Amsterdam. Et puis... depuis qu'il travaille, on se voit de moins en moins souvent et ça me manque qu'il ne soit plus avec moi alors...

- Je suis là moi, sourit Jalang sans qu'il ne puisse la voir.

- Tu penses que je te considère comme Jimin ?

- Oula non, j'espère pas. Vous vous connaissez depuis combien de temps ?

- Je saurais même pas dire. Jimin a toujours été quelqu'un d'adorable, et comme il était un peu plus âgé que moi, j'ai tout de suite commencé à l'appelé Hyung, avant même qu'on soit de vrais amis. On était enfants, je le percevais comme mon grand frère, un grand frère qui me donnait toujours un peu de son argent de poche pour que je m'achète des bonbons : mes parents avaient beau avoir de l'argent, il était hors de question pour eux de donner le moindre won à un enfant de dix ans. Alors Jimin me donnait un peu d'argent et après l'école, on allait s'acheter des bonbons avant que nos parents n'arrivent. Chaque fois qu'ils me retrouvaient avec une sucette dans la bouche, je me faisais gentiment disputer, et comme ils savaient que mon seul vrai ami était Jimin et que c'était donc lui qui me les offrait, chaque fois qu'il m'invitait à son anniversaire, on lui achetait un très beau cadeau pour le remercier. J'adorais le voir content.

- C'est vraiment trop mignon, murmura Jalang, je fonds complètement.

- Et ça n'a pas changé, il est toujours mon Hyung maintenant, et... et ça va me faire bizarre qu'il soit si loin de moi.

- Ow Kook.

- Je pense que je vais remonter passer une dernière nuit avec lui...

- Je comprends. Dors bien.

- Toi aussi. »

Elle se retourna pour lui adresser une moue attendrie, et ils échangèrent un rapide sourire puis leurs lèvres se frôlèrent, se cherchèrent, et se trouvèrent amoureusement. Enlacés dans les bras l'un de l'autre, les paupières closes pour centrer leur attention sur leur échange, ils partageaient un baiser doux et enflammé, où langues et salives se mêlaient pour exprimer dans l'obscurité à peine éclairée par la lampe tous les sentiments qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.

Le jeune homme mit fin à cet instant et, adressant un sourire sincère à la jeune fille aux yeux étincelants, il lui souhaita une fois de plus de bien dormir.

« Du coup, bredouilla Jalang en arrêtant de cette façon Jungkook qui s'apprêtait à partir, tu comptes lui dire à Jimin qu'on est ensemble depuis deux jours ?

- Plus tard, c'est pas franchement le bon moment pour l'instant.

- Ouais c'est vrai. Bonne nuit Kookie.

- Bonne nuit ma Jalie. »

Il revint à elle poser une dernière fois ses lèvres sur les siennes puis il s'en alla, suivi jusqu'à ce qu'il ferme la porte par le regard aimant de sa petite-amie.