
Drarry en neige
La pluie tombait en ce soir de décembre dénué de neige. Cette année encore, il faudra attendre janvier voire février pour espérer en profiter. Harry Potter soupira en pensant à la déception de ses enfants, et frotta ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer, avançant dans les rues mornes de sa ville. Malgré la période des festivités, peu était ceux sortant braver le froid glaciaire. Ce n'était pourtant pas une si horrible chose, et le brun aimait profiter de ce temps d'accalmie lorsqu'il le pouvait. Il passait ainsi régulièrement deux à trois heures à simplement... divaguer au sein des petites rues sombres et tranquilles, à écouter le son de ses pas briser la mélodie nocturne.
Cependant, cette fois-ci, Harry décida d'écourter son séjour alors que la pluie, aussi discrète et apaisante soit-elle, commençait sérieusement à s'insinuer dans ses vêtements et à alourdir ses pas. Ce fut donc d'un pas déterminé qu'il se hâta vers son appartement alors que les cloches sonnaient onze heures. Il s'accorda toutefois une courte pause alors qu'il se trouvait sur un pont près de chez lui. Ce pont avait une atmosphère particulière la nuit, et ce depuis le premier jour de son arrivé en ville. Le paysage nocturne, l'alliance entre l'eau et les étoiles, rendait la scène féérique, romantique. Il se souvient avec tendresse avoir emmené ici Ginny Weasley il y a quelques années pour lui demander sa main. Il avait également recommandé l'endroit à son enfant le plus âgé, James, alors que celui-ci cherchait un endroit pour emmener une voisine en rendez-vous, même si cela ne l'avait pas aidé outre-mesure, malheureusement. Ainsi, un sourire au coin des lèvres, Harry regarde la scène pluvieuse avec nostalgie. Peut-être Ginny emmènera-t-elle son futur compagnon ici, qui sait ?
« A T C H O U M ! »
Il sursauta, brisant son instant de contemplation. Sa tête tourna instinctivement vers la source du bruit, et son regard trouva rapidement celle-ci : une forme humanoïde recroquevillée sur elle-même et cachée dans l'ombre du pont suivant le sien. Harry sentit ses sourcils se froncer et son corps courir vers l'escalier le plus proche. Cet évènement imprévu le mettait malgré lui de bonne humeur, bien plus que la pluie. Enfin un peu d'action, cela faisait longtemps ! Après tout, il s'ennuyait à mourir pendant ses vacances. Les enfants étaient avec Ginny cette semaine, et il n'avait rien à faire à part déambuler sans but... à la recherche de ce genre d'occasion, mais ça, il ne l'avouerait jamais.
Il finit par se rapprocher de la figure anonyme, ralentissant pour rentrer doucement dans l'ombre du pont afin de ne pas effrayer le mystérieux inconnu.
« Tout va bien ? Que faites-vous ici ? Puis-je vous aider ? » Lança-t-il par habitude.
« Bon sang Potter, qui t'as appris à harceler les gens comme première approche ? » Répondit avec humeur une voix qu'il n'avait pas entendu depuis très longtemps et dont la remarque le fit rougir de gêne.
« M-Malefoy ?? – Lui-même. »
Déstabilisé, Harry ne put que fixer son interlocuteur avec de gros yeux, alors que celui-ci se trouvait être un Drago Malefoy frigorifié et qui se redressait maintenant d'un air aussi digne qu'il le pouvait, assis par terre.
« Mais que fais-tu ici ? Pourquoi n'es-tu pas avec ta femme ? » Finit par questionner Harry, la curiosité prenant le dessus sur la sidération. Un court silence lui répondit avant que Drago ne daigne le faire lui-même :
« Elle m'a mise dehors... » Marmonna-t-il.
« Pardon ? Mais pourquoi Astoria aurait-elle fait ça ? Vous vous êtes fâchés ? – A ton avis, crétin ? – Eh oh ! J'essaie juste de comprendre ! Je veux juste aider ! » Se vexa Harry. « Ton syndrome du héros qui revient, Potter ? » Répliqua mollement l'autre homme. L'intonation fit d'ailleurs comprendre au brun que la situation était définitivement grave, et le décida à l'aider. Non à cause de son « syndrome du héros » comme s'aimer à l'appeler le blond, mais parce que, malgré toutes leurs disputes, Harry appréciait sincèrement Drago.
« Allez, lève-toi. Je t'emmène chez moi. – Avec Weaslette ? Je ne voudrais pas déranger, merci bien. – Ne sais-tu pas que nous sommes divorcés ? » Cela surprit Harry, mais il n'attendit toutefois pas de réponse pour attraper le bras du blond et le lever de force. « Je l'ignorais... Enfin, j'ai cru à une rumeur, lorsque c'est apparu dans les journaux. Vous aviez l'air du couple parfait, après tout. Du genre difficile à séparer. » Harry se permit de rire doucement, ce qui lui valut un regard perplexe de la part de son interlocuteur. Il se mit en route vers chez lui, sans pour autant lâcher le bras de Drago, qui ne fit aucune résistance. « Ginny et moi nous entendons toujours aussi bien si c'est cela que tu veux dire par « difficile à séparer ». Mais notre couple n'était pas parfait, bien au contraire. » Un silence tranquille se fit avant qu'il ne reprenne. « Même si mes enfants le sont, eux ! » Et éclata de rire.
Il ne s'attendait cependant pas à ce que, lorsqu'il tourna son regard vers Drago, celui-ci l'observait d'un air surprenament doux, accompagné d'un léger sourire amusé, ce qui lui fit perdre le fil de ses pensées. Il n'avait pas prévu ce visage attendri. Il déglutit et détourna le regard, de nouveau le rouge aux joues, se réprimandant : Il avait 39 ans, bon sang ! Un peu de contrôle !
Le silence qui suivit les accompagna jusqu'à la porte de son immeuble, où Harry réalisa qu'il n'avait pas lâché le bras du blond de tout le trajet, ce qui le fit s'excuser prestement, aussi rouge qu'une pivoine. Drago l'observait faire d'un air moqueur, malgré le rose qui planait sur ses propres joues. « Et si tu nous ouvrais pour te faire pardonner, Potter ? » Ce qui eut pour effet de faire apparaître un air boudeur sur le visage du brun alors que celui-ci s'activait à la tâche. Ainsi fait, le blond s'en alla pour passer devant lui avant de décider de l'embêter encore un peu. Il posa sa main sur le cou d'Harry, comme pour le tapoter, mais s'attarda quelque peu avant de retirer sa main et d'avancer dans le bâtiment. « Allons, Potter, il ne faut pas se vexer ainsi. » Railla le blond tout en appelant l'ascenseur, ce qui résulta en la cuisson du visage du brun, qui tentait, en vain, de ne pas montrer l'étendue de l'effet qu'avait eu ce simple geste sur lui.
Harry se lamentait intérieurement de ce retournement de situation alors qu'il peinait à suivre Drago dans l'ascenseur. Ce dernier semblait d'ailleurs bien se régaler de la situation, à tel point que, l'espace de quelques instants, il oublia l'origine de tout cela. Il ne le réalisa de nouveau seulement lorsqu'il fut confortablement installé, une tasse fumante au creux des mains, alors qu'Harry avait repris ses esprits et l'observait songeusement. Un soupire traversa ses lèvres avant qu'il ne prenne son courage à deux mains et confit l'origine de son malheur.
« Astoria a découvert ma bisexualité. Et... Elle ne l'a pas supporté, visiblement. » Dit-il en souriant maladroitement à son hôte malgré ses sourcils froncés et un regard douloureux. « La communauté des Sangs Purs est encore très fermée à ce sujet... Je crains de ne plus avoir ma place là-bas, à présent. » Ce seul constat était profondément blessant, pour lui qui avait passé une grande partie de sa vie à se battre uniquement pour l'honneur de sa famille, pour son statut de Sang Pur.
« Et ton enfant ? » Demanda Harry d'un ton brusque, voire urgent, ce qui fit relever la tête du blond, décontenancé par son regard perçant. Il n'y avait pas pensé, comme son fils était la plupart du temps à Poudlard, à l'internat, mais... « Je, je ne sais pas. » La situation prenait d'un seul coup un tout autre sens. Était-il possible qu'il ne le revoit plus jamais ? « Tu penses vraiment qu'elle pourrait m'empêcher de le voir... ? » Murmura-t-il, sonné. Le regard sombre que le brun lui renvoya ne le rassura pas le moins du monde, et il se sentit soudainement extrêmement lourd. Comment la situation avait-elle pu dérailler à ce point ? Le plafond semblait d'un coup bien intéressant, parsemé de petites altérités qui auraient agacés n'importe quel perfectionniste levant la tête. La réflexion fit sortir un rire grinçant de sa poitrine. Mais alors qu'il allait commencer à dériver pour de bon, Drago sentit un poids se poser à ses côtés, accompagné d'une paire de bras qui le soutenait dans sa panique en l'entourant d'une chaleur réconfortante. « Ça va aller. Elle n'a rien contre toi pour t'enlever sa garde. Tu es un bon père. – Tu crois ? – J'en suis sûr. » Il prit une profonde mais tremblante inspiration, l'incertitude persistante, et laissa son front reposer contre l'épaule d'Harry, qui rajouta rapidement, hanté d'un passé qui ne le laissera jamais réellement en paix : « On n'empêche pas aux enfants de voir leurs parents. »
Un silence pesant s'ensuivit, enveloppant fermement les deux anciens ennemis dans une ambiance singulière. Ainsi, durant de nombreuses minutes, aucun d'eux ne bougea ou ne reprit la parole, laissant la boisson du blond refroidir entre ses mains. Le temps passa, et des tapotements sourds mais légers se firent entendre à la fenêtre, les sortant doucement de leur torpeur. « Il neige. » Dit Harry, et son invité acquiesça. « Il faut croire que tu es vraiment un héros, Harry. » Tous deux savaient qu'il ne parlait pas uniquement du fait de l'avoir sauvé d'une hypothermie certaine. « Merci. »
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