Livre I : Chapitre 30

Lorsque Lym se réveilla, elle fut surprise de se retrouver à moitié affalée sur le matelas de son lit, les pieds sur le tapis qui recouvrait le sol de sa chambre et la tête rehaussée par la courbe du mur dans une position assez inconfortable. Elle bâilla, et, groggy, se redressa : le réveil sonnait, étouffé par un coussin posé dessus, et elle allait aller l'éteindre lorsqu'elle entendit quelqu'un marmonner à côté d'elle. Tournant la tête de ce côté, elle fit un bond en arrière en voyant Shay, les cheveux encore plus ébouriffés que d'habitude, qui se réveillait en se redressant difficilement sur le canapé qui se trouvait à l'autre bout de la salle. Elle fronça les sourcils et mit une main devant sa bouche pour ne pas qu'il ne la voie rire : il avait l'air totalement troublé, ne comprenant sans doute pas où il était, et ses mèches blond sombre partaient en épis rebelles dans tous les sens.

La veille, ils avaient un peu discuté, mais, comme Kosh et Elyra semblaient toujours tout à fait disposés à les déchiqueter avec leurs glaives et couteaux, Shay n'avait pas pu rejoindre sa chambre et ils avaient attendu qu'ils partent. Ils étaient tellement fatigués qu'ils avaient dû s'endormir sur place. En secouant la tête, Lym balança un coussin à la tête de Shay en espérant le réveiller complètement, mais il devait être plus éveillé qu'elle ne le pensait car il attrapa le polochon au vol.

- Qu'est-ce que je fous là ? demanda-t-il en se redressant, passant une main dans ses cheveux pour essayer de les aplatir.

- Excellente question, Lake. Tu veux bien sortir ? On a cours dans une heure et demie.

- Oh nooon, gémit-il. Il est tard !

- Pas du tout. Il est sept heures trente.

Il prit un air bougon, puis alla vers la trappe et, juste avant de l'ouvrir pour sortir, lui adressa un vague clin d'œil.

- Faudrait refaire des pyjamas party un de ces jours !

- Ce n'était pas une pyjama party, répondit-elle en levant les yeux au ciel.

- Mais c'était marrant, quand même, avoue.

Comme elle se contentait de lui adresser un haussement de sourcils dubitatif, il leva les yeux au ciel, mais sortit de la chambre en grimpant par l'échelle et referma avec un claquement sec l'échelle derrière lui. La fatigue de Lym se dissipa lorsqu'elle vit que le ciel était d'un bleu lumineux, délavé par les pluies torrentielles qui s'en étaient déversées, et qu'un timide soleil blanc jauni pointait derrière les feuilles, revenant après plusieurs jours d'absence. La mer, qui, hier, était un géant qui se soulevait pour répondre aux assauts des nuages et répliquer face à la foudre par le déchaînement des vagues rugissantes, semblait apaisée. Jusqu'à l'horizon, elle ne voyait qu'une étendue turquoise miroitante dont les vaguelettes venaient lécher le rivage en un léger clapotis cristallin. Le calme d'Eleuth signifiait qu'ils pourraient aller voir les dragons pour la classe de Zale, et elle s'en réjouit.

Lorsqu'elle sortit de sa chambre et qu'elle trouva Kosh et Shay qui discutaient en se taquinant, et se donnant des tapes fréquentes, elle s'empressa d'aller rejoindre les deux garçons et salua Kosh. Il portait son jean et son haut bleu marine et semblait tiré à quatre épingles. Elle, en revanche, avait enfilé à la hâte un jean noir – qui, pour une fois, n'était pas taché de toutes part – et un haut blanc – qui, par contre, arborait toute la panoplie de la peinture colorée et du jus de cerise. Comme d'habitude, Shay, lui, était impeccablement vêtu avec une touche décontractée, ses cheveux ébouriffés tombant en mèches blondes sur son front, et son éternel sourire en coin lui donnant son adorable air juvénile et angélique. Larrow vint les rejoindre peu après, lui aussi, et elle remarqua que ses cheveux que l'humidité avait légèrement bouclés étaient un peu en pétard, ce qui éclairait son visage déjà pâle et mettait en valeur la vague fossette de son sourire et la courbe de ses lèvres fines : ses grands yeux, pâles mais à la couleur envoûtante, la fixaient avec gentillesse.

- Où est Elyra ?

- Ici ! fit celle-ci en arrivant derrière eux.

Ses cheveux frisés étaient séparés en deux couettes par des élastiques noirs, et elle portait un joli haut à fleurs qui lui allait à merveille.

Lym baissa les yeux en rougissant lorsqu'elle comprit qu'elle était totalement en train de les dévisager tous les quatre. Seulement, elle venait de réaliser que sa sœur avait dit la vérité. Ils avaient tous une sorte... d'aura étrange. Ce n'était pas à proprement parler qu'ils soient beaux, selon les critères classiques de la société – non, c'était autre chose. Comme s'ils étaient nappés d'une sorte de lumière. Ou d'obscurité. Elle n'arrivait pas vraiment à se décider. Seulement, effectivement, ils attiraient bizarrement l'œil, imbibés d'une aura antique presque terrifiante. Elle comprit brutalement ce qu'avait voulu dire Larrow en disant qu'il avait détecté chez elle l'aura d'une videntis. Cette sorte d'aura qui les enveloppait devait être le vestige du sang d'Être qui coulait dans leurs veines. Elle réalisa qu'elle avait déjà vu des personnes qui semblaient resplendir de la même manière. Sa professeure d'anglais de 6ème. Un camarade de classe de collège qui était très timide. Une fillette casse-cou dans l'hôpital où l'on lui avait fait passer des tests lorsque sa sœur l'avait crue folle. Elle s'était simplement dit que c'était une sorte de charme qu'avaient certaines personnes.

Tous les cinq descendirent les escaliers pour arriver dans la cafétéria et allèrent s'asseoir au fond de la salle, sur une petite table ronde qu'ils aimaient bien – sans doute car c'était là que Lym, Kosh et Shay s'étaient rencontrés et que leur ébauche d'amitié était née.

- Tu as encore pris des cerises, Lym ? s'amusa Shay. C'est pas ennuyeux à la longue ?

- N'insulte pas mes cerises, Lake. C'est sacré.

Le groupe d'élèves sortit dans le parc, si l'on pouvait l'appeler comme ça, d'Eleuth et contournèrent le chêne immense pour arriver dans la clairière d'entraînement où plusieurs adolescents, surveillés par Luis, étaient en train d'enfiler des genouillères en enlevant la sécurité de leurs pistolets. Lym croisa le regard glacial de Cléandra, qui tenait un gros fusil entre ses mains et la fixait avec froideur, et, par reflexe, elle porta une main à son cou en saisissant Prysm, et l'autre à la crosse du petit pistolet noir qui ne la quittait plus. Voilà que sa nature méfiante qui faisait que Mar la traite fréquemment de paranoïaque remontait.

Passant devant les élèves qui s'entraînaient, ils arrivèrent dans la petite clairière où avaient lieu certains des cours de Soins, où les attendait Zale. Comme tous les autres Dragomirs adultes qu'ils avaient vus, elle portait une combinaison de tissu léger qui devait être assez souple pour pouvoir se battre dedans. La sienne était violet sombre, et maintenue fermée par des boutons de fer recouverts du même tissu pourpre, et, à sa taille, elle avait, attachés à sa ceinture de cuir sombre, une longue épée qui ressemblait un peu aux katanas des mangas que lisait Mar ainsi qu'un pistolet semi-automatique. Cette combinaison devait sans doute être « l'uniforme » que portaient les Dragomirs officiels.

- Puisqu'on a raté une occasion mardi dernier, commença immédiatement Zale dès qu'ils se furent réunis devant elle, on va se dépêcher de rejoindre les Galeries pour que ceux qui n'ont pas d'Equitem en trouvent enfin un et que les autres apprennent à connaître un peu mieux leurs propres dragons. De plus, les cavaliers de Noxis et de Glacyés, vous allez devoir bien vous occuper de vos dragons ; ils doivent être en manque d'affection après tous ces jours à faire des tours dans le ciel orageux. On va d'abord, cependant, faire un crochet vers la nursery. Allons-y, ne perdons pas de temps inutilement...

Ils la suivirent au travers de la forêt verte, glissant un peu sur les traînées de boue et l'herbe mouillée par la rosée et les pluies torrentielles de la veille, et arrivèrent assez vite devant la grande plaine aux lacs miroitants. Quelques dragons y étaient déjà et paressaient au soleil ; Lym vit tout de suite Glass, la dragonne de Larrow, qui barbotait allègrement dans l'un des grands lacs. Son cavalier leva les yeux au ciel, l'air exaspéré, et courut vers le rebord pour essayer d'en tirer Glass, qui ne voulait rien entendre.

Le groupe descendit dans les Galeries et, tandis que ceux qui la connaissaient déjà par cœur s'éloignaient, les nouveaux se dirigèrent vers la nursery sur les pas de Zale.

- La nursery, c'est là où l'on garde les bébés dragons et les œufs, expliqua-t-elle tout en marchant énergiquement. Dès qu'ils sont assez âgés pour produire un véritable feu et pas juste des étincelles, on les transfère à la crèche, à côté du terrain d'entraînement. Puis lorsqu'ils atteignent l'adolescence, on leur assigne une grotte aux Galeries.

Ils arrivèrent enfin devant une grande porte ronde en bois plaqué de fer, dont certaines parties semblaient légèrement brûlées. Le professeur mit une main sur la poignée, tirant un trousseau de clefs de sa poche, mais, avant d'ouvrir la porte, elle se tourna vers eux d'un air sévère.

- Sachez, fit-elle gravement, que les élèves n'ont pas le droit d'entrer dans la nursery à moins d'y être appelés. Seuls ceux qui seront assignés à la tâche de s'occuper des dragonneaux en auront l'autorisation.

Ils hochèrent la tête de concert et elle ouvrit enfin la porte, leur faisant signe d'entrer. Lym suivit Elyra à l'intérieur, et découvrit un décor surprenant. Ils étaient à l'intérieur d'une grotte circulaire, immense, remplie de petits dragons de toutes les espèces qui voletaient de-ci de-là. Elle vit un bébé Noxis fondre vers un Skuro en battant de ses ridicules petites ailes et lui envoyer une flammèche violette inoffensive au museau.

Il y en avait des dizaines, certains plus petits qu'un chien, d'autres déjà de la taille d'un veau. Tous se chamaillaient en voletant près du plafond. Les plus jeunes, incapables de voler, battaient désespérément des ailes, cloués au sol.

Plus loin, des dizaines d'œufs étaient alignés près du mur. Un quelconque enchantement leur permettait de se couver tous seuls. Il y en avait de toutes les teintes, tailles et couleurs ; un énorme œuf vert taché de jaune, deux qui semblaient faits, respectivement, d'or et d'argent, un noir piqueté de violet, un autre blanc orné de volutes bleues.

- Regarde celui-là ! s'écria Elyra, attendrie, en tapotant la tête d'un bébé Vandor qui semblait prit d'éternuements.

Kosh, pour sa part, semblait sur le point d'adopter un petit Furoki de la taille d'un golden retriever.

Lym serait restée des années à inspecter les dragonneaux et les œufs, mais Zale les fit vite sortir, comme les petits dragons s'approchaient d'eux pour les renifler. Un petit Skuro envoya une flammèche à Shay, qui dut éteindre les pans enflammés de son pantalon.

Zale les mena jusqu'en bas de l'escalier menant à la nursery. Tout le monde se dispersa dans les Galeries pour trouver ou rejoindre son dragon, et Lym vit Elyra qui allait discuter à Flamme, le Furoki à l'air bougon, tandis que Kosh descendait dans les étages pour se trouver un Equitem. Elle remarqua aussi que Shay entrait dans une grotte dont elle ne pouvait pas voir l'occupant, et elle ne put lutter contre la curiosité de voir à quoi ressemblait son dragon. Elle le suivit donc sur la pointe des pieds et passa la tête dans la grotte.

Elle resta stupéfaite, immobile à l'entrée de la caverne, lorsqu'elle reconnut la bête ; il s'agissait du magnifique Ekaon qu'ils avaient vu une semaine plus tôt, l'énorme dragon aux écailles brillantes comme des opales miroitantes, dont chaque parcelle du corps était scintillante et brillante. Ses cornes, crocs et griffes transparents comme des diamants taillés en pointes tranchantes brillaient au milieu de sa peau irisée qui reflétait comme Prysm les rayons du soleil. Dès qu'il la vit, Shay lui sourit.

- Lym ! Salut.

- Salut, murmura-t-elle, toujours fascinée par la magnificence du dragon.

- Je te présente Miroir, dit-il en caressant affectueusement la tête du dragon sur lequel il était juché, occupé à lustrer ses écailles opalescentes. Tu peux t'approcher, il ne te fera aucun mal.

Elle s'approcha d'un pas un peu hésitant, mais Miroir ne démontrait pas la moindre trace de menace comme Glass au début et elle put rapidement tapoter sa patte couverte d'écailles brillantes. Elle frissonna en avisant les immenses griffes qui, transparentes ou pas, étaient plus tranchante que le plus affuté des couteaux.

- Il est magnifique, pas vrai ? fit Shay en tapotant la tête de l'Ekaon, et, pour une fois, il n'y avait pas une once de vantardise dans sa voix, seulement une profonde fierté accompagnée d'une sorte de tendresse et de camaraderie qu'elle ne lui connaissait pas.

- C'est vrai, avoua Lym en avisant la tête immense aux yeux à la couleur changeante entourées d'un masque d'écailles bleu paon, et sa gueule béante aux crocs de diamant. Il est vraiment beau. Mais ne prends pas la grosse tête, Lake.

Shay eut un sourire amusé qu'elle lui rendit.

- Tu veux monter sur son dos ? proposa Shay. Contrairement à certains qui se sont montrés particulièrement violents et récalcitrants, Miroir m'a laissé approcher directement, alors je ne pense pas qu'il s'en formalise.

- C'est gentil, répondit-elle, mais elle hésitait encore. Une autre fois, peut-être – je suis pas trop sûre d'être prête à chevaucher un dragon.

- Je comprends.

Le blond passa une main dans ses cheveux, puis tapota de nouveau la tête de l'Ekaon, qui poussa un léger rugissement de contentement.

- Mais d'ailleurs, s'écria Shay en relevant brusquement la tête, qu'est-ce que tu fais là ? Tu dois trouver ton propre dragon !

- C'est vrai. J'étais juste curieuse, avoua-t-elle.

- Va donc le chercher. J'ai hâte de rencontrer ton dragon – peut-être qu'il deviendra super ami avec Miroir, qui sait ?

Elle hocha la tête et, un peu à contrecœur, sortit de la caverne qui abritait Shay et Miroir. Ne sachant plus vraiment vers où aller, elle descendit les escaliers taillés de la craie pour arriver à l'étage inférieur et alla d'un air rêveur, sans but, d'un box à l'autre.

Lym vit un grand Vandor occupé à gratter la mousse fluorescente des murs de sa grotte, un Skuro qui jouait avec son cavalier comme un petit chien surexcité, un autre à la majesté distante qui regardait la mer avec mélancolie, et un Glacyés à moitié endormi. Aucun ne suscita chez elle un sentiment particulier, seulement le même émerveillement qu'elle ressentait face à la beauté envoûtante de ces créatures incroyables, et elle commençait sérieusement à désespérer de trouver jamais son Equitem lorsque, en passant devant le box d'un très bel Ekaon qui dormait en laissant échapper un souffle enflammé à chaque expiration, elle entendit une sorte de rugissement profondément mélancolique et langoureux. Intriguée et inexplicablement attirée par le gémissement perdu qui ressemblait presque à un appel au secours, elle pressa le pas et passa sans même jeter un coup d'œil à l'intérieur devant plusieurs grottes qui auraient autrement suscité sa curiosité.

Elle arriva rapidement devant une grotte dont l'entrée était barrée par de grosses planches. Normalement, leur présence signifiait qu'il ne fallait pas entrer, mais elle était tiraillée entre la prudence et une curiosité dévorante, et, comme d'habitude, ce fut sa curiosité qui l'emporta. Mar lui avait toujours reproché d'être trop impulsive. Poussant la porte taillée dans le bois, elle entra dans la grotte et le panneau de chêne grinça en pivotant sur ses gonds. Elle crut entendre quelqu'un appeler son nom derrière elle mais n'y fit pas attention, obnubilée par l'occupant de cette caverne. Elle ne remarqua même pas l'affiche qui demandait de ne pas entrer et passa devant sans lui accorder un coup d'œil.

L'intérieur de la grotte était assez sombre, car seuls quelques rares rais de lumière du soleil traversaient le mur boisé au travers des fissures dans le chêne. Elle crut d'abord qu'il était vide, puis remarqua la masse imposante qui était allongée au fond, plongée dans l'obscurité, et s'en approcha lentement. C'était bel et bien un dragon ; un Noxis, plus précisément, une bête immense, aux écailles d'un noir intense sur le dos qui devenait légèrement bleuté, bleu marine, vers le ventre et se muait en un orangé coucher de soleil jusqu'à devenir d'un rouge tirant sur le pourpre particulièrement intense ; quelques écailles éparpillées de-ci de-là étaient de couleur argent pur, représentant peut-être les étoiles. Elle fut fascinée par ses écailles qui arboraient toutes les couleurs du ciel crépusculaire, du noir profond au rouge intense, en passant par les teintes violacées, orangées, rose pastel et bleu marine, avec, par-dessus, des taches étoilées éparpillées comme une poignée de diamants jetées sur une teinture mouvante. Le dragon, qui semblait jusque-là dormir, fut alerté par le bruit de ses pas sur la pierre, et se redressa en déployant légèrement ses ailes immenses. Leur membrane était d'un bleu intense, proche du bleu Klein. Ses griffes, ses crocs et les épines et cornes qui jaillissaient de sa tête et de son épine dorsale étaient d'un argent aussi pur que celui des écailles étoilées sur son dos. Sa langue noire était visible dans sa gueule entrouverte où étincelaient des crocs argent, et elle put même voir une braise à la couleur violacée au fond de sa gorge. Ses yeux étaient d'un bleu lavande magnifique qui mêlait l'aura bleutée de ses ailes et le violet du feu qui couvait en lui. Le Noxis baissa ses yeux lavande vers cette petite fille sémillante et fascinée aux épais et très longs cheveux roux sombre. Il la toisa, penchant un peu la tête de côté avec un air surpris. Lym le regarda en retour avec une sorte de profonde curiosité mêlée à une sensation de confiance, et elle ne réagit que lorsqu'elle vit le dragon montrer ses longs crocs nappés d'argent pur et s'avancer vers elle en grondant, passant sa langue noire et rappeuse sur la rangée de couteaux tranchants qui lui servait de dentition ; son regard vorace montrait qu'il venait sans doute de trouver sa prochaine proie. Avec un rugissement affamé, la bête s'élança, ses crocs d'argent en avant.

(chapitre corrigé ✔)