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26 - Les dernières heures

La prison était silencieuse. Wooyoung s'était imaginé que ce genre de lieu ne dormait jamais, toujours envahi de cris et de bruits de portes en ferraille qui claquent. Ce n'était rien de tout ça. La mort étreignait les prisonniers qui gardaient la bouche close, l'air hagard. Wooyoung ne faisait pas partie de ceux-là. Son esprit bouillonnait pour ne pas penser à l'odeur de renfermé, de sueur et d'urine de la pièce où ils étaient entassés. Il pensait à San. Le mage était dans la cellule voisine, seul, bâillonné et enchaîné, un bandeau d'Annihilation enfoncé sur la tête. Il pensait à Hongjoong qui avait été séparé du reste de l'équipage à peine arrivé dans la prison. Où pouvait-il être ? Que lui faisait-on subir ? Il pensait sans vraiment y croire à un moyen de s'échapper. Plus le temps passait et plus la certitude de sa mort prochaine lui glaçait les entrailles.

Il y avait tellement de choses que Wooyoung aurait aimé dire, surtout à San, ou aimé faire, surtout avec San. Il ne pourra plus lui avouer qu'il l'aimait, bien plus que comme le simple ami qu'il prétendait être pour le mage. Wooyoung avait toujours vu San comme plus qu'un ami dès le jour de leur rencontre. Naïvement, il s'était dit qu'ils avaient le temps de grandir, de laisser les plaies du mages de refermer. Aujourd'hui, le temps lui manquait.

Il avait promis à sa mère qu'il lui rendait visite au moins une fois par an. Je suis désolé maman mais je ne reviendrai pas. Il espérait que Sunhi ne soit pas présente le jour de sa mort. Il ne voulait pas voir son visage ravagé par les larmes par sa faute encore une fois. Il venait à peine de la retrouver, de combattre sa honte pour espérer reconstruire quelque chose de pérenne entre eux. Mais la main implacable du destin en avait toujours après lui. Il finissait toujours par tout perdre, jusqu'à sa propre vie.

Il avait du mal à croire ce qu'il s'était produit. Sur l'Ateez, il se sentait invincible et capable de tout. Voir les soldats de l'empire les faire prisonniers et maltraité l'équipage étaient parmi les choses les plus terrifiante qu'il avait vécu. Il avait toujours cru qu'il allait mourrir au combat comme tous les héros des histoires. Il n'en était rien, il n'avait rien d'un héros. Il était un pirate, un voleur. Rien de plus. Tout avait une fin, même la chance des membres de l'équipage de l'Ateez et surtout de Hongjoong.

Il se rendit compte qu'il pleurait lorsqu'il sentit des sillons humides se tracer sur ses joues. Les bras de Jongho l'entourèrent dans une étreinte protectrice et Wooyoung se laissa bercer. Mingi les observait du coin de l'œil, la tête appuyée contre le mur. Le second n'avait pas dit un mot depuis que les gardes impériaux les avaient emmenés, la trahison de Yunho était toujours en travers de sa gorge. Personne n'avait tenté de lui adresser la parole, qu'y avait-il à dire ?

— J'ai peur, murmura-t-il à la vigie.

— C'est normal, moi aussi j'ai peur.

— Qu'est-ce... comment on va... articula-t-il difficilement.

— Mourir ?

La voix de Mingi trancha le silence et Wooyoung acquiesça.

— Pendu dans le début d'après-midi devant une foule ravie et des dignitaires de l'empire. Le bourreau arrachera le cœur de San.

— Mingi ! s'énerva Jongho. 

Wooyoung fut saisi d'un haut-le-cœur, il allait vomir. Jongho le serra plus fort contre lui, assassinant Mingi du regard.

— Il a demandé, j'ai répondu, soupira le second en haussant les épaules. Tu crois que cela m'amuse d'attendre sans connaître le jour où je me ferai décapiter ? Tu parles d'un privilège...

— Ce n'est pas parce que tu es en colère contre toi-même que tu as le droit d'agir comme ça.

Les deux amis se toisèrent puis Mingi sourit.

— C'est énervant que tu ais toujours raison Jongho. Excuse-moi Wooyoung.

Le cartographe haussa les épaules, au moins il était fixé. Il avait davantage peur pour San que pour son propre sort. Comment l'empereur pouvait-il être aussi cruel ? Personne ne méritait pareil traitement.

Des cris retentirent soudain et figèrent Wooyoung de terreur. Il pourrait reconnaître la voix de San entre mille. Il se leva d'un bond et courut jusqu'à la grille de la cellule. Il secoua le métal de toutes ses forces, hurlant aux soldats de rappliquer. Un gardien s'approcha de leur prison et haussa un sourcil. Il semblait s'amuser de la situation dans son armure brillante.

— Quoi ? demanda-t-il en haussant ses sourcils rasés au milieu.

— Qu'est-ce que vous lui faites ?! s'emporta Wooyoung. 

— Tu parles de l'Ombre ? un autre hurlement de douleur le coupa dans sa phrase. L'empereur cherche des informations. Tu es peut-être le prochain.

Le soldat lui fit un clin d'oeil et Wooyoung perdit le peu de sang froid qu'il possédait. Il attrapa le soldat par la gorge et le colla contre la grille. Le bruit de l'armure contre le métal résonna dans le couloir vide et les cellules silencieuses. Les yeux du gardien se teintèrent de peur en voyant l'expression de pure colère sur le visage du cartographe.

— Si tu oses prononcer encore un mot, je t'arrache la langue et je l'envoie en cadeau à ta mère, gronda Wooyoung. 

Son visage était à quelques centimètres à peine de l'autre, uniquement séparés par la grille. Wooyoung était presque heureux qu'elle soit là sinon il aurait déjà tué le gardien.

— Eh ! Lâche-le immédiatement ! interpella un autre soldat au bout du couloir

Wooyoung fut tiré en arrière et il se débattit contre la prise de Mingi et Jongho sur ses bras et sa taille.

— Arrêtez ! Je vais le massacrer !

— Woo calme toi, lui ordonna Mingi. Tu te fatigues pour rien. Nous nous pouvons pas nous échapper, ils sont trop nombreux.

Déjà, une dizaine de gardes s'étaient regroupés devant leur geôle et toisaient les prisonniers d'un air mauvais. Wooyoung se laissa glisser au sol et plaqua ses mains sur ses oreilles pour ne pas entendre les cris de San quelque part dans la prison.

☁️☁️☁️

— Qu'as-tu appris sur les livres ?

Hongjoong esquissa un sourire malgré le sang qui maculait son visage. Les chaînes à ses poignets l'empêchaient de tomber la tête la première contre le sol. Il était solidement accroché au mur. La main de l'empereur emprisonna sa gorge et serra sans une once de pitié. Cela faisait bientôt trois longues heures qu'il subissait sans ciller la violence de Eunji. Il n'avait pas prononcé un mot malgré la douleur qui rendait sa vision floue et ses membres tremblants. Il n'était pas question de laisser l'empereur mettre la main sur les livres restant, Hongjoong se sentait capable de sacrifier sa propre vie au besoin. De toute manière, il était déjà condamné à mort.

Il jeta un coup d'œil vers le fond de la cellule. Le prince Seonghwa était accoudé contre la pierre et le fixait sans sourciller. Avec ses vêtements princier, il avait l'air d'une autre personne que lorsqu'il avait attaqué l'Ateez. Surtout, son air supérieur et suffisant n'avait pas refait surface depuis qu'il se tenait aux côtés de son père. La prestance et la puissance que dégageait Eunji écrasait tout le monde dès qu'il entrait dans une pièce. Son air constamment détaché et son regard glacial donnait froid dans le dos. Bâti comme une montagne, il pouvait briser la nuque du pirate d'un seul geste de son immense main. Hongjoong se sentait comme un cafard sous le regard de l'empereur. Sa vision virait dangereusement au noir mais il garda la bouche fermée.

— La torture n'est peut-être pas la bonne méthode, finit par dire Eunji en lâchant le capitaine qui pendit lamentablement en avant la tête baissée. Peut-être que si nous torturions ses hommes devant ses yeux, il sera plus disposé à nous parler, proposa-t-il avec un rictus cruel.

— Père... commença Seonghwa.

— Le fils Jeong ne nous a été d'aucune utilité. Il me faut des informations. Qu'on aille chercher l'Ombre.

Hongjoong se hérissa devant cette phrase. Il se redressa difficilement et fit cliqueter ses chaînes.

— Père, je ne crois pas que-

— Ais-je sollicité votre avis ? demanda l'empereur sur un ton plus glacial que la toundra des Myriades en se tournant vers le prince. Je veux l'Ombre et maintenant.

— Bien père, murmura Seonghwa en s'inclinant et en quittant la pièce.

— C'est ça, cracha Hongjoong à l'héritier. Obéis à ton papa comme le bon toutou que tu es.

Le poing de l'empereur s'abattit sur sa joue avec une telle force que ses poignets craquèrent contre les anneaux de fer. Sa peau s'ouvrit sur le coup et le sang tacha les manches de sa chemise déchirée. Il cracha un mélange de sang et de savile sur le sol de la cellule. Hongjoong perdit le fil du temps jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre sur le prince et deux gardes qui jetèrent San face contre terre aux pieds de l'empereur. En plus du bandeau d'Annihilation, il était solidement enchaîné des épaules aux chevilles.

— Bien. Es-tu disposé à m'écouter à présent, pirate ? demanda Eunji. Si tu ne me livres pas les informations dont j'ai besoin, je me ferai un plaisir de rajouter encore des cicatrices sur le corps de ton Ombre. Qu'as-tu appris sur les livres ?

Le voyant hésiter, l'empereur fit un pas vers l'éclaireur qui écarquilla les yeux de terreur. Il avait déjà bein trop vécu ce genre de violence par son passé. Eunji n'eut même pas besoin d'amorcer le premier mouvement envers San que Hongjoong lui raconta tout. De leurs casses jusqu'à l'existence du journal de Jiho en passant par ce que Yunho avait traduit des tomes qu'ils avaient récupérés. L'empereur ricana à ses paroles et jeta un regard mauvais à Seonghwa qui se tenait immobile devant la porte, l'air perdu. La panique se lisait dans ses yeux.

— Votre ami vous aurait-il menti ? interrogea Eunji avec son éternel sourire condescendant.

Hongjoong ne comprenait pas. Qu'est-ce que Yunho avait pu dire à la famille impériale ?

— Je devrais peut-être l'interroger moi-même. A votre avis mon cher fils, pourquoi vous a-t-il dit que les pirates n'avaient aucune piste pour retrouver les livres perdus ? Comment a-t-il pu traduire ces livres ?

Le capitaine échangea un regard surprit avec San. Pourquoi Yunho avait prit tant de risques pour eux après les avoir trahis ? Hongjoong était certain qu'il n'avait pas toutes les pièces du puzzle pour comprendre le choix du noble. Contrairement aux autres, il était sûr qu'une explication existait. Même si Mingi le niait, Yunho et lui étaient amoureux, le noble ne l'aurait pas envoyé à la mort. Quelque chose s'était produit pendant sa fuite de l'Ateez.

— Ce n'est pas nécessaire père, il devait être désorienté après ses blessures et le temps passé prisonnier des pirates.

— Vous m'en direz tant.

Le prince protégeait son ami même s'il passait pour un imbécile devant l'empereur. Eunji se tourna à nouveau vers Hongjoong, son long manteau brodé d'or était taché du sang du pirate.

— Je veux savoir exactement où sont les livres perdus.

— Je ne sais pas. L'un deux appartient à un pirate et l'autre doit être trouvé grâce à des énigmes.

Hongjoong hoqueta quand le coup de pied de l'empereur frappa l'arrière de la tête de San. L'Ombre serra les dents et les chaînes cliquetèrent quand il se recroquevilla sur lui-même.

— Cette réponse ne me convient pas. Il y a d'autres choses que tu as appris dans ces livres.

— Je vous jure que c'est tout ce que nous savons !

— Je ne crois même pas mon propre fils quand il me promets des choses, pourquoi devrais-je croire des pirates ? Dis moi tout, demanda-t-il en insistant sur chaque mot.

Hongjoong avait beau lui répéter toujours la même chose, l'empereur continuait à lui poser la même question. A chaque fois, il frappait San toujours plus fort. Le pirate ne savait plus qui hurlait le plus entre Eunji, l'Ombre et lui-même. Il avait perdu le compte des coups, il y en avait beaucoup trop. Seonghwa fixait la scène avec horreur sans oser intervenir. Hongjoong le maudit encore et encore pour son absence de réaction.

— J'exige de savoir ! demanda encore une fois l'empereur en frappant le dos de San avec son pied.

— Je ne sais pas ! s'époumona Hongjoong en tirant avec désespoir sur ses chaînes.

Le cri de San lui brisa un peu plus le cœur en même temps qu'il lui vrilla le crâne. Les larmes rendaient sa vision floue, il ne distinguait que du sang et un corps en mouvement au-dessus d'un autre immobile. Pardonne-moi San, pardonne-moi, adjura-t-il en silence.

— Je ne sais pas, arrêtez ça ! Je vous en supplie... sa voix se brisa à la fin de la phrase.

— Un pirate supplier son empereur ?

San hurla à nouveau. Hongjoong ne pouvait plus entendre ses cris sans avoir l'impression de devenir fou. Jamais un homme des Territoires Libres ne ployait devant l'empire, Hongjoong était près à se prosterner et renier ses origines pour protéger San.

— Je vous en supplie, laissez-le.

— Quand tu auras répondu à mes questions.

— Père, il ne sait pas, intervint Seonghwa. Il vous a dit tout ce qu'il savait quand vous l'avez menacé de frapper l'Ombre. Cela ne sert à rien de vous acharner.

L'empereur enjamba San qui était presque inconscient et s'arrêta à la hauteur de son fils. Il se tourna vers Hongjoong et lui jeta un regard froid.

— Tu as bien de la chance qu'aucun mage ne puisse lire dans les pensées. Seonghwa, demandez aux gardes de nettoyer le sol, l'Ombre a trop saigné.

Hongjoong s'empêcha de lui crier au visage toutes les insultes qu'il connaissait dans différentes langues. Eunji risquait de s'énerver à nouveau et de faire encore plus de mal à San. Quand la porte se referma derrière l'empereur, un poids invisible sembla s'enlever de ses épaules. Contrairement aux ordres prévus, Seonghwa s'approcha de Hongjoong et le détacha. Le capitaine se précipita vers San, il n'avait que faire de la possibilité d'affronter le prince. Il prit l'Ombre contre lui et essuya le sang sur son visage.

— Je suis désolé San, tellement désolé.

Le mage lui adressa un faible sourire pour le rassurer avant de perdre connaissance entre ses bras. Il entendit des pas près de lui et se retourna vers Seonghwa. Le prince gardait une certaine distance mais avait laissé tomber son masque de prince qu'il gardait avec son père. Il semblait hésiter à parler et il posait sur San ses grands yeux gris au regard inquiet.

— Je n'ai pas besoin de votre pitié, le coupa Hongjoong avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit. J'ai seulement besoin de vous voir disparaître. Vous ferez un merveilleux empereur, à la hauteur de la cruauté de votre père.

Le prince pinça les lèvres et éleva la voix pour demander aux gardes de remettre en cellule les deux prisonniers. Hongjoong se débattit vainement contre les bras qui lui arrachèrent San. Il se rappela des mots qu'il avait dit au mage lors de leur première rencontre : je ne laisserai personne poser la main sur toi tant que tu seras sous ma protection. Une par une, ses promesses finiraient brisées par les noirs événements qui se profilaient.

☁️☁️☁️

La tête posée contre la large fenêtre de sa chambre, Yunho regardait sans voir le paysage vallonné de Skywe. Il était rentré la veille, son père amaigrit et pâle comme la mort l'avait accueilli sur le port. La honte s'était emparé de lui et il avait muselé ses idées de liberté. Yunho se trouvait si égoïste, enivré par la pseudo liberté que lui offrait l'Ateez, par le regard fiévreux de Mingi quand il parlait d'elle. Comment avait-il pu croire qu'ils se ressemblaient ?

Son regard fut attiré par un trois mâts amarré au port. Mingi allait mourir, comme tout l'équipage de l'Ateez. Tout ça par sa faute. Il sentait encore les lèvres du second sur les siennes, ses mains courant sur sa peau nue. Tous les secrets qu'il avait murmurés dans le creux de son oreille. Sa loyauté sans faille envers ceux qu'il aimait. Il l'avait défendu devant San et voilà comment il le remerciait. Même les marins avaient fini par se faire à sa présence. Il avait apprécié la bienveillance qu'Hongjoong avait à son égard, la bonté de Yeosang et la curiosité de Wooyoung.

Des larmes noires s'écrasaient sur ses poings serrés. Il en voulait à Seonghwa d'avoir lancé cette attaque mais surtout à lui-même pour l'avoir laissé faire sans protester. Pourquoi n'était-il pas retourné sur l'Ateez prévenir le capitaine de la présence du Dangereux au lieu de courir comme un imbécile vers le navire de Seonghwa ? Il avait condamné les pirates en sous estimant son ami. Le prince et lui ne s'étaient plus vu depuis plusieurs années mais il avait naïvement cru qu'il ne changerait pas, qu'il serait toujours le garçon doux et soucieux de protéger la vie des autres.

Il fut sortit de ses songes quand quelqu'un frappa à sa porte.

— Oui ?

— Monsieur, le Vicomte vous demande dans son salon, l'informa une domestique sans même ouvrir la porte.

Il entendait déjà les pas s'éloigner. Il avait disparu deux mois mais c'était comme si rien n'avait changé. Les domestiques le fuyaient toujours, effrayés à l'idée d'attraper sa maladie. Jamais ses parents n'avaient tenté d'expliquer au personnel qu'ils ne risquaient rien à l'approcher. Ils avaient expliqué à tous les nobles de l'empire et même à l'empereur que Yunho était né aveugle avec une malformation des yeux. Cela avait fait fuir tout le monde et encore une fois ses parents n'avaient pas tenté de faire entendre raison aux aristocrates. Sa maladie n'avait rien de contagieux.

Yunho se leva du banc devant sa fenêtre et traversa sa chambre. Il détestait cette pièce. Elle était pourtant magnifique avec ses tons nacrés et bleu ciel, les meubles en bois blanc aux angles doux et son lit au baldaquin incrusté d'or. Il en sortit et se dirigea vers le salon.

Il dévala les marches de l'escalier à double révolution et prit le chemin le plus long vers les appartements de son père à travers les couloirs lumineux aux tons blancs et dorés. Il n'avait pas envie de passer devant la porte close des pièces réservées à sa mère. Il était presque arrivé à sa destination quand une voix grave et autoritaire l'interpella.

— Jeong Yunho ?

Le jeune homme se retourna vers l'origine de la voix. Son regard croisa celui de l'empereur et il s'empressa de s'incliner. Que faisait-il ici ? Le chef des Park ne quittait jamais Solas à part pour de grandes occasions.

— C'est bien moi, votre Majesté, répondit Yunho en restant penché.

— Relevez donc la tête.

Yunho obéit et, quand ses yeux s'accrochèrent une nouvelle fois à ceux de l'empereur, il réalisa qu'il n'avait pas son bandeau. Il avait perdu l'habitude de le mettre partout où il allait en dehors de sa chambre. Eunji sourit.

— J'avais hâte de connaître le jeune noble avec qui mon fils a passé toute son enfance. Il a parcouru le monde pour vous sauver de ces pirates.

Yunho fit à peine attention à la colère dissimulée dans les paroles de l'empereur, trop focalisé sur sa propre culpabilité à l'égard des pirates.

— Je lui suis infiniment reconnaissant de m'avoir sauvé, réussit-il à articuler.

— Je vous invite à leur mise à mort, j'ai déjà prévenu le Vicomte. Il ne pouvait pas refuser de voir les ravisseurs de son fils chéri se balancer au bout d'une corde.

— B-Bien sûr, murmura-t-il le cœur au bord des lèvres.

Il salua l'empereur quand celui-ci reprit sa route vers la sortie sans rien ajouter. Une fois qu'il eut disparu de son champ de vision, il se permit de respirer. C'était comme si l'air elle-même retenait son souffle en sa présence. Yunho se secoua mentalement et s'empressa de rejoindre le salon de son père, ne voulant pas faire d'autres rencontres imprévues sur le chemin.

Une fois devant la grande porte, il toqua et entra. Le régent était assis sur un canapé de cuir blanc, deux tasses de thé encore fumantes posées sur la table basse devant lui. L'empereur était venu lui parler. La cheminée était éteinte et au-dessus d'elle se trouvait le portrait de famille des Jeong. Yunho était encore un bambin quand sa mère avait décidé d'en faire un. Il se rappelait des longues heures à rester immobile sans rien voir. Il trépignait d'impatience sur les genoux de Haneul dont le sourire doux sur le tableau lui serrait aujourd'hui la gorge. A l'époque, il souhaitait seulement que cela se termine et qu'il puisse aller jouer avec Seonghwa. Le peintre lui avait fait de beaux yeux bruns rieurs et pétillants. Ils le fixaient, presque moqueur.

Yunho détourna le regard de la peinture pour se reconcentrer sur son père qui avait l'air minuscule au milieu des immenses bibliothèques qui se dressaient jusqu'au plafond. Jaehyung avait l'air préoccupé, si bien qu'il ne remarqua la présence de Yunho que lorsque celui-ci s'accroupit face à lui.

— Ah Yunho, vous êtes là.

— Tout va bien père ? Vous avez l'air inquiet.

— Tout va bien, ne vous inquiétez pas, sourit le régent.

Il se leva du canapé et prit les mains de Yunho entre les siennes. Elles étaient glaciales et calleuses. Malgré sa plus large carrure et sa grande taille, Yunho le trouva plus petit et plus voûté. La lumière dans ses yeux était plus terne et les cernes creusaient son visage. Même ses cheveux avaient grisonné sur ses tempes.

— Yunho, avez-vous croisé l'empereur ? son ton redevenu sérieux inquiéta encore davantage le jeune homme.

— Non père, mentit-il.

Jaehyung n'avait jamais levé la main sur lui mais il ne préférait pas imaginer sa colère s'il avait su qu'il avait discuté avec l'empereur sans s'être bandé les yeux au préalable.

— Tant mieux. Je ne souhaitais pas qu'il vous parle encore de ces maudits pirates.

Il tira Yunho entre ses bras. La surprise passée, le jeune homme se réfugia dans l'étreinte. Son père n'avait jamais été très tactile, cela avait même empiré après la mort de Haneul. Yunho pressa le front contre sa nuque et ferma les yeux. Ses pensées ne pouvaient s'empêcher de faire naufrage vers les pirates de l'Ateez, vers le regard infiniment blessé de Mingi face à sa trahison. Il n'avait jamais voulu que cela n'arrive.

— Vous êtes ce que j'ai de plus précieux, murmura Jaehyung en glissant sa main dans les épais cheveux corbeau de son fils.

— Je vous aime, père.

Je ne vous décevrais plus. Yunho profita de l'étreinte tant qu'elle dura. Il sentait rien qu'en le serrant dans ses bras que son père avait perdu beaucoup de poids. Quand Jaehyung finit par se reculer, le jeune homme aperçut ses yeux humides. Son père était pour lui un modèle de droiture et de force, le voir ainsi lui retournait l'estomac. Il comprit que cette image était plus friable qu'il ne le croyait, mise à mal par les épreuves que Jaehyung avait subi.

— Allons rendre visite à votre mère.

☁️☁️☁️

Le bruit des chaînes qui claquaient contre le sol accompagnait les pirates de l'Ateez dans leur entrée dans la grande arène de Kirizan. Les cris de la foule se faisaient toujours plus assourdissants à mesure qu'ils avançaient vers leur destin. Hongjoong maudissait chaque âme qui hurlait à la gloire de l'empire. Le vent frais du sud du monde lui donnait l'impression de voguer par delà la Mer de Nuages. Son existence entière avait tourné autour des imposants navires volants, mourir à terre était un coup bien trop cruel du destin.

Son pied cogna contre des marches et il leva ses yeux aveugles vers le ciel qu'il ne pouvait voir. Il imaginait les grandes potences installées spécialement pour eux alors qu'il montait les escaliers. Il sentait déjà l'étreinte mortelle de la corde rugueuse contre la peau tendre de son cou. Combien de temps lui faudra-t-il pour lâcher son dernier soupir ? Le garde derrière lui le guida encore quelques mètres puis le poussa sans ménagement vers le sol. Hongjoong tomba à genoux sur l'estrade de bois. La douleur de ses rotules n'était rien comparée à celle de son égo.

Il plissa les yeux quand le sac de jute fut retiré de sa tête. Le soleil de plomb était haut dans le ciel et pas le moindre nuage ne venait troubler sa quiétude. Seul un grand oiseau tournait en rond au dessus d'eux. Un beau jour pour mourir, pensa amèrement le capitaine. L'arène de Kirizan était immense et noire de monde. Les gens de basse condition s'entassaient sur le sol sablonneux proche de la scène tandis que les gradins étaient réservés aux nobles de l'empire. Les murs de pierres blanches reflétaient la lumière du soleil et aveuglaient Hongjoong qui ramena son regard vers l'estrade de bois. Sept potences se dressaient devant lui. Les griffes de la peur lacérèrent son cœur. Jusque-là, l'idée de sa mort lui semblait floue et insensée. Il s'était cru si longtemps au-dessus de la mort et des règles de l'empire qu'il défiait jour et nuit rien qu'en existant. Quelle désillusion.

Un haut le cœur le secoua quand il vit un tronc de bois taché de sang et une hache posé négligemment contre celui-ci au centre de la scène. Il s'imagina bien malgré lui San traîné jusqu'au bourreau qui lui arrachera le cœur devant une foule en liesse. Il déplaça avec difficulté ses yeux sur son équipage, l'image de la hache toujours à l'esprit. Une vague de colère l'engloutit tout entier quand il vit San. Le mage était allongé face contre terre, enchaîné et bâillonné. Le bandeau d'Annihilation brillait toujours sur son front. L'Ombre avait le regard vide, le sang sur sa peau n'avait même pas été nettoyé après le passage de l'empereur. La culpabilité dévora les entrailles de Hongjoong. San les avaient tous prévenus mais personne n'avait écouté, il n'auraient jamais dû faire confiance à Yunho.

— Quelle bande d'enfoirés, enragea Mingi juste à côté de lui.

Il tremblait de rage en observant San. Le mage semblait déjà mort, immobile, l'esprit embrumé par le bandeau d'Annihilation et le corps meurtri par la torture. Hongjoong jeta un coup d'œil à ses hommes et croisa leurs regards terrifiés ou résignés. Yeosang n'était pas parmi eux. Que lui était-il arrivé ? La dernière fois qu'il l'avait vu, il partait chercher des plantes médicinales... Il aperçut Wooyoung tremblant près de Jongho qui lui parlait pour le calmer. Douloureusement, le cœur de Hongjoong se serra. Il n'avait jamais rêvé pire mort que celle qui s'offrait à lui et ses amis. Il avait été incapble de les protéger comme il leur avait promis.

Le regard d'Hongjoong parcourait l'assemblée de nobles réunit pour l'occasion. L'empereur et sa femme trônait au milieu des invités, assis sur des chaises ouvragées qui devaient peser trois fois le poids du capitaine de l'Ateez. Il n'avait pas les mots pour exprimer toute la haine et la répugnance que lui inspirait le chef de la famille Park. Son visage vil et dur était décoré d'un petit sourire suffisant. Il ne cachait même pas le plaisir qu'il ressentait face à la mort des pirates. Son fils se tenait debout entre eux, ses épais sourcils légèrement froncés, ce qui creusait une ride au milieu de son front. Aucun sourire ne flottait sur ses lèvres pulpeuses.

Puis Hongjoong aperçut Yunho et son père. Les Jeong était tous deux entièrement vêtus de blanc de la tête au pied. Hongjoong remarqua le fauteuil laissé vide à côté de Jaehyung, là ou devait se tenir sa femme. Ils étaient en tenue de deuil. Le visage de Yunho était presque de la même couleur que ses vêtements et il semblait tenir sur sa chaise par magie. Ses yeux étaient bandés. Yunho n'avait pourtant pas été blessé au visage par les couteaux de San... Une vague de haine incontrôlable le traversa. Le noble osait assister à leur mise à mort après tout le temps qu'il avait passé à leur côté sans exprimer le moindre sentiment. Peut-être qu'Hongjoong s'était trompé sur lui finalement, il n'avait jamais aimé qui que ce soit à bord du navire. Il s'était enfui et les avaient vendu à son prince sans aucune pitié. Mingi faisait comme s'il ne l'avait pas vu.

— Je suis désolé, souffla-t-il à son second.

— Moi aussi.

Il échangèrent un regard et la peine qu'il lit dans le regard de Mingi lui transperça le cœur.

— J'aurais aimé que cela se termine différemment, reprit-il en luttant contre la boule qui se formait dans sa gorge et l'empêchait d'avaler.

— Moi aussi. Je l'aimais, Joong.

Le capitaine aurait tout donné pour remonter le temps jusqu'au soir du casse de Skywe et laisser Yunho inconscient dans la salle aux trésors alors qu'ils fuyaient pour leur vie. Rien de tout cela ne serait arrivé. Les cris se calmèrent pour laisser place à des chuchotements quand un magistrat de l'empire monta à son tour sur l'estrade, tenant dans sa main un imposant rouleau de parchemin. Il se plaça face à la foule et aux nobles, dos aux pirates et déroula sa feuille. Quand il prit la parole, les derniers murmurent se turent et tout devint inévitable aux yeux de Hongjoong :

— Conformément aux édits impériaux, toute personne jugée coupable de piraterie, toute personne s'associant à une personne coupable de piraterie, toute personne aidant une personne coupable de piraterie, sera condamné à être pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'en suive.

Le silence était tombé sur la grande assemblée. La foule retenait son souffle. Hongjoong pouvait entendre la respiration calme de Mingi près de lui alors que ses mains s'étaient misent à trembler. Il repensa à sa mère et à sa promesse. Il lui ramènerait l'origine de la magie, la seule chose capable de soigner sa maladie. Même les Guérisseurs les plus chevronnés de Hasset avaient échoués à la soigner. Huit longues années passées loin d'elle pour rien. Si une foule de vautour n'avait pas les yeux rivés sur lui, il se serait déjà effondré. Mais il ne pouvait pas, il était capitaine, il était un modèle pour ses hommes. Il devait affronter la mort sans ciller.

— La miséricorde de l'empereur Park touche même ceux qui ne la méritent plus, reprit le magistrat de sa voix de stentor. Ainsi, les nobles ont le privilège d'une mort rapide.

Hongjoong tira sur ses liens quand les soldats remirent Mingi sur ses pieds et l'emmenèrent au centre de la scène. Son second restait droit et gardait le menton levé, plus noble que jamais dans ses vêtements de prisonnier. Il ne tremblait pas ni ne montrait la moindre émotion. Il regardait la mort en face.

— Duc Song Mingi de Wessaux, vous vous êtes adonné à des actes de piraterie dont la sentence n'est autre que la mort.

Les yeux d'Hongjoong remontèrent vers les gradins réservés aux nobles. Yunho semblait s'être fait foudroyé. Son visage était tourné droit vers Mingi, le bandeau blanc sur ses yeux se tacha de noir. Rares étaient ceux qui savaient que le second de l'Ateez était un Duc d'une des plus nobles familles du Nouveau Monde. Tout cela était derrière lui depuis longtemps. Mingi avait confié à Hongjoong peu après son arrivée sur l'Ateez qu'il se souvenait à peine de son ancienne vie. Le capitaine ne l'avait pas cru mais ils n'en avaient jamais reparlé. Mingi avait le droit à ses secrets tant qu'ils ne mettaient pas en danger l'équipage. Le second les emporterait aujourd'hui dans sa tombe.

Le bourreau mit Mingi à genoux et appuya sa tête le tronc de bois. L'homme masqué souleva sa hache au-dessus de la nuque du pirate. Les tambours rugirent dans toute l'arène, résonnant comme des milliers de cœurs battants à l'unisson. Une larme noire roula sur la joue de Yunho dont le visage restait impassible. Les pleurs de Wooyoung s'entendaient au milieu des tambours. Hongjoong se débattait contre ses liens, lui aussi les larmes aux yeux. Malgré tous ses secrets, il avait promis à Mingi qu'il le protégerait, que jamais son passé le ne rattraperait s'il restait à ses côtés. Briser ses promesses était la chose qu'Hongjoong ne pouvait supporter de faire. Il en avait déjà brisées trop aujourd'hui.

— Non ! hurla-t-il par-dessus le vacarme quand le bourreau marqua un temps d'arrêt. Je vais mourir en premier !

L'empereur sourit en le regardant dans les yeux avant de faire signe au bourreau de reprendre son travail sans se soucier du pirate. Mingi n'avait même pas tourné la tête vers lui. Les yeux d'Hongjoong se posèrent sur Seonghwa. Le prince héritier fixait la scène sans sourciller.

— Je te tuerai, Park Seonghwa, se promit Hongjoong à mi-voix.

Et cette promesse, il allait la tenir.

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