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1. Melinn

DISCLAIMER: Les légendes présentes dans ce roman sont des textes que j'ai inventés ou réinterprétés, ce ne sont en aucun cas les mythes d'origine.
Bonne lecture !


Assise dans la neige, Melinn laissa le vent jouer avec ses longs cheveux noirs comme l'ébène. Elle plissa ses yeux bridés pour mieux résister au blanc strident de la poudreuse qui l'entourait. Les rayons du soleil faisaient scintiller la matière glaciale jusqu'à la faire ressembler à une étendue de cristaux purs. Il faisait froid, mais à peine plus que d'habitude. Enfermée depuis ses dix ans dans un édifice situé au cœur des montagnes, la jeune femme n'avait jamais connu un été. Perché plus haut que l'œil ne pouvait voir, son lieu de travail ne profitait que rarement de la chaleur du soleil. Les rayons dorés de ce dernier parvenaient à atteindre sa peau, mais sans plus.

Comme tous les ans, le sanctuaire qu'elle entretenait était déserté en cette fin de printemps et la servante était la seule qui s'était obstinée à y rester. Aucun autre employé n'a envie d'y résider au cours de leur unique jour de congé de l'année. Ils s'étaient tous rendus en ville afin de s'acheter de nouveaux tissus, des obis colorés ou encore des kimonos. L'ordre des Kashin leur donnait une somme confortable pour vivre. En échange, ils devaient les servir jour et nuit jusqu'à leur dernier souffle. Ou jusqu'à ce que leurs maîtres décident de disposer d'eux. Aujourd'hui était le seul instant en l'espace d'un an qu'ils trouvaient le temps de dépenser leurs économies.

Les employés ne pouvaient jamais être renvoyés, ils en savaient trop sur l'existence secrète de l'ordre. Si ce dernier jugeait un sujet inapte à les servir, il était exécuté sur-le-champ. Cet acte témoignait de leur cruauté. Les maîtres et maîtresses du lieu voyaient leurs employés comme des bouts de chair à leur merci et Melinn savait que c'était exactement ce qu'ils étaient.

Aux yeux du monde extérieur, le sanctuaire n'était qu'un temple rouge comme tant d'autres, un lieu où les croyants se recueillaient et rendaient hommage à la terre qui les accueillait. La jeune femme savait mieux.

La température basse fit pâlir sa peau déjà livide, mais elle ne bougea pas d'un millimètre. Le rouge intense de ses lèvres mordues était la seule couleur vive qui animait ses traits. Ses iris noirs ressemblaient à deux gouffres et sa tenue de la même couleur faisait tache dans le décor pur qui l'entourait. Les nombreux pins furent bercés par une brise et leur parfum agressif s'incisa dans ses narines dilatées. Son visage était trop bouffi pour pouvoir être qualifié d'attractif et son nez rond ne faisait qu'en accentuer la largeur. Elle n'était pas belle, mais ça ne l'empêcha pas d'accomplir avec succès la tâche qu'on lui avait assignée il y avait treize ans.

Sa respiration lente et régulière était apaisante. Elle aimait contempler le calme de la nature environnante.

Dans quelques instants, la prairie de l'ordre de Kashin serait remplie de fleurs écarlates. Une fois par an, leurs bourgeons perçaient la neige granuleuse afin d'inonder le paysage de leurs pétales rouges comme sang. Le nom qu'on leur avait donné était fleurs de Sayn.

Ce phénomène ne durait qu'une seule soirée dans l'année, ensuite les apparitions chatoyantes fanaient sans laisser la moindre trace derrière elles. Afin de célébrer la fertilité de la terre, les employés du temple retrouvaient leur liberté l'espace de vingt-quatre heures et ne devaient donc pas servir leurs maîtres. C'était pourquoi ils avaient l'autorisation de se rendre dans le village le plus proche nommé Tyghi. Toutefois, ils savaient que ce qui se tramait dans l'édifice lors de leur absence était de l'ordre du surnaturel.

En effet, tout au long de la journée, ceux qu'ils servaient dormaient, plongés dans une profonde transe. Leurs âmes quittaient alors leur enveloppe charnelle afin de s'aventurer dans le ciel. Sous forme de spectres, ils replantaient les graines des fleurs de Sayn afin qu'elles puissent renaître l'année suivante. Eux seul avaient le secret de cette pratique et leurs motivations demeuraient aussi secrètes que leur existence.

La seule information dont le personnel disposait était que la prolifération des plantes écarlates était primordiale à la survie et la fertilité de leurs terres. D'après les légendes contées par l'ordre de Kashin, sans leur présence tout y mourait. Personne ne savait si ces mythes étaient vrais, personne n'avait osé remettre en question leur parole.

Puis, aucun servant n'avait jamais cherché à en savoir plus puisqu'ils savaient que le fin mot de l'histoire ne leur serait pas confié. Ils n'étaient que des servants, des moins que rien et leurs vies ne valaient rien. Cependant, ça convenait parfaitement à Melinn. Abandonnée à la naissance, elle ne s'était jamais permis de rêver et avait été destinée depuis petite au sort qu'elle vivait. Elle se disait quotidiennement qu'elle avait été chanceuse d'atterrir au temple. Bien qu'elle y fut traitée comme un animal, on la nourrissait correctement.

La suivante continua à contempler le paysage silencieux auquel elle faisait face. Il était si différent de son quotidien bruyant et agité !

Les habitants des villages situés aux alentours ne connaissaient pas l'existence de l'ordre de Kashin ni celui du ce rituel surnaturel qui se déroulait ce jour-là. Le sanctuaire sacré était perché haut et la seule route qui y menait était glissante et instable. Peu étaient les visiteurs et curieux qui osaient s'y aventurer.

Pensive, Melinn leva les yeux au ciel. Comme chaque année depuis son arrivée ici, elle attendait patiemment que les bourgeons pourpres des fleurs de Sayn s'ouvrent. Elle avait toujours aimé admirer leurs pétales élégantes et soyeuses. Leur cycle de vie éphémère était semblable au sien et elle le savait.

On l'avait vendue à l'âge de dix ans. L'orphelinat dont elle était originaire avait passé un marché avec les membres de l'ordre de Kashin. Une petite somme contre une fille obéissante, ils avaient trouvé ça parfait. Après tout, l'institut avait toujours eu désespérément besoin de fonds afin de nourrir ses nombreux pensionnaires.

Heureusement, Melinn s'était rapidement conformée à sa vie d'employée. Elle était discrète et s'opposait rarement aux ordres de sa maîtresse qui était un vrai fléau. Exigeante, désagréable, hautaine, elle rassemblait tous les critères négatifs. Mais la jeune employée de vingt-trois ans ne s'en plaignait jamais. Lors de son arrivée, on lui avait offert une chambre individuelle, étroite et confortable. À l'orphelinat, elle avait dû partager son espace de vie avec une dizaine d'autres enfants. Ici, ses rations de nourriture étaient raisonnables et son futon confortable. Elle savait qu'elle n'avait pas de quoi se plaindre et entoura ses jambes de ses bras, tout en posant son menton sur ses genoux regroupés.

Le silence l'enchantait. Les oiseaux semblaient s'être réfugiés dans leurs nids en vue de la cérémonie à venir. Plus aucun de leurs chants ne traversait l'endroit.

L'idée que les esprits de ses maîtres pouvaient la voir assise au bord de la prairie florale lui traversa l'esprit. Toutefois, elle y avait contemplé le spectacle chaque année sans que quiconque ne lui fasse la moindre remarque. Ils avaient sûrement des problèmes plus importants à résoudre.

La jeune employée était un individu silencieux et communiquait avec sa maîtresse à l'aide d'une multitude de mouvements de tête. Ainsi, elle ne prenait aucun risque de lui déplaire. Un seul mot suffisait à se faire bannir du temple, ou plutôt à se faire assassiner. Le moindre faux-pas et on se trouvait confronté à la mort.

Un coup de vent caressa les joues glacées de la servante. Dans les montagnes, le froid de l'air extérieur ne frappait plus personne, ils y étaient habitués. Le soleil du soir projetait ses rayons dorés sur les pics des chaînes de montagnes environnantes, les faisant scintiller de mille feux. Les fleurs de Sayn ne tarderaient plus à se montrer.

D'habitude, elle ne sortait pas la journée, elle devait rester aux côtés de sa maîtresse aussi longtemps que le soleil se trouvait dans le ciel. Une fois la nuit tombée, elle pouvait enfin contempler les étoiles sans être dérangée. Les heures passées sous la lueur de la lune étaient les seules pendant lesquelles elle trouvait la paix. Au crépuscule, des légendes mettant en scène de terribles démons chassaient tous les autres habitants du pays a l'intérieur de leurs habitations, mais elle n'en avait pas peur. Elle avait été fascinée par les entités mythiques depuis son plus jeune âge, avant même qu'elle ne soit capable de lire.

Parfois, elle se disait qu'elle aurait aimé être libre et vivre en dehors du temple. Cependant, elle connaissait la cruauté du le monde extérieur qui la dévorerait en un rien de temps. La servante ferma les yeux, tout en se perdant dans ses pensées. Le jour suivant, elle retrouverait son quotidien ordinaire et chargé de tâches de toutes sortes. Donc elle ferma les yeux afin de profiter encore un peu plus longtemps de la liberté qu'on ne lui offrait qu'un jour par an.

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