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27 - Façonneur

Les cloches sonnèrent douze coups et la hache s'abattit. Yunho laissa échapper un sanglot, étouffé par sa main contre sa bouche.

Il était tombé amoureux de Mingi. 

Il y eut un sifflement dans le ciel et puis le silence. Celui-ci ne dura qu'une brève seconde avant que des cris de panique et des coups de feu ne résonnent dans l'arène et ses gradins. Yunho ne comprenait pas ce qu'il se passait et se débattait avec le nœud qui emprisonnait ses yeux. Il n'arrivait pas à le défaire. Qu'y avait-il ? Mingi était-il... mort ? Un cor résonna tout prêt et il se leva, à la recherche d'aide.

— YUNHO !

Il fut brutalement plaqué au sol. Il reconnut le son de flèches se plantant dans le bois tout autour de lui. Mingi avait crié son nom ? La panique enserrait sa gorge et il tirait sur son bandeau avec désespoir. Son père se tenait là lui aussi, avait-il été blessé ?

— Yunho ! Yunho vous m'entendez ? Fils !

Son bandeau fut arraché. L'intense lumière le fit cligner des yeux et il croisa le regard de son père. Jaehyung le mit en position assise et le serra dans ses bras. Le jeune homme se blottit contre lui.

— Vous n'avez rien, père ?

— Grâce à Byeol non. Il faut vous mettre en sécurité. Venez, retournons au navire.

Jaehyung l'aida à se remettre sur pieds et ils se dirigèrent en courant vers les escaliers en pierre. Yunho jeta un regard derrière lui juste à temps pour voir Yeosang dresser une barrière de glace, debout sur l'estrade où les pirates étaient prisonniers. Le bourreau avait une flèche plantée dans le crâne et Mingi se battait avec la hache qui devait trancher sa tête. Il était vivant. Une vague de soulagement le traversa mais s'en alla bien vite quand il vit des soldats se diriger vers le second.

Le pirate disparut derrière un pan de mur alors qu'il descendait quatre à quatre les escaliers qui menaient à la sortie de l'arène. Son père courait devant lui et sans même y penser, Yunho se mit à ralentir l'allure. Il mourrait d'envie de rejoindre Mingi et de le supplier de lui pardonner, même s'il savait que c'était inutile. Rien ne s'était passé comme prévu, Yunho devait disparaître pour ne jamais revenir dans la vie du second, pas être le facteur déclencheur de sa mise à mort. Il n'avait jamais voulu que la dernière trace qu'il laissait dans son esprit soit celle d'un traître qui le poignardait dans le dos. La main de son père se refermant sur son poignet le ramena sur terre. Ils étaient seuls à déambuler dans le bâtiment.

— Il faut se hâter, le pressa Jaehyung.

Une fois les imposantes marches descendues, père et fils se stoppèrent devant l'immense porte de bois par laquelle ils étaient entrés. Les soldats l'avaient sûrement fermée pour bloquer la route des pirates. Ils avaient mis trop de temps à s'enfuir. De rage, Yunho donna un coup de pied dans la porte en criant sous le regard consterné de son père. La respiration erratique à cause de sa course et sa panique, Yunho voyait des étoiles. Les cris s'élevaient de plus en plus fort sur le champ de bataille de l'arène. La terreur était assourdissante.

— Il faut trouver une autre sortie, résonna calmement Jaehyung. Si les pirates nous trouvent...

Yunho n'avait aucun doute qu'ils prendraient un malin plaisir à l'écorcher vif pour les avoir trahis. Il n'y avait pas que les pirates de l'Ateez mais aussi certains boucaniers qu'il n'avait jamais vu. Il avait appris à ses dépends que ceux-ci ne portaient pas les nobles de l'empire dans leur cœur. Il refusait qu'ils s'en prennent à son père.

— Il faut passer par l'entrée des roturiers, les portes sont de simples battants.

— Mais c'est de l'autre côté de là où nous sommes ! protesta Yunho. Nous allons devoir passer par l'arène. C'est trop dangereux.

Là où soldats et pirates combattaient pour leur vie. Jaehyung s'approcha de Yunho et le serra brièvement contre lui. Ce geste ressemblait à un adieu. Le noble chassa cette pensée de son esprit, son père ne l'abandonnerait jamais. Il devait se concentrer sur ce qu'ils allaient devoir affronter. A l'idée de traverser le champ de bataille, ses mains s'étaient misent à trembler. Son esprit jouait déjà avec lui, lui montrant tout ce qu'il pourrait mal se passer. Il voyait déjà son père attaqué et tué par des pirates. Un haut le cœur le secoua.

— C'est notre seul échappatoire, trancha son père. Il faut que vous reganiez Skywe le plus vite possible. Vous n'êtes plus en sécurité ici.

Bien sûr qu'il n'était plus en sécurité mais son père agissait étrangement. Jaehyung prit le chemin du centre du bâtiment et Yunho le suivit, la peur au ventre. Au milieu des combattants, ils risquaient leur vie. Ils passèrent sous les arches de pierre immaculée pour se retrouver les pieds dans la poussière et face aux combats de l'arène. Yunho repéra la sortie, la porte principale avait été défoncée par les pirates et certains roturiers s'enfuyaient encore en rampant dans le sable. Il détourna le regard quand une femme reçut un tir fatal dans la tête alors qu'elle tentait de s'échapper. La terreur le paralysait sur place. Il ne pouvait plus bouger.

Quand ses yeux balayèrent l'arène, il vit en premier les cadavres éparpillés sur le sol et les marres de sang autour d'eux qui reflétaient la lumière du soleil. Tenue de soldats, de pirates, de simples roturiers mais aussi de nobles, personne n'était épargné. Un haut le cœur le saisit. Il ne s'était jamais trouvé en pleine bataille, il se trouvait toujours enfermé quelque part au moment où les pirates avaient dû affronter leurs ennemis. L'odeur du fer flottait dans l'air et lui tordit le ventre. Les coups de feu et les tintements des épées résonnaient à ses oreilles en même temps que les cris et les ordres lancés par les deux camps. La crinière bleue d'Hongjoong se déplaçait tel un feu follet dans l'arène, partout et nulle part à la fois. Il fit un pas en arrière mais Jaehyung l'attrapa par le poignet.

— Allons-y, ordonna son père.

— Non... non. Ils vont nous tuer.

Ils avaient plus de chance de survivre s'ils restaient cachés entre les murs de l'arène qu'à traverser celle-ci. Il ne pouvait pas détourner le regard des cadavres au sol. Il n'avait jamais vu de mort, son père lui avait interdit de voir sa mère après son décès. Mingi s'assurait à chaque fois de le tenir éloigné des zones de combat. Il tremblait face au morbide spectacle et il ne sentait même pas les larmes qui dégoulinaient sur son visage.

— Regardez-moi, lui demanda Jaehyung en saisissant ses joues entre ses mains. Tout ira bien. Nous nous en sortirons vous et moi comme nous l'avons toujours fait. Maintenant sortons de cet enfer.

Le régent garda son poignet prisonnier de sa main et ils quittèrent leur abri sous les arches. Son père avait combattu pour l'empire de nombreuses années, les champs de batailles ne lui faisaient pas peur. Sa main était posée sur la garde de son épée d'apparat, prêt à s'en servir au moindre danger.

— Ne regardez pas autour de vous, lui ordonna Jaehyung.

Ils longeaient les blocs de pierre blanche sans courir pour ne pas attirer l'attention. Leurs tenues opalines les camouflaient plutôt bien. Personne ne faisait attention à eux, les pirates ne s'attaquaient qu'aux hommes et femmes vêtus de l'uniforme de l'empire. A chaque bruit de coup de feu, tout le corps de Yunho se figeait et il retenait sa respiration. Chaque seconde pouvait être la dernière. Il ne s'était jamais sentit aussi proche de la mort. Il osa jeter un coup d'œil aux combats et remarqua une poignée de soldats se diriger non pas vers les pirates mais vers eux. Son cœur bondit dans sa poitrine de soulagement. Ils avaient sûrement reconnu son père et venaient les protéger.

— Père, des soldats approchent.

Jaehyung se tourna et pâlit en les voyant. Il raffermit sa prise sur le bras de Yunho et s'élança vers la sortie. Le jeune homme ne comprenait rien, pourquoi fuir ceux qui étaient chargés de les protéger ? Il sentait la gravité de la situation s'abattre sur lui même s'il n'avait aucune idée de quoi ils fuyaient. Leurs pas soulevaient la poussière autour d'eux. Les grandes portes n'étaient plus qu'à une trentaine de mètres. Un cri de terreur franchit la barrière de ses lèvres quand une balle frappa le mur juste à côté de sa tête.

— Rattrapez-les ! hurla un des soldats.

— Père, qu'est-ce qu'il se passe ?!

— Yunho, ne posez pas de questions ! Il ne faut pas qu'ils vous attrapent.

La panique dans la voix de son père le fit obéir. La sortie n'était plus qu'à une dizaine de mètres quand un mur de glace s'éleva à la place de la porte défoncée, empêchant le passage. Ils s'arrêtèrent devant et Yunho remarqua un espace épargné par la glace au ras du sol. Les soldats se rapprochaient mais seul Yunho pouvait se faufiler dans la brèche, son père était trop grand et large d'épaules pour passer. Une vague de panique le saisit. Non, il devait rêver, il allait se réveiller de ce cauchemar. Il allait ouvrir les yeux sur Skywe le jour de sa présentation au monde et oublier ce rêve morbide. Yunho frappa la glace de ses poings, rongé par l'impuissance. Ils devaient s'enfuir tous les deux, son père lui avait promis. Jaehyung remarqua aussi la brèche et poussa son fils vers l'issue.

— Yunho, allez-vous-en.

— Non ! Cela ne peut être qu'un malentendu. Nous n'avons rien fait !

Jaehyung le poussa plus fort mais le jeune homme s'accrocha aux avant-bras de son père. Les hommes de l'empereur brandissaient leurs armes dans leur direction. Yunho ne comprenait pas ce que son père et lui avaient fait de mal mais il ne pouvait pas laisser Jaehyung ici.

— Ce n'est pas un malentendu. Vous en supplie, allez-vous-en.

— Je ne peux pas vous abandonner ! Expliquez-moi !

Les soldats les avaient presque rattrapés. Jaehyung le serra dans ses bras, comme s'il voulait lui dire un million de choses sans pouvoir parler. Yunho s'accrocha à ses vêtements de toutes ses forces, la respiration affolée. Le temps s'était comme ralenti autour de lui. Son cœur cognait violemment contre sa cage thoracique, prêt à quitter son corps. Les combats se déroulaient à des kilomètres et seul un bourdonnement aigu parvenait à ses oreilles. Ne rien comprendre le rendait fou. Il ne pouvait pas envisager l'impensable. Son père ne pouvait pas l'abandonner lui aussi. Il avait envie d'hurler, que Jigu lui donne le pouvoir de tout réparer, de revenir en arrière.

— Allez dans mon bureau, trouvez mon journal. Vous comprendrez tout. Partez maintenant, ordonna-t-il en embrassant son front.

La gorge enserrée par les sanglots, Yunho secoua négativement la tête. Il refusait de le laisser là.

— Partez !

— Non. Je vous aime père. Je ne vous laisserai pas.

— Moi aussi je vous aime.

Yunho hoqueta quand il fut brutalement jeté au sol. Son père lui lança un dernier regard rempli d'amour et de désespoir avant de le pousser dans la brèche. Yunho roula dans la poussière et passa sous l'épais mur de glace. Un morceau de son cœur resta accroché au manteau de Jaehyung. Il s'arrêta hors de l'arène et tourna la tête juste à temps pour voir la lame d'un soldat s'enfoncer dans le torse de son père.

— NON !

Le sol se mit à trembler, à se fissurer et à se briser comme de la porcelaine sous la force d'une onde de choc contre nature. Yunho se protégea avec ses bras quand la glace explosa en mille morceaux puis rampa vers son père. Les secousses continue faisaient s'effondrer l'arène, de gros blocs de pierre tombaient sur les soldats, pirates ou la foule de civils. Les larmes inondaient son visage quand il prit son père dans ses bras. Le régent respirait encore mais du sang coulait le long de sa mâchoire. Une flaque carmin commençait à s'étendre sous son corps.

— Yunho...

— Je suis là papa, balbutia-t-il la voix brisée par les sanglots.

Jaehyung caressa sa joue de sa main avec un sourire triste.

— J'aurais aimé ne rien avoir à te cacher mon fils, mais... il toussa, s'étouffant avec son propre sang. Pardonne nous, ta mère et moi l'avons fait pour te protéger des Park... Mon fils... Sauve toi. Deviens leur roi...

Il rendit son dernier souffle entre ses bras. Yunho poussa un cri de douleur pure et la terre fut secouée à nouveau par vagues successives. Son corps tremblait anarchiquement et il leva ses yeux inondés de larmes vers le haut quand une silhouette masqua le soleil devant lui. Un des soldats tenait son épée tressautante pointée vers son cœur. Il était le dernier debout et la terreur maculait ses traits. Ses yeux étaient écarquillés et il murmurait des choses incompréhensibles. Yunho n'avait plus la force de se battre. Son cœur était écartelé par la douleur qui rendait chacune de ses respirations lourdes et sifflantes.

— Démon ! Créature de Jigu ! hurla le soldat en levant son arme.

Une gerbe de sang arrosa le visage blanchâtre de Yunho. Le soldat tomba à ses pieds, une hache enfoncée dans le crâne. Le noble hoqueta quand l'ombre de Mingi le recouvrit tout entier. Le pirate jeta un œil au corps sans vie dans les bras de Yunho et s'accroupit à son niveau.

— Yunho, je suis désolé...

Il se laissa aller dans les bras de Mingi qui le serra contre lui. Yunho enfouit sa tête dans son cou et pleura toutes les larmes de son corps. Le pirate caressait son dos et ses cheveux sans rien dire.

— Regardez... La voix de Wooyoung était blanche. L'île s'effondre.

— Il faut dégager d'ici, ordonna une voix qui lui était inconnue. Mon navire amiral est amarré un peu plus bas, espérons qu'il reste toujours de la terre pour nous y rendre.

Mingi le souleva du sol. Yunho se reconnecta à la réalité.

— Non ! Non ! Je ne peux pas le laisser !

Il ne pouvait pas laisser son père là, au milieu d'un champ de ruine, si loin de chez lui. Si loin de sa mère. Un sanglot plus violent encore lui tordit les entrailles. La terre s'était remise à trembler. Il se débattait entre les bras du second qui ne le lâchait pas.

— Repose moi ! Il... il ne peut pas rester là...

— Yunho, calme toi, je t'en supplie, murmura Mingi à son oreille.

Il continua à se débattre vainement pendant plusieurs minutes avant d'abandonner. Il avait mal partout, son cœur lui faisait souffrir le martyr à chaque battement et ses muscles refusaient de lui obéir. Mingi cala sa tête bourdonnante dans sa nuque et Yunho ferma les yeux contre sa peau, respirant son odeur. Le monde autour de lui s'évanouit alors qu'il perdait contact avec la réalité.

Le vent balaya bientôt ses cheveux et le ramena sur terre. Yunho battit des cils. Un grand quatre mâts se dressait devant les pirates qui s'empressaient de monter à bord. Il voyait les visages atterrés des marins posés sur l'île derrière eux mais il ne pouvait pas bouger pour voir de lui-même. Que s'était-il passé pour qu'ils aient l'air aussi perdus et choqués ? Ses yeux se fermaient tout seul mais dès qu'il se retrouvait face à ses pensées, la mort de son père rejouait en boucle dans son esprit. Les larmes ruisselaient à nouveau sur ses joues.

— Dépose le dans une cabine, celles des lieutenants à tribord sont vides.

La lumière éblouissante laissa place à l'ombre et Yunho réussit à relever la tête. Mingi le portait sans rien dire à travers un long couloir de bois, monta des escaliers avant de choisir d'entrer dans une pièce de taille modeste. Il l'allongea dans un lit et s'assit au bord de celui-ci. Yunho hoquetait contre les couvertures. A chaque soubresauts qui soulevaient son corps, les meubles de la cabine tremblaient. Le second resta à son chevet jusqu'à ce qu'il ne s'endorme, épuisé.

☁️☁️☁️

Quand Yunho ouvrit les yeux, la cabine était baignée de lumière. Il se redressa sur les coudes, observant l'endroit inconnu, encore à moitié endormi. Puis les souvenirs le percutèrent de plein fouet avec la violence d'un coup de poing. L'exécution des pirates et la lame du soldat traversant le ventre de son père.

Sa tête se mit à tourner en même temps qu'un voile obscurcissait sa vision. Il rejeta les couvertures et se leva, se tenant debout avec difficulté. Il étouffait, il avait besoin d'air tout en respirant trop fort à la fois. Il voulait tout oublier mais la scène se rejouait en boucle dans son esprit. Le bruit de la chaire, le cri de douleur de son père. Ses propres larmes. Les dernières paroles de sa mère. Son cri de panique. Tout se mélangeait.

— Stop ! Supplia-t-il en se tenant la tête, stop...

Il ouvrit la porte de la cabine à la volée. Il lui fallait de l'air. Alors qu'il arpentait les couloirs à la recherche de l'escalier menant au pont, des éclats de voix transperçèrent la brume de son cerveau.

— On ne peut pas le garder ici ! tonna une voix grave. C'est un Façonneur, il pourrait briser le navire en deux dans un accès d'émotions !

— Il n'ira nulle part, Chan.

La voix menaçante de Hongjoong apporta un peu de clarté dans son esprit embrumé. Yunho passa la porte et se retrouva face à un conseil de guerre improvisé autour du bureau du capitaine. Quatorze paires d'yeux se posèrent sur lui et il baissa la tête, soudain honteux alors qu'un silence de plomb tomba sur l'assemblée. Il les avait envoyés à la mort et pourtant les pirates lui avaient sauvé la vie face aux soldats de l'empereur.

— Yunho, l'accueillit Hongjoong. Entre.

San se leva de sa chaise et disparut. Le capitaine soupira. Yunho n'osait pas bouger. Il sentait leurs regards sur lui, ils étaient différents.

— Est-ce que tu te souviens de quelque chose des événements de ce midi ? commença Yeosang avec prudence.

— Tu me demandes si je me rappelle que mon père est mort ? Oui merci, je m'en souviens, cracha-t-il.

— Yunho, tempéra Mingi. Inutile de t'en prendre à Yeosang.

Un pirate aux cheveux blancs prit la parole. Il n'était pas très grand mais dégageait une certaine prestance, ses bras musclés recouverts de cicatrices visibles par sa chemise aux manches arrachées. Il était forcément un capitaine.

— On te demande seulement si tu te souviens avoir détruit une île entière.

Yunho le regarda avec incompréhension, incapable de parler. Le pirate eut l'air surprit en voyant ses yeux avant de se tourner vers Hongjoong et ses lieutenants, en colère.

— Vous êtes aveugle ?! Comment avez-vous pu croire qu'il était un simple noble avec ces yeux ?! Seuls les mages possèdent cette caractéristique physique !

— Je ne suis pas un mage ! protesta Yunho.

— Effectivement tu n'es pas n'importe quel mage, Façonneur, lança un petit pirate avec un cache œil.

Un Façonneur ? Non, c'était impossible. Il l'aurait su depuis longtemps. Les pouvoirs des mages se déclaraient dès leur plus jeune âge et il avait vingt-trois ans. Et puis les Façonneurs n'existaient plus.

— Vous vous trompez !

— Yunho, soupira Mingi, ils ne se trompent pas. On était aux premières loges, tu as fait disparaître Kirizan quand le chagrin t'a submergé.

Yunho se sentit perdre l'équilibre. Il se rattrapa à l'encadrement de porte. Non, il ne pouvait pas y croire. Il l'aurait su. Ses parents... Les dernières paroles de son père lui revinrent en mémoire avec une netteté douloureuse. J'aurais aimé ne rien avoir à te cacher. Ils étaient au courant.

— Nous terminerons cette discussion plus tard, trancha le pirate aux cheveux blancs.

Les marins quittèrent tous la pièce sans lui adresser un regard. Quand Mingi arriva à sa hauteur, Yunho attrapa sa main.

— Mingi...

— Je n'ai plus rien à te dire.

Il essaya de s'en aller mais Yunho lui bloqua le passage dans le couloir. Il ne pouvait pas le laisser s'en aller. S'il le laissait partir maintenant, Mingi ne reviendrait pas. Le second le toisa, attendant qu'il prenne la parole dans un soupir résigné chargé de ressentiment.

— Mingi je suis désolé...

— Tu es désolé ?! Est-ce que tu sais combien de personnes sont mortes avec tes conneries ?!

— Tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir voulu m'enfuir ! Je ne pensais pas que Seonghwa-

— Ne prononce pas son nom ! Tu savais très bien ce qui allait se passer !

Yunho recula d'un pas devant l'emportement de Mingi. Le second l'attrapa par le col de sa chemise et le rapprocha de lui.

— En ce qui me concerne, tu ne vaux pas mieux que lui. Tu as regardé ton prince nous faire prisonnier sans rien faire. Tu as regardé le bourreau lever sa hache au-dessus de ma nuque sans même sourciller alors que tu m'embrassais quelques jours avant. Tu es un lâche. Un opportuniste. Un menteur. Tu n'as pas de cœur. Tu as joué avec moi. Tout ça parce que tu voulais nous montrer que tu étais plus malin que nous. Je t'ai défendu devant San, je lui ai presque tiré dessus !

— Je ne-

— TAIS-TOI !

Le cri résonna dans le couloir vide plusieurs secondes. Yunho s'écrasa sous son regard.

— Si la décision m'était revenue, je t'aurais déjà jeté par-dessus bord, sans regrets. Tu ne mérites pas la seconde chance qu'Hongjoong t'a donnée. Tu ne mérites rien de ce que cet équipage à pu te donner.

— J'étais prisonnier...

— Imbécile ! Quel prisonnier embrasse le second du capitaine ? QUEL PRISONNIER ?! Nous allions te rendre à ton père sans même rien demander en échange et tu le savais ! Mais tu as préféré nous jeter tout droit à la mort !

— Au bout de combien de temps ?! hurla Yunho à son tour. Mon père se retrouvait déjà seul sans moi alors que ma mère était morte depuis à peine trois semaines ! J'ai cru qu'il allait se laisser mourir ! Je ne pouvais plus rester les bras croisés à attendre que l'on décide de ma vie. Pas après tout ce que je t'ai dis ! Pas après tout ce que tu m'as dit...

Mingi relâcha sa chemise, la rage déformait toujours ses traits. Puis un sourire d'une profonde méchanceté orna ses lèvres.

— Et bien grâce à tes choix ton père a rejoint ta mère. Au moins il n'est plus seul, c'est ce que tu voulais non ?

Yunho en eut le souffle coupé. Il ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Le second lui tourna le dos et disparut au bout du couloir. Mingi avait raison, son père était mort par sa faute. Il se mit à trembler. Les murs et le sol du château arrière se fissurèrent.

Il fallait qu'il se calme mais il n'y arrivait pas. Les mots de Mingi étaient comme des lames enfoncés profondément dans son cœur. C'était de sa faute. Un cri silencieux mourut au bord de ses lèvres.

Il avait tué son père.

Il avait tué des milliers d'innocents.

Les fissures se firent plus épaisses et progressèrent de plusieurs mètres dans des craquements sourds. Le navire se mit à trembler. Voyant ce qu'il était en train de faire, Yunho prit peur mais il ne contrôlait rien, sa peur empirait même tout. Le Combattant gîta violemment à bâbord et le mage se retrouva projeté contre le mur. Il allait tout détruire, encore. Une douleur soudaine et foudroyante traversa sa poitrine. Quelque chose semblait se déplacer dans son torse et casser les os, veines et muscles qui lui barraient le chemin. Il hurla et le mur devant lui se brisa en morceaux. Il se retrouva nez à nez avec des marins qui s'enfuirent à toutes jambes, laissant tomber les caisses qu'ils transportaient.

— C'est le monstre !

Le monstre... C'était lui. Est-ce que tu sais combien de personnes sont mortes avec tes conneries ?!

— Je les ai tous tués...

Qu'est-ce qu'il avait fait ? C'était ce que tu voulais non ?

— C'est de ma faute...

La douleur dans sa poitrine se diffusa dans tout son corps. La chose frappait contre sa cage thoracique, elle voulait sortir. Yunho enroula ses bras tremblants autour de son torse. S'il lâchait prise, il allait encore tout détruire. Il allait encore tuer. Il griffa ses bras pour penser à autre chose, il fallait qu'il se calme.

— Yunho ! Merde !

Il tourna la tête vers la voix et son esprit embrumé reconnut Yeosang. Il fit un pas mal assuré vers lui. Le mage était la dernière personne qui ne lui avait pas tourné le dos. Son cœur se brisa quand le Marcheur recula d'un air effrayé. La chose hurla dans son crâne.

— Yeosang, s-s'il te plaît.

C'est le monstre ! La gîte fit dangereusement basculer le bâtiment presque à l'horizontal. Ne m'abandonne pas.

— SAN ! hurla le Marcheur. Chan, n'avance pas !

L'Ombre arriva au bout de quelques secondes en même temps que Chan qui s'approchait depuis le bout de la coursive opposée, un anneau de métal entre les mains. La panique fit un bond dans la poitrine du noble quand il reconnut le bandeau d'Annihilation que portait San lors de la mise à mort. Il lui était destiné. Une autre secousse fit trembler le Combattant. A chaque fois que sa magie se manifestait, la douleur augmentait d'un cran. Yunho tremblait, tenant encore debout par miracle.

— Non ! s'opposa Yeosang en regardant le bandeau que Chan transportait. San, dit quelque chose !

L'éclaireur ne lui jeta même pas un regard. Yunho recula mais chacun de ses pas créaient de nouvelles fissures dans la coque. Il ne voulait pas être emprisonné de nouveau.

— Yunho, regarde moi, ordonna Yeosang. Calme toi, respire.

Yunho porta la main à son cœur quand une autre secousse traversa le navire. Il n'arrivait pas à appliquer les conseils de son ami. Il repensait au cri du pirate, à la chute de Kirizan, à l'épée qui avait tué son père. Une petite voix dans sa tête lui chuchotait de tout détruire, qu'il en était capable. Il n'avait qu'à se laisser aller... Yunho ne pouvait pas. Son refus énerva la chose en lui et une fissure apparut jusqu'à la dernière cale. La douleur vrilla son crâne.

— Écoute moi, reprit Yeosang.

— Je ne peux pas, elle veut sortir, répondit-il paniqué.

San et Yeosang échangèrent un regard apeuré.

— Tu dois dominer ta magie sinon elle va te dévorer de l'intérieur. Cela fait trop longtemps qu'elle attend de pouvoir être libre, expliqua San alors que Yeosang un pas vers lui.

— Je vais t'aider, promit le Marcheur.

— Alors fait vite on n'a pas de temps à perdre. Le navire va sombrer s'il continue comme cela.

Yeosang jeta un regard meurtrier au capitaine et ferma les yeux. Quand il les rouvrit, ils étaient entièrement bleus couleur lagon. Yunho sentit de la chaleur émaner de son ami et il comprit enfin ce dont les mages parlaient tout le temps sans que les simples humains ne puissent comprendre. Il percevait l'aura de Yeosang. Son ami tendit la main vers lui mais c'était sans compter sur ses propres pouvoirs. La chose en lui rejeta le Marcheur qui se retrouva projeté plusieurs mètres plus loin dans le couloir. Une vague de terreur engloutit Yunho et, alors que la magie explosait dans ses veines pour s'échapper de son corps, Chan enfonça le bandeau d'Annihilation sur son front et tout devint noir.

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