Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

SuA - Retrouvailles

Relation : SuA x Lectrice

Catégorie(s) : Angst, Fluff, Smut

Tags : rupture, ex, fingering, sexe oral/cunnilingus

Nombre de mots : 10 650

Résumé : La lectrice souffre encore de sa rupture avec SuA. Après des semaines désespérées, elles se retrouvent toutes deux à une soirée commune...

Note d'autrice : Je vous ai manqué ? C'est ma plus longue œuvre, et sûrement ma préférée













Je détestais de plus en plus la routine que je devais supporter. En début d'année, tout se passait bien mieux, lorsque chaque matin j'anticipais avec joie la journée qui m'attendait au lycée. Mais aujourd'hui, tous les sourires qu'on me connaissait si bien avaient disparu. Je passais les portes de l'établissement avec bien plus d'appréhension, d'angoisse. Il était pourtant dur de pouvoir me justifier. Bien sûr, je souffrais d'une déception amoureuse, mais le fait que ma rupture avec SuA se fût passée il y a des mois déjà me rendait ridicule. La séparation était encore difficile pour moi, pour la simple raison que mes sentiments pour elle ne m'avaient toujours pas quittée. Il était bien trop dur de passer à autre chose, de tourner la page, quand je continuer à voir tous les jours celle qui m'avait longtemps redonné espoir, élargi mes sourires et essuyé mes larmes sans pouvoir l'atteindre comme avant.

Je la croisais dans les couloirs, entendais son rire si singulier et sa voix si puissante. Elle avait l'air de très bien s'en sortir de son côté, d'avoir facilement oublié notre relation. J'aurais aimé lui en vouloir, mais c'était plutôt moi-même que je blâmais pour continuellement m'accrocher à des espoirs vains.

Tous les mois pendant lesquels avait tenu notre relation nous avaient fait briller. Nos amies étaient toutes communes, car on avait composé un groupe, et elles nous avaient toujours entourées nous deux. Ainsi, elles étaient aujourd'hui plutôt torturées entre devoir traîner avec SuA ou moi. Il était toujours embarrassant de voir leurs sourires maladroitement compatissants lorsqu'elles devaient m'avouer qu'elles se dirigeaient vers celle-ci.

Être tombée amoureuse de SuA avait toujours été positif. Peut-être que mes promesses volatiles de toujours l'aimer me conduisissent cyniquement à être encore très attachée à elle si longtemps après notre séparation. Depuis, tout avait changé. Mes places en cours avaient changé. Les personnes qui me tenaient compagnie avaient changé. Mes passe-temps avaient changé. Pourtant, mon amour pour elle était resté le même. Alors que SuA ne m'accordait rarement le moindre regard, je laissais souvent le mien se verrouiller sur elle.

Et, aujourd'hui était un de ces jours auxquels je n'avais pas envie d'assister. Ainsi discrète, à l'écart, passive, j'étais spectatrice de ma propre vie. Et je détestais ce spectacle. Je n'étais sûrement même pas le personnage principal de ma propre histoire, et me retrouvait alors comme le secondaire amené à souffrir en arrière plan. Je me sentais de cette façon depuis des mois. Et rien ne me permettait de voir les choses autrement.

J'entrais donc dans la première salle de ma journée. Probablement l'un des cours que j'aimais le moins suivre, et, au lieu de longuement fixer les aiguilles, je trouvais le temps plus rapide lorsque je me mettais à observer SuA. Elle ne prêtait certainement pas attention à moi. Elle était tout ce que je n'étais pas. Pourtant, lorsque j'avais été avec elle, je m'étais sentie comme si j'étais assez. Aujourd'hui, je me sentais misérable. Alors, en effet, quelques rangs derrière elle, je me trouvais apathiquement assise à la regarder vivre. Elle n'avait rien perdu de sa beauté, rien perdu de qui elle était. Son dynamisme était toujours aussi présent, habillé de sa bonne humeur constante. Je l'admirais beaucoup. Et avoir été aimée par SuA avait sûrement été l'une de mes plus grandes fiertés.

De ma place, je voyais de temps en temps l'éclat de ses yeux bruns. Ces yeux qui avaient si souvent été posés sur moi. Ces yeux qui m'avaient regardée, qui m'avaient aimée, qui s'étaient inquiétés pour moi. Je me souvenais très bien lorsqu'elle avait pris l'habitude d'encadrer mes joues pour me forcer à la regarder. Ce geste-là m'avait beaucoup plu, car je reconnaissais son sérieux et sa sincérité dans ses tendres iris. Ces yeux qui, aujourd'hui, ne me regardaient plus du tout.

Par ailleurs, je voyais la courbe de son visage de profil. J'avais toujours adoré la forme de son nez. Puis ses joues, auxquelles j'y frottais souvent les miennes pour y trouver du réconfort. SuA avait toujours trouvé cela adorable et je me sentais si bien dans ces moments-là.

Ensuite, mes yeux tombèrent sur ses lèvres. Oh, ses lèvres. Ce fut probablement la partie de son corps que j'aimais le plus, pour plein de raisons. Tout d'abord, son sourire. Son large sourire adorable. Qu'il était beau. J'avais souvent eu le privilège de ne l'avoir que pour moi, de pouvoir admirer la joie l'illuminer lorsqu'elle n'était qu'avec moi. Je me sentais spéciale aussi lorsqu'elle m'embrassait. Lorsqu'elle déposait ses si jolies lèvres sur mon front, mon nez, mes joues, ma bouche. Peu importe le lieu de ses baisers, ils étaient toujours précieux. Et ils me manquaient beaucoup.

Le voyage se poursuivit jusqu'à ses épaules découvertes et sa nuque partiellement visible. Ses cheveux bruns attachés en une queue de cheval et son haut laissant apparaître ses épaules me donnaient une vue sur des pans de sa peau. Et je m'en sentais déjà bien chanceuse aujourd'hui. Avant, l'avoir entièrement nue contre moi était ce que je préférais. Maintenant, je ne pouvais plus prétendre au même niveau. Et accéder à cette peau me rappelait des souvenirs. Lorsqu'on était ensemble, j'aimais m'amuser à recouvrir chaque parcelle de sa peau claire par des milliers de baisers. J'aimais la chérir. J'aimais l'aimer. Et j'aimais aussi lui donner du plaisir.

Mon esprit erra dans ma mémoire sans que je ne puisse l'en empêcher. À mon insu, des images de nuits que l'on avait partagé me revinrent. Et me voilà penser à SuA nue au dessus de moi ou en dessous de moi, cherchant à me taquiner ou ne faisant que soupirer. En laissant mon regard trop longtemps sur son cou, je pouvais même encore y revoir les traces que j'y laissais. Et sans que je puisse arrêter mes souvenirs, tout me revint. Absolument tout. Ses doigts traçant lentement des dessins imaginaires sur ma peau lorsqu'elle me répétait qu'elle m'aimait. Ses yeux ancrés dans les miens lorsqu'elle me donnait un plaisir immense. Nos peaux qui s'effleuraient, se touchaient, se caressaient. J'y repensais. Encore. Des mois après que tout cela soit derrière moi. Mais j'y repensais en ayant l'impression que ces chers instants n'appartenaient qu'à l'aube précédente tant ils étaient clairs. Comment pouvaient-ils m'être toujours aussi chers ?

Je n'écoutais pas le cours auquel j'assistais. À la place, j'avais l'impression d'assister à la vie de SuA. Je la voyais glousser en glissant des mots à sa voisine de table. Je la voyais faire tourner son stylo entre ses mains. Je la voyais écouter presque attentivement la leçon donnée. Je la voyais se gratter la nuque. Je ne voyais qu'elle. Comment avais-je pu me perdre autant ?

La fin du cours fut annoncée par une sonnerie. Une heure était passée. Une heure entière était-elle réellement passée ? Et voilà pour quelles raisons j'appréhendais chaque journée. Je passais chacune d'entre elles à rester attachée au passé, à me faire du mal. Comment SuA avait-elle pu passer à autre chose ? N'avait-elle pas aussi promis qu'elle m'aimait et qu'elle m'aimerait ? Si tous ses sourires étaient auparavant sincères, comment était-elle désormais capable de ne même plus me regarder ?

« Hey, » m'aborda une chère camarade, me rappelant sur Terre.

C'était Jiu qui s'inquiétait à nouveau pour moi. Son regard triste me faisait presque croire qu'elle avait la capacité de lire dans mes pensées, à moins qu'elle ne fussent grossièrement visibles sur mon visage expressif.

« Salut..., répondis-je finalement avec cette même monotonie qui ne me quittait pas depuis ces longs mois.

- Tu te tortures trop, » constata-t-elle une nouvelle fois.

Un rire amer s'échappa d'entre mes lèvres. Bien sûr. Bien sûr que mes pensées nocives venaient m'arracher chaque jour un peu plus d'espoir. Bien sûr que j'étais toujours trop concentrée sur celle qui m'avait oubliée. Bien sûr.

« Ouais, je sais.

- Je pense toujours que tu devrais lui parler.

- Pour quoi faire ? l'interrogeai-je, perplexe.

- Comme ça. Pour savoir. Ça peut être sain, je pense. Même si vous n'êtes plus liées, vous pouvez toujours communiquer. Tu pourrais ainsi savoir comment elle se porte, comment elle vit.

- Pour me dégoûter encore plus du fait que je sois la seule complètement paumée ? Non merci.

- Nan mais je te jure ! s'obstina Jiu. Penses-y, au moins. Ça pourrait t'aider à tourner la page. La voir de loin te torture, mais mettre les choses à plat pourrait être une façon d'y mettre un réel terme. »

Je ne répondis pas. À quoi bon ?

Plus tard dans la journée, je fus rejointe par d'autres amies. Je traînais aux côtés de Jiu à nouveau, mais aussi de Yoohyeon et de Gahyeon. La première profita de ce petit rassemblement pour annoncer :

« J'organise mon anniversaire chez moi la semaine prochaine ! J'espère que vous pourrez toutes venir.

- Y aura qui d'autre ? m'informai-je par précaution.

- À part vous, je compte aussi inviter au moins Dami, Siyeon, Handong et... SuA. »

Le nom que je redoutais. D'une part, j'adorais avoir l'occasion d'être proche d'elle, mais je détestais tellement la voir si stoïque, comme si je n'existais plus pour elle. Peut-être que Jiu avait souhaité me conseiller de lui parler a priori pour étouffer toutes éventuelles tensions. Je comprenais sa volonté, mais venir à sa soirée ne serait peut-être pas une bonne idée.




Je passai les jours suivants au lycée à m'occuper de la même manière, manière désespérée et ridicule, jusqu'à ce que le samedi soir où j'étais invitée chez Jiu ne tombât. Si on retirait SuA de ma réflexion, ce ne pouvait être qu'une bonne idée, une façon chaleureuse de me rapprocher de mes amies. Mais sa présence dans l'équation me faisait penser qu'il n'existât pas de solution adéquate. En revanche, ma décision fut rapidement prise. Bien sûr, la voir me ferait du mal et serait peut-être source de tensions. J'étais pourtant incapable de m'empêcher d'être attirée par elle. Alors, évidemment, je savais bien à l'avance que je finirais par accepter.

Une fois accueillie chez Jiu par celle-ci, la bonne ambiance me ravit. Je ne sus quoi ressentir entre un soulagement et de la déception lorsque je remarquai que SuA n'était pas encore arrivée. J'étais dans les dernières à arriver et tout le monde paraissait déjà enjoué. C'était agréable. Elle m'accompagna rapidement dans la chambre où tout le monde dormirait, et, une fois que j'y eusse déposé mes affaires, on retourna dans la pièce principale. Aucune activité extraordinaire n'avait été lancée et les filles ne faisaient que discuter. Je me mêlai discrètement à la conversation de Yoohyeon pour me faire oublier l'arrivée prochaine de SuA.

Toutefois, quelques minutes à peine ne me séparaient de ce que j'attendais autant que je redoutais. Elle ouvrit la porte. Je fus immédiatement happée par son sourire et ses longs cheveux qui retombaient cette fois sur ses épaules et coulaient le long de son dos. Son regard passa sur tout le monde, dont moi. Son éclat avait-il vacillé lorsqu'elle me vit ?

Très vite, on s'installa toutes les huit en rond sur le sol pour se lancer dans différents jeux. Je me faisais honnêtement plutôt discrète, ou au moins plus que d'habitude. Il était vrai que lorsqu'il s'agissait d'événements de ce type, je ressemblais assez à celle que j'aimais encore. On s'accordait beaucoup sur cela, faisant facilement perdre patience à toutes les autres. Un faible sourire se dessina presqu'imperceptiblement sur mes lèvres tandis que j'écoutais mes amies d'une oreille distraite. Ces réminiscences me torturaient encore. Et la voir assise en face de moi, à à peine deux mètres sans qu'elle ne pretât attention à moi était douloureux. Chacun des moments que l'on avait passé ensemble était incapable de quitter ma mémoire et ne m'en blessait que davantage.

« Alleeeez ! insista Handong. Un jeu de la bouteille, s'il vous plaît !

- Elle cache bien son jeu, perverse mais discrète ! »

À la remarque de Siyeon, tout le monde se mit à rire, moi y compris, à nouveau concentrée dans le moment présent. Handong se sentit alors exposée et cacha ses joues, embarrassée.

« Bref, ça vous dit ? redemanda-t-elle.

- Il faudra se mettre d'accord sur les règles, observa Dami.

- Ok, ok, reprit Jiu pour concentrer l'attention sur elle dans le but d'organiser le jeu. On avait déjà fait ça une fois. Donc je propose : on tourne la bouteille chacune notre tour, et lorsque qu'on tombe sur quelqu'un, on lui fait un câlin. Par contre, si on tombe une deuxième fois sur la même personne, on l'embrasse, mais juste sur la joue. Et une troisième fois... Embrassez-vous comme vous voulez mais je regarderai pas. »

On ria à sa blague, avant que Yoohyeon n'eusse demandé :

« Et si on veut pas ?

- On retire un vêtement, » imposa SuA.

C'était bien son genre, ce type de jeu et de règles. Personne ne s'opposa, et après que tout le monde ne donna son accord une fois de plus, le jeu se lança. Je ne savais pas à quel point il était bon pour moi d'avoir pris ce risque. Je vis Jiu débuter et tomber sur Yoohyeon d'un coin de l'œil alors que j'imaginais quelle direction cela pourrait prendre. Le tour de SuA arriva lorsque Yoohyeon tomba sur elle, et le battement de mon cœur s'intensifia. Je fus sûrement rassurée quand le goulot s'arrêta sur Siyeon et que les deux s'enlacèrent. Ensuite, la bouteille me désigna pour l'étreindre et j'acceptai sans difficulté. Cela signifiait donc que c'était à mon tour.

Avant de faire tourner l'objet, je jetai un œil rapide à tout le monde. SuA se rendait-elle compte de ce que cela pouvait signifier ? Ma main donna une impulsion. Et si-

« SuA, » annonça Jiu avec un regard inquiet en ma direction.

Tout à fait ce que je souhaitais le moins. Une tension se fit sentir. Tout le monde connaissait notre ancienne relation. Et si elle me détestait ? Après tout, nous n'avions pas eu de réelle conversation depuis des mois. J'osai poser mes yeux sur elle. J'étais prête à déjà enlever un vêtement, même si cela signifiait m'exposer. Peut-être ne voulait-elle pas, peut-être la dégoûtais-je. Néanmoins, je la vis se lever, prête à m'enlacer. L'acceptait-elle aussi facilement ? Son geste m'ensorcela presque, et je me retrouvai debout à mon tour dès la seconde suivante.

L'expression sur son visage était indescriptible mais je savais que celle qui déformait mes traits devait me faire apparaître désespérée. Elle ouvrit ses bras et m'y invita. Et, un peu trop précipitamment peut-être, je m'y réfugiai. J'expirai longuement l'air que j'avais retenu sans m'en rendre compte. Je la serrai fort, peut-être un peu trop que ce qui m'était permis. J'inspirai son parfum, je profitai de sa force que m'entourait. Cela m'avait terriblement manquée. J'avais tant l'impression de la retrouver que des larmes eurent le temps de se loger dans le coin de mes yeux. Je retrouvais entre mes bras la forme de son corps que j'avais passé tant de longues semaines à observer de loin, à revoir dans mes souvenirs.

Je n'avais cependant pas le droit. Je ne partageais plus rien avec elle, je n'avais pas le droit de me la revendiquer. SuA n'était même plus une personne sur qui je pouvais compter. Je n'étais pour elle plus personne, et je devais me forcer à me l'intégrer. Mais il était trop dur de devoir accepter le fait que ce genre de contact ineffable n'existerait plus, que je ne partagerais plus d'étreinte avec elle, plus de baisers, plus de fous rires, plus de nuits à ses côtés. Plus rien. J'étais incapable de l'accepter. J'étais incapable d'accepter cela lorsque son corps était ainsi serré contre le mien.

Mes pensées fusaient activement alors que l'embrassade ne dura qu'un court instant. Et sa séparation de mon corps me parut tellement incorrecte. J'aurais voulu rester dans ses bras infiniment plus longtemps. J'aurais voulu que tout cela ne fût pas un jeu, que sa décision de m'enlacer fût volontaire et non imposée. J'aurais voulu être aimée.

L'esprit fortement embrumé, je retournai m'asseoir alors que SuA ne laissa rien paraître et poursuivit le jeu. Les sensations qui se promenaient dans mon corps étaient bizarres. Je n'étais plus habituée à ressentir ces choses-là même si je n'avais jamais cessé d'être amoureuse d'elle. Je me permis cette fois de laisser mes yeux sur elle. Elle ne laissait rien transparaître, et me traitait indifféremment. C'était blessant, même si prévisible. Il me fallait garder en tête qu'il était inconcevable de me permettre d'espérer encore. Mais comment l'oublier ? Comment pourrais-je l'oublier si son joli sourire était toujours visible ?

La soirée continua, et je fus désignée à plusieurs reprises, au point où j'avais même déjà embrassé Yoohyeon, qui était par ailleurs très embarrassée que la bouteille se fût autant arrêtée sur elle au cours du jeu. Les tensions créées, ainsi que les vêtements retirés par Gahyeon qui n'était d'accord que pour déposer ses lèvres sur les joues des autres avaient animé la soirée. Toutefois, l'activité ne déplut pas. Chacune s'amusait à voir les autres "subir" tous genres de contacts. J'eus même régulièrement l'impression, en jetant un œil à SuA, que ses regards s'attardaient souvent sur moi ; à moins que moi seule ne les eusse imaginés.

Et, une nouvelle fois, la bouteille fut tournée par la petite main de mon ancienne amoureuse. Ses yeux se plantèrent dans les miens quand son mouvement prit fin devant moi. Cela signifiait qu'elle devait déposer un baiser sur ma joue. Voulait-elle aller jusque-là ? Et jusqu'où pouvais-je aller sans que ce jeu ne se retournât contre moi et que je ne finisse que par souffrir ? La voir s'avancer, comme la fois précédente, prit la décision à ma place. Je la laissai raccourcir la distance qui se trouvait jusqu'alors entre nous deux et mes lèvres s'entrouvrirent, s'adaptant au débit accéléré de ma respiration causé par la proximité de nos visages. Nos joues s'effleurèrent presque avant qu'elle n'embrassât tendrement ma joue. Tendrement ? Oui. SuA avait tendrement embrassé ma joue. Elle s'était aussi séparée de moi assez lentement, me permettant de sentir son souffle sur ma peau. J'eus un frisson. C'était comme si je découvrais tout d'elle à nouveau. Des picotements eurent le temps de s'agiter sur ma peau malgré la rapidité du geste.

Je ne réalisai que tout le temps qui était passé quand elle rejoint sa place et qu'on m'indiqua que c'était à mon tour.

Le jeu prit fin après que de nombreux verres furent bus et que presque tout le monde s'était embrassé. Heureusement ou pas, je n'avais pas eu l'occasion de tomber sur SuA une nouvelle fois, m'épargnant au moins de palpitations amoureuses traversant mon corps. On joua ensuite à d'autres petits jeux, mais mon esprit était resté au tout premier. Il demeurait là où SuA m'avait prise dans ses bras, il y a quelques heures déjà.

Au milieu de la nuit, lorsqu'on installa lassement des matelas pour certaines et des sacs de couchage pour d'autres, nous étions toutes fatiguées. La tête lourde, je participai aussi aux conversations nocturnes qui furent lancées une fois les lumières éteintes. Toutefois, je me trouvais bien muette dès que SuA prenait la parole. Je me sentais incapable de lui répondre, surtout lorsqu'il s'agissait de discussions banales et légères. Au bout de plusieurs minutes, quand les commérages furent tous partagés, on se souhaita toutes une bonne nuit de sommeil et laissa le silence retomber.

Cette lourde absence de sons ne fit qu'encourager mes pensées nocives à bondir dans mon esprit. Celles-ci venaient me rappeler comme SuA ne m'était plus dévouée et qu'elle appartenait à mon passé. Bien que j'eusse l'habitude de ruminer chaque soir, celui-ci était bien pire que tous les autres. Toutes mes interactions précédentes avaient été inédites. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas posé ses yeux sur moi. Peut-être que je n'avais même pas mérité cette étreinte après tout.

Tout me revenait à l'esprit au moment où je le voulais le moins. Ma tête était lourde, témoin de ma fatigue. La soirée avait été dure à supporter. Évidemment, passer du temps avec mes amies et fêter l'anniversaire de Jiu avait été en soi un évènement très agréable. Pourtant, apercevoir SuA durant des heures ajoutait un poids à mon cœur, même si mes yeux étaient très souvent attirés par elle. Comment ne pas la regarder ? Dans une pièce remplie de mille personnes, ce serait toujours elle que je verrais le plus. Parmi une collection de rires, je ne me tromperais pas sur le sien. Oh, et je saurais tout aussi bien reconnaître sa façon si singulière qu'elle avait de me toucher.

Le temps passait alors que le sommeil ne souhaitait toujours pas m'accueillir. Je m'étais probablement déjà retournée de nombreuses fois dans ce sac de couchage qui m'étouffait. De plus, le fait de me dire que SuA était là, tout près de moi, à à peine quelques mètres aux alentours, me blessait. Elle dormait sûrement sans aucun problème tandis que je fixais le plafond car j'étais incapable de penser à autre chose qu'elle. Je me sentais ridicule d'avoir des pensées si répétitives et confuses. Je me confrontais constamment aux mêmes problématiques sans que de solution n'apparût à l'horizon.

Consciente que je ne m'endormirais pas prochainement, je décidai de me lever, de sortir de là. Je ne pouvais plus supporter l'ambiance de cette pièce. Avec le plus de discrétion possible, je me débarrassai du sac de couchage pour me lever. Tentant d'ouvrir les yeux le mieux possible pour comprendre où dormaient les différentes personnes, je m'efforçai à me tracer un chemin entre tous les corps sûrement endormis. Ce fut avec un soupir de soulagement que je sortis de la pièce. La maison dans laquelle nous avions passé des heures animées un peu plus tôt semblait très dissemblable ainsi plongée dans l'obscurité. Seule une faible lampe allumée de façon constante permettait d'encore identifier chacun des meubles du grand salon, à moins que ce ne fût surtout grâce au clair de lune que ma visibilité fût suffisante.

Je marchais lentement dans la pièce à vivre pour trouver de quoi m'occuper. Finalement, je décidai de me servir un verre d'eau. Peut-être que cela me rafraîchirait assez pour remettre mes idées en place, même si je doutais beaucoup de cette hypothèse. Peu importait, c'était la meilleure chose que j'avais trouvé à faire, et je m'exécutai donc.

Après deux longues gorgées d'eau, je laissai mes pas me guider précautionneusement jusqu'à la baie vitrée. Malgré quelques nuages discrets, la lune semblait richement courageuse pour briller malgré tout. Je me pris au spectacle un moment, complément absorbée. Par ailleurs, j'étais au moins trop absorbée pour remarquer la présence qui prit place à mes côtés. Une douce voix m'appela. Je fus absolument alerte. Je n'avais pas entendu cela depuis des mois. Sa voix prononcer mon nom. J'eus même l'impression de rêver tant c'était improbable. Ici, au milieu de la nuit alors que je m'étais éclipsée et que tout le monde était supposé dormir. Pourtant, c'était elle, je le savais. SuA venait de prononcer mon nom.

J'étais tant surprise que je ne répondis pas, ni ne bougeai. Toutefois, elle n'osa pas m'appeler une seconde fois, et opta plutôt pour se tenir debout à côté de moi. Par ma vue périphérique, je savais que c'était SuA, je ne pouvais pas en être plus sûre. Mon regard resta cependant fixement collé à la lune car j'étais bien trop nerveuse à l'avoir si près de moi, sans échappatoire. Pendant un moment, elle n'ajouta rien, et je me demandai même si elle attendait quelque chose de moi.

Néanmoins, elle finit par insister :

« Je vois bien comment tu me regardes. »

Je grimaçai en me sentant exposée. Parlait-elle de mes regards incessants au cours de la soirée ?

« Si tu parles de ce soir, commençai-je sans savoir où cette phrase m'amènerait. Je-

- Tous les jours. Tu n'as jamais cessé de me regarder. »

Silence. J'étais trop choquée pour reprendre la parole. Le simple fait que SuA osât me parler était déjà trop à supporter, alors cette révélation était impossible à gérer. Attendait-elle même une réponse ? Je ne savais pas comment recevoir sa remarque vexante quoique pertinente. Vexante car je m'en sentais profondément ridicule.

« Regarde-moi, » me demanda-t-elle en se tournant vers moi.

Je murmurais dans ma tête des prières envers la lune pour lui réclamer de l'aide. SuA maîtrisait cette situation bien plus que moi. Peut-être l'obscurité lui donnait-elle de l'audace. Devais-je- ?

En voyant mon immobilité face à sa sollicitation, elle prit les choses en main, et plutôt littéralement. Ses deux mains se posèrent sur chacune de mes joues, encadrant agréablement mon visage. Ainsi, elle me força à être tournée vers elle.

Tout s'agitait dans ma tête. Ce geste, je le connaissais si bien. SuA le faisait si souvent lorsqu'on était ensemble et qu'elle voulait partager une part de sa sincérité en prenant en considération l'éclat de mes iris colorées. Le fait qu'elle le fît à cet instant était étonnant et très significatif. En sentant ses mains sur moi, je ne pus empêcher un soupir de s'échapper de mes lèvres entrouvertes. C'était une sorte de soulagement de la sentir contre moi, même si j'avais toutes les raisons d'être apeurée quant à ce qu'elle pourrait dire ensuite. Mais cela m'importait peu à ce moment. Je cherchais juste à profiter de la manière dont elle venait de me faire revivre. Mon pouls s'était largement accéléré. Une chaleur avait fortement migré sur mes joues. SuA venait de déclencher en moi des choses que j'avais oublié, bien que je n'eusse jamais cessé de l'aimer.

Je me sentais presque fondre sous ce contact infiniment et étonnamment tendre. Peut-être serait-elle dégoûtée si elle apprenait que je pensais toujours à elle de la même manière qu'avant. Dégoûtée d'imaginer le fait que je me plaisais à passer en boucle dans ma tête tous nos moments favoris.

« Moi aussi, je te regarde, » avoua-t-elle simplement.

Quoi ? Que cela signifiait-il ? Elle marqua une pause.

« Tu ne me vois donc pas ? continua SuA. Tu ne te lasses donc pas à me regarder tous les jours depuis ? »

Ses yeux analysaient chaque partie de mon visage, chaque trait de mon expression. Et il n'était rien d'autre que détendu, apaisé par sa présence.

« Dis quelque chose, me supplia-t-elle presque. Dis-moi au moins que j'ai raison. »

Mes lèvres pourtant entrouvertes refusaient de laisser passer le moindre son. J'étais paralysée. Sa manière actuelle de me regarder n'était en rien semblable à ses yeux froids qu'elle avait posés sur moi toute la soirée. SuA m'observait différemment. Elle me regardait comme avant.

« S'il te plaît... »

Cette fois-ci, elle chuchotait. Elle m'implorait. J'aurais voulu tendre ma main vers elle ou bien l'appeler. Elle était juste là mais je la sentais si loin. Le reflet du clair de lune dans ses iris bruns me faisait croire qu'elle était sur le point de pleurer. SuA était un mirage pour moi. Floue, trop inaccessible. Une image plaisante illusoire. Une source de soulagement imaginaire, irréelle. Était-elle au moins véritablement présente ?

Tremblantes, mes mains furent tendues dans sa direction. Puis, elles retombèrent. J'étais inapte à répondre, que ce soit physiquement ou verbalement.

« SuA..., finis-je par murmurer désespérément.

- Oui..., répondit-elle comme pour me confirmer sa présence.

« SuA..., » répétai-je un peu plus fort.

Prise d'une impulsion impromptue que je ne maîtrisais pas, ma force nous emporta brusquement contre la baie vitrée. Son dos y fut soudain plaqué. Je ne sus quelle émotion guidait mes actions, mais j'espérais qu'elle me serait salvatrice.

« Oui, je te regarde, » affirmai-je en répétant ses mots.

Un sourire inhabituel se dessina sur ses lèvres et mes yeux tombèrent dessus. L'éclat de la lune la rendait presque féerique, très indéfinissable. Ses mains glissèrent sur ma peau pour se promener jusqu'à l'arrière de ma tête. Ainsi, SuA avait réduit davantage la distance entre nous. Ses doigts jouaient avec des mèches de mes cheveux alors qu'on ne se quittait pas des yeux. Pourtant, on n'agit pas plus. Comme si nous avions, ainsi positionnées, atteint la limite de ce qui était possible. Avancées jusqu'à ce que d'immenses barrières fussent érigées entre nous, comme infranchissables.

Comme si, là, à cet instant, il m'était impossible de l'embrasser.

Mon manque de courage aurait pu m'en persuadée, mais SuA coupa court à tout ça. Enfin, le souffle qui passait entre mes lèvres fut écourté par la douceur des siennes. Elle s'était gentiment, tendrement, avec soin, déposée sur moi. Quelque chose en moi me faisait me sentir bien. Comme si ce baiser était la situation à tous mes maux, impensable remède. Ses lèvres venaient médiatement panser toutes les écorchures subies par mon cœur. Ce que j'y ressentais était fort, puissant, profond. Lourd et chaleureux, mais loin d'être douloureux. C'était inédit mais familier.

Ses lèvres effleuraient les miennes et je me laissais faire, en entourant sa taille, encore contre la vitre, de mes bras pour la rapprocher davantage. SuA avait toujours été, de façon concomitante, à la fois mon poison et mon antidote. Sans qu'elle ne fût au courant, elle hantait continuellement mes pensées les plus bienveillantes et les plus malveillantes. Elle était partout à la fois. Toutefois, la personne que SuA était véritablement n'était qu'avantage. Ce fut moi qui lui inventai des rôles maléfiques. Je souffrais de son absence, ce n'était que ça. Elle n'était que bénéfique.

Mais que cela signifiait-il ? Pourquoi venait-elle de sceller nos lèvres ? Pour quelle raison m'avait-elle embrassée ? Je ne désirais que pouvoir profiter entièrement de ce contact auquel je pensais tous les jours et qui était enfin redevenu réel, mais mes questions se heurtèrent à ce plaisir.

Elle détacha lentement sa bouche, respirant fort. Son souffle qui s'écrasait sur mes lèvres et mon cœur qui battait jusque dans mes oreilles étaient les seuls signes qui m'assuraient que le temps continuait à s'écouler normalement ; puisque, en effet, j'avais la véritable impression que tout s'était arrêté. Ma fatigue me rendait bien plus étourdie que le faisait ce simple baiser. Je n'étais même pas sûre du nombre de secondes qui passa avant que je ne prisse la décision de nous sceller à nouveau. Je cueillis ses lèvres avec sûrement moins de douceur, moins de précaution. Je ne sus quelle émotion m'encourageait à continuer ainsi, jusqu'à même chercher à atteindre sa langue. J'écartai davantage mes lèvres, silencieux requête qui signifiait que je voulais que SuA fisse de même.

Et, finalement, j'eus accès à sa langue. Là, plaquée contre la baie vitrée, elle entrouvrit sa bouche avec un soupir. Je ne souhaitais pas mettre fin à ce moment. Il était si bon, si beau, si correct, si plein d'espoir. Je ne voulais toutefois pas m'embrouiller avec ce que deviendrait cet échange, je ne pouvais pas me permettre de me torturer ainsi maintenant. Alors, je laissai ma lucidité se perdre en investissant toute ma concentration dans ce baiser. Il ressemblait à un baiser de retrouvailles. Un baiser de retrouvailles alors qu'on ne se retrouvait pas réellement. J'avais toujours été là, derrière elle. À observer tout ce qu'elle faisait. J'avais l'impression de ne l'avoir jamais quittée, en quelque sorte. Pourtant, c'était faux. Et sa bouche avait le goût du passé. Je n'embrassais pas la SuA que j'avais passé des mois à regarder, mais plutôt celle qui m'avait aimée avant ça.

Sa langue qui dansait avec la mienne fut comme un interrupteur, déclencheur d'une kyrielle de souvenirs. Des moments forts qui me sont apparus comme encore entièrement ancrés dans mon esprit. C'était comme si ce long baiser effaçait les nombreuses semaines que l'on avait passées à être séparées.

L'intensité de notre échange ne nous permit pas de respirer correctement, et l'air vint à me manquer. J'aurais voulu ignorer ce besoin, et que le fait d'embrasser Sua devînt une nécessité primaire devant tout le reste. Je n'avais faim et soif que d'elle, si bien que véritablement manger ou boire semblait dérisoire ; surtout lorsque je n'étais dévouée qu'à l'embrasser sans cesser.

Pourtant, il était indéniable que je devais prendre de l'air, et ce fut SuA qui arrêta ma réflexion insensée en se séparant de moi. Je reposai ma tête dans le creux de son cou un peu contre la vitre, laissant mes joues brûlantes trouver un plus frais refuge que ma propre peau, mais la chaleur émanant de moi n'avait d'égale que l'infinie ardeur qui réchauffait la sienne. Ma lourde respiration se heurtait à son cou qui frissonna.

Maintenant que je retrouvais une once de lucidité, je m'appliquais à déposer des baisers sur son cou pour ne pas avoir à confronter quelque discussion sérieuse sur ce qu'il se passait. Je ne pouvais pas affronter ça maintenant, j'avais trop peur de tout perdre, et, si ce cas devait se produire, je préférais donc en profiter un maximum avant. Par conséquent, pour l'empêcher de parler, j'embrassais la peau sensible de son cou. Je montai l'une de mes mains pour m'y maintenir et stimulais sa peau avec ma bouche. Elle soupirait et remontait sa main plus haut dans mes cheveux pour mieux m'y pousser.

Ma main autour de sa taille fit des allers-retours le long de son dos, comme impatiente mais restreinte et maladroite. Je déposais des baisers dans son cou, comme avant. Tous mes anciens réflexes me revinrent : je savais où SuA était le plus sensible et j'en jouais évidemment.

Il me sembla à cet instant, que, en souhaitant détourner les chemins les plus sérieux, je m'étais engagée dans quelque chose qui devenait de plus en plus sensuel. SuA soupirait, me poussait contre elle, commençait à se tortiller. Je ne serai peut-être pas apte à assumer les conséquences de mes actions mais inhaler son parfum ainsi m'attirait tant que je ne considérais pas les choses autrement.

Je remontais ma bouche le long de sa mâchoire pour retrouver ses lèvres. Cette fois-ci bien plus vite, sa langue impatiente se heurta à la mienne, et je sentis que je venais d'enclencher le désir en elle. La connaissant, il était peu probable que SuA lachât les idées qu'elle avait en tête avant de pouvoir entièrement les réaliser. Bien sûr, ses limites restaient celles des autres, mais elle était très entêtée et audacieuse lorsque cela concernait sa sexualité. Et, honnêtement, l'entendre réagir à ma stimulation m'avait sûrement autant excitée qu'elle.

Ne souhaitant pas lâcher sa bouche, je profitai du fait qu'elle fût plaquée contre la vitre pour caler mon genou entre ses jambes. Son léger gémissement causé par la surprise s'étouffa immédiatement dans ma bouche. Elle s'accrochait vraiment à moi, ses doigts ne faisaient que de se resserrer dans mes cheveux, comme pour m'encourager, si ce n'était pas par peur que je pusse disparaître. Elle enroula une jambe autour des miennes, cherchant définitivement à me garder rien que pour elle, tout près d'elle. SuA ne faisait que me rendre de plus en plus désireuse, prête à lui donner le monde entier si elle ne me le demandait rien qu'une fois. Je pourrais tout lui offrir si elle était prête à recevoir. Était-elle prête à recevoir ?

La main que j'avais posée contre son cou vint remplacer mon genou pour plus précisément l'atteindre. Elle ne portait qu'un short léger en guise de bas de pyjama, facilitant un accès plus direct. Ainsi je glissais mon index tout le long de son entrejambe en faisant de lents allers-retours. Ses réponses à mes baisers devenaient plus imprécises, témoins de comment elle était affectée par mon nouveau geste.

Je continuais ainsi mais ce n'était pas suffisant. Ni pour moi, ni pour elle. Et elle m'arrêta pour me supplier :

« S'il te plaît... »

SuA me poussa et me fit reculer, m'attirant plus ou moins à l'aveugle jusqu'au canapé. Elle s'y jeta en premier et me tira par mon t-shirt pour me positionner au-dessus d'elle. Je revins rapidement taquiner son cou, intoxiquée par elle. J'aurais bien pu rester ici pour tout le reste de la nuit, suffisamment comblée par le fait d'être aussi enivrée. En prenant une grande inspiration, je la sentais tout autour de moi. Je me sentais en sécurité, son corps étant à la fois une carapace pour moi autant qu'il était une couverture en hiver. Je trouvais en SuA le confort et la sécurité si facilement, réponse évidente à toutes mes questions. Rien n'était plus évident que mon amour pour elle. Je l'aimais, l'aimais tellement.

Et je voulais la sentir encore plus contre moi. Sa peau chaude était toujours dissimulée par un t-shirt lâche qui ne donnait même pas l'impression qu'il avait véritablement envie de la couvrir. Je finis par passer mes mains dessous, les faisant glisser à plat sur son ventre. Je la tenais enfin. Enfin, après tout ce temps. Elle était chaude, agréable à toucher, et j'en voulais toujours plus. Je tirai vers le haut le tissu qu'elle portait. Elle comprit que je voulais m'en débarrasser et m'aida à lui enlever.

Je ne voyais pas grand chose, seule la lune était spectatrice de ce moment. Mais ces rayons nocturnes suffisaient pour que chacun des traits de SuA me rappelât tous nos ébats précédents. Et sa beauté sous ce clair de lune me frappa comme jamais auparavant. Elle ressemblait à une œuvre d'art ainsi, une sculpture froide gravée dans le marbre, un travail intouchable. Mais je pouvais la toucher, et je le fis. Je replongeai sur sa peau, laissant mes lèvres effleurer tout ce qui se présentait à elles.

Je n'épargnais nulle part, mais prenais peut-être trop mon temps. Je soignais mes baisers, soignais mes caresses. Je voulais que tout fût parfait, je n'osais presque pas être vulgaire. Mais voilà que son impatience croissait à mesure que je faisais brûler sa peau. SuA enroula ses jambes autour de mon dos et me pressa davantage contre elle. Elle désirait bien plus. Mais je voulais profiter, quitte à la faire attendre. Alors, je me reculai, observatrice de l'œuvre sous mes yeux, touriste dans un musée.

Sa peau était complètement vierge de toute marque, de toute trace. Comme si son corps n'avait attendu rien d'autre que moi durant ces longues et interminables semaines. J'avais l'impression de tout redécouvrir, l'impression de retourner à notre première fois. Le début de quelque chose de neuf, nouveau, pur. Et je priai quelque divinité qui voulût bien m'entendre que ce fût le début d'une histoire bien meilleure, sans fin douloureuse, qui ne semblât que correcte. Une histoire amoureuse qu'on pouvait lire dans les romans les plus poétiques. Je ne demandais que le bonheur à ses côtés, car il me paraissait introuvable ailleurs.

Ce bonheur se trouvait dans ses pupilles dilatées, sur ses lèvres entrouvertes, le long de ses cheveux désordonnés, au cœur de ses plus profonds soupirs qui me suppliaient. Je tenais ce bonheur entre mes mains.

Je laissai une main errer plus bas pour répondre à ses plus terribles requêtes. Je voulais lui donner cette extase, être la clé de ses désirs.

Je reposai ma bouche entre ses seins frissonnants, ma main glissant sous le short qu'elle portait encore. Une culotte me séparait de son centre, de sa chair que je devinais déjà si chaude. Elle soupira lorsque je lui donnai enfin la première friction qu'elle attendait. SuA se tortillait pour en quémander plus et je comprenais toujours ce langage corporel qui n'avait pas changé.

SuA était la même personne qu'avant. Rien ne l'avait quittée. Elle frissonnait toujours lorsque je ne faisais que de la frôler, s'agitait toujours lorsque je la faisais trop attendre, soupirait toujours lorsque je lui donnais enfin ce pourquoi elle m'avait tant implorée. La voir ainsi refit naître en moi tant de sensations que j'avais oubliées. Celles qui faisaient battre mon cœur plus vite, celles qui tordaient mon estomac, celles qui vidaient mon esprit pour qu'il n'y eût plus qu'elle.

Quand je pris finalement la décision de glisser mes doigts sous ce dernier tissu, un bruit attira mon attention. Complètement alerte, je m'arrêtai net. Les yeux écarquillés, je regardais SuA qui était aussi confuse et nerveuse que moi. Pour nous protéger, je posai ma main libre sur sa bouche pour étouffer quelque soupir. Je reposai mon corps sur le sien, espérant ne pas trop l'écraser. Ainsi, je me sentais extrêmement proche d'elle, sa poitrine nue à une couche de la mienne, son cœur battant si fort que je l'identifiais clairement contre moi. Sa respiration retombait progressivement alors qu'on entendit quelqu'un marcher. Nous étions si proches de cette tierce personne, à quelques mètres où je devinais les pas. Sûrement s'arrêta-t-elle dans la cuisine un petit moment, en tout cas bien suffisamment pour me sortir entièrement de l'intimité de notre échange.

J'imaginais que la personne qui s'était réveillée venait de se servir un verre d'eau, et ce moment me parut si long. Je priai pour qu'elle ne se dirigât pas vers le salon, et fus rassurée lorsque les pas reprirent la direction de la chambre. Un soupir de soulagement s'échappa de ma bouche alors que je retirai ma main de celle de SuA. Maintenant, le silence régnait. Le désir ne contrôlait plus nos gestes. Il ne restait plus que son corps à demi nu et mes doigts collés à l'humidité qu'elle avait produite. Mon regard était accroché au sien et aucune de nous deux ne véhiculait les mêmes émotions qu'un peu plus tôt. La luxure brisée, j'étais sur le point de devoir confronter la sincérité que je voulais à tout prix éviter.

Je me sentis soudain très vulnérable. Que devrais-je dire ? Que pouvais-je dire ? Devais-je simplement reprendre sans un mot ? Ou bien étais-je obligée d'affronter ses prochains mots ?

SuA chuchota mon nom. Elle m'appela, semblant désespérée. Oui, oui. Je voulais lui répondre. Lui dire que je l'aimais. Mais il était dur de le faire à ce moment. J'en appréhendais les conséquences.

« SuA..., » murmurai-je en parallèle.

Je ne savais que faire, et la seule solution que j'envisageai était de me reculer. Je ne pouvais pas.

« J-Je suis désolée, SuA... Je... Je sais pas- »

Je balbutiai des excuses d'une façon ridicule, fuyant son regard.

« Eh ! »

Sa voix apparut presque vexée, blessée.

« Pourquoi tu t'excuses ? Ose dire que tu regrettes. Tu peux pas me dire que tu kiffes pas ça autant que moi.

- Je-, commençai-je, perturbée.

- Alors putain, embrasse-moi et te pose pas de question ! J'ai pas besoin que tu te tortures maintenant, je pense que tu l'as déjà assez fait.

- SuA... C'est juste que... Je sais pas, j'ai peur. J'ai peur de me tromper sur ce que ça signifie. »

Il était trop tard maintenant pour nier mes intentions. Si les siennes étaient dissemblables, je devrais lui dire au revoir pour toujours. Je devrais prononcer un "adieu" éternel. Je clos mes yeux fermement. J'étais nerveuse, la chevauchant encore sur le canapé. Et si elle ne ressentait rien ? Et si je l'aimais dans le vide ?

« Je t'aime, imbécile, » répondit-elle.

Mes doutes s'écroulèrent, le poids sur mes épaules s'envola. Je voulus rouvrir les yeux pour voir les siens, mais ses lèvres vinrent s'écraser sur les miennes. Elle s'était relevée pour m'atteindre, laissant sa bouche se mouvoir en rythme avec la mienne. J'aurais pu pleurer à cet instant. Elle encadra mes joues à nouveau, comme si j'étais la chose la plus précieuse qu'elle n'avait jamais tenue. Je m'étais toujours sentie ainsi avec elle, et cette sensation revint me chatouiller le cœur. Je me sentais légère.

Elle laissa son front se reposer sur le mien alors que je tentais de formuler une réponse :

« Je n'ai jamais cessé de t'aimer, jamais cessé de penser à toi. J'ai l'impression d'avoir passé des mois dans le vide, comme si ma vie n'avait rien valu pendant ce temps que j'ai passé sans toi. J'ai si mal loin de toi, je suis profondément et durablement amoureuse de toi. »

Elle m'enlaça. De toutes ses forces. Et je répondis avec la même fermeté. Je m'accrochais à elle comme je m'accrocherais à la moindre molécule de dioxygène si j'étais sur le point de suffoquer. SuA était mon point d'accroche dans ce monde, et depuis que j'avais commencé à l'aimer, tout s'était transformé. Maintenant, je ne pouvais plus rien faire sans elle. Le simple fait de vivre était dur en son absence. Pourtant, elle était revenue. Sans que je ne comprisse véritablement la raison de son départ ou de son retour, je me sentais pleine à nouveau. Comme si je retrouvais une part de moi, comme si ses bras qui m'entouraient étaient mon identité.

« Moi aussi, je t'aime, » m'assura-t-elle.

Elle caressa mon dos tendrement, compatissant avec mes semaines de souffrance qu'elle avait partagées de son propre côté. Même si elle avait donné l'impression d'être détachée de moi, elle devait certainement mieux le cacher que moi, voilà tout.

« Maintenant, je t'en prie, rattrapons tout ce temps perdu, demanda SuA. Serre-moi et ne me lâche plus jamais. Embrasse-moi et tiens-moi. Enlace-moi et tiens-moi. Touche-moi et tiens-moi. Je suis tout à toi, s'il te plaît. »

Sa déclaration me donnait envie de rester dans ses bras ainsi continuellement. Mais la façon dont elle avait mis un terme à son discours suggérait qu'elle n'avait pas oublié ce qu'on avait interrompu.

Le baiser qu'on partagea alors fut grandiose. Il était si authentique, assuré par notre amour assumé, différent des précédents car honnête et désespéré. Elle m'y transmit toutes ses peurs passées enfin effacées, et je lui partageai les miennes qui étaient bien similaires. Comment avions-nous pu nous perdre ainsi ? Le temps perdu devait être rattrapé, SuA avait raison. Et si, pour se faire, je devais combler ses désirs, alors je le ferais.

Je ne perdis pas de temps ; au contraire, je le rattrapai. Ma main retrouva vite son entrejambe et je laissai ma bouche goûter sa peau claire. SuA aimait toujours autant que ma langue glissât sur ses tétons et que mes doigts passassent le long de ses lèvres humides. J'aurais voulu retirer le reste de ses vêtements, mais je préférais qu'elle gardât une culotte souillée plutôt que l'on tachât le canapé de Jiu. Alors, je collai mes doigts contre elle en ayant mes mouvements largement limités. Mais peu m'importait, je me rappelais de tout sur son corps. Je savais ce qui la satisfaisait, je savais ce que je devais faire.

J'osai, près de son sein, laisser une trace de mon passage. J'accrochai ma bouche à elle, enivrée. SuA arborerait ici bientôt une marque qui deviendrait violacée dans peu de temps.

Enfin, je laissai, lubrifiés par son corps, deux doigts la pénétrer. On soupira en même temps ; moi pour la sensation de sa chair brûlante et serrée, elle pour la délivrance d'avoir finalement ce qu'elle désirait.

Je les recourbai tout de suite à l'intérieur, sachant où viser. Puis, entre deux lourds soupirs de SuA, je les ressortis pour les lubrifier à nouveau sur elle, avant de les replonger le long de ses parois. Mon bras entre nos deux corps, je me collai à elle complètement, laissant traîner des baisers humides autour de sa poitrine. Ses mains ne pouvant s'agripper qu'à moi, SuA fit errer ses doigts entre mes cheveux, rapprochant ma tête davantage de son corps implorant.

Je n'accélerai pas mes mouvements pour économiser mes forces, car je me doutais qu'elle ne me lâcherait pas de si tôt. À la place, j'appliquai chacun d'entre eux, m'assurant de leur positionnement parfait. Je me sentis puissante d'avoir, avec la seule force de mes doigts, la possibilité de dominer la totalité de son corps et de ses réactions. SuA était tant à la merci de ses désirs qu'elle serait facilement capable de me supplier pour n'importe quoi.

Retenant difficilement mes envies et ma possessivité, je laissai ici sur sa peau bien plus de marques que je ne l'aurais imaginé. J'étais bien trop fière de la retrouver, et voulais lui rappeler tout ce dont j'étais capable de faire, pour qu'elle se souvînt de chaque nuit que l'on avait déjà partagée et qu'elle ne souhaitât qu'en expérimenter plein d'autres dans le futur. Voilà le message que j'essayais de faire passer lorsque j'emprisonnai sa peau entre mes lèvres.

Je fermai les yeux, reposai ma joue contre sa poitrine. Son cœur semblait battre directement à l'intérieur de mon oreille tant son pouls était fort. Le mouvement de mes doigts était l'unique chose que j'avais en tête, ainsi que tous ses soupirs et gémissements que je voulais entendre. Je voulais que tout fût parfait : il fallait marquer le coup, littéralement. Toutefois, je sentais qu'elle se retenait parfois. SuA pouvait coincer sa lèvre entre ses dents ou bien bloquer quelque bruit de sa bouche en plaquant sa main dessus. Bien sûr, nos amies dormaient, pas si loin d'ici. Heureusement que la maison de Jiu était grande, mais j'espérais aussi que les murs fussent épais.

Je sentis ses jambes se tendre sous moi, elle se laissait complètement aller, la tête en arrière. SuA murmurait mon nom parfois, et j'en fus satisfaite ; c'était agréable qu'elle se rappellât elle-même qui lui donnait autant de plaisir et qu'elle l'admît si facilement.

Sa main se serra autour de mon bras. Ses jambes se serrèrent autour de mon autre bras. Elle était désespérée. Si proche. « Oui, SuA, pensai-je. Je te sens, je t'entends. » Si proche. Ses bruits se furent plus bruyants, inarrêtables. Comme si elle attendait depuis des mois...

Soudain, je ne l'entendis plus. Ça ne dura qu'un instant avant qu'un puissant gémissement ne put être retenu. Je ralentis mes pressions pour l'accompagner dans son orgasme et ne pas trop la stimuler. Tout son corps était extraordinairement tendu. J'embrassai doucement son épaule et finis par retirer mes doigts. J'étais apaisée d'avoir pu la mener jusqu'à cette extase qui nous avait tant manquées.

J'avais simplement reposé ma tête au-dessus de sa poitrine en fermant les yeux et aurais pu être capable de rester ainsi des heures durant, dans cette zone si paisible et protectrice qu'était le corps de SuA contre le mien. Cependant, au bout de plusieurs dizaines de secondes passées à retrouver une respiration normale, elle m'attira à elle pour m'embrasser. C'était un baiser bien plus lent et las que les précédents. Ce n'était qu'un baiser amoureux. Sa langue glissait lentement sur la mienne et je me sentais déjà fatiguée. Pourtant, le soupir qu'elle laissa échapper dans ma bouche raviva mon désir, me rappelant que j'avais moi aussi envie de prendre du plaisir.

Après que je posai mes mains sur ses joues, les siennes vinrent à la redécouverte de mon corps, glissant sur mon dos à travers mon haut. Et je détestais ce t-shirt pour être encore sur moi car je voulais sentir la peau de SuA contre la mienne. Alors, je vins la chevaucher, passant mes genoux autour de ses cuisses pour lui permettre de se relever facilement. Ainsi, je fus rapidement débarrassée de ce haut alors qu'elle laissa ses doigts à nouveau errer sur ma peau sensible et désormais nue qui la suppliait silencieusement d'être touchée. Le bout de ses doigts allumaient des braises sur mon corps à chaque caresse. Je soupirais légèrement, simplement satisfaite de sentir ses mains sur moi.

Je l'entourai de mes bras, ne souhaitant que l'avoir tout près de moi. Ce geste lui donna accès à mon cou et mes épaules qu'elle couvrit de tendres baisers. Cet amour qu'elle me donnait ne faisait que faire grimper ce désir en moi. Bien sûr, SuA le savait. Toutefois, comme moi, elle prenait du plaisir à me retrouver de cette façon, à m'avoir à nouveau rien que pour elle. Sa bouche réactivait tous mes points les plus sensibles. Elle m'avait tant manquée.

Bientôt, mon corps se retrouva poussé en arrière par SuA qui me fit m'allonger sur le canapé. Elle profita de cette nouvelle position pour embrasser mon corps davantage. Ses lèvres se trouvèrent vite autour de l'un de mes tétons, et je gémis à cette sensation qui me semblait presque nouvelle, pourtant si chaleureuse et familière. Elle descendit le long de mon corps, plantant son regard dans le mien.

« Tu es magnifique, » m'admit-elle.

Ses yeux dans les miens. Le désir et l'amour que l'on se partageait d'un regard. Notre connexion. Voilà ce qui était resté figé dans le temps et qui ne nous avait quittées. Ce lien immuable, inaltérable.

Alors que sa bouche demeurait toujours sur ma poitrine, ses mains s'étaient aventurées déjà bien plus bas. Elles s'amusaient à me taquiner en s'arrêtant au bord de mon vêtement. Mon cœur s'agita quand j'aperçus son sourire progressivement rejoindre ses doigts. Son regard ardent toujours accroché au mien, elle tira le bas de mon pyjama jusqu'à mes chevilles pour me le retirer complètement. En étant à la hauteur de ma taille, SuA en profita pour déposer le plus léger des baisers sur le sous-vêtement qui la séparait encore de mon centre. Ce fut toutefois suffisant pour que mon corps en frissonât.

Elle fit descendre ma culotte le long de mes cuisses et coinça sa lèvre entre ses dents pour empêcher son sourire de croître alors qu'elle laissa ses yeux tomber sur mon entrejambe humide. Elle ne laissa pas sa bouche se disperser trop longtemps, et la fit revenir près de moi. Un gémissement de soulagement m'échappa quand je sentis enfin sa langue chaude contre moi.

Alors même que ma tête bascula en arrière, ses yeux ne quittaient jamais mon visage, certainement satisfaite de me voir prendre autant de plaisir. La langue de SuA glissa sur mes lèvres. Sa lenteur me poussa à me tortiller autour d'elle. Bien qu'elle semblât assez amusée par mon désespoir, ses doigts maintinrent mes cuisses en place sur le canapé, pour que mes mouvements ne restreignissent pas la précision de ses gestes. Je sentis une vague de satisfaction prendre possession de moi lorsqu'elle m'embrassa pleinement et qu'elle fit glisser sa langue sur mon clitoris sensible.

Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas expérimenté ça, et le plaisir que je ressentais n'en était que décuplé. Ma tête tournait déjà trop à ce moment-là, saturée par mes réflexions et ma fatigue. Mon corps entier était en accord sur un objectif : atteindre l'orgasme. J'en étais encore loin, mais je savais que la langue de SuA le voulait autant que moi.

La chaleur emmagasinée à l'intérieur de moi vint se loger sur mes joues. Ma main s'agrippa à ses cheveux, ancien réflexe actionnant mes muscles. Ainsi, je la plongeai encore davantage entre mes jambes. J'étais incapable de retenir les réactions de mon corps, m'agitant sans réfléchir, uniquement concentrée sur le désir qui m'avait envahie. Mon esprit n'était rempli que d'images d'elle. De sa langue sur moi. De ses mains qui me maintenaient. De ses yeux qui ne me lâchaient pas.

Le fait que son regard fût autant fixé sur moi reflétait simplement le fait qu'elle m'aimait. SuA voulait me retrouver. Revoir ma bouche qui s'entrouvrait lorsqu'elle me comblait. Revoir mon corps qui se tortillait pour elle. Entendre à nouveau ces soupirs et gémissements qu'elle m'arrachait à chacun de ses gestes.

Et tout était pareil à nos anciens moments partagés. Je lâchais prise complètement, comme avant. Je lui redonnais cette même confiance. Et SuA savait très bien comment agir lorsqu'elle l'avait. Elle savait très bien que le bout de sa langue ainsi sur mon clitoris était l'une des choses que je préférais, et que ses lèvres autour des miennes m'apportaient un confort et un plaisir inégalés.

J'adorais aussi entendre les sons que produisait notre contact, la luxure à son paroxysme. C'est un bruit qui m'était largement familier, et le retrouver m'excitait davantage.

Un grand sourire naquit naturellement sur mes lèvres, alors que rien de mauvais ne semblât pouvoir m'atteindre. Je n'étais concentrée sur rien d'autre que ce plaisir brut qui commençait à faire trembler mes jambes. Mes doigts naviguaient maladroitement dans ses cheveux, et cela ne faisait qu'illustrer à quel point j'étais désespérée.

J'étais de plus en plus proche de l'orgasme que je sentais monter à l'intérieur de moi. SuA le savait. Elle connaissait mon corps, elle y était habituée. Elle connaissait mes réactions, mes muscles qui se tendaient, mes gémissements qui s'intensifiaient.

Elle sentait tout aussi bien que moi que le summum du plaisir était à ma portée. Pourtant, je trouvai quand même le besoin de le signaler en murmurant son nom comme avant.

Je n'étais même pas sûre qu'elle m'entendît tant ma voix n'était qu'un souffle. Mais je l'appelai. La suppliai.

« Presque, presque..., » murmurai-je, la tête complètement basculée en arrière.

Puis, je prononçai un ultime gémissement avant qu'une vague de plaisir ne bousculât mon corps. J'aurais pu pleurer tant c'était bon de retrouver SuA entre mes jambes à nouveau, et de ressentir ces frissons qui m'avaient manquée. Mes yeux s'étaient fermement clos avant que mon corps ne retombât sur le canapé. Je respirais fort, mais de plus en plus lentement.

Quand je risquai un regard vers elle, le sien était toujours sur moi. Elle se recula progressivement de mon centre, et... Elle souriait. Le visage de SuA était illuminé par un large sourire qui plissait ses yeux sombres. Je l'imitai inconsciemment en la voyant ainsi. Nous nous étions enfin retrouvées. Je l'aimais. Elle m'aimait. Enfin.

Ma main dans ses cheveux se détendit et les caressa alors que SuA se releva pour approcher son visage du mien. Elle embrassa mon front. Mon nez. Mon menton.

J'encadrai son visage avec mes mains pour contrôler son prochain baiser : ma bouche. Nos lèvres se percutèrent, et, même si je connaissais le goût que j'avais sur elle, je ne pus retenir le gémissement qui s'étouffa dans sa bouche.

« Je t'aime, avouai-je une nouvelle fois en brisant l'échange.

- Je t'aime, » répondit-elle parallèlement.

J'étais tellement rassurée à l'intérieur de moi. Apaisée par ses mots. Confortée par leur sincérité.

Entraînée par un élan d'enthousiasme, ma bouche s'écrasa sur son cou pour laisser des baisers humides sur son sillage. Je ne voulais pas que cette nuit ne se terminât. Je fis basculer son corps sur le canapé pour qu'il se retrouvât à nouveau sous le mien. Mes mains habituées connaissaient presque par cœur chaque sensibilité particulière qu'il possédait et je voulais continuer à en jouer ce soir. SuA m'avait demandé de rattraper le temps interminable que l'on avait laissé s'échapper, cela ne pouvait donc pas cesser dès maintenant, et les prochaines heures habiteraient encore de nombreuses caresses accompagnées de leurs soupirs habituels.

Cette nuit-là me rappela toutes les précédentes que nous avions passées ensemble, souvenirs ravivés par tous les moments que nous avions besoin de partager une nouvelle fois. Tout ce que l'on avait découvert l'une sur l'autre pendant notre précédente relation n'avait jamais été oublié, et elle comme moi savions comment retrouver ces sensations.






Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé depuis le moment où j'avais quitté la chambre, mais il était au moins certain de pouvoir affirmer sans se tromper que je ne m'étais pas imaginée rester à l'extérieur de celle-ci aussi longtemps. J'avais arrêté de compter le nombre de fois où le dos de SuA s'était arqué et que ses yeux ne pouvaient plus me regarder tant ses paupières refusaient de s'ouvrir. Chacun de ses orgasmes avait été un délice pour moi, satisfaite de reprendre possession de son corps. C'était la première fois que je laissais autant de marques sur son corps en un temps record, et elle sur moi aussi.

Nous étions désormais complètement épuisées, entièrement drainées de notre énergie. Mon corps reposait sur le sien alors que je tentais de reprendre une respiration normale. Son bras entourait mon dos et ma poitrine écrasait la sienne. Je trouvai encore une force étonnamment suffisante pour ne pas cesser de l'embrasser, déposant de légers baisers sur son cou, là où j'avais passé mon temps à la marquer.

J'aurais pu continuer pendant des heures, tant la sensation de la retrouver était agréable. Toutefois, je pris l'initiative de finalement me lever. Ce qui ressemblait à un gémissement quitta ses lèvres comme par réflexe lorsque nos deux corps suants furent décollés. L'air frais me frappa tout de suite, mais je l'ignorai pour suivre le plan que je venais d'élaborer intérieurement. J'errai au hasard un instant dans la cuisine, m'efforçant à décrypter et à analyser les images que mes yeux captaient. La forte obscurité nocturne qui baignait dans la pièce n'avait d'égale que la fatigue qui m'empêchait de réfléchir, rendant ma tâche un réel défi.

Finalement, je trouvai ce que je cherchais : de l'essuie-tout. Mes jambes encore faibles réussirent à faire le retour pour amener mon corps nu vers le canapé où était encore allongée SuA. Ainsi, je m'assis sur la partie inférieure de ses jambes et passai doucement ma main sur l'une de ses cuisses. Je sentais comme nos heures passées ensemble sous les rayons lunaires, toutes les vagues de plaisir qui avaient secoué ses membres avaient sali sa peau. Je laissai un baiser humide à cet endroit, la goûtant à travers ce qui s'était étalé sur elle, puis caressai tendrement la zone avec le papier absorbant.

Je m'appliquai à la tâche sur chaque endroit où il l'était nécessaire alors qu'elle passait sa main lassement dans mes cheveux. Une fois qu'elle était entièrement sèche et sommairement nettoyée, je mis ma main derrière son dos pour la relever bien qu'elle eût du mal à coopérer.

« On va devoir y retourner, tu sais ? Tu veux quand même pas qu'on nous retrouve ici demain complètement nues ? »

Elle grommela quelque résistance sans trop contester.

« Tiens, dis-je en tendant son pyjama que j'avais ramassé. Rhabille-toi, on est pas seules dans la maison.

- Ah bon ? Tes gémissements m'ont plutôt fait croire le contraire, mais si tu le dis... »

Sa remarque taquine qui me fit rougir était accompagnée d'un sourire espiègle qui sembla lui faire retrouver un peu d'énergie. Je l'aidai à porter ses vêtements à nouveau avant de me vêtir des miens.

Quand tout revint au calme, il ne sembla rester que le confort et l'amour qui nous liaient. Je la pris dans mes bras une nouvelle fois, soupirant en reposant ma tête lourde sur son épaule. La peau de son cou collée à ma joue avait été rendue violette par ma bouche, mais je n'y prêtais même plus attention à ce moment, bien qu'une once de fierté me fît sourire.

« Je t'aime, » dis-je encore.

Les seuls mots qui me passaient par la tête étaient ceux-là.

« Oh, moi aussi. Je t'aime tellement, » répondit-elle en caressant mes cheveux.

J'étais confortable dans ses bras. Je me sentais bien. Aucun autre endroit ne semblait plus correct que celui-ci. La sensation de son corps qui m'entourait était ineffable. J'étais heureuse ainsi à ses côtés.

« Allez, » finit-elle par dire, coupant mes pensées amoureuses.

On se mit à marcher discrètement, main dans la main. Son pouce glissait sur ma peau et j'y retrouvais notre douceur passée. En entrant dans la chambre, on la vit plongée dans le noir. On se repéra lentement, avec difficulté, avant que l'on s'allongeât ensemble sur le matelas prévu pour elle. Il était petit, sûrement trop petit pour deux, mais nous n'y prêtions pas d'attention. De plus, lorsque nous étions ainsi collées l'une à l'autre, le manque d'espace n'était pas un problème.

J'étais installée derrière SuA, ma poitrine collée à son dos, mon bras entourant son ventre. Le confort que m'apportait celui-ci lorsqu'il se soulevait au rythme de sa respiration déjà ralentie était idéal. L'euphorie de notre soirée et de ces retrouvailles m'avait empêchée de penser au fait que nous devrions confronter, avec sûrement quelque maladresse, le regard rassuré ou espiègle de nos amies dès notre réveil. Mais peu m'importait. Je resserrais le corps de SuA contre le mien en ayant ces pensées : tant que nous resterions ensemble, tout se passerait bien. Nos sentiments amoureux nous avaient déjà aidées dans le passé, et maintenant que nous savions quelle erreur n'était pas à reproduire, nous n'en serions que plus unies.














01/04/23

Wow... Alors ?
Ma pause de Wattpad ne se justifie que par mon inactivité et ma flemme haha ㅠㅠ mais vous êtes devant mon one shot le plus important que j'ai écrit jusque là !! Assez unique et différent mais je l'adore donc j'espère que vous aussi :))

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro