
✨~[I/13]~✨
Tome I, Chapitre 13
Lorsque la nuit fut totalement tombée et que les derniers échos violacés du soleil s'estompèrent à l'horizon, les trois adolescents laissèrent leurs bagages au sommet de l'arbre, sachant que personne ne viendrait les y chercher, et descendirent dans la cafétéria pour dîner. Ils se rendirent devant l'étrange distributeur et prirent leurs « commandes » avant d'aller se trouver une place dans la grande salle d'écorce, sur l'une des tables entièrement faite du même bois de chêne que l'intégralité des parois, du sol et du plafond : Lym fut surprise par la quantité d'élèves, qui, en réalité, était moins importante de ce qu'elle avait soupçonné. Peut-être étaient-ils quelques centaines, entre douze et dix-huit ans environ, à quelques exceptions près. Elle se demanda où allaient les personnes qui dépassaient cet âge, s'il y avait des écoles supérieures pour videntis, des universités et autres, puis elle se dit que rares devaient être ceux qui survivaient à la formation de Dragomir. Les autres devaient devenir professeurs à l'Académie ou bien aller travailler officiellement avec leurs dragons pour protéger cette espèce en disparition.
En passant devant la bande de Cléandra, elle remarqua les regards haineux que lui jetait le bouledogue qui leur servait de leader, et ne se sentit absolument pas coupable en voyant les quelques ecchymoses qui marquaient son visage crispé par la fureur, bien au contraire – elle se sentit satisfaite d'avoir remis cette fille à sa place. Elle ne regarda pas en détail les autres membres de la bande, se contentant d'adresser un sourire provocateur à leur chef de groupe avant d'aller rejoindre ses deux nouveaux amis.
Ils avaient déjà recommencé à se disputer – incorrigibles, ces deux-là – et elle avala à grandes bouchées son omelette en réfléchissant aux cours auxquels elle assisterait le lendemain matin. Alors qu'elle avalait un nouveau morceau de son repas, pensive, trois adultes entrèrent dans la cafétéria, vêtus de vêtements sévères et de capes : le premier, en vert sombre, était une femme, grande et au visage dur, traversé par une longue cicatrice rosâtre. Sur son front, elle vit avec surprise une étoile à six branches, gravée dans la peau. Les deux autres étaient deux hommes, en bleu nuit et noir intense : Luis et Cave, dont le premier, le plus jeune, avait une étoile à quatre branches seulement sur le front, et le deuxième son octogramme complexe qu'elle avait vu en lui parlant dans son bureau. Les combinaisons aux couleurs sombres variées qu'ils portaient ressemblaient à des tenues de combat. Tous avaient le symbole de l'œil des Dragomirs sur leurs capes.
Les trois auctors, dirigeants de l'Académie. Que pouvaient vouloir dire les étoiles différentes qui ornaient leurs fronts ? Maryus Cave toussota pour attirer l'attention de tous les élèves, qui se tournèrent de manière immédiate vers eux. La rumeur des conversations retomba lentement jusqu'à s'éteindre complètement, et il prit enfin la parole.
- Bonjour à tous les Dragomirs et apprentis Dragomirs, commença-t-il avec un sourire sombre. Tous les anciens doivent savoir que cinq nouveaux videntis sont arrivés à l'Académie.
Immédiatement, tous les anciens élèves recommencèrent à parler à voix basse, se désintéressant des paroles de Cave, connaissant sans doute déjà par cœur le discours d'introductions aux novices.
- Vous me connaissez tous, Mayus Cave, mais je me dois de vous présenter mes deux collègues ; Markus Luis et Marynna Zale, qui sont professeurs de Combat et Soins des Dragons. Comme certains d'entre vous le savent déjà, je m'occupe des classes de Contrôle, et vous rencontrerez demain les deux autres professeurs de l'Académie. Demain, au matin, vous commencerez vos premiers cours, et j'espère que vous les apprécierez à leur juste valeur ; j'espère également que vous vous sentirez vite chez vous ici et que vous pourrez un jour devenir des Dragomirs professionnels. Bonne chance à vous tous.
Plusieurs élèves applaudirent poliment, mais d'autres étaient trop occupés à enfourner de pleines bouchées de leurs repas pour réagir.
- De plus, poursuivit Cave sans se départir de son sérieux, je tiens à vous dire que vous devrez choisir vos chambres dès ce soir. Le professeur Zale – il indiqua d'un geste sa voisine à la balafre – et quelques volontaires vous on créé à l'aide d'un enchantement cinq nids supplémentaires. Choisissez celui où vos séjournerez durant votre scolarité ici. Vous avez le droit de le décorer comme vous le souhaitez, d'y mettre vos affaires et d'y dormir cinq jours sur sept. Sur ce, au risque de me répéter, je vous souhaite un agréable destin de Dragomirs et j'espère que vous ne vous ferez pas avaler par le premier dragon que vous verrez. Bonne journée !
Il se détourna en faisant claquer sa cape dans son dos, et sortit de la cafétéria, suivi par Luis et Zale qui s'en allèrent sans avoir prononcé le moindre mot. Lorsqu'ils furent sortis, ils recommencèrent tous à parler avec animation et Lym se tourna vers Shay et Kosh.
- Pourquoi ils ont ces trucs sur le front ? demanda-t-elle.
- Je pense que ça représente leur statut d'auctor, supposa le garçon blond en passant une main dans ses cheveux en bataille. Ça leur donne de l'autorité, peut-être ? Qui sait...
- Dépêchons-nous de manger, demanda Kosh, l'air un peu stressé. Coff ne semble pas très contente. Je pense qu'elle va essayer de s'en prendre à toi pour se venger de ce qui s'est passé ce matin.
Elle se tourna vers la jeune fille, et vit qu'effectivement les regards glacials qu'elle lui lançait étaient loin d'être amicaux et plutôt chargés d'une menace lourde.
- Pourquoi tu l'appelles Coff ? s'étonna-t-elle en se tournant vers Kosh.
- Apparemment, elle déteste son prénom et préfère qu'on l'appelle comme ça.
- Je vais l'appeler Cléandra, décida Lym. Rien que pour l'énerver.
Kosh sembla s'inquiéter lorsqu'elle lâcha ces mots, comme s'il craignait que son manque de prudence ne lui attire des ennuis, mais Shay approuva en hochant immédiatement la tête.
- Moi, je vais l'appeler Clé, ricana-t-il. Ça lui apprendra à s'en prendre à ma nouvelle meilleure amie.
- Je croyais que j'étais ton meilleur ami, argua le garçon aux cheveux noirs.
- Pourquoi, ça te rend triste, mon pauvre ?
- Au contraire, j'ai passé des années à essayer de me débarrasser de toi. Alléluia !
Lym rit doucement, amusée par la fraternité des deux garçons et ravie du fait qu'ils semblaient déjà la considérer comme un membre de leur groupe d'amis. La moitié de la cafétéria s'était déjà vidée, les élèves montant dans leur chambre. Alors qu'elle allait avaler une nouvelle bouchée de son omelette, elle vit du coin de l'œil Cléandra se lever et s'avancer vers eux d'un pas lourd, suivie de ses six acolytes qui la précédaient comme une bande de toutous dociles.
Par reflexe, la jeune fille rousse se redressa d'un bond ; si la brune qui plissait actuellement les yeux d'un air mauvais cherchait à se battre, elle allait être servie. Elle entendit Kosh se lever à son tour, et vit ses yeux faire un va-et-vient entre les deux filles, comme s'il se demandait s'il devait intervenir. Cléandra arriva devant Lym et la foudroya du regard – cette fois, elle était sûre que la fille qui l'avait empêchée de rallonger le combat ne serait pas là pour s'en occuper. Lym n'avait rien contre cela, mais elle ne frappait jamais la première. Elle se défendrait si c'était nécessaire, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas vaincre Cléandra si ses six amis se joignaient à elle ; à sept contre une, elle ne s'en sortirait certainement pas.
- Alley, commença sèchement la jeune fille.
- Cléandra, répliqua Lym en lui offrant son sourire le plus angélique.
- Salut Clé, lança Shay de derrière elle en agitant la main.
- Il y a trop d'agressivité, ici, commenta Kosh en essayant de paraître apaisant. Et si on arrêtait tout et on discutait tranquillement ?
- Je crois, reprit Cléandra en les foudroyant du regard de ses yeux noirs, qu'on a quelque chose à finir. Tu m'as insultée aujourd'hui, il faut que tu payes ton insolence.
- Être insolente, c'est mon hobby, désolée. C'était pas contre toi. Enfin, un peu quand même...
Comme la dernière fois, Cléandra dressa le poing pour lui décrocher un coup dans la mâchoire, et Lym sentit ses deux amis se tendre derrière elle, prêts à l'aider si nécessaire, lorsque quelqu'un s'interposa entre les deux jeunes filles, sortant du groupe de Cléandra.
Lym, qui ne s'y était pas attendue et avait fermé les yeux pour prévoir un coup bien placé, les rouvrit avec surprise et découvrit un garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus devant elle ; d'abord, elle crut qu'il s'agissait de Kosh, mais il avait les iris bien plus clairs, et les cheveux plus courts.
Larrow ?!
Il arrêta le coup de Cléandra d'un geste, habile et précis, et elle fut encore plus ébahie lorsqu'elle comprit qu'il était sorti des membres de sa bande. Elle se souvint brusquement des paroles de Shay ; l'un des acolytes de la fille à tête de bouledogue les avait aidés à retenir les autres, car il était son lieutenant.
Larrow est le bras droit de Cléandra Coff !?
- Coff, s'il te plaît, cette fille n'en vaut pas la peine, commença-t-il d'une voix qui se voulait apaisante, comme celle de Kosh. Elle vient juste d'arriver. Elle ne te connait pas. Pas la peine de t'énerver comme ça...
- Elle m'a manqué de respect ! protesta l'autre en regardant le garçon avec surprise. Larrow, qu'est-ce qui te prend ? D'habitude tu n'as rien contre une petite baston, bien au contraire !
- S'il te plaît, Coff. Si tu veux, je m'occupe de lui faire comprendre son erreur.
Cléandra serra les poings avec hargne, mais elle eut un soupir et baissa le poing.
- T'as intérêt à lui faire mal.
- Oui, juré. Je m'en occupe. Tu me connais bien... Pas le plus pacifique de l'univers.
Il y eut des ricanements dans le groupe. De toute évidence, Larrow était réputé pour ses talents en matière de combat. L'assurance et la facilité avec lesquelles il avait arrêté le geste de Cléandra, pourtant des plus costaudes, ne faisait que le confirmer.
Shay, Kosh et Lym étaient tous aussi hébétés, mais lorsque Larrow prit Lym par le bras pour la mener dans un couloir, les deux garçons sortirent de leur torpeur en même temps et réagirent.
- Eh ! Dégage ! s'écria Shay.
- Tu vas quand même pas te battre contre elle ? protesta Kosh en s'interposant à son tour, sur la défensive.
Lym ne savait pas comment elle était censée répliquer ; devait-elle approuver et chasser Larrow, surtout maintenant qu'elle savait qu'il faisait partie des adorateurs de Cléandra, ou bien devait-elle lui faire confiance ? Il lui adressa un regard suppliant et elle décida de lui accorder sa confiance une dernière fois.
Elle se tourna vers ses deux amis et leur sourit en espérant paraître convaincante.
- Ne vous inquiétez pas. Je gère. Je... Je le connais.
Ils les laissèrent partir avec méfiance, et Larrow eut l'air soulagé, mais, alors qu'ils allaient s'éloigner, Lym entendit clairement Shay glisser quelques mots à l'oreille du lieutenant de Cléandra.
- Si tu la blesses, je te jure que je te réduis en miettes.
- Tu pourras toujours essayer, rétorqua Larrow avec défi.
Tous deux s'éloignèrent et entrèrent dans l'un des couloirs sinueux qui semblaient être les veines habituellement emplies de sève de l'arbre où se trouvait l'Académie. Ils marchèrent un moment jusqu'à arriver devant une échelle, qu'ils escaladèrent, et arrivèrent finalement à ce qui devait être le premier étage. La nuit étant tombée et le soleil n'éclairant plus les couloirs grâce aux fenêtres, des petites bulles de lumière voletaient à présent aussi dans les couloirs par myriades.
Lym fit un rapide résumé de ce qu'elle savait sur le chêne géant qui abritait l'Académie sur Eleuth, histoire de se repérer et d'éviter de se perdre à la première occasion comme elle en avait autrefois l'habitude. Au rez-de-chaussée, il y avait la cafétéria, qui servait aussi de salle de devoirs, de bureau et d'à-peu-près tout en dehors des heures de repas. Au deuxième, il y avait les bureaux et les salles des professeurs, les salles de bain et une bibliothèque : au-dessus, il n'y avait plus que des branches qui formaient des couloirs menant aux petits nids qui servaient de chambres aux élèves. Ce qui ne laissait que le premier étage. Apparemment, c'était là que se trouvaient les salles de classe : il y avait celle d'Histoire et celle d'Étude des Êtres, qui ressemblaient à des salles de classe communes qu'ils auraient pu trouver au lycée St Expéry, et celles de Contrôle qui était fermée à clef et dont elle ne pouvait pas voir l'intérieur. Elle se demanda brièvement où se trouvaient les autres classes et l'infirmerie, mais elle avait, pour le moment, du moins, d'autres préoccupations. L'arbre avait beau être gigantesque, puisque chaque salle était immense et qu'une grande partie de sa stature était aussi issue de l'imposante ramure qu'il arborait, il n'y avait pas tant de salles que l'on aurait pu le croire dans le chêne.
Larrow ouvrit la porte de la salle d'Histoire, qui n'était pas fermée à clef contrairement à celle de Contrôle, et lui fit signe d'y entrer en lui tenant la porte ouverte. Elle entra et regarda l'endroit : des tables, un tableau, des frises chronologiques incroyablement longues, des affiches, une odeur de craie et de papier, des fenêtres rondes semblables à des hublots, un bureau de professeur. En fait, tout aurait été identique à ses salles de classe à St Exupéry s'il y avait eu des chaises et pas des poufs et autres fauteuils, et si les sièges en question avaient été répartis dans la classe en rangées et non pas de manière aléatoire. Également, les murs étaient quasiment invisibles derrière les milliers de cartes, d'étagères couvertes de livres et de posters, et, au lieu d'être éclairé par des néons sévères et clignotants, le lieu, comme tout le reste de l'arbre, était illuminé par les petites balles luminescentes. Elle remarqua que toutes les petites parcelles de parois qui n'avaient pas été recouvertes par les cartes et les manuels étaient cachées par des dessins divers qui formaient comme un papier peint à l'agréable et vif coloris. Des épées, des personnes vêtues de capes, des visages, des îles, des fées, des vampires et des dragons étaient dessinés avec une habileté déconcertante, avec du crayon, du pastel ou de l'aquarelle. L'ensemble des poufs, fauteuils, posters, livres et dessins formait une ambiance peu studieuse mais très allègre : si tout n'avait pas été aussi ordonné, il aurait pu s'agir de la chambre de Lym. Elle aussi avait la manie de couvrir chaque centimètre carré de mur avec des posters et des peintures.
Larrow referma la porte et se tourna vers elle ; malgré la noirceur du ciel au-dehors, on y voyait comme en plein jour, et elle put apercevoir une lueur d'inquiétude et de regret dans ses grands yeux pâles. Il la détailla longtemps avec la même expression pensive, et elle se sentit obligée de briser ce silence ; non pas qu'il fût gênant, mais le calme et elle, ça faisait deux.
- Tu voulais me parler, non ?
- Oui... commença-t-il, hésitant.
- Quoi, tu vas essayer de me taper dessus parce que Cléandra te l'a demandé ? railla-t-elle, sarcastique, surprise presque autant que lui par son propre ton moqueur.
Elle s'aperçut alors qu'elle lui en voulait. Même si elle lui avait fait la tête car il avait été un peu froid avec elle la dernière fois qu'ils s'étaient parlés, elle se sentait rattachée à lui : il était la première personne videntis qu'elle avait connue, la première à lui offrir des réponses à ses questions.
Le fait qu'il fasse partie des toutous de Cléandra l'énervait, et elle se sentait comme trahie.
- Non, répondit Larrow. En fait, je voulais m'excuser d'avoir été un peu désagréable avec toi, la dernière fois.
- Un peu ? releva-t-elle.
En réalité, il n'avait pas été si méchant que ça, mais elle avait envie qu'il se sente un peu coupable. Qu'il se révèle semblable aux brutes stupides qui martyrisaient Sofy à St Exupéry ne l'avais pas seulement déçue, mais aussi blessée.
- D'accord, j'ai été un énorme salaud, soupira Larrow. Surtout de l'avoir laissée de frapper la première fois – mais tu avais l'air de te débrouiller assez bien, alors j'ai seulement empêché les autres membres du gang de se joindre à la baston.
- Je ne comprends juste pas pourquoi, avoua Lym. Pourquoi tu restes avec Cléandra ? Tu pourrais te faire plein d'autres amis, malgré ton caractère de crapaud unijambiste atteint de rhumatismes.
- C'était... une insulte ? essaya-t-il de deviner.
- Je voulais dire que tu as quand même un sale caractère.
Il eut un pâle sourire et resta silencieux un instant, plongé dans ses pensées apparemment tumultueuses, jusqu'à ce qu'elle brise à nouveau le silence – elle avait décidément beaucoup trop de mal à se taire dans ce genre de situations.
- Sérieusement, pourquoi ? répéta-t-elle.
- Ils me protègent, commença Larrow sans se départir de son air pensif. Si cette bande d'idiots a une qualité, c'est sans aucun doute l'esprit d'équipe ; tu t'attaques à l'un d'entre eux, et tout le groupe te tombe dessus un jour où l'autre pour réclamer vengeance. Je sais qu'ils sont mauvais. Toxiques, diraient certains, mais je suis bien plus toxique qu'eux tous réunis, de toute façon.
- Pourquoi tu... ?
Il semblait préférer ne pas aborder le sujet, et poursuivit vite sur sa lancée en éludant la question.
- Aucun d'entre eux n'est ni sympathique ni bien futé. À part Coff, qui doit avoir un cerveau caché quelque part, les autres ne doivent même pas avoir de neurones, mais si traîner avec eux est le prix à payer pour assurer ma protection, alors qu'il en soit ainsi.
- Tu parles de protection comme si tu étais en danger...
- Je ne suis pas très aimé parmi les élèves, avoua-t-il.
- S'ils ne t'aiment pas, ce n'est pas une raison pour te faire du mal !
- On n'est pas chez les caecus, ici. Les videntis ont la mauvaise habitude de s'attirer toutes sortes d'ennuis, et ils savent tous manier une arme. Sur Eleuth, un simple conflit se transforme rapidement en bagarre, et c'est encore pire depuis qu'il y a des tensions à cause de Drake...
- Peut-être, mais quand même, ils ne peuvent pas t'en vouloir à ce point...
- C'est... Compliqué. Lorsque je dis que je suis peu aimé ici, je ne parle pas juste de ne pas être populaire. Je préfère ne pas en parler. De toute façon, tu seras vite au courant ; j'ai une réputation qui n'est pas forcément flatteuse, alors tu en entendras forcément parler à un moment ou à un autre. Et c'est mieux si c'est quelqu'un d'autre qui t'en parle. Je déteste aborder ce sujet.
- D'accord, soupira Lym.
Elle avait beau être très curieuse et avide de réponses, s'il disait vrai, alors il lui suffirait d'interroger le premier videntis venu pour lui demander des informations sur lui. Peut-être pourrait-elle en parler à Joy – si elles se reparlaient un jour. Étant donné qu'elle ne l'avait pas vue de la journée, ni même pour les repas, elle supposa qu'elles ne se reverraient sans doute pas avant un petit moment.
La jeune fille chassa une mèche rousse de devant ses yeux verts, les yeux dans le vague, se demandant comment elle était censée s'adresser à son camarade à présent. Pour une fois, ce fut Larrow qui brisa le silence.
- De toute façon, commença-t-il, tu t'es apparemment déjà trouvé des acolytes. Tu n'as pas besoin de moi pour t'intégrer ici.
Il lui fallut un instant pour comprendre de qui il parlait.
- Ce ne sont pas des acolytes, rétorqua-t-elle. Shay et Kosh sont mes amis.
Elle se sentit étrange de prononcer ces mots : jusque-là, elle n'avait jamais appelé personne son ami, sauf, bien sûr, Sofia Mason. Elle fut prise d'un léger élan de nostalgie en repensant à Sofy : la pauvre, elle avait dû passer une journée seule au lycée. Bien qu'elle eût l'habitude, puisqu'elle ne comptait même le plus le nombre de journée de cours qu'elle avait séchées. Mais l'idée que son absence fut permanente, c'était une toute autre histoire...
- On peut être ça ? demanda Larrow, interrompant le fil de ses pensées.
- De quoi ?
- On peut être amis ? s'enquit-il. Je peux être désagréable, des fois, et j'en suis conscient. Je ne vais pas te sortir le discourt du « j'ai eu une enfance difficile », même si c'est exactement ça ; je comprendrais que tu ne veuilles pas me fréquenter, surtout étant donné que je fais partie de la bande de Coff.
- Oui, lâcha Lym. Oui, on peut être amis, si tu veux.
Il sembla immensément surpris, et ravi, de cette réponse. Apparemment, il s'était déjà préparé à essuyer un rejet.
- Mais que va en penser Cléandra ? demanda-t-elle, hésitante.
- Au diable ce qu'elle pense, sourit Larrow. Par Ladon, j'ai quand même le droit de parler à d'autres personnes, même si elles lui tiennent tête.
Lym lui sourit en retour, et un silence gêné s'installa entre eux jusqu'à ce que le garçon lui tende la main. Elle aurait bien aimé le questionner sur cette expression qu'il ne cessait d'employer – par Ladon – mais le moment ne lui semblait pas propice.
- Alors... Amis ?
Elle prit sa main et la serra.
- Amis.
(chapitre corrigé ✔)
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