42 - Mariage de convenance
L'épais manteau de neige gelait le corps de Hongjoong, embourbé dans la masse glacée. La tempête mugissait et les flocons volaient jusque dans ses yeux, le rendant presque aveugle. Ses fins vêtements d’été étaient trempés d’eau glacé et commençaient à durcir à cause du gel. Ses dents s’entrechoquaient frénétiquement tant le froid était mordant. Par Byeol, même les plus froids hivers qu’il avait connu étaient de simples printemps en comparaison. Pourtant son cœur battait la chamade et le stress chassait au loin la température glaciale. Le moindre faux pas pourrait être leur dernier.
— Tenez bon ! hurla-t-il en direction de la crevasse dans laquelle il était à moitié plongé.
Il tenait Seonghwa par les poignets. Le prince était suspendu dans le vide, ses yeux gris transpercés par l’horreur. Hongjoong avait hésité à lâcher mais quand il avait croisé son regard, il avait changé d’avis. Il était peut-être un pirate, un voleur et un manipulateur mais il n’était ni un couard ni un homme déloyal. Si Seonghwa devait mourir, ce serait sous le fil de son épée après un combat, pas en lâchant du haut d’une falaise.
En serrant les dents, Hongjoong hissa difficilement le prince hors du trou, millimètre après millimètre. Pourquoi faillit-il qu’il soit né aussi maigrichon ? Son pied glissa sur une plaque de verglas cachée sous la neige et il bascula en avant en criant de surprise et de peur mêlée. Il glissa de quelques mètres sur la fine poudreuse, réduisant à néant ses efforts précédant et manquant de les faire tomber tous les deux au fond de la crevasse. Seonghwa poussa un cri perçant alors que les mains d’Hongjoong glissaient contre sa peau. Malgré toute sa volonté, le pirate n’était pas immunisé au froid et il commençait à ne plus sentir les extrémités de son corps.
— Hongjoong, je ne veux pas mourir, supplia le prince.
Dans un tout autre contexte, le capitaine aurait pris cette phrase comme un caprice de prince et rien de plus. Mais dans cette situation, Seonghwa ressemblait à un gamin perdu et terrifié qui suppliait pour la vie qu’il pourrait perdre d’une seconde à l’autre. A sa place, Hongjoong en aurait fait tout autant.
— Moi non plus alors accrochez-vous bon sang !
Puisant dans ses dernières forces, le pirate tira. La peur et le désespoir étaient de bons moteurs car il réussit à reculer encore plus loin. Prenant soin d’éviter la plaque de verglas encore à moitié camouflée dans la neige, il remonta la pente. Une fois le torse touchant la terre ferme, Seonghwa prit appuie sur la neige avec ses pieds et réussit à se hisser hors de la crevasse.
Ils tombèrent l’un sur l’autre dans la poudreuse, leurs mains toujours fermement entrelacées. Le visage de Seonghwa était enfoui dans sa nuque et son souffle chaud contre sa peau glaciale fit frissonner Hongjoong. Ils restèrent quelque temps ainsi, reprenant leur souffle alors que la neige tombant toujours plus dru les ensevelissait petit à petit. Le prince arrêta bientôt de trembler de peur pour trembler de froid et Hongjoong bougea. Ils n’avaient pas frôlé une chute mortelle pour finir morts de froid.
— Debout, il faut nous mettre en marche.
Seonghwa s’exécuta sans broncher et aida Hongjoong à se remettre sur ses pieds. Ils restèrent cependant sans bouger. Ils n’avaient aucune idée de la direction à prendre.
— Par où allons-nous ? demanda finalement Seonghwa. Nous ne savons rien de cet endroit, à part les crevasses qui s’y cachent…
— Je crois qu’il va falloir laisser notre instinct nous guider et croire en notre chance.
— Je n’ai jamais été très chanceux, maugréa le prince.
— Alors je le serai pour nous deux. Partons vers le sud.
Hongjoong sortit sa boussole de sa poche et soupira de soulagement en la voyant fonctionner. Le verre était fissuré mais l’aiguille bougeait tranquillement. Quand il se mit en marche, Seonghwa le suivit sans protester. Leurs vêtements trempés étaient faits pour supporter l’été étouffant du Nouveau Monde, pas des températures glaciales et une tempête de neige. Leurs capes les protégeaient pour le moment mais cela n’allait pas durer éternellement. S’ils ne trouvaient pas rapidement un abri, ils avaient peu de chance de s’en sortir. Bien qu’ils en avaient conscience tous les deux, aucun n’en parla à voix haute.
Le paysage ne changeait pas à mesure qu’ils avalaient les kilomètres. Hongjoong n’avait aucune idée de l’heure ni depuis combien de temps ils marchaient. Le ciel était blanc, les nuages en couvraient chaque coin. Sans le soleil, il n’avait aucun moyen de se repérer. Il se fiait à la luminosité ambiante. Seonghwa n’avait pas prononcé le moindre mot et se contentait d’avancer derrière lui. De temps à autre, ils trébuchaient dans la neige mais se relevaient.
Bientôt, la nuit tombait lentement autour d’eux. La violence de la tempête de neige s’était calmée mais les flocons virevoltaient toujours et blanchissaient leurs vêtements. Hongjoong gardait pour lui ses tremblements compulsifs et la peur grandissante qu’ils mourraient tous deux dans ce désert gelé. Il n’avait pas envie de paraître faible devant le prince. Il devait plisser les yeux pour voir à quelques mètres devant lui. Sans la maigre luminosité du soleil, le froid devient plus mordant et de grosses volutes de fumée s’échappaient de leurs lèvres bleuies à chaque souffle.
— Ce serait le moment idéal de faire appel à votre chance insensée, capitaine Hongjoong, articula difficilement Seonghwa engourdi par le froid.
Le pirate serra les dents mais ne dit rien. Cela faisait déjà une heure qu’il priait Byeol, il ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Il n’avait jamais prié plus de quelques minutes. Même la déesse des étoiles avait abandonné l’Ancien Monde. Alors perdait définitivement espoir, une bicoque se dressa au milieu de la neige. Balayée par le vent glacial, croulant sous le poids de la neige, Hongjoong était étonné qu’elle ne s’était pas encore effondrée. Elle semblait abandonnée depuis plusieurs années. Certains volets étaient arrachés et il manquait des tuiles sur le peu de toit visible.
— Byeol merci, chuchota Seonghwa alors qu’ils accéléraient le pas pour rejoindre leur abris de fortune.
Le prince poussa la porte et pressa Hongjoong de se dépêcher avant de fermer derrière lui. La maison n’était composée que d’une pièce. Contre le mur droit, un lit de fortune de paille et rongé par les mites les attendait sagement. Mais ce qui attira le regard du capitaine était les quelques bûches posées dans un coin. Ils avaient peut-être encore une chance de ne pas mourir de froid cette nuit.
— Savez-vous faire un feu ? demanda Seonghwa en saisissant les bûchettes.
— Je suis un pirate, je sais tout faire.
Il prit le bois des mains du prince et alluma le feu en même pas deux minutes. Seonghwa le regardait faire, impressionné. Ils s’assirent autour du feu. Les flammes crépitaient et la fumée sortait par un morceau de fenêtre brisé à peine calfeutré. Hongjoong observait les traits du prince onduler à la lumière du feu. Aucune émotion ne passait sur son visage et ses yeux étaient rivés sur les flammes. La chaleur emplit petit à petit la pièce et il eut l’impression de revivre. Le bout de ses doigts et ses joues piquaient.
— Nous devrions aller nous coucher, dit soudain Seonghwa en se levant. La route sera encore longue demain et Byeol sait ce que ce monde nous réserve encore.
Le regard d’Hongjoong dévia vers le lit et il grimaça. Évidemment il n’y en avait qu’un et évidemment ils allaient devoir se serrer pour y tenir à deux. Le prince ne sembla pas s’en préoccuper plus que nécessaire car il s’allongea sans même lui adresser un regard. Avec un soupir de résignation, Hongjoong le suivit. Il avait déjà dormi dans des situations plus inconfortables après tout mais, il était vrai, jamais avec un de ses plus grands ennemis. Il se glissa sur le matelas de paille en bougeant le moins possible pour ne pas toucher le prince.
Hongjoong fixait le plafond sans trouver le sommeil. Il tremblait à nouveau de froid malgré la chaleur des flammes mourantes. Ses dents claquaient et il commençait à ne plus sentir ses membres. Il poussa un petit cri quand il se retrouva plaqué contre le torse de Seonghwa qu’il croyait pourtant endormi. Le prince passa sa cape sur son corps frémissant.
— Qu’est-ce que vous faites ?
— Je vous réchauffe. Ça me tue de l’admettre mais nous avons besoin l’un de l’autre pour survivre. Et puis, je vous dois la vie.
Le capitaine pirate ne répondit rien et profita de la chaleur de la cape. Son corps se fit bientôt moins engourdi et il arrêta de trembler. Hongjoong essayait de garder les yeux ouverts, il ne devait pas s’endormir en présence de son ennemi. Il sentait le regard de Seonghwa sur son visage.
— Je n’aurais jamais pensé qu’un si grand ennemi de l’empire puisse être si frêle.
— Les apparences sont souvent trompeuses.
— On dirait bien.
Hongjoong leva les yeux et heurta le regard gris acier du prince héritier. Le pirate mentirait s’il disait qu’il ne le trouvait pas intimidant. Il s’était juré de le tuer, Seonghwa s’était lui aussi sûrement promit la même chose. L’ironie de leur situation le fit rire amèrement.
— Dormez au lieu de glousser. Demain nous devons nous mettre en route, nous ne savons pas quand nous finirons par croiser les autres.
Hongjoong pensa à son équipage, pourvut qu’il ne leur était rien arrivé. Il revit la chute de Yunho, la bataille sanglante et leur passage dans l’Ancien Monde. Sans la convergence de San, Yeosang et Seonghwa, ils ne seraient plus en vie à présent. Ses pensées dérivèrent vers le Façonneur et il se mordit la lèvre. Yunho était certainement mort, aucune magie ne l’avait retenu après qu’il soit passé par-dessus bord, en plus de sa blessure mortelle.
Malgré toute sa bonne volonté, l’appel du sommeil était plus fort. L'enchaînement des évènements et le tourbillon d’émotions des dernières heures le laissaient lessivé. Sans même s’en rendre compte, il s’endormit contre le prince.
☁️☁️☁️
Hongjoong se réveilla quand le vent fit claquer les volets de la maisonnée. Il fronça les sourcils face à la peau pâle et sans défauts sous ses yeux. Seonghwa. Pendant son sommeil, Hongjoong s’était collé contre la nuque du prince sans même s’en rendre compte. Il se redressa sans faire de bruit et écarquilla les yeux quand il aperçut le bras de Seonghwa passé autour de sa taille. Avec une grimace, il attrapa la manche du prince et souleva son bras avant de le laisser tomber sur le matelas de paille.
Il se leva d’un bond et alla se poster près de la fenêtre. Le froid de la pièce le saisit alors qu’il marchait. Il était bien plus au chaud sous la cape qu’il partageait avec le prince. En parlant de celui-ci, il se réveilla peu après. Hongjoong gardait son regard fixé sur l’extérieur. Les flocons tombaient en virevoltants, tellement nombreux qu’ils formaient un brouillard épais. Jusqu'où ce désert de glace s'étendait-t-il ? L’Ancien Monde ressemblait-il entièrement à cela ? Un monde vide de vie, balayé par la folie des éléments. Il sentait le regard du prince sur sa nuque.
— La tempête fait rage, il serait imprudent de sortir maintenant. Je crains que nous allions devoir nous supporter entre ces quatre murs encore quelques heures, ironisa Hongjoong.
— Cela n’avait pas l’air de vous déranger cette nuit quand vous étiez blottis contre moi.
Il ouvrit la bouche mais n’avait rien à répondre. Le ton taquin du prince le mit hors de lui alors qu’il rougissait.
— Et vous aviez votre bras sur ma taille.
Il s’était senti obligé de rétorquer, même si une fois prononcé à haute voix, cette phrase avait tout d’un absolu ridicule. Quel abruti je fais, pensa-t-il. Il se détourna du paysage désolé pour regarder le prince. Seonghwa le regardait, un petit sourire aux lèvres.
— En fin de compte, je ne comprends pas la terreur que vous inspirez aux autres pirates, ni même à l’empire. Vous êtes un homme fier, rusé, avec des valeurs quoiqu’un peu particulières puisque vous êtes un pirate. Mais surtout, j’ai l’impression que vous ne savez absolument pas ce que vous faîtes ici, que votre chemin à pris le pas sur vos pensées. Vous savez pourquoi vous avancez, bien sûr, mais vous vous demandez comment cela peut-il tenir la route. Comme si ce capitaine pirate que tout le monde suit et admire n’était qu’une façade qui cache quelque chose de bien différent.
La tirade le prit franchement au dépourvu. Il fixait le prince sans savoir quoi répondre. Sa répartie était tombée loin de son corps lorsqu'il s’était échoué dans l’Ancien Monde.
— Et vous alors, que cachez-vous donc sous cette apparence de prince ? Qu’est-ce que cela fait d’être un mage alors que vous êtes l’héritier de l’empire ? demanda Hongjoong.
— C’est très ironique sans doute, répondit Seonghwa en époussetant la poussière sur sa cape tombée au sol quand il s’était assis sur le matelas.
— Est-ce tout ? Vous laissez votre père massacrer vos semblables.
— Ce ne sont pas mes semblables.
La hargne dans la voix du prince le surprit et cassa la discussion posée qu’ils étaient en train d’avoir.
— Alors que sont-ils ?
— Ce sont des inconnus, voilà tout, répondit Seonghwa se levant. Je ne les connais pas, je ne vis pas leur vie. Ce n’est pas parce que nous sommes des mages que je dois forcément m’identifier à eux ! Je n’ai jamais voulu naître mage.
Ce discours, Hongjoong l’avait bien trop entendu. Chaque mage de l’Ateez avait un jour prononcé ces mots. Il trouvait cela d’autant plus étrange que d’où il venait, c’étaient les simples non mages qui rêvaient d’avoir des pouvoirs. Quand il était plus jeune, il s’était tant imaginé être un mage. Il jouait à avoir des pouvoirs surpuissants dans les rues de Hasset, la capitale des Territoires Libres. Et puis un jour il avait arrêté de jouer. Sa mère était gravement tombée malade et il lui fallait ces pouvoirs.
— J’aurais voulu naître mage, sourit tristement Hongjoong en s’asseyant sur le matelas.
— Et pourquoi donc ? Vous ne semblez pas avoir eu besoin de magie pour réussir dans votre vie de pirate.
— Ce n’est pas ma vie dont il est question.
Seonghwa s’assit à ses côtés alors qu’Hongjoong jouait avec les bagues à ses doigts. L’une d’elle était une promesse. L’anneau doré parsemé de petits cristaux verts avait un jumeau qui l’attendait à Hasset, au doigt de sa mère.
— J’aurais voulu naître Guérisseur, répondit–il à la question silencieuse de Seonghwa. Je l’ai vu tant souffrir alors que je ne pouvais rien y faire. Elle… je ne le supportais plus. Je devais faire quelque chose pour l’aider.
— Votre fiancée ? demanda le prince alors que son regard coulait vers l’anneau que triturait le pirate.
— Ma mère, la seule femme de ma vie avec l’Air. Les Guérisseurs ne voulaient rien savoir, il fallait que j’agisse par moi-même.
— C’est pourtant le devoir des Guérisseurs que d’aider leur prochain.
Le matelas de paille s’enfonça sous son poids quand il se laissa tomber dessus. Hongjoong sentait le regard de Seonghwa sur son visage alors qu’il soupirait.
— Ma mère est allée les voir. Ils lui ont ri au nez. Ces imbéciles demandaient un prix tellement élevé qu’il aurait fallu trouver un trésor pour les payer. Ils soignent les mages gratuitement et à bras ouverts mais les non mages…
— Le prix… c’est pour cela que vous vous êtes lancé à la recherche du trésor de Tanian ?
— Oui, avec en plus l’idée de récupérer l’origine de la magie pour ne plus avoir à dépendre des Guérisseurs. Cela paraît insensé, n’est-ce pas ?
Seonghwa sourit. C’était la première fois que le capitaine le voyait sourire. Ses traits déjà fins s’adoucissaient encore davantage alors que ses yeux se plissaient. Il avait l’air plus humain en souriant.
— Non, j’imagine que l’on est prêt à tout pour protéger ceux qu’on aime. Partir à l’aventure, remuer ciel et nuages, mourir pour eux…
Sa voix se cassa à la fin de sa phrase et il détourna le regard. Hongjoong se remit à fixer le plafond. Le vent mugissait contre les vieux volets de plus en plus fort. Ses cris recouvrait le silence entre les deux jeunes hommes.
— L’homme qui vous accompagnait, demanda Hongjoong au bout de plusieurs minutes, l’amiral, vous l’appréciez je me trompe ?
— C’était comme un père pour moi. Le père que je n’avais jamais eu, pour être exact. Le père que je n’aurais plus jamais.
— Et l’empereur ?
Seonghwa tourna sa tête. Leurs regards se croisèrent. Les yeux du prince étaient rouges mais il ne pleurait pas.
— C’est à se demander si j’ai déjà été un fils à ses yeux.
Il ne dit rien de plus et Hongjoong comprit que la discussion s’arrêtait là. Il ne savait pas ce qui les avait amenés à se raconter leur vie comme cela, eux qui s’étaient jurés de se tuer. Ils se perdirent dans un silence contemplatif jusqu’à ce que la tempête à l'extérieur se calme et leur permette enfin de se remettre en route.
☁️☁️☁️
La neige laissa place de la roche irrégulière alors qu’ils descendaient peu à peu de la montagne où ils étaient tombés. Hongjoong se demandait comment ils avaient pu atterrir là. La température s’était réchauffée et ils ne tremblaient plus de froid. Le pirate marchait en tête, le regard rivé sur sa boussole. Ils suivaient toujours le sud. Jusque là, cela leur avait plutôt réussi.
— Hongjoong, regardez cela. Droit devant.
En levant le nez de sa boussole, sa mâchoire se décrocha presque de son visage. Entre deux rochers tranchants comme des lames, les contours d’une ville immense se dessinaient au loin.
— Par Byeol, murmura-t-il.
Accélérant le pas, ils s’approchèrent de la ville. Hongjoong sentait son cœur s’affoler dans sa poitrine. Mais le sentiment de joie qu’il avait commencé à ressentir se dissipa rapidement face à ce qu’il avait sous les yeux. La ville n’était qu'une gigantesque ruine. Où que ses yeux se posaient, il ne voyait que des bâtiments effondrés. Le silence était glaçant, plus encore que celui des plaines enneigées. Du brouillard étendait ses tentacules dans les rues désertes et s’infiltrait dans les maisons abandonnées. Des statues parsemaient de larges places et des arbres morts longeaient les maisons.
— Où sommes-nous ? demanda Seonghwa en s’arrêtant près de lui.
Hongjoong plissa les yeux pour voir à travers les nuages bas sur la ville et jura. Au milieu de la cité, un trou gigantesque avait coupé un palais de pierre blanche en deux morceaux distincts. L’architecture lui était familière, il avait l’impression d’avoir déjà vu ce palais quelque part. Des arches sculptées finement donnaient l’impression que la solide pierre était faite de papier.
— La magie ici est… terrifiante, Seonghwa avait fermé les yeux à côté de lui.
— Terrifiante dans quel sens ?
— Ancienne, froide, terriblement puissante. J’ai l’impression que quelque chose de grave s’est produit ici il y a très longtemps.
Les paroles de San à propos des Iles des Anciens le frappèrent soudain. Puis il comprit. L’architecture du palais ne lui paraissait pas familière, elle lui était familière. Il avait déjà marché au milieu de ce palais de l’autre côté des nuages. Le gouffre en plein milieu de l’Ile des Anciens, la magie étrange. Un sourire naquit sur les lèvres du pirate, ils n’étaient plus perdus bien au contraire.
— Je sais où nous sommes… Bymgyo.
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