J' habitais dans une cité HLM pas forcément malfamée, mais pas nécessairement un endroit à se promener toute seule la nuit.
J' avais trouvé un petit appartement sympa au 16ème étage d' une tour de 17 étages.
Je ne connaissais pas grand monde dans la tour. Huit appartements par étages cela fait beaucoup de monde. Quand en plus, tu pars le matin vers 8 h et que tu reviens vers 19 h, tu croises pas grand monde.
Heureusement, j' étais la chanceuse propriétaire d' un chien énormément blagueur ! Il avait l' habitude de ne pas obéir ! C' est ainsi que je rencontrai Simon, quand il m'aida à faire entendre raison à ce stupide animal. Il habitait la même tour que la mienne, au 17ème.
Dès lors, nous discutions régulièrement dans l' ascenseur. Très souriant, moqueur, mais sans aucune méchanceté.
Un soir, il m' invita à passer durant le week-end lui rendre une petite visite, ce que j'acceptais bien évidemment. J'étais seule, il était plus âgé que moi, sûrement de quelques années, mais je ne ressentai aucune attirance physique.
Le dimanche, je montais à son étage.
Il avait l' appartement à côté de la machinerie de l' ascenseur.
Évidemment cela faisait du bruit, mais Simon, inventif, avait su détourner cet inconvénient. Dans toutes les pièces de son appartement, un t2, se trouvaient des enceintes branchées à sa chaîne hi-fi. Même aux WC. Ainsi, le bruit de la machinerie était presque intégralement étouffé.
Il va sans dire que je me retrouvais régulièrement chez lui.
Nous discutions de tout et de rien, de la vie dans la tour, des problèmes courants.
Au fil d' une conversation banale, je lui faisais part d' un souci.

- Simon, est-ce que les témoins de Jéhovah sonnent chez toi ?
- Ah non, jamais, pourquoi ?
- Tu me connais, je leur ai ouvert la porte, l' autre jour. Et maintenant...
- Ils ne te lâchent plus. Ne réponds plus à la sonnette, ils vont abandonner.
- Tu me prends pour une idiote ! J' ai déjà essayé, ils s' en moquent.
- J' ai une idée. Laisse-moi y réfléchir, je te tiens au courant.

Une semaine ou deux passèrent avec deux ou trois visites insistantes des témoins de Jéhovah. Mais Simon, fort occupé supposais-je, ne me donnait aucune nouvelle. Par timidité, je ne voulais pas le déranger non plus. Après tout, j'étais grande( pas en taille !), j'étais la principale responsable de cette situation, c'était donc à moi de m'en sortir seule. L' idée était bonne mais dans les faits, beaucoup moins facile.

Un soir, alors que je promenais mon chien, Simon m' interpella.

- Ça va ! J'ai réfléchi à ton truc, Mayou. C'est toujours d'actualité ?
- Hélas oui. J'ai essayé...
- Te tracasses pas, tu vas voir, on va t' en débarrasser et en plus on va rire. Je monte avec toi pour t'expliquer me dit-il mort de rire.

Le dimanche, je lisais tranquillement quand on sonna à la porte. Je jetais un oeil et sans grande surprise je reconnus les témoins de Jéhovah. M'excusant de les faire attendre un petit instant, j' appelai Simon comme convenu la veille.
Puis je les fis entrer chez moi. J' en connaissais une des deux. Poliment, je leur proposer de s' installer dans la salle. Puis j' écoutai une fois de plus leur laïus habituel. Puis avec l' espoir d' être crédible, je leur avouai avoir discuté avec un ami de leur dernier passage. Que celui-ci, très concerné par la religion, avait regretté de n' avoir jamais eu l' occasion de discuter avec des témoins de Jéhovah.
A voir le regard qu' elles se lancèrent, je sus que c' était gagné.
Puis, prenant un air inspiré, je leur proposai de tenter de joindre l' ami en question. Habitant dans la tour, s' il était disponible bien entendu, ce serait facile pour elles de le rencontrer.
Elles trouvèrent l' idée intéressante.
Je pris le téléphone et appelai Simon qui accepta bien sûr que nous passions le voir. Disons dans dix minutes.
Honnêtement, cela a été
dix longues minutes pour moi. Discuter avec elles en restant concentrée et sérieuse a été compliqué mais j' y suis arrivée.

Simon habitant l' étage supérieur, il ne fallut pas longtemps pour rejoindre son appartement. La musique était forte derrière la porte. Je sonnai une fois, puis une deuxième. Quand j' entendis le bruit du verrou, j' avais de plus en plus de mal à garder mon sérieux.
La porte s' ouvrit sur un Simon complètement nu, encadré par deux copines dans la même tenue.
Je retenais mon fou rire difficilement, mais quand il les dévisagea avec un air pervers à souhait et leur dit " Ah enfin, nous vous attendions, entrez !!" j' avoue ne pas avoir pu contrôler mon fou rire.
Il m' avait expliqué pour lui, il avait juste oublier de me parler de ses copines.
Ce n' est peut-être pas la peine de préciser que je ne fus plus dérangée, et Simon encore moins.