
✨~[I/8]~✨
Tome I : Chapitre 8
Elle regarda avec stupeur la salle où elle était, abasourdie.
J'ai été téléportée ! jubila-t-elle. C'est un truc de malades !
Elle était à présent dans un vaste bureau à la décoration totalement stupéfiante : la salle était grande, le plafond plutôt circulaire, le sol fait de parquet ; elle vit qu'elle était toujours debout sur l'exact même symbole qui se trouvait chez elle deux instants plus tôt, et il s'effaça lentement sous ses yeux jusqu'à ce qu'elle se demande s'il avait vraiment été là. Il laissait cependant les inscriptions et l'œil étrange gravées dans sa rétine. Le plafond arrondi était recouvert d'une sorte de lierre très épaisse, sur lequel avaient éclos des fleurs pourpres, et dans les murs se trouvaient de grandes fenêtres en lancettes, comme dans les églises, qui diffusaient une douce lumière argentée, celle, probablement, de la lune. Une porte de bois massif se trouvait derrière elle ; mais ce qui la surprit le plus, ce fut la façon dont était éclairée la salle. Au plafond et à peu près partout autour d'elle, des bulles à la lueur blanchâtre flottaient et bougeaient lentement à travers la salle. On aurait dit des lucioles qui produisaient une lumière dix fois plus puissante et s'occupaient de l'éclairage de l'endroit, mais, en y regardant de plus près et en tendant la main pour en toucher une, Lym vit qu'il ne s'agissait pas du tout d'insectes mais tout simplement de minuscules balles de lumière, si légères qu'elle ne les sentait presque pas au toucher, alors qu'elle rebondissaient contre ses doigts au moindre contact.
Un grand bureau en chêne se trouvait au milieu de la salle, avec, derrière, une chaise au dossier droit et où était posé un coussin bleu, sur lequel était assis un homme aussi immobile qu'une statue de marbre : alors qu'elle avait espéré un vieux sorcier barbu du style de Gandalf ou Dumbledore, il était bien plus jeune, avec une barbe brune loin d'arriver jusqu'à ses pieds, coupée court. Ses yeux étaient perçants, mais ce qui le rendait spécial était le symbole gravé sur la peau de son front : un octogramme aux branches fines.
Il était vêtu d'une sorte de sévère costume noir, et même ses traits émanaient l'ordre, la justice et la sévérité. Sans l'étoile à huit branches sur son front, son accoutrement et les bulles de lumières qui voletaient autour de lui, elle aurait pensé qu'il ressemblait presque au proviseur de son ancien collège.
- Tu sais que je t'ai fortement déconseillé de te téléporter dans mon bureau. Il y a un point de téléportation dehors, pour ça, Larrow. Pas la peine de prendre le risque de faire fausser les coordonnées en venant à l'intérieur.
- Oui, désolé...
Remarquant que sa voisine était totalement perdue, il entreprit de faire les présentations.
- Lym, murmura doucement Larrow, je te présente Maryus Cave, l'un des trois auctors de l'Académie.
- Euh, quelle académie ? demanda la jeune fille, déboussolée. Et c'est quoi, ça, un auctor ? Et pourquoi il a une étoile sur le front ?
Cave eut un sourire puis se tourna vers Larrow.
- Vous pouvez retourner auprès de vos camarades, qui sont sans doute au rez-de-chaussée, lui dit-il d'un ton calme et sérieux. Mademoiselle Alley doit avoir un million de questions à me poser.
Elle n'eut pas vraiment besoin de poser des questions à l'homme au visage sérieux ; le dénommé Cave se contenta de lui expliquer, avec une clarté et une simplicité qui la surprirent, la vérité qu'elle avait tant attendue.
Il lui fit signe de prendre place sur le petit fauteuil posté devant son bureau, où elle s'assit, et lui resta sur son grand siège majestueux ; les petites lumières continuaient de voleter gracieusement autour d'eux, rebondissant contre le sol lorsqu'elles descendaient beaucoup trop.
- J'ai bien peur de devoir contredire tout ce que vous pensiez savoir, madame Alley, commença calmement Cave. Je sais que ce sera dur de croire à ce que je vais vous raconter, mais je garde l'espoir que vous me prendrez au sérieux après les étrangetés desquelles vous avez été témoin. Voyez-vous, aucune des vérités que les êtres humains communs ont voulu cacher ne restent éternellement voilées derrière l'ignorance, et il est temps que je démente ce que les caecus ont essayé de faire passer pour des mensonges ou des contes. Tout ce que je vais vous expliquer vous sera exposé moins brièvement très bientôt, et je me contente de vous le résumer.
« Il y a longtemps de cela, des milliers d'années, tout être vivant avait droit au savoir, et tous voyaient de manière claire ce qui les entourait. Monstres et magie étaient monnaie courante pour tous, alors. Mais les êtres humains ont commencé à avoir peur des créatures et des évènements qu'ils découvraient, et ont chassé les dragons et ceux qui avaient un don inné pour ce qu'ils appelaient la magie. Ils appelaient ces personnes « sorcières » et les jetaient au feu dans l'espoir de les exterminer. La quantité de dragons de par le monde à chuté si violemment qu'il n'en resta vite qu'une poignée, alors qu'autrefois il y en avait des centaines partout.
« Finalement, trois créatures aujourd'hui disparues ont décidé de mettre fin à ces horreurs. On les appelle les Sphinx. Les Sphinx se sont réunis et ils ont prit la décision de jeter un sortilège de puissance jamais connue auparavant sur Terre : ils ont rendu les hommes caecus, aveugles, incapables de voir les choses qu'ils considéraient comme surnaturelles, et se sont condamnés à une clandestinité permanente. Ils sont devenus des Cachés, comme on les appelait alors. Pourtant, le Conseil a décidé de leur une ultime chance et on choisi parmi la foule sept êtres humains, hommes et femmes, qui luttaient contre les tueries de dragons. Ces sept personnes, baptisées les Êtres, se sont vus conférer des pouvoirs et la capacité de voir la vérité elle-même. Ils ont engendré deux lignées. Celle des Êtres de sang pur, et celle des videntis, créée lorsque les Êtres se sont reproduis avec des caecus.
« Les videntis ont annoncé qu'ils allaient poursuivre une noble tâche pour racheter les horreurs commises par l'humanité : ils allaient retrouver les derniers dragons, les sauver, les protéger, et les emmener dans un havre de paix, une île cachée des yeux des caecus, une île appelée Eleuth, où ils apprendraient à connaître les dragons et devenir leurs amis pour leur prouver que les humains ne sont pas tous coupables des immondices qui leur ont été infligées. Ils se sont surnommés les Dragomirs, et ont fait de leur symbole l'œil que n'ont pas les caecus.
« Des années plus tard, leurs descendants étaient des centaines, répartis partout dans le monde, jusqu'à ce qu'un groupe de Dragomirs décident d'enseigner aux plus jeunes videntis comment devenir des cavaliers de dragons et les protéger. Ce groupe créa une académie sur l'île d'Eleuth, qu'ils appelèrent sobrement l'Académie des Dragomirs. Ils ont commencé à apprendre aux jeunes videntis à aimer les dragons jusqu'à partager assez de confiance avec eux pour voler avec l'une de ces créatures. Mais un jour, l'un des élèves de l'Académie a découvert un étrange dragon d'une toute nouvelle espèce, dont l'anatomie contenait une toxine qui permettait de plier tout être à sa volonté. Il a décidé de l'utiliser sur les dragons.
« Cet homme s'appelait Drake. Ses idées étaient de rendre les dragons du monde entier dociles et obéissants, pour pouvoir les emmener tous sur l'île sans qu'ils n'opposent de résistance. Si l'idée en soi était bonne, les fondateurs de l'Académie étaient contre le contrôle mental, et ils ont chassé Drake d'Eleuth. Il a fui avec le dragon, et a continué à produire cette Toxine en secret jusqu'à se faire oublier. Il y a quelques années, il est venu à l'Académie et a tué tous les autres fondateurs, avant de s'enfuir et de se cacher sur une île, Arcem. Depuis, tout ce que l'on sait de lui est qu'il envoie des serviteurs qu'il a enrôlés dans son armée chercher tous les videntis qui ne sont pas encore admis à l'Académie. S'il emporte un enfant ou un adolescent avant nous, on n'entend plus jamais parler de lui.
« Je pense que vous avez compris la vérité, à présent. Vous êtes, comme moi et Larrow, une videntis, voilà pourquoi Drake a envoyé Orion Elgar vous chercher et vous emmener à Arcem : et maintenant, le lieu où nous sommes est mon bureau, à l'Académie, sur l'île d'Eleuth.
Lym resta un long moment bouche bée, totalement stupéfaite.
Videntis, caecus, Sphinx, dragons, Empire...
Tous ces mots étranges s'emmêlaient dans son esprit, trop nombreux, mais elle était persuadée d'avoir compris la plupart des dires de Cave. D'un côté, c'était effrayant ; un être maléfique, Drake, qui pouvait contrôler les dragons, et des horreurs commises par le passé par les êtres humains.
D'un autre côté...
- Mais c'est génial ! hurla-t-elle, surexcitée. Ça veut dire qu'il y a plein de trucs que je croyais faux qui existent vraiment ! LES DRAGONS EXISTENT, alors ?!
- Oui, répondit Cave, qui ne semblait pas s'attendre à une réaction aussi enthousiaste. En vérité, aucune des histoires que l'on t'a racontées comme des inventions ne sont totalement des mythes. Elles ont toutes une origine de vérité.
- Et les vampires ? Il y en a ?
- Ils ne répondent pas forcément à ce nom, mais, oui, il a des créatures friandes de sang qui craignent la lumière du soleil. Après, oubliez ces bêtises sur les crucifix et d'ail qui les chasseraient.
- Et les loups-garous ? Les sirènes ? Les licornes ? OH IL Y A DES LICORNES ?!
Cave eut un franc sourire amusé, mais Lym n'eut pas le temps de s'en offusquer ; des milliers de questions et de possibilités s'offraient à elle, et elle était d'autant plus fascinée de savoir qu'elle se trouvait en plein milieu d'une île légendaire pleine de dragons et de Dragomirs.
Il y avait plein d'autres personne comme elle, d'autre videntis, qui voyaient les mêmes étrangetés qu'elle, qui avaient vécu les mêmes expériences... Elle n'était plus seule !
- Je peux aller voir les dragons ?
Cave leva les mains, comme pour lui demander de se calmer, et elle s'aperçut qu'elle était en train de sautiller sur place comme un lapin hyperactif. Immédiatement, elle se laissa tomber sur le fauteuil, sans pouvoir se départir de son grand sourire.
- Je suis désolé, mais aller voir les dragons est quelque chose que ne peuvent faire que les Dragomirs. Or, pour l'instant, vous n'en êtes pas un...
- Mais je peux en devenir, non ? tenta désespérément Lym, sentant son excitation retomber brutalement.
- Oui, bien sûr, mais pour cela, il faut que vous fassiez un choix. Vous pouvez faire le vœu de silence en jurant de ne jamais parler des videntis, et retourner à votre vie normale avec un champ de protection autour de votre maison pour repousser les membres de l'Empire de Drake. Beaucoup font se choix pour rester en sécurité. Sinon, vous pouvez adhérer à l'Académie, commencer une formation de Dragomire, abandonner votre vie de caecus, et peut-être, un jour, pouvoir monter votre propre dragon. Mais...
- Bien sûr que je veux devenir Dragomire ! s'écria Lym sans une once d'hésitation.
On lui offrait une vie d'aventure, de découverte, une vie où elle comprendrait enfin toutes les étrangetés qu'elle avait vues, où elle pourrait peut-être se faire des amis qui seraient comme elle, dresser des dragons, combattre Orion et Drake, défendre l'Académie. Comme dans ses livres d'aventure préférés, en somme ! Comment pourrait-elle repousser ce cadeau pour choisir de rester aussi banale qu'autrefois ?
Elle vit alors le regard grave de Cave, qui caressait d'un air distrait l'étoile gravée sur son front, comme un tic nerveux.
- Écoutez, je ne vais pas vous mentir, Alley : nous sommes dans une période de conflit assez compliquée. L'île d'Eleuth est sauve et très protégée depuis le meurtre de ses dirigeants, mais Drake ne cesse de devenir plus puissant dans l'obscurité. Et nous sommes incapables de repérer Arcem. Si vous entrez à l'Académie, vous renoncerez à tout jamais à une sécurité essentielle. C'est votre choix, et nous serions ravis de vous comptez dans nos rangs, mais sachez qu'en ces temps troubles, s'il y a des problèmes, nous auront probablement besoin de tous les élèves de l'Académie. Rejoindre les Dragomirs, en ces jours sombres, c'est rejoindre une guerre.
Lym hésita un court instant, car elle venait soudain de se souvenir de Mar et de Sofy. Une inquiétude s'installa dans son cerveau et elle ne put s'empêcher de poser la question qui la taraudait ;
- J'ai une question. Vous dites que la faculté d'être videntis est héréditaire. Mais alors, ma sœur aussi devrait voir ce que je vois, non ?
- Pas obligatoirement, c'est assez variable. Les gênes de videntis peuvent sauter plusieurs générations et se manifester lorsque l'on s'y attend le moins. Si elle n'a rien vu de ce que vous pouviez voir, alors elle doit être une caecus. Mais ça veut bien dire qu'au moins un de vos parents était un Dragomir ou en avait le sang.
Elle se figea. Ses parents ? Des Dragomirs ? Et s'ils les avaient abandonnées à cause de ça, et pas parce qu'ils ne les aimaient pas ? Et s'ils y avaient été obligés ?
Immédiatement, elle chassa ces pensées de son cerveau. Ses parents les avaient laissées tomber, sans aucune considération pour elles et la vie d'orphelines qu'elles allaient vivre. Elle n'avait pas la moindre envie de savoir pourquoi, ni de les revoir ou les pardonner. Zach et Cléa Alley étaient loin derrière elle, et elle ne voulait pas qu'ils reviennent dans sa mémoire. Elle ne voulait plus les regretter comme dans son enfance.
Elle les détestait.
Rapidement, elle élimina ses pensées à leur sujet de sa tête puis reprit en posant une question à Cave :
- Alors... Ma sœur Mar... Et mes amis... Je ne pourrais rien leur dire, n'est-ce pas ?
Maryus Cave baissa les yeux sans répondre, mais c'était là suffisant pour qu'elle comprenne, et elle en resta figée d'effroi ; mentir à sa sœur, mentir à Sofy... comment pourrait-elle faire pareille chose ? C'étaient les deux seules personnes qu'il lui restait encore.
- Mais, reprit Cave, nous leur feront croire que vous vous rendez dans un internat très réputé pour balayer tous soupçons. Vous resterez à l'Académie toute la semaine, et retournerez dans votre ville de caecus pour le weekend... Je le répète, c'est votre décision, et elle est décisive. Prenez votre temps pour faire un choix, nous attendrons le temps qu'il faudra...
- J'ai déjà pris ma décision, répondit Lym.
Elle prit une profonde inspiration. Ces mots allaient probablement changer sa vie à tout jamais.
- Où dois-je signer pour rejoindre l'Académie ?
Lym fut escortée chez elle par Cave et deux personnes à l'air très strict, coiffés d'une casquette noire et vêtus de sévères combinaisons de la même couleur. Ils tracèrent au sol le même symbole qu'avait dessiné Larrow, mais avec des chiffres différents en dessous de l'œil étrange, puis ils furent transportés à l'arrière de la maison des Alley.
Tous les trois lui demandèrent d'aller dans sa chambre pendant qu'ils arrangeaient le salon (ce qui serait plutôt nécessaire étant donnée la véritable apocalypse qu'on y trouvait) et qu'ils attendaient le retour de Mar ; ils prétendraient être des membres d'un lycée d'art extrêmement réputé venus chercher des talents dans les environs. Lym ne savait pas trop ce qu'elle pensait de tout ce qui lui arrivait. Elle avait l'esprit vide, comme si on lui avait lavé le cerveau. Après les avoir menacés de les découper en morceaux s'ils volaient quoi que ce soit chez elle, elle finit pas leur laisser le champ libre et ils commencèrent à tracer de nouveaux symboles par terre à l'aide des longues baguettes qu'ils appelaient enchanteurs.
En silence, avec des gestes automatiques, elle monta dans sa chambre, se dévêtit et enfila son pyjama, avant d'aller se laver les dents, fermer la porte de sa chambre à double tour au cas où quelqu'un vienne l'assassiner pendant son sommeil (voilà qu'elle devenait paranoïaque) puis elle se glissa sous sa couette avec un livre sur lequel elle ne pouvait se concentrer. Elle se mit donc à fixer, perplexe, le mur vert pâle couvert d'un poster du Labyrinthe en faisant tourner dans sa tête ce qui allait arriver à présent.
En résumé ; d'ici une semaine, elle rejoindrait l'Académie des Dragomirs, en prétendant auprès de Mar et Sofy qu'elle allait dans le réputé lycée de la ville voisine, dans un coin reculé du Bedfordshire. Il lui faudrait donc mentir aux deux seuls êtres qu'elle aimait vraiment sur l'endroit où elle serait durant la grande majorité de son temps. Elle commencerait alors une nouvelle vie, dans un nouvel endroit où on lui apprendrait la vérité sur les étrangetés qui l'avaient toujours entourée, dans l'île d'Eleuth, avec sur elle la menace constante de ce Drake, l'homme qui avait tué tant de personnes et enlevé un nombre incalculable de videntis aussi perdus qu'elle qu'Orion Elgar était venu visiter.
Soudain, Lym fut prise d'un frisson.
« Je ne connaitrais personne à part Larrow. Et étant donné son air antipathique, il ne va pas vraiment traîner avec moi. Vais-je me faire des amis là-bas ? Je n'ai jamais été douée pour ce genre de choses. »
C'était vrai. Jusqu'à son arrivée au Bedfordshire, où elle avait rencontré Sofia Mason, elle n'avait jamais eu le moindre ami, ou du moins personne en qui elle puisse placer pleinement sa confiance. Lorsqu'elle avait rencontré Sofy, elle était aussi seule qu'elle et avait la même passion pour la lecture, bien qu'elle fût bien plus timide, et elles avaient très vite noué des liens. C'était la première véritable amie qu'elle avait eue, et elle l'avait rencontrée lorsqu'elle n'avait que huit ans.
Lym eut un léger soupir.
Je m'adapterais. Et si je n'ai pas d'amis à l'Académie, tant pis. Mais comment va le prendre Sofy quand elle saura que je vais la laisser seule au lycée ? Elle n'a aucun autre ami là-bas ! Et si elle m'en veut ? Et si je perds ma seule amie ?
Ses inquiétudes s'éteignirent lorsqu'elle sombra dans les bras de Morphée, mais elle savait qu'elles reviendraient dès le lendemain.
(chapitre corrigé ✔)
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