16
Iels se rendirent directement à Washington, où le Président devait donner une allocution. Malgré le profond désespoir qui envahissait chacun de leurs esprits, c'était une chose qu'iels devaient faire. Temporairement affaiblie par la récente perte de son amie, Ash resta aux côtés de Charles, cherchant du réconfort auprès de son mentor. Ce dernier ne lâcha pas sa main, la mine sombre.
Iels interrompirent le discours. Le Professeur plongea la pièce dans le noir et figea chaque personne présente. Seul le président resta conscient. Storm assombrit le ciel à l'aide de ses pouvoirs, et fit gronder le tonnerre. Dans la lueur d'un éclair, iels apparurent devant le Président, droit•es comme des piquets. Ce dernier, troublé, se leva d'un bond. Ash pouvait sentir sa peur. Mais aucun•e d'entre elleux n'eut de gestes hostiles.
— Bonjour, Mr le Président, salua Charles d'un ton rassurant. Je vous en prie, n'ayez pas peur. Nous ne ferons de mal à personne.
— Mais qui êtes-vous ? questionna leur interlocuteur avec tension.
— Nous sommes des mutants, répondit le télépathe. Mon nom est Charles Xavier. S'il vous plaît, asseyez-vous.
— Je préfère rester debout.
Le Professeur acquiesça sans répondre.
— Malicia, interpella-t-il doucement.
La jeune mutante s'avança vers le bureau, et y déposa une chemise de couleur bleue.
— Ces documents proviennent des bureaux privés de William Stryker.
Le président les prit entre ses mains et les feuilleta avec attention.
— Comment les avez-vous obtenus ? s'enquit-il, perplexe.
— Disons que je connais une petite fille qui peut traverser les murs.
Perché sur la cheminée, Kurt laissa échapper un gloussement. Le visage grave, le président se rassit dans son siège.
— Je n'ai jamais vu ces informations, dit-il.
— Je sais, répondit Charles.
— Alors vous devez savoir que je ne réponds pas aux menaces, répliqua le chef d'État.
— Ce ne sont pas des menaces, Mr le Président, assura le télépathe. C'est une opportunité. Il y a des forces à travers le monde, mutantes et humaines, qui pensent qu'une guerre s'annonce. Vous verrez dans ces dossiers que certaines ont déjà essayé d'en déclencher une... et il y a eu des pertes des deux côtés.
Ash sentit sa gorge se nouer. Mais elle n'abaissa pas le menton. Elle se tenait droite, et fière, comme Jean aurait aimé la voir.
— Mr le Président... reprit Charles en s'avançant vers son interlocuteur. Ce que vous vous apprêtiez à dire au monde est vrai : c'est une occasion. L'occasion de répéter les erreurs du passé... ou celle de collaborer ensemble pour un meilleur futur. Mais nous ne comptons pas disparaître. Maintenant, la balle est dans votre camp.
— Nous suivrons ça de près, ajouta Logan, ferme.
Un éclair éclaira leurs visages déterminés. Nul ne cilla. Puis, le Professeur figea l'esprit du Président, et iels quittèrent la pièce comme s'iels n'avaient jamais été là.
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Les jours suivants furent compliqués pour tout le monde. Incapable de faire quoi que ce soit, Ash resta enfermée dans sa chambre du matin au soir, parcourant de vieux albums photos. La dragonne avait vécu plus de deux cent ans, elle avait vu des milliers de paysages différents, et rencontré des centaines de personnes dont les visages s'étaient effacés de sa mémoire. Mais Jean...
Jean était une personne qu'elle ne voulait pas oublier. Elle avait marqué sa vie à jamais. Maintenant que c'était trop tard, elle regrettait de ne pas avoir pu lui dire. Lui confier à quel point elle comptait pour elle.
Préoccupé par son état apathique, Logan venait la voir tous les jours. Cependant, il ne restait pas dormir avec elle. Pour le moment, elle avait besoin de cette solitude. Mais elle le savait tout près, ce qui la rassurait grandement.
— Qui est ce "A", qui écrit je t'aime sous tes photos ? s'enquit l'homme aux griffes de métal, installé à côté d'elle sur son lit.
Ash esquissa un sourire.
— Monsieur est jaloux ? questionna-t-elle, moqueuse.
— Peut-être, grogna-t-il.
L'enseignante se pencha et déposa un baiser à la commissure de ses lèvres.
— T'en fais pas. C'est de l'histoire ancienne.
Le mutant passa un bras autour de ses épaules et la serra brièvement contre lui.
— J'espère bien, répliqua-t-il d'un ton bourru.
Ash ne répondit pas, et feuilleta les pages suivantes.
— Nous avions réussi à organiser un bal de fin d'année, expliqua-t-elle à son partenaire en lui montrant un vieux cliché. C'était plus une petite soirée, en réalité, mais nous étions tellement excité•es que nous avons préféré utiliser le terme bal. C'était une grande première, à l'école. J'avais invité Jean pour être ma cavalière. Je garde un merveilleux souvenir de ce jour-là...
— Et cette photo là ? questionna Logan en désignant la suivante.
La brune esquissa un sourire en posant les yeux sur leurs deux silhouettes figées en noir et blanc.
— C'est le jour où Jean a obtenu son diplôme, et qu'elle est officiellement devenue Professeure. J'enseignais déjà depuis quelques années. Tu n'imagines pas la fierté que j'ai ressentie.
Un silence plana quelques minutes, durant lesquelles Ash gardait les yeux rivés sur les vieux Polaroïds. Le visage de son amie semblait lui sourire sur le papier glacé. Un nœud se forme dans sa gorge.
— C'est toi, là ? demanda Logan, détachant la photo du livre pour regarder de plus près.
Elle acquiesça, essayant de chasser ses larmes.
— C'était un an après ma rencontre avec Charles, répondit l'enseignante, se remémorant le contexte de cette photographie. Je m'étais installée ici, avec lui. Nous étions devenu•es très proches. Presque inséparables. Nous nous sommes beaucoup soutenus, après... après le départ des autres.
Le mutant devina sans difficulté qu'évoquer ces souvenirs était toujours douloureux pour elle. Il n'insista pas, et s'allongea, laissant tomber sa tête sur l'oreiller.
— J'adore cette photo, dit-il simplement sans quitter l'image des yeux.
Ash esquissa un sourire mélancolique.
— Je l'aime beaucoup aussi. Pourtant, c'était une période compliquée. J'étais vraiment au plus bas, répondit-elle dans un murmure. Mais me voir ainsi m'aide à me rappeler que j'ai su remonter.
Logan leva les yeux vers elle, et glissa une main rassurante dans sa nuque, caressant sa peau du bout des doigts.
— Tu sauras te relever aussi cette fois.
Ash grimaça, les larmes aux yeux.
— Elle me manque tellement... dit-elle d'un ton brisé.
— Hey... fit Logan en se redressant, prenant son visage entre ses mains. Ça va aller. T'es la personne la plus courageuse que je connaisse, d'accord ? Chaque jour, je découvre un nouveau truc chez toi qui m'impressionne. Putain, tu pourrais porter toute la misère du monde sur tes épaules, tu ne plierais même pas.
La brune eut un rire nerveux, qui se transforma en grimace abattue.
— Je plaisante pas, Ash, reprit le mutant, adouci. T'es solide comme un roc. Jean le savait.
Il n'en fallut pas plus à la mutante pour éclater en sanglots. Son partenaire l'entoura de ses bras et l'enlaça longuement.
— Je t'assure... Ça va aller. Je serais là, promit Logan.
Ash ne quitta pas son étreinte. Elle ne sut pas très bien à quel moment elle s'était endormie. Mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, aux premières lueurs du jour, il était toujours à ses côtés, le torse lentement soulevé par une profonde respiration. Elle ne put s'empêcher d'être attendrie.
Soudain, il s'agita, plissant les yeux. La mutante referma les paupières, feintant le sommeil. Après quelques secondes de flottement, elle sentit un bras entourer sa taille et la tête de son compagnon se poser sur sa poitrine. Un large sourire aux lèvres, Ash glissa ses doigts dans ses cheveux sombres.
— Bien dormi ? murmura-t-elle avec tendresse.
— Mmh... pas fini, marmonna Logan sans bouger.
Elle laissa échapper un éclat de rire, et réinstalla sa tête dans l'oreiller. Elle put se rendormir paisiblement, avec la certitude qu'il ne partirait plus.
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un extrait de l'album photo de Ash ♡
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