★ Chapitre 50 ★
J'entre dans le premier magasin de vêtements que je trouve. Il est déjà neuf heures quinze et j'ai rendez-vous avec Shawn dans trois-quarts d'heure. Je farfouille dans les rayons du magasins en vain. Une vendeuse arrive vers moi, un sourire pendu aux lèvres :
- Vous souhaitez trouver quelque chose en particulier ?
Je lui lance un rapide regard en lui répondant :
- À vrai dire... Je n'en sais rien. Je cherche un cadeau pour ma grande sœur mais je n'ai aucune idée.
J'ignore pourquoi je lui ai répondu mais elle me fait faire le tour du magasin avec elle. Je sais que je ne vais rien trouver alors, je l'envoie gentiment balader et sors.
- Bon... Continuons les recherches, je souffle.
J'enchaîne plusieurs autres magasins sans rien trouver. Et puis finalement, je me pose la question :
« Qu'est-ce que Laura aimerait avoir ? De quoi a-t-elle besoin ? ».
Je réfléchis en marchant dans le centre ville tout en fumant. Mais après dix minutes je n'ai toujours aucune idée. Je décide alors d'aller voir Shawn.
Lorsque j'arrive au coin, il s'y trouve déjà.
- En avance ? je demande.
- Non, je viens seulement d'arriver, ne t'inquiète pas.
Je m'assois à côté de lui et lance la conversation :
- J'ai quelque chose à te donner...
Je me penche au dessus de mon sac et fouille à la recherche du cadeau que j'ai pour lui.
- Moi aussi, m'informe-t-il. Attends...
Je hausse un sourcil et trouve enfin mon cadeau pour lui. Nous nous retournons en même temps et nous faisons face, chacun notre cadeau dans la main.
- Toi d'abord, me dit-il d'un air joueur.
- Eh mais c'est pas juste ! J'allais le dire... Bon, on peut se donner des indices au pire, c'est plus drôle !
Il hoche la tête et je regarde la taille de son cadeau pour moi. Exactement la même taille et la même forme que le mien. Il est forcément dans une boîte mais que contient celle-ci ? Car telle est la question...
- Est ce que ça se porte ? je demande en pensant à un bijou.
- Oui... Et le tient ?
- Aussi.
Nous rigolons et je plante à nouveau mes yeux dans les siens.
- Un bracelet ? m'interroge-t-il.
Je souffle en faisant des mimiques.
- C'est incroyable ! Comment t'as deviné ?
- Je ne t'ai jamais dit que j'étais voyant ?
Nous repartons dans notre fou rire habituel quand je me décide à lui demander si ce ne serait pas aussi un bracelet par hasard.
- Si, c'est aussi un bracelet, m'apprend-t-il. Attends, imagine on s'est acheté le même cadeau ?
- Ce serait vraiment marrant ! Écoute... Ce qui a écrit sur le bracelet que je t'ai acheté est drôle.
- Et bien, figure toi que moi aussi, s'exclame Shawn. J'adore cette phrase et elle te correspond tellement bien ! Tu me diras à moi aussi...
Mon sourire retombe légèrement.
- Sérieusement Shawn, je crois que les chances pour qu'on se soit acheté le même cadeau grandissent.
- Et bien écoute, donnons-nous nos cadeaux..., tranche-t-il.
On s'échange nos cadeaux et je l'ouvre doucement, prenant soin de ne pas déchiqueter le beau papier cadeau bleu nuit. Je sais, ça peut paraître débile mais j'ai toujours fait cela.
Lorsqu'il est retiré, je découvre la même boîte dans laquelle le cadeau de Shawn s'y trouve. Nous les avons acheté dans la même bijouterie du centre-ville ! Quel hasard !
Je vois que Shawn me fixe pendant notre ouverture de cadeau. C'est vrai que c'est vachement déstabilisant que de savoir que nous avons eu la même idée de cadeau.
J'ouvre avec appréhension la petite boîte dorée et il fait de meme. J'y découvre une fine chaînette avec un rectangle en argent faisant la moitié du poignet où il y a écrit « Fumer tue ».
Ma bouche s'entrouvre légèrement. Je lui ai acheté exactement le même modèle mais pour homme. Mais le pire c'est que j'ai pensé à la même phrase que lui. Nous avons eu la même idée étant donné que nous fumons tous les deux. J'avais trouvé cette phrase plutôt marrante et avais décidé de la faire inscrire sur un bracelet pour Shawn.
- Et bien, à ce que je vois, nous avons eu la même idée ! rigole Shawn.
Je hoche la tête et lui demande de me le mettre. Le bracelet est vraiment magnifique et la couleur argentée ressort parfaitement bien sur ma peau légèrement mate. Je lui accroche ensuite le sien et murmure doucement :
- Merci beaucoup, Shawn...
Je le prends amicalement dans mes bras et y reste un petit moment. Je pense qu'on en avait besoin tous les deux pour se retrouver.
- Amis ? me demande-t-il.
Je suis plutôt surprise par sa question et réponds malgré tout :
- Amis. Mais sache que je suis vraiment désolée... Je t'aime vraiment Shawn, mais en tant qu'amis. De plus, tu le sais, je suis instable en ce moment. Je ne peux pas entamer une nouvelle relation dans ces conditions...
- Oublions et revenons sur les bases de notre amitié que nous avons construit, déclare-t-il en balayant l'air d'un revers de main.
Je souris et replonge dans ses bras qui ne cessent de se muscler de jour en jour. Doucement, nous nous relevons et contemplons le paysage océanique qui se tient devant nous.
- Ce paysage est digne d'un tableau du plus grand peintre, affirme Shawn en hochant la tête.
Et d'un coup le flash dans mon esprit.
- Mais c'était évident ! Merci Shawn, merci Shawn ! Grâce à toi, je sais enfin ce que je vais offrir à Laura !
Il semble décontenancé.
- Mais de quoi tu parles ? Tu n'es plus en froid avec ta sœur ?
- Non, je ne le suis plus. Mais j'avais complètement oublié ! Elle adore la peinture. Depuis qu'elle est petite Laura peint. C'est un cadeau en rapport avec cela que je vais lui offrir. Merci Shawn !
Je le prends dans mes bras, heureuse de ce rappel. Je suis contente et un sourire est maintenant plaqué sur mes lèvres. Une sonnerie de la part du téléphone de Shawn retentit. Il décroche en s'excusant envers moi. Je secoue la tête et écoute la conversation :
- Oui, Nash ? ... À quelle heure ? ... Maintenant ? ... Tu n'es pas censé être au café ? ... Je vois ... Et bien, écoute, je rentre à l'appartement d'ici une demi-heure ... Oui, c'est ça, à plus tard ...
Il baisse ensuite son regard vers moi et s'excuse de devoir partir.
- Ce n'est rien, on peut faire le chemin du retour ensemble. De toutes façons, il faut que j'aille au centre ville.
- Excellente idée !
Nous attrapons nos sacs respectifs et marchons sur le sentier désert.
- Tu fêtes le réveillon de Noël chez Nash ? je demande.
- Oui, avec Hayes, sa demi sœur et son demi frère. Il y aura aussi ses parents et de la famille à lui mais je les connais tous. Il n'y a aucun problème là-dessus...
Je n'ose pas poser plus de questions. Je sais qu'il y a eu un problème avec les parents de Shawn mais je ne veux pas lui poser de questions à ce sujet. S'il veut m'en parler, il le fera de lui-même.
Malheureusement, ma question jette un froid monumental et j'en profite pour allumer une cigarette. Il fait de même et je rigole en repensant à la phrase inscrite sur nos bracelets.
Et puis, le moment de nous quitter arrive et nous nous prenons dans les bras l'un de l'autre en nous souhaitant un bon réveillon de Noël.
Je secoue ma main lorsqu'il se trouve à une trentaine de mètres de moi et me retourne définitivement à la recherche de la palette de peintures parfaite pour ma sœur.
***
Après encore une heure de shopping, je trouve enfin ce que je cherche. La palette est magnifique et le matériel est de qualité. Je fais emballer le tout et décide de rentrer à la maison.
Une fois rentrée, je vois une Laura affalée sur le canapé.
- Hey ! Alors cette matinée ménage ? je demande en rigolant.
- Exténuant. Je n'en peux plus ! D'ailleurs, j'ai commandé des pizzas, elles ne devraient plus tarder. Sinon, tu as fait quoi ce matin ? Il y a quoi dans ton sac ?
- Je suis allée voir Shawn, on avait des choses à se dire. Regarde le bracelet qu'il m'a offert ! J'adore ! Dans ce sac ? Oh, rien de spécial ! Bon, je vais poser tout ca et je redescends pour manger.
Au moment où elle allait protester, la sonnerie de la porte d'entrée retentit et elle récupère l'argent sur le comptoir en soufflant après moi.
- N'en profite pas pour draguer le livreur ! je lance en montant les escaliers.
Arrivée dans ma chambre, je dépose toutes mes affaires là-bas, me recoiffe et change de vêtements. Lorsque je reviens au rez-de-chaussée, Laura a déjà attaqué une des pizzas devant la télé.
- Alors ? Il était comment ce livreur ?
- Plus moche tu meurs, dit-elle en mimant un mine de dégoût.
- N'exagères pas ! je souffle en la poussant légèrement.
- Eh ! C'est vrai, il n'était pas beau !
Je lève les yeux au ciel avec exaspération.
- Tu n'es pas croyable !
Elle rigole et croque avec ferveur dans sa part de pizzas. Je fais de même et nous finissons notre repas en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Lorsque nous avons débarrassé, Laura reçoit un appel de Maman qui nous dit qu'elle ne rentrera qu'à seize ou dix-sept heures le temps de déposer les plats du traiteur.
- Bon aller, je vais filer, j'ai pleins de choses à faire ! Bon ménage Elsa.
Elle rigole à gorge déployé et je fais mine que ca ne me dérange pas. Quel beau mensonge !
Elle ferme la porte de la maison et je commence à m'affairer à mes taches.
***
J'ai déjà nettoyé tout le salon et je l'ai débarrassé de toute la poussière qu'il y a eu ces derniers jours. Il est tellement propre ! Bon, je n'arriverai jamais au niveau de Maddie mais je suis quand même contente de mon travail.
Mais lorsque je récupère l'aspirateur pour le passer dans la salle à manger, le téléphone de la maison sonne. C'est bizarre, il ne sonne quasiment jamais car si l'on veut joindre ma mère, c'est sur son portable et je n'ai que Sarah et Matthias qui connaissent ce numéro.
« Mais qui peut bien appeler ? », je me demande avec anxiété.
J'avance lentement vers ce téléphone à la sonnerie infernale et reste quelques secondes à le fixer intensément. Et puis, la sonnerie devenue trop stridente, je décide de décrocher :
- Allo ? je demande.
- Madame Turner ? j'entends de l'autre côté de l'appareil.
- C'est sa fille.
- Madame Turner est-elle présente ?
- Non, elle n'est pas là et ne sera pas présente aujourd'hui mais... Qui êtes-vous ? je l'interroge soucieuse.
Ma respiration s'est inexplicablement accélérée.
- Excusez-moi de ne pas m'être présenté, je suis le colonel Scott. La personne chargée de la brigade où le soldat Turner se trouvait.
- Trouvait ?! je demande ahurie.
- Oui... Nous sommes en devoir de vous prévenir que le soldat Turner est porté disparu depuis une semaine. Lors d'un bombardement, nous ne l'avons pas retrouvé. Beaucoup de soldats se trouvant là-bas sont décédés mais nous n'avons pas retrouvé le soldat Turner. Il est donc porté disparu...
Je n'écoute pas la fin de son monologue. Je reste complètement vide face à ce téléphone.
- Merci de nous avoir prévenu, au revoir.
Je raccroche sans attendre de réponses et m'effondre d'un seul coup par terre. Mais je ne pleure pas. Pas encore. Je pense seulement à mon père, disparu. Comment on peut annoncer cela la veille de Noel ?
« Comme si je n'étais pas assez triste comme ça... Comme si ma vie n'était pas assez compliquée comme ça ! Je n'avais pas besoin de ça... Pas maintenant ».
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Je viens tout juste de finir ce chapitre, il est tout frais 😂 j'ai mis du temps à l'écrire étant donné que je suis en vacances !!
J'espère qu'il vous a plus 😏 (50ieme chapitre OMG) 😘
J'ai tellement de peine pour Elsa... La pauvre, elle ne mérite pas tout ça ! 😭😱
Qu'attendez vous pour la suite ?? ❤️
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