1 - Qu'un simple marchand...
Jaehyung leva les yeux de la lettre manuscrite entre ses mains pour fixer le jeune homme devant lui. Il était certes de petite taille mais il avait un sacré culot. Celui-ci afficha un sourire espiègle et ramena ses cheveux bleus en arrière. Une mèche ne faisait que lui tomber devant les yeux, cela fit sourire Jaehyung. Il aimait bien les jeunes gens qui n'avaient pas froid aux yeux tant qu’ils étaient respectueux. Il était vêtu à la manière des marins qui prenaient l’Air pour explorer le monde, un pantalon de toile élimé et une chemise. Il faisait pâle figure face au Hanbok de soie du régent.
— Pour qui vous prenez-vous ? demanda-t-il amusé.
Être le régent de l'île volante de Skywe était un travail épuisant mais qu'il aimait le plus au monde. Il avait à cœur le bien être de sa population. Le jeune homme semblait minuscule dans la salle principale de la citadelle de Skywe. Faite de marbre noire, la pièce semblait infinie tant les lumières des lampes à huile ne parvenaient pas à l’éclairer en entier. L’histoire de sa famille, les Jeong, était gravée dans la pierre depuis au moins trois siècles.
— Je ne suis qu'un simple marchand des airs monsieur, dit-il en s'inclinant à nouveau beaucoup trop bas. Je souhaite seulement ouvrir une auberge pour diversifier mes activités. Vous savez, avec la guerre...
— Oui, les temps deviennent durs, marchand Kim.
Le jeune homme s'inclina à nouveau.
— Absolument.
Le régent jeta un coup d'œil supplémentaire aux plans de l'auberge. Il s'agissait d'une vieille ferme abandonnée juste à l'entrée ouest de la ville, collée aux remparts. Il apposa sa signature sur le manuscrit.
— Je n'y vois pas d'inconvénient. Amenez ce papier au maître de la construction et il s'en occupera.
— Merci mille fois Vicomte Jeong.
Il s'inclina à nouveau et Jaehyung grimaça. Il descendait tellement bas que le voir se rompre la colonne vertébrale ne l'étonnerait pas. Le petit marchand prit le papier et s'empressa de déguerpir.
— Au suivant ! annonça le régent.
Une vielle femme entra et il se rassis correctement sur son siège. Sa matinée de doléances était loin d'être terminée.
***
Hongjoong sortit de l'imposante bâtisse avec un sourire jusqu'aux oreilles. Il soupira en s'étirant. Tout s'était passé à merveille, le régent ne l’avait même pas reconnu ! Il aura bientôt un pied à terre pour servir de porte d'entrée sur la plus grande île du Méridien. Il allait écouler sa contrebande encore plus rapidement. Il jeta un coup d'œil à la citadelle alors qu’il descendait vers la ville en contrebas. Il la reverra bientôt, oh que oui. Il prit le chemin du port en sifflotant, les mains dans les poches de son vieux pantalon. En haut de la petite colline, Hongjoong avait une vue imprenable sur Skywe et ses sanctuaires plusieurs fois centenaires dédiés au dieu Jigu, le dieu de Terre. Derrière les murs d’enceinte, la Mer de Nuage s’étendait jusqu’à l'horizon. S’il plissait les yeux, il pouvait apercevoir Solas au loin.
Les étroites rues pavées laissaient passer quelques rayons de soleil qui frappaient contre les fenêtres et les toits carrés colorés. Les rues étaient animées et les habitants comme les marchands se pressaient vers la place du marché ou revenaient de celle-ci les bras chargés de victuailles et de pièces mécaniques en tout genre. Les gens n'avaient que la même conversation à la bouche. Le bal de présentation du fils unique des Jeong qui avait lieu à la citadelle dans trois jours. Trois jours.
Hongjoong décida de suivre le mouvement, enroulant son écharpe sur le haut de son visage jusqu'à ses yeux et se retrouva bientôt à flâner devant les échoppes de bois et de toiles montées à la hâte tous les samedis matins. Il jeta un coup d'œil aux alentours et sourit quand il vit Mingi négocier avec un marchand une longue vue truffée de pierres précieuses.
Son timonier et second adorait les babioles les plus inutiles les unes que les autres. Sa cabine en était pleine à craquer, Hongjoong se demandait même comment il faisait pour arriver à dormir dedans, surtout avec sa grande taille. Ses yeux de chats scrutaient les moindres détails de l'objet. Il finit par tendre une poignée de pièces d'or au marchand qui s'inclina avant de s'occuper d'un autre client.
— Vous désirez monsieur ?
Hongjoong reporta son attention sur le marchand en face de lui.
— Et bien, c'est un peu délicat.
— J'aime toutes les demandes des clients qui sortent de l'ordinaire.
Les doigts couverts de bague du jeune homme glissèrent sur les reliures des vieux livres devant lui.
— Je cherche les plans de la citadelle de Skywe. Je suis architecte et le régent m’a confié la lourde tâche de faire des travaux dans l’aile ouest. Entre vous et moi, rajouta Hongjoong sur le ton de la confidence, les désirs du régent dépassent l’entendement. Mon apprentis est un vrai boulet et il a perdu les plans. Si je l’avouais au régent…
Le marchand éclata de rire.
— Voilà en effet une demande qui sort de l'ordinaire, sourit-il en plongeant derrière sa petite table. Il ne vaut mieux pas ennuyer le régent avec la fête qui se prépare. Tenez, mais je vous préviens, ces plans valent cher. Ce sont des pièces de collection. Ma famille était longtemps gardienne de la citadelle, vous savez ?
Hongjoong saisit les plans en même temps qu’une carte de l'Air de Diamant et une autre de la province de Kerch. Il savait surtout que ce marchand avait fait affaire avec des pirates il y avait de cela trois nuits et que c’était comme cela qu’il avait récupéré les plans. Hongjoong remercia San mentalement encore une fois. L’éclaireur était un informateur d’excellente qualité.
— Alors ce qu’on raconte est vrai ? Le régent a en sa possession de véritables trésors ?
Jusqu’où cet homme allait-il mentir ?
— Bien sûr, le régent Jeong est connu sur Skywe pour sa collection d'art de l'époque préfracturienne et les reliques pirates. Mais, entre vous et moi, c’est un secret très bien gardé.
— Vraiment ?
Hongjoong cacha son sourire derrière son foulard. C’était un secret si bien gardé qu’il avait voyagé depuis l’autre bout du Nouveau Monde pour quelque chose en particulier. Le livre de Tanian. La piste menait au plus grand trésor disparu depuis la Fracture.
— Oui, c'est le rêve de tout marchand d'art et d'objets de collection de la découvrir. Mais malheureusement, il ne laisse personne en avoir l'accès.
— C'est bien malheureux en effet.
Il paya ses achats, remercia le marchand et rejoignit Mingi qui observait un vieux pistolet. Le timonier jeta un œil aux cartes enroulées sous son bras.
— Mission accomplie cap ?
— Oh que oui, ricana Hongjoong.
Mingi reposa le revolver et ils s'éloignèrent en direction du port. Quand la foule se fit moins dense, le capitaine reprit la parole.
— Tout est prêt pour le casse ?
— C’est ironique ? Tu prévois toujours tes plans à la dernière minute.
Hongjoong rit. Maintenant que les plans était en sa possession, il allait pouvoir agir. Le vent de la côte leur caressa le visage quand ils entrèrent dans le port. Mingi repoussa les mèches châtains qui caressait son front tanné par le soleil. Des dizaines de bateaux étaient amarrés sur les sept ponts. Leurs voiles claquaient au vent et les coques roulaient au rythme du vent. Les deux jeunes gens prirent la direction du cinquième pont et rejoignirent l'Ateez. Il était certes plus petit que les grosses caravelles autour de lui mais avait une taille tout de même imposante. Ce qui plaisait le plus au capitaine était sa vitesse hors du commun. Le bateau glissait sur le vent aussi vite qu'on pouvait voguer sur l'eau avant la Fracture.
A peine à bord, les cris de Wooyoung leur brisèrent déjà les tympans.
— Qu'est-ce qu'il se passe encore ? Soupira Hongjoong.
— Son compas à disparu, expliqua une voix sur leur gauche.
Ils se tournent vers Jongho qui nettoyait son sabre, assis sur un tonneau de poudre à canon. Le plus jeune du navire s'étira, dévoilant son impressionnante musculature sous sa chemise rapiécée et délavée.
— Ça fait une heure qu'il retourne le bateau de fond en comble. Yeo a déjà faillit le jeter trois fois par-dessus bord.
— Et on le comprend, râla Mingi.
Ce dernier n'aimait le chaos sur le navire seulement s'il en était à l'origine. Il partit en direction de sa cabine, sûrement pour trouver une place à sa nouvelle trouvaille.
— Je vais régler le problème Woo.
— Merci Cap', le remercia Jongho en se mettant à nettoyer son pistolet.
Hongjoong suivit Mingi dans le château arrière du navire. Les cris de Wooyoung se firent plus fort encore et se mélèrent à une autre voix.
— DÉGAGE DE MA CABINE !
Hongjoong accéléra le pas en direction des cris.
— Tu me l'a volé !
— C’est faux !
Yeosang tirait sans succès le cartographe hors de sa cabine, les larmes aux yeux. Tout de noir vêtu, il paraissait guère avenant. Sa peau pâle sans défauts, excepté une tache de naissance près de son œil gauche, semblait irréelle et des mèches ébènes tombaient sur ses sourcils.
— SORS DE LÀ !
— NON !
Voyant le jeune homme perdre le contrôle de ses émotions, Hongjoong annonça sa présence.
— Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
Même s'il n'avait pas haussé la voix, le ton froid qu'il avait employé suffit à faire taire les cris. Wooyoung sortit de la cabine et remit correctement sa chemise bordeau chiffonnée par Yeosang. Bien que faisant la même taille, la carrure de Wooyoung était plus impressionnante. Son visage jovial et ses yeux habituellement rieurs lançaient des éclairs. Ces deux-là ne s'aimaient pas et ne rataient jamais une occasion pour le montrer.
— Capitaine ! Le mage a volé ma boussole !
— Ce n'est pas vrai !
— Alors pourquoi tu ne me laisses pas vérifier par moi même ?
Yeosang se plaça instinctivement dans l'encadrement de la porte de sa cabine. Le cartographe le pointa du doigt.
— Tu vois ! Il agit comme un coupable !
Hongjoong leva les yeux au ciel.
— Yeo, as-tu volé le compas de Woo ?
— Bien sûr que non ! Je n’ai aucune raison de le faire.
Le silence se fit entre les trois jeune homme. Le capitaine regardait ses matelots à tour de rôle. Yeosang finit par rentrer dans sa chambre et ramena une petite boîte octogonale en pierre polie de couleur bleu nuit. Il se mordit la lèvre et la tendit à Wooyoung.
— Je sais que ce n'est pas le tiens mais... c'est mon compas. Prends en soi s'il te plaît.
Le cartographe sembla surprit mais prit le précieux objet en s'inclinant.
— Merci Yeosang.
Le mage ne dit rien et rentra dans sa cabine en claquant la porte de bois. Hongjoong ricana.
— Tu n'as pas intérêt à le perdre ou tu vas vraiment passer par-dessus bord.
— Je n'en ai pas l'intention...
Il s'était perdu dans la contemplation de l'objet. Hongjoong ne l'avait jamais vu prendre aussi soin de quelque chose.
— Bref, maintenant que l'incident est clos, j'aimerai te parler de notre prochain coup. Je t'ai aussi pris deux cartes au marché.
L'éclat dans les yeux du plus jeune se ralluma. Ils prirent la direction du cabinet de cartographie ou le capitaine déposa ses trouvailles. La pièce était remplie de cartes des différents coins du monde et de notes manuscrites qui envahissaient les murs, la grande table, le sol et même le plafond. Yeosang y avait peint à son arrivée dans l'équipage une carte du ciel avec le positionnement des constellations. Les étoiles brillaient d'une lueur réconfortante une fois le soir venu. Wooyoung ne lui avait jamais dit mais il passait beaucoup de ses nuits à contempler le faux ciel et regarder passer les nuages magiques, allongé sur le sol de la pièce ou sur l'immense table de bois.
Hongjoong déroula les plans de la citadelle sur la table et coinça les côtés sous des livres et un candélabre.
— Tu as pu récupérer les plans ! Voilà qui va nous faciliter la tâche. Tout ce bazar pour un vieux bouquin…
Le capitaine acquiesça, même si ce livre n’était pas juste un vieux bouquin. Mais comme à son habitude, Wooyoung ne croyait pas aux légendes. Hongjoong était obsédé par cet objet depuis plusieurs années déjà. Les six tomes du livre de Tanian. Juste avant la Fracture, ce légendaire pirate avait caché un trésor avec tant de valeur qu'il serait impossible de l'écouler en plusieurs vies. Mais on racontait aussi qu'il avait emprisonné l'essence même de la magie. C’était surtout pour la deuxième partie de la légende que Hongjoong s’était lancé dans l’aventure.
— Tu crois qu'il le possède vraiment ?
— Il nous reste qu’à croiser les doigts.
Wooyoung acquiesça à ses paroles et sortit une carte enroulée d'une étagère. Il la déroula par dessus les plans de la citadelle et l'île de Skywe apparut sous les yeux d'Hongjoong. Le cartographe traça de ses doigts fins tatoués de lignes le chemin entre le port et la citadelle.
— Il va falloir être très prudent, la ville grouille de soldats ces derniers temps. Je pense que nous devrions passer par les toits, on raconte que les égouts sont en ruine. Certains donnent même sur le vide.
Le capitaine l'écouta avec attention et ils se mirent d'accord sur le meilleur chemin à prendre pour éviter trop de désagréments. Les égouts étaient comptés dans le plan B.
— Quand allons-nous frapper ?
— Dans trois jours, sourit Hongjoong en se rappelant des discussions des passants. Un bal est organisé à la citadelle. Ce sera le meilleur moment pour entrer sans se faire repérer.
— Génial ! Un bal ! Il faut que je choisisse bien ma tenue.
— A vrai dire, je comptais sur toi pour rester à bord avec Yeosang.
Le sourire de Wooyoung se fana.
— Quoi ? Balbutia-t-il.
— J'emmènerai Jongho, Mingi et San avec moi. J'ai besoin que tu prennes les commandes quand ni moi ni le second ne seront là. Je n'ai confiance qu'en toi pour cette tâche. Et de plus, ta connaissance de l'endroit te permettra d'effectuer un sauvetage risqué si on doit partir sur un plan B.
— Et pourquoi le mage reste ici ?
Hongjoong roula des yeux.
— Tu le sais très bien Woo, ne relance pas le sujet.
Le cartographe soupira. Hongjoong n’avait pas l’intention de lui faire de la peine mais ils n'allaient pas s'amuser à un bal, ils partaient voler un livre avec une valeur inestimable. Il devait emmener ses meilleurs combattants et Wooyoung n'en faisait pas partie. Certes il s'améliorait au sabre mais c'était loin d'être suffisant pour ce genre de mission. Et puis, la discrétion et le sang froid n'étaient pas les adjectifs qui le représentaient.
— Je vais faire un tour au marché, déclara le plus jeune. J'ai besoin de me vider la tête.
— Attends !
Il se retourna et attrapa au vol la bourse que lui lança Hongjoong.
— Achète toi un nouveau compas avec.
Wooyoung lui fit un petit sourire avant de disparaître. Le capitaine se pencha à nouveau sur la carte, essayant de mémoriser les moindres détails de l'encre sur le papier. Hors de question de se jeter dans la gueule du loup.
Trois coups contre la porte lui firent relever la tête. Mingi se tenait appuyé contre la poutre de bois. Le haut du plafond lui caressait presque les cheveux.
— Cap, je te dérange ?
— Non, je t'écoute.
Le second avait l'air soucieux.
— Minjae m'a raconté qu'il a surpris une discussion entre des gardes du fort tout à l'heure. Ils prévoiraient une opération spéciale sur le port demain à la première heure.
— Qu'est ce qu'ils cherchent ?
— De la contrebande mais surtout les pirates qui la font transiter.
Hongjoong grimaça.
— Voilà qui ne nous arrange pas... Vu que San n’est pas là, demande à Jongho d'aller s'assurer de l'existence de cette opération. Si elle a bien lieu, il va falloir lever les voiles ce soir. Toi, prépare l'équipage à partir d'urgence.
— Bien cap.
Le second repartit et Hongjoong l’entendit peut après lancer des ordres aux matelots sur le pont. Le navire sembla se réveiller, Mingi avait sonné la fin de la tranquillité pour l’équipage de l’Ateez. Hongjoong, une fois les plans A, B et C rédigés en notes rapides, sortit du château arrière pour déboucher sur le pont. En jetant un coup d'œil aux autres bateaux amarrés, il remarqua que nombreux d’entre eux s’étaient mis en branle. L’opération de la garde ne semblait pas être du foin. Cela le fit soupirer, son projet était déjà assez bancal comme ça, il n’y avait pas besoin de rajouter de la difficulté en plus.
— La plupart de l’équipage est revenu à bord, l’informa Mingi en s’arrêtant à ses côtés. Beaucoup se sont inquiétés en entendant la rumeur de l’arrivée de la garde dans les tavernes.
— Il va falloir passer au plan D.
Le second sourit.
— J’imagine que celui-ci n’est pas rédigé ?
— Je ne rédige jamais rien au-delà du plan C.
— Capitaine ! Jongho posa le pied sur le navire avec un air grave. La garde ! Elle arrive !
Son visage était rouge d’avoir autant couru et il se plia en deux pour reprendre sa respiration. Hongjoong sortit sa longue vue de sa pochette et jura. Trois douzaine de soldats trottinaient en direction du port, bien armés. Ils ne leur faudrait pas plus de cinq minutes pour arriver. Un son de corne retentit et les premiers bateaux quittèrent en hâte le port. Il jura une seconde fois. Wooyoung n’était pas revenu et il n’avait aucune idée de où pouvait être San. Son éclaireur s’était envolé.
— Cap ? demanda Mingi, les mâchoires serrées en observant lui aussi l’avancée des troupes avec sa nouvelle longue vue.
— On lève l’ancre, immédiatement. Je fais confiance à Woo, San et aux autres qui sont restés à terre pour se faire discret.
Mingi hurla ses ordres. Hongjoong prit place à la barre en montant les escaliers à la hâte. Le vieux navire se rebellait d’être ainsi maltraité mais ils n’avaient plus le temps pour faire les choses en douceur. Le vent claquait contre les voiles et les planches du pont grinçaient sous l’effort. Ils allaient contre le vent. Au bout d’une minute infinie de lutte, le bateau quitta son amarrage au moment où les soldats déboulaient sur le septième pont. Son second récupéra la barre pendant qu’Hongjoong scrutait l’horizon et les bords de l’île de sa longue vue. Il aperçut Wooyoung, les bras remplis de cartes et le visage inquiet, ses yeux alternant entre le bateau s’éloignant et les soldats amassés sur le port.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Yeosang en montant les marches vers les deux dirigeants du vaisseau.
— Il se passe que tu aurais dû te pointer immédiatement en entendant mes ordres, gronda Mingi. Tu n’es pas libre de vaquer à tes occupations pendant que les autres suent pour, entre autres, te garder en vie. Sans mauvais jeu de mots, je te rappelle qu’on est tous sur le même bateau.
Le mage piqua un fard et s’inclina. Hongjoong referma sa longue vue. Ils pouvaient à présent naviguer à vue, ils s’étaient suffisamment éloignés des rochers.
— Je suis navré.
Mingi grimaça.
— Va donc voir si l’équipage a besoin d’aide pour quelque chose. Tu sais coudre non ? On a des pantalons à rapiécer, ricana-t-il.
Yeosang déglutit avant de faire demi-tour, sous le regard amusé d’Hongjoong.
— Tu es trop dur avec lui.
— Et toi trop clément. Tu es le premier à râler quand quelqu’un se croit en vacances.
— Mais Yeosang n’est pas un marin, je te rappelle, c’est notre invité. Et puis il s’occupe très bien de l’infirmerie.
Mingi marmonna à voix basse avant de reprendre plus haut :
— Je ne l’aime pas.
— Non, tu n’aimes pas les mages, c’est différent. Si tu t'intéressais plus à lui, tu ne dirais pas cela. Voyant le haussement d’épaule de ce dernier, il changea de sujet. Au fait, tu as vu San aujourd’hui ? Je ne l’ai pas croisé depuis que j’ai quitté le vaisseau ce matin.
— Je n'avais même pas remarqué que ce tire au flanc n’était pas là.
Mingi ne remarquait jamais personne de toute façon. Ce fut au tour de Jongho de les rejoindre au poste de commandement. Il s’essuya le front avec sa manche et prit appuie contre la balustrade en bois vernis. En le regardant faire, Hongjoong s’aperçut que les barreaux avaient bien besoin d’être poncés et vernis à nouveau. Ce bateau tombe en ruine, pensa-t-il.
— Je n’ai pas vu Woo et San depuis le départ, s’inquiéta le plus jeune.
— Woo est resté à terre et Byeol sait où est San. As-tu appris quelque chose des gardes ?
La vigie hocha la tête :
— Le port va être bouclé jusqu’au lendemain du bal. Le régent ne veut aucune bavures, surtout qu’il attend des invités de marque. Le prince héritier de l’empire sera là. Les gardes ont lancé une fausse rumeur d’attaque demain matin pour prendre le plus de monde par surprise ce soir.
— Et bien c’était réussi, grinça Mingi.
Voilà qui était intéressant, mais qui gênait encore davantage ses plans. Hongjoong réfléchit encore quelques minutes avant d’exposer son nouveau plan à ses lieutenants. C’était dangereux de laisser son équipage à terre trop longtemps. Et puis, leur plan originel était de récupérer le livre. Il le voulait dans trois jours et pas un de plus.
———
J'espère que ce premier chapitre est à la hauteur, n'hésitez pas à me faire vos retours !
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