5. Bonsoir Maman
L'après-midi passa vite. Au final, les cours étaient plus qu'ennuyants. Surtout le sport. Qui avait eu la bonne idée de croire à quiconque que c'était bien de courir dehors sous la pluie ? Et bien sûr, le prof, lui, ne courait pas. Blanche dut maîtriser sa vitesse, pour la mage noire, elle ressemblait à un escargot pour la première fois de sa vie.
Même Clara traînait loin derrière avec Ely. Will n'avait pas ce problème. Après tout, un mec aussi musclé pouvait courir devant sans éveiller de soupçon...
Pour couronner le tout, on râla dans son esprit. C'est bon, elle en avait marre. Elle profita d'avoir le statut de petite nouvelle pour se réfugier dans les toilettes.
Elle se posa devant le miroir du lavabo, se regardant. Son jogging imperméable gouttait sur le sol, son chignon depuis longtemps défait, trempé formait une masse informe derrière sa tête et des mèches de cheveux mouillés disparates s'amusaient à lui chatouiller les épaules.
- Bon, tu te mets à table ?
Tu es l'hôte le plus insupportable que j'ai jamais eu.
- L'hôte ? Demanda Blanche à son propre reflet.
Enfer et Damnation ! Qu'est-ce que cela pouvait bien dire ?
Sous ses yeux, le collier qu'elle avait mis au Gala Vampirique, refis surface. Invisible, il redevint visible. Elle l'avait complètement oublié ! D'abord, elle fut mortifiée de ne pas l'avoir rendue à son propriétaire, puis elle se demanda pourquoi le bijou ne se manifestait que maintenant. Et surtout, quelle sorte de magie refermait-il ?
Avec méfiance, elle toucha le pendentif. Il était comme soudé à sa peau, la chaîne également. Le rubis rougeoya sous la lumière du néon des toilettes des filles.
Elle leva les yeux et derrière elle, dans le miroir, elle aperçut un homme. Blanche se retourna d'un coup. Rien ! La jeune femme fronça les sourcils, un gars dans les toilettes des filles ?
Je ne suis que dans le miroir.
Doucement, comme dans un film d'horreur, elle se retourna vers l'objet.
Bouh !
Punaise ! Ce con allait lui donner une crise cardiaque ! Son reflet s'était rapproché jusqu'à la tête de la rousse. À sa droite. Bizarrement, l'homme lui ressemblait, elle toucha le vide à côté d'elle. Rien.
Je ne suis pas réel. Du moins pas encore.
- Pas encore ? Demanda Blanche en observant le nouveau venu.
Roux, les cheveux longs, les yeux dorés presque rougeoyants. La mâchoire carrée, les sourcils imposants, une barbe de quelques jours. Habillé comme elle, comme s'il avait juste copié. Mais ce qui choqua le plus la mage, c'est qu'il avait des cernes énormes !
T'en que tu n'as pas assez de magie pour me donner un corps. Et depuis que tu m'as réveillé je ne dors plus, je cherche mes frères.
- Donc, tu peux lire dans mes pensées ?
L'homme fit la moue. Voilà qui confirmait à la fois ces doutes et à la fois, elle trouvait cela fâcheux. Phénix n'y avait pas accès, quant à Fenrir, eh bien, c'était un dieu donc... Et son Fen surtout. Mais lui, qui est-ce ? Et que lui voulait-il ?
Je m'appelle Flamme, Roi des Élémentaires de Feu. J'ai été banni de mon royaume, il y a fort longtemps, réduit à mon cœur de flammes. On a essayé de me réveiller à maintes reprises, mais il se pourrait que tu sois la seule à y être parvenue. Hélas, tu n'es pas encore assez puissante pour contenir ma véritable force.
- Euh, quand tu dis qu'il y a fort longtemps... ?
Un millénaire ou deux...
Ah oui ! Rien que ça. D'accord...
- Et qu'attends-tu de moi ?
Blanche savait très bien qu'il n'était pas soudé à son cou pour la beauté de la chose.
Je t'aiderai et tu m'aideras en retour. Je t'apporterai une puissance supplémentaire, je me battrai à tes côtés. Tout ce que je te demande en retour, c'est de m'aider à mettre la main sur mes trois frères et de les secourir si besoin est.
Blanche soupira. Encore. Décidément, depuis qu'elle avait sauvé Eva... Pas moyen de s'ennuyer à part en cours. De toute façon, l'élémentaire avait élu domicile dans son corps. Autant faire avec. Et puis, sans aide aucune en Outremonde, sans son familier, un compère ne serait pas de trop.
Sans compter que si elle pouvait aider, Blanche savait qu'elle le ferait. Seule une question persistait. Pourquoi diable le Roi des Élémentaires de feu avait été banni de son royaume ?
Parce que j'ai failli à mon devoir et à mon peuple. J'ai été envoyé dans un monde dans lequel la magie est tellement moindre que je me suis consumé sur place.
Blanche n'obtenu rien d'autre de l'élémentaire. Flamme, c'était tu, et de toute manière, son professeur n'allait pas attendre indéfiniment.
***
Mais une dernière surprise l'attendait. Dans sa chambre. À dix-huit heures, alors qu'elle voulait déposer ses affaires et prendre une douche bien chaude, elle trouva Clara et Ely sur le lit de cette dernière, accompagnées d'Elsa.
Voir sa mère aussi jeune, sans le regard plein d'amour sur sa fille, lui fit un choc. Elsa, fidèle à elle-même, était superbe. Elle avait hérité des yeux de son père, d'un bleu glacial et de la blondeur des drakions des glaces, les cheveux retenues par un serre tête à l'ancienne.
- Beth ? Demanda Ely, tu es ma nouvelle colocataire ?
Blanche confirma d'un geste plus sec qu'elle ne l'aurait voulu. Bizarrement, sa maman lui manquait plus qu'elle ne l'aurait cru. Pourtant, on pouvait qualifier Elsa de plusieurs choses, mais pas de mère présente.
- Euh, je te présente ma cousine, Elizabeth. Tiens, c'est marrant, vous avez presque le même prénom, s'enthousiasma Ely, qui souhaite faire bonne impression.
Blanche, qui comprit qu'elle souhaitait seulement faire amie avec elle, sourit, puis s'approcha.
- Salut, lança Blanche.
- Salut, lui répondit Elizabeth. Donc, t'es nouvelle ?
Beth acquiesça.
- Ne vous inquiétez pas, je vais juste me doucher. La course à pied sous la pluie, c'est pas trop mon truc.
- Y a pas de soucis, c'est aussi ta chambre, reprit aimablement Ely. Si tu veux après, on peut te faire visiter l'Académie ?
Clara leva les yeux au plafond. Après tout, elle savait très bien que s'il y avait quelqu'un qui avait besoin de visite, ce n'était pas la nouvelle venue.
- Avec plaisir, acquiesça pourtant Blanche.
Voilà l'occasion unique de se rapprocher de sa cible. Après tout, elle devait faire en sorte que sa naissance est bel et bien lieu.
- J'ai remarqué que tu n'avais pas beaucoup de vêtements, lança Elizabeth. Je suis désolée, j'avais laissé une boîte dans ta penderie.
- Euh oui. Je voyage léger, répliqua la rousse, en espérant qu'elle n'avait rien remarqué de particulier avec ses fringues.
- J'aime beaucoup la coupe de ton haut, c'est toi qui l'as fait ?
Blanche acquiesça, émue. Sa mère restait fidèle à son amour de la mode.
- On fait les boutiques mercredi, ça te dit de nous accompagner ? Je suis sûre qu'avec le goût que tu as, tu feras des merveilles !
Blanche sourit et acquiesça.
- Avec grand plaisir !
- Eh puis, on trouvera bien un truc pour décorer ton coin, reprit Ely.
Le sourire de sa petite nièce s'agrandit. Les femmes de sa famille, c'était quelque chose. On était bien loin du reportage qu'elle avait vu à la télé.
C'est l'esprit plus léger qu'elle se dirigea dans la salle de bain. Qui se révéla être une salle d'eau. Elle s'en contenterais.
La soirée avec les deux jeunes filles fut sympathique, elles dînèrent toutes les trois. Si personne ne fit aucune remarque, William ne put s'empêcher de remarquer une ressemblance frappante avec les trois jeunes filles.
Si Ely avait un garde de chaque sexe, Elsa non. Elle était encore assez jeune pour garder une certaine autonomie. Ou bien avait-elle su manipuler son père.
Quoi qu'il en soit, c'était étrange. Ely, pour Éloïse, Elsa pour Elizabeth et Beth... Comme si, elles avaient été faites pour être amies, pensa Clara qui n'aimait pas avoir de l'ombre. Elle apprendrait, à ses dépens, que parfois il vaut mieux cette dernière qu'une lumière éclatante.
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