PDV Jungkook

Je traçais chaque trait avec minutie, comme si ma vie en dépendait. Il fallait qu'il soit parfait. L'esquisse était loin d'être satisfaisante, et je me hâtais de terminer mon chef d'œuvre. Je devais dessiner ce qui me passait par la tête, mais en même temps, cela devait représenter la perfection. Je crayonnais comme un fou, à la vitesse de la lumière, courbe par courbe, trait par trait ; il commençait à se concrétiser. Le travail était pourtant loin d'être terminé : il n'était pas encore complètement parfait, et il fallait absolument qu'il le soit. Son visage était allongé, noble, lisse. Il avait un teint clair et lumineux, comme si sa peau était un imprimé sans défaut. Ses cheveux étaient châtains, et sa coupe formait une frange rebondie, qui lui arrivait en dessous du front et lui effleurait les yeux. Ses yeux étaient en amandes, noirs, profonds et intenses, et je n'arrivais juste pas à le détacher du regard. Son nez était fin, retroussé et délicat. Ses oreilles étaient grandes, au lobe allongé, percé du côté droit. Et finalement, ses lèvres, roses, pulpeuses, charnues et gourmandes, presque remplies d'irréalisme à elles-seules, qui trônaient le visage de cet homme que j'avais moi-même modelé à mon image. A l'image de la perfection que j'avais réussi à atteindre.

J'étais assez fier des couleurs, de la position et de la finition que j'avais réussi à donner à ce portrait. Il s'agissait de mon ultime œuvre d'art. J'étais arrivé au summum de ce que j'arrivais à faire de mieux.

J'avais hâte de le présenter au concours des jeunes artistes de Busan en tant que représentant de ma faculté d'art visuel, et j'espérais franchement gagner le premier prix pour rendre fier tout le monde.

Le dessin étant terminé, je commençais pourtant à penser que ce n'était peut-être pas assez suffisant. Comment est-ce que ce visage que j'avais imaginé de toute pièce allait réussir à me donner le premier prix ? C'est vrai que, même s'il s'agit de mon plus grand accomplissement en art et que je considère vraiment ce dessin comme parfait, il n'a sans doute pas sa place dans un concours comme celui-ci ?

Je devrais peut-être présenter autre chose ?

« Jungkook ? »

Je sursaute à l'entente d'une voix masculine, puis lâche un soupir en me rendant compte de qui il s'agit.

« Hyung, tu m'as fait peur. Je déclare en me retournant pour lui faire face.
-Sorry bro, je m'inquiétais juste pour toi. »

Il me lance un sourire réconfortant, et me ramène un mug rempli de café encore brûlant, avant de s'asseoir à côté de moi.

« Tu sais quelle heure il est ? Il me demande, l'air légèrement fatigué, et je fronce les sourcils. Trois heures du matin, il est trois heures du matin et demain, on a cours. »

J'ouvre grands les yeux à cette annonce, très étonné qu'il soit déjà si tard. La dernière fois que j'avais regardé ma montre, il était 21 heures. J'avais pensé que seulement vingt minutes s'étaient écoulées...où est-ce que tout ce temps est passé ?

Je me mets soudainement à bailler, ce qui décroche un autre sourire à Jin.

« Qu'est-ce qui t'a autant fatigué, p'tit gars ? »

Il jette un coup d'œil derrière mon dos, sur mon bureau et saisit mon dessin du bout des doigts, précautionneusement, en sachant très bien qu'il s'agit de quelque chose d'important.

« Qui c'est ? M'interroge-t-il en observant mon travail.
-Personne. Je hausse les épaules. J'ai imaginé un visage, et je l'ai dessiné.
-C'est pour le concours ?
-Je ne sais pas encore... Dis-je, toujours indécis.
-En tout cas, il est très beau. Souris mon compagnon de dortoir en se levant. Bref, tu ferais mieux d'aller dormir maintenant. »

Il dépose le dessin à l'endroit où il l'avait pris, me souhaite une bonne nuit et retourne dans la pièce d'à côté.

Je me lève à mon tour, exténué. Je regarde longuement le dessin, à la recherche d'une solution pour le concours, mais me retrouve à divaguer vers des pensées idiotes.

Il est vraiment trop tard pour prendre une décision raisonnée. Je devrais vraiment juste aller dormir comme Jin-hyung me l'a conseillé et y réfléchir demain matin.

J'ai donc fini par m'asseoir à mon bureau, et m'endormir en fixant l'image précise et nette de la perfection telle que je la vois.

Lorsque j'eus ouvert les yeux, mon regard était déjà plongé dans le sien. J'avais réellement bien détaillé ses yeux, et quand on regardait bien attentivement, on pouvait réussir à voir ses pupilles au fond de tout ce noir. Etrangement, je n'arrivais pas à regarder ailleurs. Ses yeux étaient vraiment réalistes, et je ressentais une sorte de béatitude en ce moment.

C'est comme si le monde autour de ce dessin et moi, avait complètement était absorbé par ce regard.

Or, la réalité avait très vite rattrapé la fiction. Hier soir me revenu en tête en l'espace d'une seconde, et je fini par lever la tête, à la recherche d'une réponse à la question que je m'étais posé avant de m'endormir.

« Jungkook ? Hurle une voix dans la pièce d'à côté. T'es réveillé ? »

Je me retourne soudainement, faisant accidentellement se renverser une tasse remplie de café froid sur le dessin qui s'imbibe directement du liquide couleur chocolat.

« Merde. Je m'exclame en retirant la tasse du plan de travail. Merde merde merde, non... »

Je prends rapidement une tonne de sopalin, et dépose tout sur le morceau de papier, en sachant pourtant très bien qu'il est complètement foutu.

Je n'y crois pas...j'ai réussi à foutre en l'air quelque chose comme ça, si bêtement. Je ne pourrais jamais reproduire ce portrait, l'ébauche pourrait être refaite, mais je ne pourrais jamais refaire un tracé exactement comme celui-ci.

Je soupir, et prend ma tête dans mes mains. Ce dessin ne sera pas présenté, et ça me désespère. J'aurais peut-être pu gagner le premier prix avec ça. J'aurais pu rendre fier toute ma faculté.

Je sentais peu à peu mes espoirs et ma motivation me quitter lorsque je sentis une main sur mon épaule.

« Ça, c'est vraiment dommage. Susurre mon ami, en observant mon gâchis.
-Je pourrais pas remporter le concours maintenant. Je souffle, fatigué de ma malchance matinale. Ce dessin aurait pu me donner le premier prix.
-Il te reste encore une semaine, non ? Tu ne pourrais pas en faire un autre ?
-Un autre ? Je fronce les sourcils, offusqué. Impossible, j'ai mis des heures avant d'atteindre ce résultat, je ne pourrais sans doute plus jamais en faire un semblable. »

Pourtant, subitement, une envie prend part en moi.

L'envie de recommencer à prendre soin de ce visage, l'envie de recommencer à le tracer, l'envie de recommencer à le dessiner sous toutes ses formes, l'envie de recommencer à faire vivre cette image, l'envie de recommencer à fixer ses deux yeux profonds et envoûtants.

L'envie d'illustrer cet homme parfait.

« Hyung, je pense que je vais recommencer. Déclarais-je lentement.
-D'accord, mais avant tout, tu sais quelle heure il est ? »

Je regarde le cadran de ma montre : elle affiche 11 heures et demi. Je suis en retard de dix minutes à mon cours de graphisme informatique.

Putain.

Je me lève rapidement de ma chaise, et court jusqu'à mon armoire, ce qui fait sourire Jin, qui se contente de sortir de la pièce en soupirant. Je prends des vêtements au hasard, puis les enfile en quatrième vitesse, avant de saisir mon sac et sortir de la chambre.

Je cours dans les couloirs du dortoir, prend la porte de sortie et court sur la longueur du campus bondé de gens. Je me précipite rapidement vers le bâtiment scientifique, en direction de la salle informatique où mon cours a déjà commencé depuis au moins 15 minutes. Je rentre dans la structure, traverse les allées vides au sol brillant, tout juste nettoyé par les agents d'entretien, et monte les escaliers pour arriver au deuxième étage où se trouve l'administration et les salles informatiques.

Je passe devant l'administration, où des cris de colère de se font entendre. Je tourne rapidement la tête par curiosité, et aperçoit le chef de l'établissement qui hurle sur un garçon.

Mais étonnement, malgré mon retard au cours de graphisme, je m'arrête brusquement dans ma course. Je viens de voir quelque chose de surprenant, limite flippant dans ce bureau. C'est juste carrément insensé, et j'ai sans doute eu une hallucination.

Il était là. Le garçon, que j'avais moi-même imaginé de toute pièce, que j'avais dessiné juste pour voir ce qu'il pouvait donner sur papier, était là. Ce garçon était là.

Non, c'était absurde. Il n'existait pas, c'était juste un dessin, j'avais dû mal voir ou c'était peut-être la fatigue. Je devais impérativement regarder, encore une fois, pour être sûr qu'il s'agissait bien de quelque chose d'incohérent que mon cerveau avait décidé de placer là pour me torturer d'avoir ruiné mon chef d'œuvre.

Alors j'avais reculé de deux pas, et les voix se faisaient déjà plus claires. Il s'agissait bien du directeur, et d'un garçon. J'avais regardé plus attentivement le spectacle, en tenant bien fermement les bretelles de mon sac à dos, le souffle coupé, complètement abasourdi par ce que j'observais.

C'était bien lui.

« Comment avez-vous osé ?! Hurle littéralement le directeur, assit à son bureau, le poing sur la table.
-J'ai juste voulu mettre un peu d'ambiance. Répond calmement, mais de manière provocante le garçon du dessin.
-Jouer du saxophone en cours d'histoire, c'est ça, que vous appelez 'mettre de l'ambiance' ? »

Le directeur semble se contenir vis-à-vis du presque-mirage, et celui-ci, debout, regardant ses ongles, provocant, agaçant, défiant toute l'autorité qu'on lui montre, l'ignore, maintient ses propos, et ne montre aucune expression particulière, devient comme un aimant pour moi.

Je n'arrive pas à détacher mes yeux de lui.

Sa taille imposante, ses longues jambes fines, son torse robuste, ses larges épaules, ses bras relâchés, ses grandes mains aux doigts gracieux, son cou où quelques veines étaient visibles, sa mâchoire marquée, son menton effacé, son teint clair et enluminé, ses épaisses lèvres roses, ses grandes oreilles décollées, ses nez retroussé, ses yeux en amandes noirs, ses sourcils bien tracés, ses cheveux bruns coiffés en frange qui effleurent ses yeux, en cachant son front.

Il n'avait rien à effacer ou à modifier. Il était tout simplement parfait.

Il était exactement comme je l'avais imaginé, exactement comme je l'avais conçu dans mes pensées. Avait-il toujours été dans cet établissement ou était-il sorti du papier pour venir me hanter ? L'avais-je réellement inventé ou tout simplement recopié par mégarde ? Pourquoi n'avais-je jamais croisé quelqu'un comme lui auparavant ?

« C'est inadmissible, vous causez toujours des ennuis à cette période de l'année ! Pensez-vous réellement que vous allez continuer ainsi l'année prochaine ?
-Je ne compte pas rester ici l'année prochaine, de toute façon. Dit-il, nonchalant.
-Vous êtes pourtant très bon élève, quel dommage que vous finissiez ainsi. »

Le directeur se frotte les tempes, et reste en silence pour reprendre ses esprits, et le garçon baille, visiblement ennuyé d'être encore ici. Quant à moi, je continue de regarder la scène, comme si mes pieds ne voulaient plus bouger, comme si mon âme était aspirée par ce garçon.

Je devrais aller en cours, je dois aller en cours maintenant.

Mais le message qu'envoie mon cerveau n'atteint pas mes jambes, qui continuent de rester ici, décidées à ne pas bouger.

Le garçon regarde alors vers moi, et un sourire d'amusement apparait sur son visage. Pris en flagrant délit d'admiration, c'est avec stupeur que je fixe ses yeux profonds, et m'y perd durant quelques secondes.

Et il continue de m'observer. Je reste pétrifié rien qu'à cette idée, et m'empourpre rapidement. Je baisse alors les yeux, surpris, ahuri, mais toujours aussi émerveillé.

L'esprit troublé, j'entends à nouveau la voix du directeur.

« Vous pouvez sortir, ça va pour cette fois. Dit-il d'un ton désespéré. »

C'est à l'entente de cette phrase que mon cœur rate un battement, et je me mets à courir vers ma salle, soucieux de tomber nez-à-nez avec ce mystérieux garçon.

Arrivé devant la salle en question, à court de souffle, à court d'idée, je toque avant de rentrer et de rapidement fermer la porte derrière moi.

« Jeon Jungkook, en retard. Déclare ma prof, en souriant. Allez, je sais que tu as passé la nuit à dessiner, va t'asseoir et tâche de finir le devoir en avance. »

Heureusement que cette prof est aussi sympa, et qu'elle me connait aussi bien, sinon je pense que j'aurais été obligé de me retrouver dehors, et de recroiser le gars de mon dessin, ce qui n'aurait rien arrangé à ma situation particulière.

Je m'excuse calmement avant d'aller m'installer devant un ordinateur au fond de la salle, tout seul. Je commence alors à travailler sur le devoir donné, en tentant tant bien que mal de me concentrer sur mon art.

C'est ainsi que j'eus enchaîné les cours, l'esprit occupé par le sourire, le regard et la voix de l'homme qui se trouvait être littéralement celui de mes rêves. Rien n'avait pu l'enlever de mon esprit, et rien n'avait pu m'intéresser davantage que l'existence de ce mirage-réel. Et malgré mes efforts pour me le faire partir de ma tête, tout revenait toujours à cette unique et même pensée redondante : qui était-il ?

C'est vrai ça. Qui était-il ? Pourquoi n'avais-je jamais entendu parler de quelqu'un comme lui auparavant ? Il n'avait pas l'air si discret que ça, et avec un physique comme le sien, les filles devaient sans doute lui courir après. Alors, comme cela se faisait-il ?

Une centaine de questions farfelues m'avaient très souvent traversé l'esprit aujourd'hui et, pour changer, j'avais commencé à dessiner son visage sur mes cahiers de cours.

J'essayais d'abord de le faire comme je le souhaitais, dans des positions ou avec des vêtements que je l'imaginais porter, mais curieusement, je n'aimais pas ce que je faisais. Je gommais sans cesse, et rapidement, j'avais commencé à dessiner autre chose, quelque chose que je n'avais pas l'habitude de dessiner.

Je n'avais jamais aimé dessiner à partir d'un modèle, et ce, depuis mon plus jeune âge. Durant les cours de dessin que je prenais plus petit, on nous forçait à reproduire ce qu'on voyait devant nous, et je détestais cette idée. Reproduire quelque chose est tout, sauf artistique. Tout ce que je n'aimais pas. J'aimais au contraire laisser mon esprit divaguer vers des pensées différentes, des visages inventées, des paysages imaginaires, des objets fantastiques...tout, précisément tout ce qui n'existait pas, j'arrivais à le rendre vivant, et réel. Et j'avais bien compris que l'être humain que j'étais, l'artiste que j'étais, ne vivait que pour créer.

Néanmoins, je m'étais mis à le dessiner exactement comme il était, dans cette salle, avec cette même position, ce même jean slim troué, ce même long pull bleu océan. C'était une reproduction exacte de ce que j'avais entre-aperçu à ce moment précis.

Et j'avais commencé à prendre goût, dès cet instant-là, à reproduire chaque détail de l'anatomie de cet homme parfait

J'avais commencé à créer à partir de ce qui existait déjà.

« Euh...excuse-moi ? »

Je relève la tête de mon cahier, laissant mes pensées et mon dessin de côté, pour prêter attention à un garçon aux cheveux roses, penché vers moi. Ses yeux sont posés sur mon dessin et je m'empresse de le cacher. Je n'aurais pas dû me mettre à dessiner sur le campus, pleins de personnes auraient pu voir ce que je faisais.

« Oui. J'arrive à articuler, en bégayant un peu, gêné.
-J'ai vu ce que tu faisais. Pourquoi tu dessines Taehyung ? Me demande-t-il, un sourire au visage, les sourcils froncés. »

Taehyung ? Serait-ce le nom du garçon de mon dessin ?

J'ouvre à nouveau mon cahier, cherchant une explication à lui donner pour pouvoir me débarrasser de lui.

« Je suis sûr qu'il t'a obligé à le dessiner. Se met à rire l'inconnu, visiblement sérieusement. Ah ! J'ai oublié mes bonnes manières ! »

Il se redresse puis me tend une main, que je fini par serrer, en hésitant légèrement.

« Je m'appelle Park Jimin, je suis aussi le meilleur ami de Tae, même si parfois j'aimerai l'échanger contre un bucket de dyangnyeom bien chauds. »

J'esquisse un léger sourire, mal à l'aise à l'idée de parler à un inconnu qui se trouve être l'ami de ce garçon que je dessine.

Il pense que je suis l'ami de ce Taehyung, qui plus est.

« Je...ne suis pas vraiment un ami de Taehyung. J'avoue doucement, rouge. »

Il fronce les sourcils et lâche ma main, puis rejette un regard sur mon dessin.

« Il te connait au moins ? M'interroge Jimin.
-Non, enfin, je ne sais pas. Dis-je, un peu hésitant. Je l'ai juste pris comme modèle de dessin, au hasard, je ne connaissais même pas son nom avant que tu me dises.
-Ah d'accord. »

Il retrouve rapidement le sourire, un peu moins effrayé à l'idée que je sois un psychopathe qui dessine tout ce que fait son ami, même si en réalité, c'est le cas.

Je ne suis pas un psychopathe, par contre. Juste un artiste préoccupé par le fait que son œuvre « a pris vie ». Je pense que c'est normal pour moi de me mettre à le dessiner si je suis perturbé par lui, par son existence même.

Jimin se place alors, inexplicablement à mes côtés, puis prend mon cahier de mes mains.

« Tu dessines vraiment bien, petit. Avoue-t-il en hochant la tête de haut en bas. »

« Petit » ? Je suis petit moi ? J'ai pourtant bien l'impression qu'il est beaucoup plus petit que moi, enfin bon. Il fait quand même assez mature, mis à part son visage de bébé. C'est un hyung assez enfantin, d'après ce que je peux voir.

« Tu pourrais me rendre un service ? Tente le gars aux cheveux roses.
-Tout dépend de quoi. Je lance, en attente d'une réponse.
-Eh bien... »

Il relève la tête vers le ciel, et ferme les yeux. Il prend quelques secondes avant d'ouvrir la bouche.

« Vu que tu dessines bien, des gens au hasard comme Taehyung...j'me suis dit que tu pourrais dessiner quelqu'un pour moi. Reprend-t-il.
-Bien. Lâche ma voix. Qui ? »

Il lève les paupières, tourne la tête vers moi et me lance un regard plein d'espoir. Ses yeux se mettent à briller à l'entente de ma phrase, comme si je venais de lui offrir le Saint Graal.

J'ai toujours eu l'habitude de recevoir des demandes de la part d'à peu près tout le monde, depuis que je suis tout petit. Je n'aime pas vraiment représenter quelque chose qui existe déjà sur papier, mais je veux bien faire une exception pour ce gars. Il a l'air sympathique, et puis il a l'air de vraiment vouloir ce dessin alors pourquoi pas tenté le coup ?

« Tu connais Min Yoongi ? Me demande-t-il et j'hoche négativement la tête. Attend que j'le trouve alors... »

Il se met à tourner la tête dans tous les sens, à la recherche de la personne en question puis son regard finit par s'attarder sur un garçon assit sur un banc du campus, tout seul, les yeux fermés, un casque sur la tête, sans aucun doute en train d'écouter de la musique. Celui-ci a les cheveux noirs, il est extrêmement mince et d'ici, je ne peux pas plus détailler son physique. Et l'obscurité de ce mois de janvier ne m'aide aucunement.

« Je ne le vois pas très bien. Déclarais-je.
-Je n'ai qu'à t'envoyer des photos ? Enfin, si tu me passes ton numéro, évidemment.
-Aucun problème. »

Je lui dicte mon numéro afin qu'il l'enregistre sur son portable, puis je reçois déjà les images que Jimin voulait m'envoyer.

Sur la première, on peut le voir afficher un sourire éclatant en prenant un selfie pendant que son ami Yoongi dort. Sur la deuxième, ils font tous les deux des grimaces, et sur la troisième et dernière photographie, qui semble avoir été prise au même jour que la deuxième, Yoongi repousse Jimin à l'aide de sa main, comme si celui-ci le dégoutait suite à une sorte de blague débile ou un mauvais jeu de mots, comme ceux que Jin-hyung me sort parfois.

« Désolé, j'ai pas plus de photo de lui. S'excuse le gars aux cheveux couleur bonbon.
-Ce n'est pas très important. Je regarde de nouveau mon interlocuteur en éteignant mon portable. Comment veux-tu que je le dessine ? Et pour quand ?
-Bah...dessine-le comme tu veux. C'est toi le pro, petit. Il me sourit et m'ébouriffe les cheveux, comme si on se connaissait depuis toujours. Et puis, je suppose que tu as tout le temps que tu veux, tant que je le reçois avant début mai, ça me va. »

J'hoche la tête, en prenant en compte ce qu'il me dit, puis regarde ma montre ; celle-ci affiche déjà presque 19h.

« C'est bientôt l'heure du couvre-feu. J'annonce à mon aîné. Tu dors dans quel dortoir ? J'ajoute, par curiosité.
-Dortoir C, chambre 42, Yoongi est mon coloc. Il soupire. Je sais, le pire dortoir, mais bon, j'ai au moins un pote sympa, et pas trop bruyant...et toi ? Il demande, sans doute par politesse.
-Dortoir B, chambre 35. Je ne sais pas si tu le connais, mais mon coloc s'appelle Kim Seokjin.
-Seokjin ? »

Il marque une pause de quelques secondes pour réfléchir avant de reprendre.

« Non, je ne pense pas que je le connaisse. Vous vous entendez bien ? Dit-il en se grattant l'arrière du crâne.
-C'est mon meilleur ami. Il est en faculté de musique.
-Musique ? Quel domaine ?
-Chant. Je réponds avec un léger sourire. Il chante exceptionnellement bien.
-Je devrais peut-être aller traîner vers les salles de chant, réplique-t-il. Je suis en faculté de danse, personnellement. Je dance très bien aussi. Se vante-t-il, et je laisse s'échapper un petit rire. »

Il me sourit en retour, puis me révèle qu'il doit y aller et qu'il me verra plus tard, ce à quoi je réponds d'un simple « à plus » enjoué, avant de moi-même me lever pour aller aux dortoirs.

Sur le chemin, je scrute la présence de dénommé « Taehyung » autour de moi, avec l'espoir dissimulé de le revoir apparaître, tel un personnage des mangas et autres animés que regardent parfois Seokjin. J'ai pourtant beau le chercher avec ardeur, je ne le trouve nulle part. Je décide alors d'abandonner, en me disant qu'il ne s'agit que d'un gars comme un autre, et que j'ai simplement dû le recopier en le dessinant hier soir.

Mais, je me souviens toutefois avoir tenté d'inventer cet homme de papier, d'avoir essayé de le rendre réel. Combien de fois ai-je dû effacer mon œuvre pour qu'elle devienne ce qu'elle est devenue ? Combien de fois ai-je dû gommer mon tracé parce qu'il ne ressemblait pas à celui que je m'imaginais faire ? Combien de fois ai-je dû tailler mes crayons pour pouvoir faire un trait suffisamment fin pour reproduire la finesse de l'homme dans mon esprit ? Combien de crayons ai-je utilisé d'ailleurs ? Combien de temps ai-je passé à regarder le vide, à la recherche d'une idée pour rendre ce regard, ces yeux, ces deux perles aussi nettes ? Combien de temps ai-je passé, moi, à rendre cette image imaginée, irréelle, aussi parfaite ?

J'étais maintenant persuadé d'une chose.

Mon dessin s'appelait Taehyung.

-.-.-.-.-.-.-.-.-.-
Bonjour ^^ (Salut les nouveaux ^^ Re les anciens xD)

Voilà le premier chapitre de ma nouvelle fiction x) je ne sais pas trop quoi en penser...je me suis donner à fond là-dessus.

Il s'agit de la première fiction que j'écris depuis des mois O:

J'en suis fière, elle m'inspire beaucoup :3

En tout cas, j'espère que ça vous aura plû et que vous continuerez à lire ^-^

J'vais arrêter d'écrire trop x) Byyyye~~

-Faultif