Livre II : Chapitre 7

Le week-end suivant, Cave autorisa à contrecœur Lym à rester à Eleuth ; elle n'était pas retournée chez elle depuis la disparition de sa sœur, et n'avait pas l'intention d'y revenir avant d'y être obligée. Ce qui n'allait pas tarder, puisque l'enterrement de Sofy allait avoir lieu dès la semaine suivante.

En attendant, les élèves n'étaient pas censés pouvoir dormir à Eleuth durant le weekend, mais Larrow, qui pouvait se montrer très persuasif, avait réussi à lui obtenir deux jours sur l'île.

Shay, Elyra et Kosh rentrèrent chez eux samedi matin, mais les auctors finirent par autoriser Larrow à rester pour lui tenir compagnie – et elle les soupçonnait aussi de le laisser pour qu'il l'empêche de faire exploser l'île par inadvertance. Peu importaient leurs motifs ; elle était soulagée de ne pas avoir à retourner chez les Alley, ou du moins pas pour le moment. Retrouver l'endroit où elle avait vécu la pire expérience de sa vie ne la tentait pas plus que cela.

Elle passa donc ces deux jours à se balader à Eleuth avec Larrow, à s'occuper de leurs dragons Glass et Laxy, et manger des cerises sur les plages de la mer ou au sommet des falaises et à s'entraîner au maniement des armes dans les clairières qui se trouvaient derrière l'arbre géant. C'était étrange, de ne pas voir un seul élève. Il n'y avait que les professeurs, et des Dragomirs certifiés qui venaient faire des rapports ou déposer leurs dragons, ou encore venaient acheter arme, nouveaux enchanteurs et nourriture pour dragon. Larrow pointa même du doigt un homme au visage sérieux, et lui dit qu'il s'agissait de Sir Meyer, l'un des Conseillers.

- C'est étrange, avoua Larrow en scrutant Sir Meyer, l'air partagé. Les membres du Conseil ne viennent pas souvent ici, ils restent d'habitude avec les autres Conseillers de peur de subir un attentat. La dernière fois que j'en ai vu un à Eleuth, la situation de la guerre devenait critique.

- Mauvais signe, donc, en déduisit Lym.

Larrow ne lâcha pas Sir Meyer des yeux jusqu'à ce qu'il s'éloigne avec Cave vers les falaises où se trouvaient les Galeries et disparaisse derrière les arbres.

- Très.

Mise à part la remarque de Larrow, rien d'étrange ne se produisit le reste des deux jours. Larrow et Glass l'emmenèrent voler un peu, pas bien haut, mais assez pour sentir le vent dans ses cheveux. Lym parvint durant ce weekend à oublier ses soucis fugacement, et à mettre de côté l'enlèvement de Mar et la mort de Sofy ; ce fut certes bref, mais elle se sentit tellement heureuse que cela en valait la peine.

Le jour suivant, Shay, Kosh et Elyra revinrent et ils assistèrent à un nouveau cours de Contrôle avec Cave ; Elyra parvint enfin à maîtriser le Partage, et les rejoignit pour s'essayer à l'Élémentarisme. Aucun d'entre eux ne progressa sur la voie de la transformation, en revanche, Larrow, qui avait déjà toute la maîtrise de ce pouvoir et semblait beaucoup s'amuser de les regarder fermer les yeux et plisser le front d'un air concentré, en profitait pour débiter tout un discours sur les différentes formes que pouvaient prendre les Êtres, ce qui ne les aidait pas vraiment à se focaliser sur leur dessein. Il s'entraînait en même temps aux enchantements de guérison, la spécialité de Riks. Il fit savoir à Lym un tas de détails qu'il trouvait passionnants sur ce type de magie. Elle ne pouvait pas fermer les trop grosses plaies ; elle ne pouvait pas effacer les cicatrices ; elle ne pouvait pas s'attaquer à un rhume... Mais elle pouvait refermer une plaie qui ne soit pas critique. Il montra même à Lym comment esquisser l'enchantement.

Mardi, après une interminable classe d'Étude, Zale vint les chercher pour celle de Soins, et ils partirent tous vers les Galeries où le professeur allait évaluer l'état de leurs dragons pour voir s'ils étaient réellement capables de s'en occuper. C'était une étape importante – on ne comptait plus les élèves qui s'étaient vu retirer la charge de leur Equitem pour négligence.

Lym alla rejoindre Laxy pendant que ses amis allaient auprès de Glass, Miroir, Flamme et Aval : elle lustra ses écailles, déversa un sac entier de poissons malodorants devant son museau, puis elle dut avec beaucoup de grimaces et de jurons sonores lui laver les dents avec une brosse qu'elle avait beaucoup de mal à tenir. Surtout qu'avec son haleine de poisson mort, elle dut se mettre une pince sur le nez, ce qui, de toute évidence, ne fonctionnait absolument pas puisque l'odeur parvint avec la même facilité à la mettre au bord de l'évanouissement.

- Tu as une haleine horrible, sac d'écailles, marmonna-t-elle avec une voix nasale.

Même pas vrai !

Elle n'eut pas le temps de répliquer ; Zale entra dans le box du Noxis et prit un air assez sceptique en la voyant avec une grosse pince sur le nez en train de parler à son dragon tout en brossant à distance ses crocs argentés, tentant de rester le plus loin possible de son souffle, hissée sur une pile de caisses en bois chancelantes. En voyant le professeur entrer, elle s'efforça de lui adresser un sourire confiant mais ne parvint qu'à faire vaciller de plus belle les caissons qui s'effondrèrent en la projetant par terre.

- Aïe...

- Alley, vous allez bien ? soupira Zale, l'air excédé.

- Oui, oui. Je suis habituée, à force...

- Bon, je vous demanderais de quitter la caverne et d'attendre dehors. Occupez-vous d'un autre dragon ou bien restez auprès de vos amis ; je dois évaluer l'état de Galaxie.

Elle hocha la tête et adressa un regard en biais à Laxy, essayant de faire passer un message par cette œillade ; « essaye de ne pas la manger, ce serait sympa de ta part ».

Puis elle sortit de la grotte et arriva sur la falaise qui surplombait l'immensité grisâtre de la mer. Lym allait rejoindre Larrow et l'aider à nourrir Glass lorsque son attention fut attirée par un grondement sourd qui fit trembler légèrement la montagne. Elle fronça les sourcils, interloquée. Il était très fréquent d'entendre des dragons Sauvageons se plaindre ou tirer sur leurs liens pour tenter de s'envoler, ou encore se menacer les uns les autres pour réaffirmer leur dominance. Mais elle était persuadée, malgré les très nombreux mois qu'elle avait passés à Eleuth et les heures consacrées à l'Étude des Dragons près des falaises, de n'avoir jamais entendu un son pareil.

Elle remarqua alors que le rugissement venait de l'endroit où elle avait vu disparaître Cave et Meyer ce weekend ; la crique que surplombaient les falaises.

De toutes ses forces, elle tenta de se convaincre que ce n'était qu'un cri de rage d'un nouveau dragon qui voulait s'enfuir, mais ce hurlement guttural venait des tréfonds de la montagne, comme si on avait enfermé celui qui l'avait poussé dans une caverne au cœur de l'île. En plus, il lui semblait presque... Familier ? Pourtant elle était certaine de ne jamais l'avoir entendu ici. Sa curiosité dévorante finit par prendre le dessus, et la videntis se dirigea vers l'origine de ce son, descendant les escaliers qui menaient jusqu'à une petite plage de galets gris bordant la mer. À cause de la marée, on ne voyait presque plus les pierres qui étaient noyées sous les flots bouillonnants. Une fine bande de plage souvent submergée par les vagues écumantes était visible par intermittences.

Elle descendit jusqu'à la mer, et, perchée sur la dernière marche de l'escalier, jeta un coup d'œil sceptique au petit ruban de galets noircis par l'eau ; elle savait parfaitement qu'elle serait trempée si elle y mettait un pied, mais elle était trop impatiente pour attendre que la mer se retire au gré des marées. Un nouveau hurlement étouffé se fit entendre, plus proche. Elle crut même voir la falaise s'ébranler légèrement, et de la poussière de craie en tomber pour blanchir l'eau – mais peut-être se faisait-elle des films. Elle sauta sur les pierres qui crissèrent sous son poids et une vague vint immédiatement la recouvrir jusqu'aux genoux. Elle grimaça, sentant ses chaussettes lui coller aux pieds et son pantalon s'alourdir sous le sel et l'eau ; de l'écume mouchetait maintenant ses chaussures que, pour une fois, elle avait réussi à garder impeccables jusque-là. Avec un soupir, elle se mit à marcher en s'appuyant sur le mur de craie de la falaise, fronçant le nez à chaque vague qui venait détremper ses chaussures, les embruns faisant claquer des mèches rousses contre ses joues rougies par le vent. Avec un désagréable bruit spongieux, ses chaussettes s'enfonçaient à chacun de ses pas.

En arrivant au bout de la plage de galets, elle trouva enfin ce qu'elle cherchait ; une gigantesque faille dans la craie s'étirait à plusieurs mètres de hauteur, s'enfonçant dans la falaise. Un panneau vacillait au bout d'une chaîne pendue à une poutre de bois rongée par le sel de la mer ; en grosses lettres rouges figurait un avertissement. « Dragon dangereux/ne pas entrer ». Conseil que la jeune fille ignora royalement pour s'avancer jusqu'au seuil de la grotte. Il y faisait noir comme dans un four. Lym tira sa lampe-torche de sa poche, mais, évidemment, étant donnée sa chance, elle n'avait plus de piles et était donc parfaitement inutile. Avec un soupir, elle leva les mains devant elle, y fit naître deux petites flammes rouges qui crépitaient en projetant des ombres inquiétantes sur les murs et s'engagea dans la grotte sombre, entendant derrière elle les vagues gémir en léchant les galets de la plage, comme si elles l'avertissaient d'un danger.

Pourquoi quelqu'un aurait-il enfermé un dragon loin de la vue des élèves ? Dangereux ou pas, ils étaient tous, habituellement, dans les mêmes types de box. Laxy était bien une créature torturée et meurtrière la première fois qu'elle l'avait vu, et pourtant il n'était pas enfermé dans une caverne pareille. À moins que les Galeries ne soient trop remplies... ? Non ; impossible. Elle était passée devant au moins trois box vides sur son chemin jusqu'ici.

Elle voyait à peine autour d'elle, et même si les murs étaient tellement rapprochés qu'ils étaient illuminés par les flammes, le toit était si haut qu'elle ne pouvait pas le voir. Il était noyé derrière des ombres incroyablement épaisses. Lym frissonna lorsqu'elle sentit quelque chose lui frôler la cheville, mais lorsqu'elle baissa les yeux, il n'y avait rien du tout. Elle lorgna d'un air désapprobateur les deux pauvres flammes dansant sur ses paumes. Si Elyra et Larrow avaient été là, les leurs auraient été plus impressionnantes.

Elle marcha encore une dizaine de minutes et se demandait si elle était dans la bonne direction tant la caverne était profonde quand un nouveau grondement raisonna entre les parois, la faisant sursauter. Il n'y avait aucun doute, cette fois ; elle était au bon endroit. Un dragon était emprisonné, quelque part dans les entrailles de la terre. Enfin, après une longue marche à tâtons dans le noir durant laquelle elle trébucha un millier de fois, elle finit par voir une légère lumière verdâtre au bout du tunnel, et agita ses mains pour éteindre les flammes qui y dansaient, plissant les yeux pour essayer de voir l'origine de cette lueur. Elle continua de marcher et arriva alors dans une caverne immense, creusée dans la roche au cœur d'Eleuth, dont le plafond était ici aussi si haut qu'il se perdait dans l'obscurité. Des cristaux bleu-vert qui parcouraient les parois émanait la lumière qu'elle avait aperçue depuis le tunnel. Au centre de la grotte, enchaîné par des liens de métal immenses, un gigantesque dragon se démenait pour échapper aux chaînes qui le maintenaient au sol. Mais même s'il avait pu s'en défaire, il était tellement grand qu'il n'aurait certainement pas pu emprunter le tunnel pour en sortir. Comment était-il arrivé là ? L'avait-on téléporté avec un enchantement ? En intérieur – c'était impossible sans qu'il ne se retrouve à moitié coincé dans la roche. Sauf si l'on l'avait traîné à l'intérieur ? Mais pareil traitement ne serait pas infligé à un dragon, pas a Eleuth...

Lym le reconnut dès qu'elle le vit, cependant, et elle comprit. Cette bête immense aux écailles scintillantes comme des diamants et aux crocs menaçants n'était autre que le Glacyés qu'elle et ses amis avaient libéré en Russie, celui qui avait été possédé par Drake grâce à la Toxine. Voilà qui expliquait cette prison profondément taillée dans la roche et cachée aux yeux des élèves.

- Oh, c'est toi, ne put-elle s'empêcher de lâcher, en arrachant par réflexe Prysm à son cou pour brandir son arme devant elle.

Le cristal de l'épée reflétait les lueurs vertes de la grotte et lui donnaient un éclat inquiétant.

Le dragon sembla enfin la remarquer et baissa les yeux vers elle, l'air intrigué. Elle vit immédiatement dans ses globes oculaires dénués de sclérotique que la lueur qui animait habituellement l'œil d'un dragon avait été remplacée par une différente étincelle étrangement humaine. Lym, sans baisser Prysm, longea le mur crayeux de la grotte pour aller s'asseoir sur un cristal brillant, hors de portée des griffes glaciales du dragon.

Elle était fascinée par cette créature ni reptile ni humaine. Si elle lui parlait, serait-ce le Glacyés ou bien Drake qui l'entendrait ? Lequel des deux se débattait pour s'échapper à ses chaînes, la bête ou l'homme ? Mais aussi, lequel des deux était le plus monstrueux ? Elle ne put s'empêcher de penser que malgré les légendes qui décrivaient les dragons comme des bêtes horribles assoiffées de sang, Drake était mille fois plus semblable à un monstre que son hôte fait d'écailles et de cornes.

Si Drake était celui qui la regardait en ce moment, il devait la croire folle de s'adresser ainsi à un dragon qui n'était pas le sien.

- Je sais que tu es là, Drakön Lorn, lança-t-elle donc en fixant longuement les iris du dragon.

Il lui rendit son regard. À son grand étonnement, il cessa de rugir et de se débattre pour se laisser retomber dans la même position que le Sphinx, la toisant avec un air indubitablement humain.

- Et je tiens à te dire que tu as fait les pires horreurs que je puisse imaginer.

Les yeux du dragon descendirent jusqu'à sa main et toisèrent fugacement l'arme qu'elle tenait entre ses doigts crispés.

- C'est mon épée que tu regardes ? Je te présente Prysm, Drake. Un jour, elle sera plantée dans ta peau, j'en fais le serment.

Le dragon continua de la regarder, l'air incroyablement calme pour une bête enchaînée au cœur de la montagne qui venait de se faire menacer par une adolescente en colère. Elle comprit alors que c'était la bête qui s'était débattue pour s'enfuir, et que c'était face à l'humain qu'elle se trouvait à présent.

- Laisse ce dragon que tu as possédé en paix. Il ne mérite pas d'être contrôlé par un être aussi monstrueux que toi.

Verrait-elle un jour Drake d'une autre façon qu'au-travers des yeux d'un dragon ?

- Pour être honnête, je serais curieuse de te rencontrer, avoua-t-elle. Comprendre quels sont les choix qui t'ont mené jusqu'ici, jusqu'à cette position d'empereur. Ça te plaît, de tuer tous ces innocents ? Et ça te plaît, de détruire toutes ces vies ?

Lym ne put s'empêcher de penser à Orion. Même s'il n'était que l'un de ses généraux, elle le haïssait un million de fois plus qu'elle ne détestait Drake.

- Dis à ton général Orion qu'il est un monstre, et que quoi qu'il m'en coûte, je le retrouverai et le tuerai. Et toi aussi, Drake, tu payeras pour ces crimes, mais je ne te tuerai pas. Pas moi. J'ai un ami qui a très envie de s'en charger.

Le visage de Larrow surgit dans ses pensées, son sourire rare, les clins d'œil qu'il lui adressait.

Elle se leva, invoqua le nom de son épée puis attacha le pendentif en forme de larme à son cou. D'un pas qu'elle s'efforça de rendre confiant, priant pour ne pas trébucher à un moment pareil, elle retourna face à l'entrée de la caverne et s'apprêtait à partir lorsqu'elle se retourna pour adresser quelques derniers mots au dragon. Il ne l'avait toujours pas lâchée des yeux. Elle lui rendit son regard brûlant, iris reptilien d'un blanc bleuté comme la glace, parcouru de volutes noires et violettes qui n'avaient rien de naturel, contre l'œil humain d'un vert assombri par la pénombre de la grotte.

- Et, au cas où tu te poserais la question, mon nom est Lymerya Alley.

Elle se retourna vivement en faisant voler des mèches rousses dans son dos, alluma deux flammes rougeoyantes au creux de ses paumes, puis s'éloigna dans le tunnel ténébreux. En arrivant de l'autre côté de la galerie, face à l'immensité de la mer, elle entendit un rugissement qui n'était plus qu'animal derrière elle, faisant trembler la falaise et sursauter les galets à ses pieds. Plusieurs morceaux de craie se détachèrent du mur et retombèrent en projetant des éclaboussures d'écume dans la mer.

Il s'avéra qu'ils avaient tous brillamment réussi le test de Soins, et que leurs dragons allaient à partir de ce jour-là leur être confiés de manière définitive et officielle. Laxy avait apparemment fait des efforts pour ne pas dévorer le professeur, ni aucun des élèves, ce qui était déjà un exploit puisqu'il avait encore du mal à supporter la présence de Lym par moments. Pour fêter cette petite victoire qui leur attribuait la garde permanente de leurs dragons, Kosh, Shay, Elyra, Lym et même Larrow allèrent se rejoindre sur l'une des plages qui faisaient face à leurs chambres à l'Académie après avoir pris au Distributeur de quoi nourrir un régiment. Shay n'avait pas son pareil pour en sortir des tas de nourriture et les porter jusqu'à la mer sans s'effondrer sous leur poids.

Il déversa avec un petit air fier une montagne de canettes de sodas, de sandwichs, fruits, friandises et pâtisseries variées au milieu desquelles il s'installa comme un roi entouré de ses sujets.

- Qu'est-ce qu'on dit ? demanda-t-il avec fierté en passant une main dans ses cheveux.

- On dit « tu penses vraiment qu'on va bouffer tout ça, pauvre idiot » ? proposa Lym en choisissant un paquet de cerises et une canette de limonade à la menthe.

- Incorrect. On dit ; « mille mercis, Shay, tes cheveux sont tellement magnifiques, soit dit en passant. »

Lym essaya d'étouffer son rire dans son bagel au saumon, mais ne parvint qu'à laisser échapper un petit bruit entre le grondement d'éléphant et le ricanement d'hyène.

- Elle n'est pas en train de se moquer de moi, dis, glissa Shay à son voisin, c'est-à-dire Kosh.

- Euh... Si ?

- Dans ce cas, elle le mérite ATTAQUE DE COCA !

Elle n'eut même pas le temps de réagir qu'il lui avait déjà jeté le fond de sa canette de Coca à la tête. Avec un petit cri de surprise, elle se leva d'un bond, et vit Elyra et Kosh qui s'étaient effondrés l'un sur l'autre de rire, Larrow qui haussait les sourcils comme s'il avait peur pour la vie de Shay et ce dernier qui adressait un clin d'œil moqueur à Lym.

La jeune fille se leva d'un bond et lui courut après avec sa propre canette à moitié vide à la main, sous les encouragements de ses amis qui n'arrivaient pas à retenir leurs éclats de rire, prenant parti et applaudissant.

Ils finirent tous inexplicablement par se retrouver les pieds dans l'eau de mer à se lancer du soda à la tête en plongeant sous les vagues pour en éviter et à rire incontrôlablement comme les adolescents normaux qu'ils étaient censés être.

Lym riait comme les autres en évitant les éclaboussures d'Orangina que lui lançait Elyra, et en essayant d'ignorer le lointain rugissement du Glacyés qui faisait encore parfois vrombir ses oreilles.

(chapitre corrigé ✔)