47 - Évasion
Mingi faisait les cents pas dans sa chambre. Le bruit de ses semelles contre le parquet, aussi régulier qu’un métronome, lui permettait de réfléchir. Ils avaient besoin d’un plan solide pour s’enfuir de Kimgyo. La surveillance permanente auquel ils étaient soumis ne l’aidait pas à trouver une solution. Il devait bien y avoir quelque chose, n’importe quoi. Ils devaient détourner l’attention des gardes pour leur filer entre les doigts… Et puis il restait le problème de la barrière. S’ils tentaient de fuir, les mages seraient prévenus dans la seconde et avec San, Yeosang et peut-être lui-même hors service, il serait difficile pour les deux restants de gérer la situation.
Assis ou allongés sur son immense lit, San, Wooyoung, Yeosang et Jongho le suivaient des yeux. L’Ombre était à l’opposé du cartographe qui ne lui adressait pas le moindre regard. San aurait pu être caché dans les Ombres, cela serait revenu au même. Mingi se demandait ce qui avait bien pu se passer entre eux. Depuis le retour de San de Kerch, aucune dispute n’avait éclaté entre eux. Visiblement leurs problèmes étaient loin d’être réglés, ces quelques semaines n'avaient été qu’une accalmie. Yeosang était allongé sur les cuisses de Jongho qui caressait ses cheveux, les sourcils froncés.
Les lampes à huiles étaient allumés faiblement. Toute une partie de la chambre était plongée dans l'obscurité. Seuls les métaux précieux brillaient depuis l'ombre. Wooyoung jouait avec un fil du baldaquin et examinait avec attention les meubles de bois bruit.
— Mingi par pitié arrête de bouger je vais avoir la nausée, maugréa Wooyoung en grimaçant.
— Il faut pourtant bien trouver une solution pour quitter cet endroit… murmura Mingi.
Il se posa devant la fenêtre pour réfléchir. La ville endormie était à peine éclairée par la lune. Dans le reflet de la vitre, les silhouettes de ses amis s’agitaient. Il voyait, dans l’interstice sous la porte, les pieds des gardes qui se déplaçaient devant elle. Les pirates étaient sans cesse surveillés, même au beau milieu de la nuit. Qu’est-ce que les mages avaient à cacher pour agir ainsi ?
— Cette ville est tout de même agréable, dit Yeosang. Les gens sont gentils et… cela me fait du bien de ne pas avoir à cacher mes pouvoirs en permanence.
— C'est la façon dont ils traitent les non mages qui me surprend, continua Jongho. Je me sens regardé de travers peu importe ce que je fais. On dirait presque qu’ils ont peur de moi.
— Au moins tu découvres ce que cela fait d'être traité comme un mage dans le Nouveau Monde.
Le ton tranchant de San fit lever les yeux au ciel à Mingi.
— Je n’ai jamais toléré ce traitement, rappela Jongho sur un ton doux. Mais je comprends leur peur.
Mingi n’écoutait plus les chamailleries des autres. Son esprit s’était perdu vers Yunho. Chaque seconde passée dans cette chambre près du mur peint lui rappelait celui qu’il avait perdu. Il n’était pas jaloux envers ses amis mais il ne faisait que se demander pourquoi Byeol lui avait pris son petit noble. Dès qu’il fermait les yeux, la chute de Yunho lui apparaissait. Il avait été incapable de le sauver. Il sentait encore les doigts du Façonneur contre les siens alors qu’il plongeait droit vers la Mer de Nuages. Mingi n’avait pas eu l’occasion de lui dire une dernière fois à quel point il l’aimait.
Il croisa son regard dans le reflet de la vitre. Ses yeux humides de larmes voilés par la peine reflétaient des lumières bleues qui dansaient dans la nuit, près de la barrière d’Annihilation. Pas de la simple lumière, des explosifs. Mingi sortit immédiatement de ses pensées. Sans qu’il ne puisse résister, un rire traversa ses lèvres, ce qui fit taire les autres.
— Mingi, qu’est-ce qu’il y a ? demanda Jongho.
— Hongjoong est venu nous chercher.
Ses amis bondirent du lit pour se poster à la fenêtre. Les étincelles bleues n’avaient pas cessé et les mêmes sourires mêlés de joie et de soulagement étaient sur toutes les lèvres. Hongjoong était vivant et il venait les sortir de cette ville de malheur. Ils se turent quand des voix retentirent dans le couloir. L’alerte avait été donnée, ils n’avaient plus beaucoup de temps pour agir.
— La porte est fermée à clef et il y a des gardes devant, par où allons-nous passer ? demanda Yeosang.
— Par la fenêtre.
Tous baissèrent la tête après le commentaire de Mingi. Ils se trouvaient au troisième étage, la descente allait être périlleuse entre le vide et les toits de tuile à traverser. Sans se soucier des visages réticents des autres, Mingi se dirigea vers son lit, récupéra tous les draps posés dessus et les attacha un par un avec de solides nœuds.
— Nous faisons l’école buissonnière ? railla Wooyoung.
— Si tu as une meilleure idée, je t’en prie.
Wooyoung poussa un soupir résigné et alla l’aider à traîner la literie jusqu’à la fenêtre. Les draps tombèrent silencieusement le long du mur extérieur. Jongho attacha fermement le bout à un pied de lit et grimaça en jetant un regard vers le bas.
— Ça ne va pas jusqu’en bas.
— C’est bien pour cela que vous avez un Marcheur dans l’équipe, sourit Yeosang. Je passe devant pour vous rattraper si jamais vous tombez.
Tous acquiescèrent son plan et Yeosang se lança dans l’escalade sans perdre plus de temps. Ils le regardèrent faire avec inquiétude mais le Marcheur réussit sans problème à atteindre le toit de tuile et poursuivre sa descente vers l’obscurité des jardins.
— A ton tour Wooyoung, ordonna Mingi.
Le cartographe obéit. Au moment où sa tête disparut, un coup contre la porte les firent sursauter. Mingi, San et Jongho échangèrent un regard avant de se mettre en action sans dire le moindre mot. Après toutes ces années à travailler ensemble, chacun connaissait son rôle à la perfection. Qu’ils soient dans la demeure d’un noble du Nouveau Monde ou dans un palais de l’Ancien ne changeait rien à leur routine.
— Eh ! Qu’est-ce que vous faites là-dedans ? demanda un garde en frappant à nouveau contre la porte. Je vais entrer !
San coinça une tige de son matériel de crochetage dans la serrure tandis que Jongho et Mingi bloquèrent la porte à l’aide d’un gros fauteuil. Ce n’était qu’une solution de fortune, ils devaient accélérer la cadence. Déjà le garde tentait de décoincer le morceau de métal avec la clef de la chambre.
— Vite ! Vite ! Vite ! pressa Mingi.
Jongho enjamba le rebord de fenêtre et disparut à son tour dans la nuit.
— San tu le suis à mon signal.
— Je peux sauter sans les draps, lui assura l’Ombre.
— Et te briser le dos à l'atterrissage car tu as raté ta réception ? Hors de question. Tu descendras quand je te l’ordonnerai.
San hocha la tête et ils regardèrent en sentant le stress monter Jongho descendre prudemment le long de la corde de fortune. La jambe de Mingi tressautait et San jouait avec une de ses dagues. Le garde avait abandonné l’idée d’ouvrir la porte grâce à la clef et donnait à présent des coups de pied dedans. L’Ombre leur avait fait gagner un temps précieux. Ils n’avaient plus qu’à espérer qu’un Marcheur n’était pas dans le coin pour ouvrir la porte et déplacer le fauteuil avec sa magie.
— Maintenant !
San ne se fit pas prier et se laissa glisser le long de la corde. Mingi poussa un soupir de soulagement qui mourut bien vite dans sa gorge quand une odeur de brûlé agressa ses narines. Il tourna la tête vers la porte et se décomposa. Celle-ci brûlait sans que le feu ne se propage autour d’elle. Les Brûleurs, quelle plaie. Il n’avait pas l’habitude de devoir monter des plans incluant ces torches ambulantes.
Tant pis pour l’attente, il devait y aller. Quand il enjamba la fenêtre, le bois n’avait plus que quelques secondes à vivre. Mingi descendit le plus vite possible, mettant à profit toutes les années qu’il avait passé dans les gréements. La silhouette de San était quelques mètres plus bas et se laissait glisser avec aisance. Tout cela était familier pour lui.
— Dis-moi Guérisseur, j’espère que tu as appris à voler, ricana une voix au-dessus de lui.
Il croisa le regard de Jiyoo qui lui offrit un faux sourire. Son visage de poupée était éclairé par ses yeux brillants aux couleurs des flammes. Seule une cicatrice barrant sa lèvre brisait son image parfaite. Elle était accoudée au rebord de fenêtre, les doigts traînants négligemment sur la literie. Sans crier gare, le drap prit feu.
— Quelle salope, jura Mingi entre ses dents.
Malgré son instinct de survie qui lui hurlait de ne surtout pas lâcher le drap, Mingi se laissa tomber dans le vide. Le feu dévora rapidement la literie et le cri de peur de San lui fit comprendre que l’Ombre n’avait pas eu le temps de descendre entièrement. Tout reposait sur les pouvoirs de Yeosang. Le cœur au bord des lèvres et la tête bourdonnante, Mingi tombait inlassablement. Alors que le sol se rapprochait beaucoup trop vite à son goût, sa chute se ralentit et il atterrit presque avec douceur à plat ventre sur l’herbe humide. Toute l’air de ses poumons fut brutalement expulsé et il jura sans retenue.
— Je suis vraiment désolé ! Yeosang l’aida à se relever en prenant ses mains. J’ai d’abord dû aider San à atterrir.
Mingi lui fit signe que tout allait bien en reprenant sa respiration. Il n’avait rien de cassé, c’était le principal.
— Allons-y maintenant, nous avons perdu l’effet de surprise. San ?
S’il se souvenait bien, l’Ombre était parti en repérage pendant leur séance d'entraînement.
— Je sais où nous devons aller, suivez-moi.
Ils se mirent à courir à travers les jardins puis la ville en direction de la sortie de muraille la plus proche. La ville calme et endormie contrastait avec l’urgence de leur situation. Mingi sentait le sang battre à ses tempes et ses muscles souffrir de l’effort exigé. Contrairement aux autres, les Guérisseurs l’avaient laissé se soigner tout seul de ses blessures. Autant dire qu’il était loin d’être guéri. Leurs semelles résonnaient contre les pavés alors qu’ils emprutaient des ruelles sombres et de plus en plus étroites. Si Mingi ne faisait pas autant confiance à San, il aurait déjà changé de direction.
Mingi jeta un coup d'œil derrière lui. Eunbi, Dayun, Siwoo et Jawoo les talonnaient. Pour le moment, ils avaient une ruelle d’avance. Cela ne durera pas bien longtemps… Si les Marionnettistes arrivaient à projeter leurs pouvoirs sur eux, ils étaient morts.
Il soupira de soulagement quand, au bout de la rue, la porte Sud de la muraille fit son apparition. Les explosifs bleus continuaient d’illuminer le ciel. Son soulagement ne dura qu’un bref instant, la lourde porte était fermée.
— Yeosang !
Le mage comprit son ordre. Il ferma les yeux un bref instant tout en continuant sa course. Tendant les mains vers le ciel, le vent se mit à tourner autour de lui, comme une barrière protectrice. Il créait une petite tornade mais tout de même assez puissante pour leur permettre de s’enfuir. Le vent mugissait à leurs oreilles et aspirait dans l'œil de la tornade quelques déchets traînants par terre et des tuiles des maisons.
Quand Yeosang tendit la main vers l’avant, la tornade alla se fracasser contre la porte qui explosa en morceaux. Mingi devait bien admettre qu’avoir des mages dans leur équipe se révélait plus que salvateur.
Ils traversèrent la muraille sans perdre de temps. Wooyoung buta contre un morceau de la porte mais San le rattrapa avant qu’il ne tombe. Le sol pavé se transforma bien vite en herbe sous leurs pieds. Ils fonçaient droit vers une forêt. La barrière était encore à une cinquantaine de mètres et leurs poursuivants se rapprochaient bien trop vite à son goût.
— Il faut les ralentir ! hurla Mingi en pointant les mages du doigt.
San se retourna et disparut dans les Ombres après un hochement de tête. Ce fut rapide. Mingi n'eut même pas le temps de cligner des yeux que Eunbi se retrouvait au sol.
— Attrapez l'Ombre ! ordonna-t-elle en se remettant à genoux.
— Et puis merde.
Mingi se retourna et dégaina son sabre et son pistolet. Il ne pouvait pas laisser San se débrouiller seul contre quatre mages, c'était trop dangereux. Il fonça droit vers Eunbi. Dans l’immédiat, c’était elle qui pouvait faire le plus de dégâts. Il allait occuper la Marcheuse pendant que San gérait les Marionnettistes. Il ne savait pas quels pouvaient être les pouvoirs de Dayun mais Mingi ne pouvait affronter qu’un seul mage à la fois. Après tout, il restait plus un sans pouvoir qu’un véritable mage. Il se plaça devant son adversaire, sabre au clair.
— Mingi, sourit Eunbi, tu n'es pas de taille à nous affronter.
Il ne fit pas attention à sa provocation, il avait connu bien pire durant son adolescence. Il ne perdit pas de temps et se jeta sur la mage. Prise par surprise, elle évita difficilement sa lame. Mingi en profita pour lui asséner un coup de coude dans le nez. Le visage en sang, Eunbi se projeta en arrière grâce à ses pouvoirs.
— Je ne suis toujours pas de taille ? se moqua Mingi d’un ton provoquant.
Il aurait dû s’attendre à cette réaction. Eunbi lança soudain une rafale de vent qui l'envoya voler à plusieurs mètres. Il tomba lourdement dans l'herbe. Mingi roula sur lui-même avant de s'arrêter, les genoux et les paumes enfoncées dans la terre. Malgré tout, un sourire joueur se dessina sur ses lèvres. C'était le plus grand défaut des mages, ils ne pensaient pas pouvoir être battus par de simples sans pouvoirs. Il allait montrer à Eunbi de quoi il était capable.
Contre les Marcheurs, il valait mieux se battre au corps à corps. Ils avaient besoin de beaucoup d’amplitude pour utiliser leurs pouvoirs. Il dégaina son révolver et tira plusieurs balles en direction de la mage. Eunbi était trop occupée à repousser les projectiles et ne vit pas Mingi arriver sur sa droite. La lame effleura la gorge de la Marcheuse qui hoqueta de surprise.
L'académie militaire de Solas lui avait tout appris. Un bon commandant d'armée savait se battre en duel contre n'importe quel mage. Mingi avait toujours été le meilleur de sa promotion. Il battait chaque mages à plate couture, peu importe à quel point ils étaient puissants. C'était ce talent qui avait plu à Hongjoong la première fois qu'il l'avait vu se battre. Quand des mages pouvaient servir sous les bannières de l'empire, il n'y avait jamais assez de combattants.
— Pourquoi fuyez-vous ? demanda Eunbi en parant le prochain coup de Mingi avec une dague de glace. Kimgyo peut tant vous offrir !
— Je ne peux tolérer la manière dont vous traitez les sans pouvoir.
— Mingi, tu les estimes trop. A la première occasion, ils te trahiront. Tu es un mage, ta place n’est pas parmi eux. Pourquoi veux-tu retourner dans ton monde qui écrase les tiens ? Viens avec nous. Nous pouvons venir avec toi écraser cet empire qui vous étouffe. Avec nous, vous pourriez enfin être libres. Qu’as-tu à perdre ? Y a-t-il quelqu’un qui t'attend hors de cette ville ?
La main de Mingi se mit à trembler autour de la garde de son épée. Son coup entailla la cuisse de la mage. Même si Yunho l’attendait uniquement dans la mort, d’autres choses le retenaient. Il avait l’Ateez et la famille qu’il s’était construite à bord du navire. Il y avait son sens de la justice. Bien qu’il ait haï les mages une partie de sa vie à cause des actes de ses parents, il avait toujours refusé de les voir comme l’empire les dépeignaient.
— Vous êtes exactement comme les non mages que vous honnissez. Ce n’est pas en insufflant la peur chez les non mages que vous vous sentirez plus en sécurité. Vous les écraser comme l’empire écrase les mages. Ce n’est pas en vous cachant derrière de bonnes intentions que vous pouvez cacher ce que vous êtes réellement. La peur a fait de vous des monstres incapables de discernement et de compassion envers ceux différents de vous. Quelque part, je vous plains.
— Tu ne comprends pas ! rétorqua Eunbi en faisait s'entrechoquer leurs lames.
— Oh si, je comprends très bien. Je comprends trop bien. Je sais que vous souhaitez seulement protéger les vôtres, mais ce n’est pas la bonne solution.
Il avait perdu Yunho à cause de la peur de l’empereur de voir son monde s’effondrer. Il comprenait la peur des mages et celle des sans pouvoir d’être écrasé par l’autre. Il comprenait ces deux peurs parce qu’il avait vécu les deux. Victime de son manque de magie et à la fois rejeté par celle-ci. Mingi n’avait de place nulle part.
— Il n’y a pas d’autres solutions, cracha Eunbi. Et les mages ne quittent pas Kimgyo.
— Cela tombe mal, je n’avais pas l’intention de rester.
— Oh que si tu vas rester. Tu vas rester comme tes amis. Ou si tu ne restes pas, tu ne partiras pas vivant.
L'éclair effleura sa gorge et heurta le sol derrière lui. L'herbe grilla instantanément et il ne resta qu'une trace d'impact noir. Affronter les mages du Nouveau Monde était un tout autre défi. Il n'avait jamais dû éviter d’éclairs de toute sa vie. Il fallait qu’il mette hors-jeu la mage rapidement. Il resserra sa prise sur son arme et se lança à nouveau dans la bataille.
Eunbi avait compris sa stratégie et se battait avec deux armes de glace tout en essayant de l'aveugler avec du givre. Mingi paraît et frappait, recevant des coups autant qu’il en donnait. Un éclat de glace écorcha sa peau qui se mit à guérir seule. Mingi jura, ce n’était pas le moment pour que sa magie se réveille. Malgré son refus, il sentait la chaleur de ses pouvoirs courir dans ses veines et s’attaquer à ses blessures.
Mingi repéra la faille dans la garde de la Marcheuse et en profita. Le point négatif avec la glace, c’était que son poids pouvait se retourner contre son porteur. Le pirate envoya valser une des lames d’Eunbi et assomma la mage en envoyant la seconde en plein dans son front.
— Je pars vivant, merci bien.
— Mingi !
Il tourna la tête vers San qui lui faisait signe de le rejoindre. Yeosang repoussait les mages avec des rafales de vents. Il tendit la main et bloqua une attaque de Jiyoo à l’aide d’une barrière de glace.
La Brûleuse prit soudain Mingi en chasse quand elle remarqua qu’il s’était débarrassé de Eunbi. Elle inspira un grand coup et souffla dans sa direction. Une vague de flammes sortit de sa bouche et lui fonça droit dessus. Mingi ne prit même pas le temps d’être choqué par cette capacité. Il se jeta hors de la trajectoire et roula dans l’herbe. La chaleur du feu roussit ses vêtements. Jiyoo était une mage puissante, sa présence changeait la donne de leur fuite.
Des coups de feu résonnèrent soudain dans la nuit et semèrent la cohue parmi les mages. Mingi se retourna et sourit en voyant une dizaine de membres d’équipage de l’Ateez. Ils avaient survécu et étaient venus les aider. Hongjoong ne devait pas être loin.
— Il faut traverser la barrière ! cria Jongho en frappant dans une petite boule de feu avec son sabre. Nous n’allons pas tenir longtemps comme ça !
Mingi serra les dents. Ni San, ni Yeosang ni lui n'allaient pouvoir passer sans en subir les conséquences. Wooyoung et Jongho traversèrent sans mal et Mingi sourit de toutes ses dents quand il vit la crinière bleue de Hongjoong au milieu du reste de l'équipage.
— Mingi ! Sortez d’ici ! ordonna le capitaine.
Le prince Seonghwa apparut aux côtés de Hongjoong. Ils échangèrent un bref regard avant que leur ancien ennemi ne s’approche de la barrière. Seonghwa mit les mains contre le voile et essaya de forcer un passage. Ses yeux acier se mirent à luire alors qu'il puisait dans son aura en hurlant. Il luttait contre une force déraisonnablement supérieure à la sienne. Mingi grimaça, cela devait être très douloureux en plus d’avoir peu de chance de fonctionner.
Alors qu’il pensait cela impossible, un minuscule interstice s'ouvrit dans la barrière, juste assez grand pour laisser passer Yeosang et San. Une fois ses amis en sécurité, Mingi se détourna du combat. Il ne devait plus rester ici à présent que l’attention de tous les mages s’était tournée vers lui.
— Mingi ! Vite ! Seonghwa ne va pas tenir encore longtemps !
— Tu n’iras nulle part !
Jiyoo attrapa son poignet et Mingi lâcha son arme quand une douleur insupportable traversa son corps. Il tomba à genoux, la tête tourbillonnante alors que la mage continuait de brûler sa peau. Des tremblements incontrôlés le secouaient et il eut soudain envie de vomir quand l’odeur de la chair brûlée saisit ses narines. Il avait tellement mal qu’il était incapable du moindre mouvement.
— Nous avons déjà perdu tes deux amis. Tu vas rester avec nous, Mingi, peu importe si je dois te brûler de l’intérieur.
— Arrête s’il te plaît, supplia-t-il alors que la douleur hachait ses mots.
Un poing s’écrasa contre la joue de la Brûleuse qui tomba face contre terre.
— Debout Mingi, il faut y aller.
Hongjoong l’attrapa par le col de sa chemise et le força à se relever. Le second voyait des étoiles et faillit retomber directement dans l’herbe. Heureusement, Hongjoong le rattrapa contre lui. Ils chancelèrent tous les deux, le poids de Mingi était un peu dur à supporter pour le capitaine.
— Tiens bon, lui ordonna presque Hongjoong.
Alors qu’ils s'approchaient du voile, Seonghwa perdit connaissance et bascula dans les bras de Jongho. Le trou dans la barrière se referma aussitôt. C’était trop tard pour reculer. Mingi serra les dents et se prépara au pire alors que, tiré par Hongjoong, il fonça droit dans le voile. Il eut à peine effleuré la barrière qu'il tomba à genoux, hurlant comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Le peu de magie dans ses veines était comme arraché de son corps de force. Il en perdit toute trace. Il tomba contre l'herbe en se tordant de douleur.
Deux mains saisirent les siennes et le tirèrent hors du voile. Mingi se laissa faire, à moitié assommé par la douleur. Pourquoi son pouvoir venait-il toujours au pire moment ?
— Mingi, tu m'entends ?
Il ouvrit les yeux et croisa le regard de deux Hongjoong. Le capitaine posa une main inquiète sur sa joue puis saisit avec prudence son bras droit. Il était brûlé de la naissance de la main jusqu’à la moitié de l’avant-bras. La trace des doigts de Jiyoo était visible sur son poignet. Il fallut plusieurs secondes à Mingi pour cesser de voir double et être capable de parler.
— Oui... oui...
— Désolé, je n’avais pas le choix pour te sortir de là. Peux-tu marcher ?
Il était bien incapable de le dire. Son corps tremblait encore de la décharge d'Annihilation qu'il avait prise de plein fouet. Se mettre assis fut une épreuve. C'était la première fois que Mingi goûtait à la magie d'Annihilation et son corps ne le supportait pas. Il compatissait encore davantage pour San et Yeosang qui avaient subi la violence de cette magie trop de fois dans leur vie. Aidé de Hongjoong, il réussit à se mettre debout.
Les mages de Kimgyo les toisaient depuis l'autre côté de la barrière. Mingi croisa le regard de rage de Eunbi et se détourna. Pour l'instant les mages obéissaient à leurs propres règles mais pour combien de temps encore ?
— Appuie-toi sur moi.
Mingi s'exécuta et glissa ses bras autour des épaules de son capitaine. Ses premiers pas furent chancelants mais Hongjoong veillait.
— Tu es avec moi Mingi ? demanda le capitaine quand il sentit le second se reposer davantage contre lui.
— Du mieux que je puisse, répondit faiblement Mingi.
Il avait dû mal à se concentrer pour mettre un pied devant l’autre. Devant eux, San portait le prince inconscient. Vu la moue qu'il faisait, il était clair qu'il aurait préféré l'abandonner sur place. Une silhouette encapuchonnée guidait la marche.
— Qui est-ce ?
— Plus tard les questions, il faut nous mettre en sécurité.
☁️☁️☁️
Mingi s’effondra devant l’entrée d’un palais abandonné. Hongjoong le rejoignit bientôt, incapable de supporter davantage le poids de son second. Rapidement, une femme de petite taille toute menue se précipita vers eux.
— Seoyeon m’a dit que tu avais été brûlé, dit-elle sans prendre le temps de respirer.
Mingi la regarda avec des yeux ronds, encore la tête tourbillonnante et Hongjoong la présenta rapidement. Une Guérisseuse, Mingi avait du mal avec l’idée qu’elle veuille le guérir. La mage posa prudemment ses doigts sur son bras et Mingi hurla de douleur.
— Je suis désolée, je suis désolée, s’excusa en boucle Minseo.
Sous ses yeux ébahis, sa peau se reconstruit petit à petit. La douleur diminuait par palier et devint bientôt supportable. Il poussa un soupir de soulagement et la mage sourit. Mingi remarqua la pâleur de Minseo qui continuait pourtant de le soigner.
— Il faut que tu arrêtes, lui dit-il doucement, tu vas te faire du mal.
— Les brûlures doivent être soignées rapidement sinon elles laissent des traces à vie. Une fois que la chair est morte, je ne peux plus rien faire.
— Ma magie prendra le relais, continua-t-il pour la rassurer, arrête-toi maintenant. Je te remercie pour ton aide.
Minseo s'exécuta à contre-cœur et s’en alla, chancelant sur ses jambes. Mingi était soulagé de l’avoir stoppé avant qu’elle ne mette plus en danger sa santé. Elle disparut à l’intérieur du palais en ruine. Mingi prit le temps d’observer les détails sur la façade jusqu’à la grande statue qui leur tournait le dos au milieu de la place. Le pirate tourna la tête vers son capitaine.
— C’est ici que tu es tombé ?
— Non mais je suis heureux d’avoir trouvé cet endroit. Bienvenue à Bymgyo.
— Bymgyo, comme la ville de la triangulation ?
Hongjoong hocha la tête.
— Celle-ci même. Nous n’avons jamais été aussi près du trésor de Tanian. J’ai trouvé le reste de nos hommes sur le chemin. Ils m’ont raconté que Jongho et San avaient survécu mais qu’ils avaient tout aussi vite disparu quelque part dans les montagnes. Bref, tout cela pour dire qu’un repos collectif s’impose avant de chercher le trésor.
Mingi hocha pensivement la tête. Après toutes ces années, l’idée de trouver le trésor lui paraissait presque incongrue. Que ferait-il une fois que l’aventure de sa vie sera achevée ? Cela faisait cinq ans qu’il vivait en pensant au trésor, en suivant un cap uniquement pour le trouver. Il ne se souvenait plus de ce que cela faisait de n’avoir aucun but dans sa vie.
— Tu es étrange, remarqua Mingi en se tournant vers Hongjoong. Tu es le premier à me traîner dans des sites anciens inconnus à la recherche de trésors et là, tu ne m’as même pas proposé d’entrer dans ce palais alors que l’on est assis devant depuis dix minutes.
Hongjoong se mordit la lèvre et porta son regard vers la grande porte du bâtiment. Mingi fronça les sourcils. Ce n’était pas du genre du capitaine d’être fuyant. Essayait-il de lui cacher quelque chose à l’intérieur du palais ? Il se leva et son ami le suivit en silence.
— Mingi je… commença Hongjoong d’un ton mal assuré alors qu’ils entraient dans l’ancien palais. Il… il y a quelque chose qui risque de te…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Au milieu des membres d’équipage et du chaos du hall, son regard accrocha une vision cauchemardesque. Yunho, son Yunho était emprisonné dans un cristal. Il courut à en perdre haleine jusqu’à son amant et son cœur se brisa en découvrant son visage figé dans la peur. Il tomba à genoux devant le cristal, plaquant sa main sur sa bouche pour retenir un cri d’horreur.
— Yu-Yunho…
Il ne réussit pas à retenir ses sanglots plus longtemps. Ses hoquets brouillons résonnaient dans le hall vide. Quelques longues secondes passèrent avant que des bras tatoués n’entourent ses épaules.
— Je suis désolé Mingi, chuchota Wooyoung.
— Il n’est pas mort, la petite voix de Minseo retentit près de lui.
Mingi tourna lentement la tête vers elle. Ses cheveux camouflaient en partie son visage.
— Il est comme dans un profond sommeil, expliqua-t-elle. Mais j’ignore comment le sortir de là.
Il y avait toujours de l’espoir.
— Mingi, l’origine de la magie. Si on la trouve, on devrait pouvoir réussir à libérer Yunho.
Il hocha la tête aux paroles de Wooyoung qui l’aida à se remettre sur ses pieds. Mingi avait l’impression d’être anesthésié. Ce qu’il se passait autour de lui ne comptait plus. La douleur qui faisait vibrer son corps était accessoire. Il retrouvait Yunho, ce qu’il n’aurait jamais cru, mais à quel prix ? Les larmes rendaient sa vision flou. Il ne rêvait que d’une chose, serrer Yunho dans ses bras. Ils n’avaient jamais été si proches depuis la chute de l’Ateez mais une barrière infranchissable les séparait toujours. Cela le tuait de l’intérieur. Il n’allait pas supporter cette situation longtemps sans devenir fou. Mingi caressa le cristal au niveau de la joue de Yunho. Les yeux morts du Façonneur semblaient le regarder mais rien n'était moins sûr. Le voir ainsi lui brisait le cœur.
— Je te sauverai, je te le promets.
☁️☁️☁️
Surprise 🤣
Tout comme celui-ci, les prochains chapitres serons des monstruosités de longueur. Bon courage ^^
Il me reste 5 chapitres à écrire ! Tout va arriver vite 🤭
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