Chapitre 16
▪ Magnus ▪
— Excuse-moi, je croyais que...
Confus, Alec s'écarte. Je pense que ma réaction n'est pas celle qu'il attendait. Et c'est normal, parce qu'à n'importe quel autre moment je lui aurais probablement moi-même sauté dessus après qu'il m'ait dit qu'il est gay et que je lui plais. Je ne m'y attendais pas, j'étais persuadé qu'il avait passé la nuit avec Lydia, après leur premier rencard. J'ai à peine les mots pour dire à quel point je suis heureux de savoir la vérité.
— Je croyais que je te plaisais, souffle-t-il, désemparé.
— Bien sûr que tu me plais, Alec.
Je tends la main pour attraper la sienne et détourne les yeux. Encore une fois, je me sens gêné et honteux. Mon comportement est insensé, j'en ai conscience et ce n'est malheureusement pas nouveau.
— Alors qu'est-ce qui ne va pas ?
— Mais tu... tu as vu ce que j'ai fait, tu ne me trouves pas... Enfin, c'est dégoûtant.
Instinctivement, je passe ma main libre sur ma bouche, comme pour l'essuyer encore une fois. Camille avait l'habitude de me répéter que j'étais sale et qu'elle arrivait à peine à me regarder quand elle comprenait que je m'étais fait vomir. D'autres l'avaient fait avant elle, mais peut-être pas avec autant de hargne et ça m'a un peu moins marqué.
— J'ai vu. Et alors ? J'ai aussi entendu quand tu t'es rincé la bouche.
Ses doigts se serrent sur les miens et je le regarde pour le voir s'approcher de nouveau. Sauf que cette fois il ne s'arrête pas et dépose ses lèvres sur les miennes. La surprise passe rapidement et je sens toute la tension de mon corps disparaître à ce simple contact. Il entrecroise nos doigts et pose son autre main sur ma joue alors que je sens mes lèvres bouger contre sa bouche sans même que j'y pense.
Je ne vais pas mentir, j'avais rêvé à un tout autre premier baiser avec cet homme. J'avais rêvé d'un moment où j'aurais été magnifique, resplendissant et pailleté ; fier et confiant. Pas avec mon maquillage qui s'est à moitié estompé à cause de mes larmes, pas quand je tremble encore de mes conneries, pas quand je me sens en dessous de tout.
Pourtant ce baiser n'est rien de moins que parfait et d'une tendresse à me faire fondre. Je découvre avec bonheur ses lèvres charnues et la chaleur de sa main sur ma peau qui ne me donne qu'une envie : me lover contre lui. Mais je reste sage, je profite de l'instant. Des frissons parcourent ma peau et mon cœur tape violemment contre mes côtes. Pour la première fois depuis longtemps, je sens même des papillons voleter dans mon ventre.
Quand il met fin au baiser, je rouvre lentement les yeux pour tomber sur son sourire. Je me sens rougir comme un gamin et enfouis mon visage contre son épaule pour me cacher. Mais il ne dit rien et on reste ainsi, simplement.
— Tu veux toujours qu'on regarde un film ? lui demandé-je après quelques minutes.
Il hoche la tête et je me redresse, je dépose un baiser sur sa bouche avant de me lever pour attraper les télécommandes, posées à côté de la télévision. On se met assez vite d'accord pour regarder le dernier Top Gun puis je lance le film.
Tout intéressant qu'il soit – et je ne peux pas vraiment en jurer – mon esprit ne cesse de vagabonder. Après quelques minutes de concentration, je finis par penser à d'autres choses : l'homme à côté de moi qui me semble à la fois si près et trop loin ; le fait qu'il m'a surpris dans un de mes pires moments de vulnérabilité ; le fait qu'il n'en profite pas pour me juger et me rabaisser ; le fait que je n'ai aucune idée de ce que je suis censé faire maintenant.
Je ne crois pas qu'il sache exactement ce qui se passe. Beaucoup d'étudiants de Juilliard se font vomir, il a raison, et ça ne m'étonne qu'à moitié que son frère ait fait pareil à l'époque, même si je trouve cela triste. Mais la plupart s'en sortent en réalisant que c'est mauvais pour leur santé ou quand on le leur fait réaliser. Et puis il y a ceux qui ne peuvent pas s'empêcher de le faire. Les anorexiques sont assez vite repérés à cause de leur état général qui se dégrade. Les boulimiques tiennent mieux la distance, j'en sais quelque chose. Mais je n'ai pas envie d'expliquer ça à Alec. Je n'ai pas envie d'en parler, de manière générale, mais j'ai encore moins envie de lui avouer à quel point je suis détraqué. Je suis bien assez excentrique, pas besoin qu'il se rende compte que je souffre, en plus, d'un trouble du comportement alimentaire.
Je cligne des yeux en soupirant le plus silencieusement possible et tente encore de me concentrer sur l'histoire mais je sens le regard d'Alec sur moi. Je le regarde à mon tour.
— Quelque chose ne va pas ? lui demandé-je, sans trop savoir depuis combien de temps il me fixe.
— Non. Tu avais l'air dans tes pensées.
— Ce n'est rien, je suis juste un peu fatigué.
Il me sourit et se rapproche de moi tout en passant un bras autour de mes épaules pour m'attirer vers lui. Sa main conduit doucement ma tête jusqu'à son épaule avant qu'il ne cale sa tête contre la mienne. Je ne peux juste pas faire autrement que sourire. Plus serein, j'attrape sa main pour entrecroiser nos doigts et tente une nouvelle fois de regarder ce fichu film.
Lorsque le film se termine, nous sommes en train de nous embrasser et je serais bien en peine de raconter la deuxième moitié du film. Nos baisers tendres et presque chastes sont interrompus par la musique brusque et un peu plus forte du générique de fin. Je tends le bras pour attraper la télécommande et arrêter le film puis, quand je me tourne vers Alec à nouveau, il regarde son téléphone. Il vérifie probablement que ses parents ne lui ont pas envoyé de message à propos d'Anna qui, si j'ai bien compris, est chez eux ce soir. Encore malade, pauvre princesse.
Dans tous les cas, je m'aperçois que l'atmosphère a changé et est redevenue un peu hésitante. Alec range son téléphone en soupirant silencieusement.
— Il est tard... Je devrais rentrer.
Je me mords la lèvre. Je n'ai pas envie qu'il parte et je ne pense pas qu'il en ait envie non plus parce qu'il ne fait pas mine de se lever. Alors je me rapproche et glisse ma main sur son torse.
— Ou bien tu pourrais rester, proposé-je en accrochant doucement mes doigts au col de sa chemise. Tu pourrais passer la nuit ici... Enfin, si tu veux.
— Je pourrais, répond-il avec un sourire un coin.
Je me mords la lèvre et me penche vers lui pour l'embrasser. Puis, mû par cette envie qui ne m'a pas lâché de me lover contre lui, je me glisse sur ses cuisses et passe mes bras autour de son cou. Je le sens souffler contre ma bouche, il a une légère hésitation avant de poser ses mains sur ma taille. Je comprends que je l'ai surpris, mais je ne pensais pas non plus avoir aussi peu de retenue. Pour ma défense, j'ai passé des années à me retenir pour la bonne image de la compagnie et j'en ai assez. Maintenant que je suis près d'Alec, que je sais que je lui plais, je ne peux pas faire comme si je n'étais pas désespéré de sentir sa peau contre la mienne.
Malgré sa surprise, Alec répond à mon baiser avec enthousiasme. Il entrouvre la bouche pour approfondir le baiser et ses mains passent sous ma chemise pour caresser ma peau. Cette fois, c'est moi qui soupire contre sa langue. Je sens le bout de ses doigts qui découvrent lentement mon corps. Ils caressent ma taille puis mes côtes et redescendent dans mon dos. L'une de ses mains remonte ensuite sur mon torse tandis que ses lèvres se glissent dans mon cou. Tout en même temps, il se met à suçoter ma peau et caresser l'un de mes tétons, ce qui tire un gémissement hors de ma bouche.
— Alexander...
Il relâche ma peau et je me dis que j'ai fait une erreur, c'est sorti tout seul. Il relève les yeux vers moi et je m'apprête à m'excuser mais son rire me coupe dans mon élan.
— Ne fais pas cette tête, dit-il. Je t'assure que ça ne me dérange pas que tu m'appelles par mon prénom entier.
Je l'observe, je réfléchis. Je crois que c'est ce qu'il a déjà essayé de me dire tout à l'heure, quand nous sommes arrivés chez Clary. Ça m'a paru un peu bizarre et j'ai essayé de ne pas y faire attention. Je me suis dit que c'était peut-être juste pour être gentil parce que j'ai pas assez bien caché que j'avais du mal à ne pas prononcer son prénom. Maintenant, j'ai envie d'en être sûr.
— Mais tu n'aimes pas qu'on t'appelle comme ça, n'est-ce pas ?
— J'y suis peu habitué, c'est tout. Pour tout le monde, c'est plus simple de m'appeler « Alec ».
— Quel dommage, soufflé-je en caressant sa nuque. Ton prénom est si beau. Alexander...
— Tu trouves ?
Avec un sourire, je hoche la tête et il m'embrasse. Il presse ses lèvres sur les miennes, passe ses bras dans mon dos pour me serrer contre lui.
— Je dois avouer que je ne l'ai jamais autant aimé que dans ta bouche.
Le sang me monte aux joues, mon cœur rate un battement et je ne saurais dire ce qui me fait le plus d'effet. Ses paroles. Ou le fait que sa voix soit devenue plus rauque, brusquement.
— Oh, il y a autre chose que tu aimeras dans ma bouche ! rétorqué-je, provocateur, pour cacher ma gêne.
— Tu me rends fou quand tu dis ce genre de chose.
Mon sourire étire un peu plus ma bouche que je plaque encore contre la sienne. Je n'osais plus espérer que ça lui fasse le moindre effet même si je n'essaie pas toujours d'être provocant, mais je ne vais pas nier que j'adore quand ça fonctionne. Surtout sur lui. J'abandonne ses lèvres pour aller embrasser son cou, goûtant sa peau avec un plaisir que je n'aurais pas cru possible. Depuis quand n'ai-je pas eu envie de quelqu'un à ce point ? Je ne m'en rappelle pas. Peut-être n'est-ce encore jamais arrivé.
Ses doigts continuent d'explorer mon dos puis mon torse et quand ils se faufilent à l'intérieur de mon pantalon, mon excitation crève le plafond. Je me retiens de mordre son épaule et approche ma bouche de son oreille.
— Et si on continuait dans ma chambre ? grogné-je en embrassant son lobe.
— Avec plaisir !
Comme s'il n'avait attendu que ça, il se lève en me gardant contre lui. Je resserre mes cuisses autour de sa taille, par réflexe, et m'accroche à son cou. Je n'ai pas le temps de poser la moindre question qu'il me demande si ma chambre est bien à l'étage. J'acquiesce et il part vers les escaliers, le plus naturellement du monde. L'une de ses mains migre sous ma cuisse, alors que son autre bras enlace ma taille pour me soutenir. Je suis surpris qu'il parvienne à me soulever avec si peu d'effort – ou en tout cas, il ne laisse rien paraître – mais avec un chien de la taille d'Otis à gérer au quotidien, ce n'est peut-être pas si étonnant.
Je profite du chemin pour continuer d'embrasser tendrement sa gorge, m'exhortant à rester sage pour l'instant, ce qui n'est pas chose facile. Je l'entends soupirer à chaque baiser, à chaque fois que mon bassin frotte contre son ventre, ne lui cachant rien de mon excitation. Je ne suis pourtant pas gêné, j'ai pu deviner la sienne quand j'étais assis sur lui.
Une fois dans le couloir de l'étage, je lui montre la porte qui donne sur ma chambre – les deux seules autres portes sont : celle de la salle de bain, qu'il a déjà entraperçue, et celle du dressing. J'appuie maladroitement sur la poignée, sans regarder ce que je fais parce que je n'ai aucune envie d'arrêter de l'embrasser, et on entre dans la pièce, j'allume la lumière en passant. À peine sommes-nous arrivés sur le lit que je glisse mes mains sur son torse pour déboutonner sa chemise et je profite qu'il termine de la retirer lui-même pour contempler son corps sublime et les muscles sur lesquels j'ai tellement fantasmé ces derniers jours. Il reprend ma bouche et m'allonge sur le drap. Le baiser devient fougueux, mes mains descendent jusqu'à sa ceinture que je galère un peu à ouvrir. Mais j'y parviens après quelques instants. Malheureusement, je n'ai pas l'occasion de continuer mon exploration, Alec m'a pris de vitesse.
Chemise ouverte et la main de mon amant à l'intérieur de mon boxer, je me retrouve incapable de faire autre chose que soupirer en essayant de retenir mes gémissements tandis que ses lèvres embrassent mon torse. Il fait descendre mon pantalon sur mes cuisses et ses doigts s'enroulent autour de mon sexe, entamant un léger mouvement. Mes mains se posent, l'une sur son épaule, l'autre dans ses cheveux. Je frémis quand je sens sa langue passer sur mon ventre et j'enfonce mes doigts dans son épaule.
Craignant de ne pas pouvoir tenir très longtemps s'il continue à m'attiser de la sorte, je repousse sa main et attire son visage vers le mien pour l'embrasser. Mon corps est toujours parcouru de frissons, j'essaie de reprendre mes esprits mais mon désir ne se calme pas. En fait, plus les secondes passent, plus il m'enflamme. Je reprends mes caresses sur le corps merveilleux de mon amant qui continue de m'enlever mon pantalon, petit à petit, me forçant à me redresser. Je m'attaque alors au sien et attrape le tissu de son boxer en même temps. Il grogne quand j'effleure sa verge en le déshabillant et mon ventre se tord un peu plus d'envie.
Empressés, on termine de se déshabiller avec des gestes maladroits avant de recommencer à s'embrasser follement. On retombe allongés sur le lit, l'un à côté de l'autre, toujours dans les bras l'un de l'autre. Nos corps continuent de s'échauffer et la pièce s'emplit de nos soupirs. Je m'écarte finalement pour prendre le tube de lubrifiant et les préservatifs dans ma table de chevet. Comme j'ai dû me tourner, Alec m'attire contre son torse sans me laisser me remettre face à lui, il me prend le tube des mains et s'en enduit les doigts. Il me laisse tout juste tourner la tête pour pouvoir l'embrasser et je sens deux de ses doigts se glisser en moi. Je gémis contre ses lèvres et le mords tendrement. Le mouvement de ses doigts me coupe déjà le souffle, c'est à peine si je sens la douleur tant je suis excité. Je passe une main derrière moi et caresse sa verge que je sens contre l'arrière de ma cuisse.
Je dois me mordre la lèvre pour réprimer un gémissement de frustration quand il retire ses doigts mais j'accueille avec soulagement les quelques instants de répit qu'il me laisse pendant qu'il enfile un préservatif. L'une de ses mains se pose ensuite sur ma taille, l'autre passe de nouveau autour de mon ventre, et il se presse contre mes fesses. D'un mouvement lent, il me pénètre jusqu'à la garde puis se retire avant de revenir à l'intérieur de moi. Je renverse ma tête contre son épaule, des gémissements quittent déjà mes lèvres au rythme de ses va-et-vient qui ne tardent pas à accélérer. Ses doigts se resserrent sur ma peau, son souffle s'affole dans mon cou où il a enfoui son visage.
J'ai le coeur qui bat à une vitesse folle, complètement mis à mal par son étreinte à la fois tendre et passionnée. Le plaisir grimpe, je me surprends à crier le prénom de mon amant. Cela doit lui plaire, parce qu'il me mord la nuque, et la salve de frissons qui parcourt alors mon échine me fait trembler. Il grogne tout près de mon oreille et me rend la politesse. Mon cœur s'arrête presque de battre en entendant sa voix rauque de désir prononcer mon prénom. Sa main glisse de ma taille à ma cuisse qu'il relève un peu pour me donner un appui et il se met à bouger plus fort. Ses coups de butoir décuplent notre plaisir. Je prends mon sexe dans ma main pour me caresser et j'atteins l'orgasme en même temps qu'Alexander qui me serre plus fort contre lui, ses lèvres plaquées sur mon épaule.
Lorsque nos respirations s'apaisent, mon amant se retire de mon corps et je me tourne vers lui. Les yeux fermés, il passe une main sur son visage en soupirant. Je prends sa main libre pour en embrasser la paume puis y frotter ma joue. Il me regarde, sourcils haussés, avec un sourire au coin de sa bouche. Je crois que je ne supporte déjà plus qu'il ne me touche pas...
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