Chapitre 7 : Des retrouvailles rassurantes
La journée fut longue et épuisante, aucun secours n'était encore arrivé pour nous venir en aide, et être un prince ne semblait pas accélérer les choses. Nos repas du jour n'étaient pas très riches en protéines. Nous ne mangions que des fruits. Après tout nous n'avons pas d'armes pour chasser donc c'est inutile. Et puis, je vois mal Basil chasser autrement que sur un cheval avec un fusil. Passe temps de riche quoi, les activités de survie en revanche, il ne connait pas. Nous avions fouillé la moitié de l'île je pense. Je ne la pensais pas aussi vaste. Peu d'oiseaux séjournent ici, d'ailleurs, la plupart des espèces son endémiques à l'île. Eux au moins n'ont pas à supporter les caprices du prince. Bien qu'il se soit calmé comparé à avant notre accident. Aucun souvenir ne m'est revenu. Seul le rêve de la dernière fois arrive à me faire comprendre que notre passé commun est bel et bien réel et n'est pas juste une simple illusion crée par un blabla incroyable. Mais là, dans l'état actuel, je n'ai pas de sentiments pour lui, il est donc inutile de s'accrocher à ce doux rêve.
Assis autour du feu, nous dégustons le peu de fruits que nous avions eu l'occasion de cueillir.
- Louisa ? m'appelle-t-il.
- Oui ?
- Que se passera-t-il si personne ne vient nous chercher ?
C'est vrai que c'est tout à fait possible. Je ne me vois pas rester vivre ici toute ma vie. Ce serait bien trop fatiguant. Certes je ne vis dans le luxe, mais cette vie là est pire que la pauvreté.
Je me contente d'hausser les épaules en répondant: « je ne sais pas. » car je n'en ai vraiment aucune idée. Il me sourit, mais pas aussi joyeusement qu'il pourrait le faire. La peur, l'inquiétude et la tristesse est inscrit sur ses lèvres. À l'évidence je n'ai pas cette présence réconfortante que peut posséder les protagonistes de romans d'aventures. Mais bon, il faut que j'essaye.
Je me lève pour finir quelques pas à peine plus loin, à côté de Basil. Je ne sais pas si je fais bien ou non, mais je dépose ma tête sur son épaule, doucement, sans y mettre tout le poids de ma caboche, bien que ceci ne doit pas être bien lourd.
- On s'en sortira, des gens viendrons. Tu es un prince, l'aîné qui plus est, tu es bien trop important pour qu'ils négligent les recherches.
- Et si Cédric en profitait pour m'évincer ?
Cédric, le frère cadet de mon colocataire de grotte. Connu comme un prince beaucoup plus libertin et frivole, les habitants du pays ne l'ont jamais réellement prit au sérieux puisqu'il semblait évident que Basil aller monter sur le trône. C'est grace à cela qui lui a permis d'être aussi libre dans ses activités.
- Peut être qu'en un an et demi les choses ont changé. Peut être que vous êtes devenu plus proche.
Il hausse à son tour les épaules assez sceptique par ma suggestion.
- C'est peu probable. Depuis que nous sommes enfants, les gens nous comparent tous les deux. S'il peut m'oublier, il n'hésitera pas.
Je m'allonge sur le drap et lui sourit, l'air compatissant. La fatigue me rejoint doucement et je m'endors sans savoir s'il m'avait rejoint ou non.
* * *
La jour se lève et mon corps est collé au sien, confortablement. Je ne peux pas le repousser, il dort encore et sa chaleur corporel repousse mon envie de me lever. Après tout, il n'y a pas grand chose à faire ici hormis chercher des fruits et les manger.
Soudain, j'entends au loin des cris, mais surtout des voix. Des voix qui appellent, qui nous appellent très clairement Basil et moi. Un sentiment d'excitation et d'espoir me possède, me faisant remuer dans tous les sens. Je réveil le prince qui est encore dans les vapes et je me mets sur pied immédiatement en bondissant comme une sauterelle. L'espoir fait vivre. Et certes ces voix je ne les reconnais pas bien à cause de la distance, mais je comprends qu'elles nous appellent.
- Mmhhh... grogne-t-il en se frottant les yeux difficilement. Qu'est-ce qu'il y a Louisa ?
- Eh ! Lève-toi ! Y a des gens sur l'île ! Peut être même les secours !
En entendant ceci, il se redresse instantanément comme si quelque chose lui avait piqué les fesses. Ses yeux pétillent d'espoir, et ses doigts croisés prient pour que ce soit réellement les secours. Sans réfléchir nous courons dans la jungle sauvage pour essayer de rejoindre ces voix qui nous appellent. On hurlait les banals « Eh Oh ! On est là ! » « Ici ! » « On vous entend ! ». En retour les voix se rapprochent, font comprendre qu'ils nous ont entendu, qu'ils arrivent, qu'ils nous rejoignent. Nos pas traversent la dense forêt sans se préoccuper des sentiers que nous avions tracés par nos précédents passages. Nous courrons sans nous arrêter, comme si notre vie en dépendent. Les branches écorchent mes jambes, mes bras, mon visage, tout ! Plus rien n'a d'importance tant que je peux rejoindre ces voix qui nous interpellent.
J'arrive enfin à voir le visage le visage d'Anatole, ma joie et mon soulagement se mêlent et l'émotion me submerge. Des larmes commencent à rendre ma vue floue et je ne sais même plus si j'arrive à marcher droit.
- Anatole ! hurlé-je une dernière fois haletante.
Il se tourne vers moi et à peine eu-t-il le temps de me voir que je lui saute dans les bras sans penser que cinquante kilos lui tombent dessus avec l'élan de ma course. Il tombe lors de la fulgurante collision et je me redresse pour le voir en face. Mes larmes coulent d'elles-même sur son visage mais je m'en fiche, sa présence m'est réconfortante. D'un coup j'ai ce sentiment d'être en sécurité.
- Louisa ! Content de vous voir saine et sauve.
- J'ai cru que je n'allais jamais pouvoir te revoir vivant.
- Il en faut plus pour me tuer voyons. rit-il pour calmer mes émotions débordantes.
Il me caresse la tête, à l'instar d'un grand-frère qui rassure sa petite soeur. Bizarrement, j'aimerai bien le définir très clairement comme un majordome ou un grand frère à mes yeux. Cependant, depuis que je me suis réveillée amnésique, il s'est montré si présent que des sentiments naissent en moi. Du respect, de la bienveillance, de l'affection, de l'amour ? J'en suis incertaine pour le moment.
Je me relève en m'excusant de l'avoir autant secoué, Basil qui m'avait suivit de près était avec nous. Anatole tourne son regard vers lui et fait une courbette.
- Ravie de voir que vous avez survécu Basil.
Basil pose sa main sur son épaule avec la poigne d'une homme « fort et viril », avec un sourire en banane sur les lèvres.
- « Il en faut plus pour me tuer voyons ». répète-t-il en imitant les manières de mon majordome attitré.
Ils rigolent tous les deux, leurs rires sont communicatif et sans raison valable je les rejoins dans leur joie. Avoir Basil m'empêchait de me sentir seule, mais la présence d'Anatole est rassurante. Je me sens en sécurité.
- Suivez-moi, le commandant de bord attend sur la plage.
- Comment vas-t-il ? questionne le prince.
- C'est le dernier à avoir sauté de l'avion, et il s'est blessé grièvement aux jambes en tombant dans un récif de coraux.
- Et toi ? Tu vas bien ?
Il sourit pour ne pas nous inquiéter.
- Un peu égratigné, trois fois rien.
Nous l'inspectons de haut en bas et remarquons que son magnifique smoking sur mesure est déchiré aux extrémités comme les poignets ou les chevilles, mais également au genoux où un bandage semble avoir été fait avec grand soin. Je ne le connais que depuis peu, mais je serai capable de dire que ce bandage a été fait par ses propres moyens. Il nous explique donc vite fait qu'il s'était blessé en nageant parmi les coraux pour sauver le commandant de bord.
* * *
Suite à cette réjouissante retrouvaille, nous rejoignons le camp où An' s'est installé avec le commandant. Ce dernier est effectivement dans un sale état, à côté les égratignures de mon majordome ne sont rien du tout. La peau est déchirée, l'os de son tibia droit est même visible. Les vêtements sont brunis et assombris à cause du sang séchés, les mains sont tellement éraflées que je souffre pour lui rien qu'à l'idée qu'il tienne un objet dans sa main. Je ne parlerai pas du pus de ses blessures, cette description me répugne.
- Comment aviez-vous fait pour survivre jusque là Basil ? demande Anatole qui comme moi sait que ses compétences en survie sont nulles.
Je m'assois dans le sable avec à côté de moi le bel homme dont j'ai sauvé la vie ces derniers jours. Ce dernier me pointe du doigt satisfait.
- Louisa m'a aidé. C'est une Warrior.
Je pouf en entendant cette qualification qui ne me correspondait pas. Une « warrior » comme il dit aurait déjà fait un bateau et aurait traversé l'océan jusqu'à chez nous.
- Je n'en doute point !
- Tu as des nouvelles des secours ? demande à son tour Basil.
Anatole acquiesce fier de sa future annonce :
- En effet, nous les avions contactés hier grâce à un téléphone satellite, ils devraient être là dans la soirée avec une équipe de recherche pour vous trouver. Bien que ça ne soit plus nécessaire.
Un soupir soulagé s'échappe de moi suite à cette merveilleuse nouvelle. Nous sommes sauvés. Anatole se lève et s'adresse un futur roi.
- Basil, je vais aller chercher des fruits avec Louisa pour pouvoir manger jusqu'à leur arrivé. Restez ici avec le commandant.
Mon regard va et vient entre Anatole et Basil, ce dernier acquiesce et celui debout me tend la main. Je la saisie et il m'aide à me lever à mon tour. J'envoie un vif signe de la main à Basil et suis An' dans le fin fond de la forêt. Nous errons à la recherche de fruits comestibles, des fois je reconnais le chemin qu'on emprunte, d'autres fois non. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai déjà marché ici ou si c'est juste la forêt que se ressemble et se répète sans cesse. Il se tourne vers moi lorsque nous sommes assez loin du camp avec un petit sourire en coin.
- Vous êtes-vous rapprochés avec le prince ?
Je repense à ma soirée dans ses bras et je rougis. C'est vrai, nous nous sommes enlacés, mais c'était censé être un « caprice » de sa part. Nous sommes nous réellement rapprochés ? Il ne faut pas se faire de faux espoirs. Hormis à ce moment-là, il n'a jamais fait preuve d'une réelle tendresse. Je suppose.
- Pas vraiment . . . Je pense vraiment que notre couple n'a pas d'avenir.
- N'oubliez pas votre promesse Louisa.
Je roule les yeux en y repensant.
- Je ne l'oublie pas, cependant j'ai vraiment l'impression qu'il n'y a aucune chance.
- Vous ne devriez pas penser ainsi. Par le passé personne n'aurait douté que vous alliez finir par vous marier. Vous vous détestiez, vous passiez votre temps a vous embrouiller comme chat et chien.
Je soupire un nouvelle fois et je m'adosse contre un arbre en croisant les bras. J'ai toujours autant de mal à croire ce qu'il me dit. C'est tellement improbable. Mais pourtant je sais que c'est la vérité. Je suis mariée à Basil, c'est indéniable, et tout ce qu'il raconte concerne tout ce que j'ai oublié. J'en ai marre d'avoir tout oublié, n'être sûre de rien. Mes rêves sont des souvenirs mais rien ne me le garantis car je ne connais pas mon passé.
- Et ça je l'ai oublié Anatole. Tu auras beau m'en parler je ne m'en souviens pas.
Il s'approche de moi et me regarde droit dans les yeux.
- Je vous aiderai à vous en souvenir.
- Mais tu peux pas Anatole, tu n'es pas dans ma tête.
- Cependant je suis votre majordome, je serai toujours là pour vous.
Je n'avais pas envie d'entendre ça. Des sentiments fleurissent en moi, et ses mots tentent de les geler. Je le prends dans mes bras lorsque je sens mon coeur se serrer. Je ne voulais pas qu'il me voit être affectée par ses mots.
- Tout va bien Louisa ? me demande-t-il en sursaut les bras en l'air.
- Oui . . . Je suis juste très heureuse de te revoir.
Il m'enlace à son tour, m'enveloppant de son aura bienveillante. Il est moins musclé que Basil. Cette étreinte est différente de celle de la nuit dernière. Dans celle-ci, mes sentiments grandissent envers mon majordome, alors que je devrai comme dans n'importe quel film romantique aimer à nouveau celui que j'avais aimé. Ceci n'est pas un film romantiques, ma réalité est autre, c'est Anatole que j'aime. Et je ne peux pas refouler ces sentiments. Son souffle dans mon cou, ses bras autour de mon buste, son torse contre ma poitrine. Tout me fait frémir moi et non l'ancienne moi qui subsiste. Car là moi actuelle est réelle et vivante à l'opposé de mon ancienne version. Je veux aimer Anatole.
Nous retournons au camp et voyons le pilote allongé contre un cocotier, en train de dormir et Basil un peu plus loin, assis les pieds dans le sable. Je suggère à Anatole de déplacer le pilote autre part car recevoir une coco sur la tête est on ne peut plus mortel. Pendant ce temps je rejoins Basil, curieuse de ce qu'il peut faire aussi loin. Ma main glisse sur son épaule et à son contacte, ses yeux se lèvent vers moi. Il me sourit puis replonge son regard dans le grand bleu qui s'offre à nous.
- Tu m'as l'air bien pensif. je lui fais remarquer.
- Je réfléchissais à la vie au château une fois que nous serons rentrés. Nous allons devoir faire figure de s'aimer à la folie.
Je plisse les lèvres et regarde à mon tour l'océan.
- Ça ne sera pas une tâche évidente mais nous n'avons pas le choix.
- L'année promet d'être longue.
J'acquiesce et je repense à ceux qui me sont proche. Ma famille, mon meilleur ami Nick, mes anciens collègues de la taverne. Est-ce qu'ils sont toujours là ? Est-ce qu'il vont bien ? Il peut se passer tellement de choses en un an et demi d'absence.
- Penses-tu que beaucoup de choses aient changés ? demandé-je d'une petite voix préoccupée.
- Depuis les dernières choses dont on se rappelle ?
- Oui . . .
Il marque une pause, celle-ci est relativement longue. Je sentais qu'il allait me répondra, mais on aurait dit qu'il cherchait soigneusement ses mots. Les vagues s'échouent tranquillement contre le sable blanc, les oiseaux chantent derrière nous. Des chants exotiques, des bruits plus proche que ceux des instruments de musiques plutôt que du « grou grou » des pigeons.
- Nous verrons bien ce qu'il en est à notre retour. finit-il par dire.
C'est au même moment que j'aperçois au loin est ombres noires dans le ciel. Je fronce les sourcils pour mieux voir mais je sais déjà ce que c'est.
- Eh ! Les secours sont là ! je m'exclame en secouant Basil dans tous les sens tant je suis surexcitée.
Il se met à rigoler à cause de mon inhabituelle joie.
- Oui oui je les vois aussi. Ahahah.
Je fais volte-face et fais de grands signes à Anatole qui s'occupait de notre commandant de bord. En me voyant bouger dans tous les sens il lève les yeux par réflexe comme s'il avait compris immédiatement ce que je voulais lui montrer. Il me sourit et hurle pour me répondre.
- Rentrons au château maintenant !
Mes yeux se redirigent vers les hélicoptères qui s'approchent rapidement de nous. Pour des engins de la famille royal, je les pensais plus customisés dans un style « Royauté d'Aprent », mais à l'évidence, ils étaient juste noirs. Ils avançaient à une vitesse folle. Comme si la vie du prince en dépendait, et peut être la mienne aussi. Je suis la femme du prince héritier après tout. Prenons ceci comme un avantage pour le moment.
Ils se posent sur le sable, un peu loin de nous afin qu'on ai pas trop de sable qui vole vers nous. Chose ratée car mes cheveux sont maintenant devenus un brushing de plage. 50%de cheveux, 50% de sable. Léo descend de l'un d'eux et rejoint le prince avec une légère révérence.
- Nous allons vous ramener au château. Veuillez-monter.
Basil acquiesce et monte dans l'un des hélicoptère sans regarder derrière lui. Léo vient ensuite aider à porter notre pilote tout en me faisant signe de monter dans le même transport que Basil. C'est évident que la femme du prince doit s'assoir à côté de lui. Je m'exécute sans un mot et m'installe à côté de ce dernier qui est lui aussi très silencieux. Nous portons les casques donnés par le pilote de l'hélicoptère et attendons. C'est après quelques minutes que nous décollons enfin pour retourner chez nous à Aprent.
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