Chapitre 7 : Magique...
POV Thomas :
J'ai ouvert les yeux au son des tourterelles qui roucoulaient. Une mélodie répétitive et sympathique, plus que celle des pigeons qui squattaient habituellement le bord de mon toit. Là, elle était enjouée, romantique, plus douce aussi. Le plafond était baigné par une lumière solaire, ça lui donnait un aspect orangé. Je n'étais pas dans ma chambre. La réalité me frappa soudain. J'avais beaucoup bu, j'étais dans une chambre d'hôtel et le monde semblait tourner autour de moi. Vite, trop vite même. Une certaine angoisse me prit la gorge, subitement. Je tournais la tête vers la table de nuit et n'y trouvais aucune enveloppe, ni coupures. Je n'avais pas vendu mon corps cette nuit. Les morceaux se recollaient peu à peu dans mon cerveau.
J'étais au mariage de Minho et Sonya, dans l'hôtel qu'ils avaient loué pour le week-end. Un long soupir accompagna mon soulagement. L'étreinte chaleureuse autour de mon corps se resserra. Mon bras reposait sur un corps chaud, endormi calmement, le tenant sans trop le serrer. Mon cou était chatouillé par une chevelure courte et blonde. Les pièces du puzzle se mettaient peu à peu dans l'ordre. J'avais trouvé Newt, le petit frère de Sonya, sans lit pour dormir et l'avais accueilli. On s'était endormi après une longue journée et beaucoup d'alcool pour ma part.
Je me redressais, m'appuyant contre la tête de lit et attrapais de ma main libre mon paquet de cigarettes et mon briquet. Le soleil était déjà haut, mon portable indiquait 11h38 du matin. C'était dimanche. L'étreinte de Newt sur mon corps ne se relâchait pas. Ma main trouva ses cheveux et je lui administrais un léger massage crânien, chose qui de mon point de vue semblait être une bénédiction divine. Il semblait apprécier. Ma cigarette pendait entre mes lèvres, je consultais mes différents messages. L'homme de vendredi soir voulait me revoir, me promettant une belle somme. Son message était direct, incisif presque. Comme si je n'avais pas réellement le choix. Il voulait me voir ce soir. Un frisson me parcourait. Mon regard se posait sur le corps endormi de Newt. Rien que sa présence à mes côtés m'apportait de la douceur, une ondée de chaleur, comme si je marchais sur un nuage. Il caressait du bout de ses doigts ma peau pendant que je lui massais le crâne. Je crois qu'à cet instant, j'ai aimé chaque parcelle de mon être.
C'était un réveil qui n'avait rien d'intense ni de violent et cela me faisait le plus grand bien...
POV Newt :
Les tourterelles me cassaient les oreilles depuis plusieurs minutes, m'empêchant de profiter de ce sommeil rudement mérité après la journée longue et épuisante qu'avait été le mariage de ma sœur. Dormir, quel bonheur merveilleux... Le corps chaud qui m'accompagnait sous la couette me berçait d'une tiédeur mielleuse, refusant presque que je sorte de mes rêves. Je sentais un petit massage dans mon cuir chevelu qui le rendait presque addictif, comme si ça détendait chaque cellule de mon corps. Ma tête, consciente que le réveil avait sonné dans mon organisme et que mon ventre criait famine, se mit en branle. Depuis quand j'avais dormi avec quelqu'un ? Comment ça se faisait que je dorme avec quelqu'un ? Et qui était ce quelqu'un ? Beaucoup de questions, aucune réponse.
J'ouvrais les yeux, d'un coup et mon regard tombait sur le torse nu d'un homme. Ma tête a appuyé alors sur la sonnette d'alarme et toutes les sirènes se sont mises à hurler en moi. Panique à bord, comme dirait Billy. Je me suis redressé vivement, tombant nez à nez avec Thomas. Le Thomas ! Thomas, le meilleur ami de Minho. Il fumait une cigarette en regardant son téléphone. La panique se métamorphosa en moi, une profonde angoisse me prit, une peur sourde et violente. Je réalisais soudain que je m'étais blotti contre Thomas dans mon sommeil, alors qu'il m'avait simplement proposé un bout de son lit par acte de charité. Ses yeux se posaient sur moi, quittant son écran de portable et j'avais qu'une envie : me planquer à tout jamais. Qu'est-ce qu'il allait penser de moi ? Qu'est-ce qu'il allait croire de moi ? Quelles idées il allait se faire ?
- Je suis désolé, je suis désolé je te jure, je n'ai pas fait exprès de... de dormir contre toi... Je suis désolé, vraiment, ça m'arrive jamais, promis. La panique me submergeait et Thomas me regardait surpris, il posa son téléphone, son regard traduisait l'incompréhension. Je me levais du lit, affolé, mettant le plus de distance entre nous. Je suis désolé. Ne me prends pas pour un pervers ou je ne sais quoi... Je suis désolé, je veux pas que ça te dégoute mais je comprendrais si ça te dégoute, si les gens comme moi te font peur ou te... Et j'ai fondu en larmes, attrapant mes affaires et les serrant contre moi comme une bouée de secours. Je sais que les autres n'aiment pas forcément le contact physique d'un autre homme, j'ai pas fait exprès, je voulais pas t'agresser ou rien. Les larmes dévalaient mes joues, hachant mes mots par des sanglots incontrôlables.
Thomas se leva alors que je tentais de prendre mes chaussures pour fuir à toutes jambes. La panique m'engloutissait, j'avais si peur de sa réaction. Une peur sourde et prenante, prête à me noyer.
- Wow, Newt, du calme. Tout va bien... Me dit-il doucement en tendant une main vers moi.
Mes yeux rencontraient les siens et il n'y avait aucun dégoût dedans, aucun mépris, aucune gêne. Rien qu'une lueur douce. Je lâchais mes affaires d'un coup et fondis à nouveau en sanglots, soulagé cette fois, de voir que Thomas ne m'en voulait pas, que « tout allait bien » comme il disait. Il posa une main sur mon épaule et m'offrit un sourire.
- Ta compagnie nocturne a été très douce pour mon corps fatigué. Il dit en retournant chercher une cigarette. Il déambulait dans la chambre, simplement vêtu d'un caleçon et ouvrit la fenêtre en grand pour laisser entrer l'air. Il se retournait, triomphal, sa cigarette accrochée à un sourire, et me dit. Chance pour toi, cher Newt, je ne suis ni hétéro ni homophobe, si ça peut te rassurer, c'est pas un câlin qui va me dégouter. Ne te tracasses pas pour ça... Il passa une main sur sa nuque, grattant un peu la base de son cuir chevelu. Le soulagement se faisait déjà sentir dans mon corps entier. Mes muscles se détendaient à chaque mot qu'il prononçait. Je séchais mes larmes, d'un revers de main, confus et à fleur de peau. D'ailleurs, reprit-il, je ne sais pas si tu te souviens, mais je tenais à m'excuser pour t'avoir embrassé hier comme ça, sans te demander ton avis. J'ai même pas pris le temps d'assumer ta sexualité ni ton consentement et c'était pas génial-génial de ma part...
Il m'offrit un sourire gêné et les images d'hier soir me revenaient. Je venais de paniquer pour un câlin mais j'avais oublié que Thomas m'avait embrassé hier soir, dehors. J'étais plus que soulagé, toute once de panique avait quitté mon corps et je respirais à nouveau correctement. Je me sentais bête, un peu.
- C'est pas très grave, t'en fais pas... On peut dire qu'on est quittes... Je lui dis en me rasseyant sur le lit. J'étais surpris mais ça ne m'a pas déplu. Je le regardais, debout de toute sa hauteur, en caleçon, et je me disais que mon corps et mon inconscient avaient eu de bonnes raisons de prendre la main sur ma conscience et se blottir contre cet être divin. Je vais voir si mes parents sont réveillés, j'informais Thomas en remettant ma montre et voyant l'heure. Le brunch du mariage commençait à midi, j'avais le temps de me changer et de prendre une douche. Merci beaucoup de m'avoir laisser dormir là.
Thomas me regardait un instant en me voyant enfiler mon pantalon de la veille et me sourit à nouveau. J'avais le droit à beaucoup de sourires de sa part, dès ce matin. Il me dit que c'était un plaisir, réitéra ses propos sur la douceur de mon câlin matinal. Je n'arrivais pas à le regarder en face, j'étais légèrement gêné. Peut-être l'idée d'un baiser échangé avec Thomas me troublait maintenant que j'étais sobre. Il m'avait embrassé de lui-même. Il n'était pas hétéro, ni en couple. Mes chances devenaient de plus en plus grandes. On échangeait quelques paroles et je quittais sa chambre un peu après pour retrouver mes parents.
Je me fis accueillir par ma mère, encore en pyjama, qui se peignait les cheveux. Elle m'embrassa sur la joue, me saluant d'un sourire et m'invita à entrer. Mon père était déjà prêt, lavé, rasé, habillé sobrement, il lisait le journal sur le canapé de la suite. Il me saluait d'un signe de tête.
- Newt, je me demandais où tu étais. Billy prend sa douche et Cassandre la prend ensuite. Tu pourras y aller après. Tu as dormi où ? Tu t'es couché au moins ? Me demanda ma mère. Elle sortait de la penderie une jolie robe rose poudré pour ma sœur et un tailleur en lin pour elle. Cassandre m'envoyait un baiser, assise sur son lit en train de lire un magazine sur les poneys. Je la rejoignais et lui collais un baiser sur le front, lui demandant si elle avait bien dormi, puis je me tournais vers ma mère, attrapant mon sac de voyage par la même occasion.
- Remercie ton cher mari de m'avoir fermé la porte au nez hier soir quand j'ai voulu aller me coucher sous prétexte que j'avais trop bu. Il m'a dit que je ferais mieux de dessouler avant, sinon je ne mettrais pas un pied dans cette chambre. Je lançais un regard noir à mon père qui ne décollait pas les yeux de son journal. Et devine qui s'est endormi en ronflant comme un monstre deux minutes après parce qu'il était bourré comme un coing... Mon très cher père ! Et on dit « merci papa ! »
Une fois ma tenue sortie de mon sac, je prenais mes différentes affaires et jugeais qu'il y avait trop de monde pour prendre ma douche ici. J'allais demander à Thomas si je pouvais squatter sa salle de bain.
- Richard, pesta ma mère, son ton était sans appel, froid et coupant comme l'acier. J'adorais quand elle l'employait pour ma défense. Je savais qu'elle était exaspérée par toute cette situation et par le comportement belliqueux de mon père à mon égard. Elle me reprochait souvent mon insolence aussi. Mon père baissa son journal, crispé. Il me jeta un regard noir. Depuis quand tu laisses ton fils à la porte ? Elle demanda avec des reproches dans la voix. J'aimerais que tu laisses de côté ce conflit constant avec Newt quelques jours, tu n'as fait que de le chercher tout le week-end, tu as fait exprès de l'humilier dès que t'en avais l'occasion. C'est le mariage de Sonya, merde alors. Arrête de toujours faire de Newt ton bouc-émissaire. Je sais que tu lui en veux pour je ne sais quelles obscures raisons encore, mais je t'en conjure, si tu lui fais la moindre remarque ou que tu lui mets des bâtons dans les roues encore une seule fois avant la fin de ce week-end, tu pars tout seul dans les Alpes !
Mes parents étant encore amoureux comme aux premières heures, ils s'organisaient des petits week-ends ou des vacances ensemble, dans des endroits qu'ils avaient envie de visiter. Mon père regarda ma mère, serrant les dents et hocha la tête, conscient qu'il avait dépassé les limites et que ma mère ne rigolait pas sur ce genre de sujet.
- Bon, désolé Newt, c'était pas malin de ma part de te fermer la porte au nez. Mais du coup, tu as dormi où ? Demanda mon père avant de reprendre son journal. C'était un homme intelligent et je restais son fils, il n'avait pas l'habitude de cracher des méchancetés juste parce qu'il se faisait engueuler par sa femme. Il savait s'excuser et accepter ses torts. C'était chose rare, certes, mais il savait faire.
- Thomas m'a prêté un bout de son lit en me voyant tout seul dehors... Je vais aller prendre ma douche dans sa chambre, d'ailleurs parce qu'on ne sera jamais prêts tous à temps à ce rythme-là. Je mis mon sac sur le dos et ouvrais la porte, saluant mes parents avant qu'ils ne disent quoi que ce soit de nouveau. A toute à l'heure !
Le couloir était vide, j'étais pieds nus sur la moquette et je profitais de cet instant. J'espérais que Thomas soit d'accord pour me prêter sa douche. Je profitais aussi de ce moment pour envoyer quelques messages à Teresa, lui racontant les grandes lignes du mariage et m'attardant sur le détail du baiser volé de Thomas. Mon index caressa un court instant ma lèvre, me remémorant la tendresse de cet échange.
La porte de la chambre de Thomas était entrouverte. J'entendais la voix de Minho à l'intérieur, parler avec Thomas. Je toquais et la poussais. Ils me regardaient tous les deux avant de sourire. J'avais l'impression de déranger.
- Hum, je voulais juste savoir si je pouvais prendre ma douche ici... Thomas m'irradia d'un sourire magnifique et me dit que oui, il n'y avait pas de problème. Minho nous regardait tour à tour. J'ai dormi là... je lui dis pour me justifier. Minho jeta un regard noir à Thomas. Celui-ci avait passé une chemise et un pantalon. Visiblement il avait déjà pris sa douche, à en croire ses cheveux mouillés. Il leva les mains en signe d'innocence.
- Non, Minho ! Je te jure il s'est rien passé. Je sais ce que tu penses. Je n'ai pas soudoyé Newt pour assouvir mon appétit sexuel ! S'écriait Thomas pour sa défense, j'ai ricané légèrement en passant dans la salle de bain. Il ne savait pas où dormir, ses parents étaient déjà couchés et il avait pas la clé, j'allais pas le laisser dehors quand même. On a juste dormi, je te jure !!
Je m'amusais de voir comment Thomas se justifiait à son meilleur copain.
- T'as intérêt Tom, c'est le petit frère de Sonya ! Ronchonna Minho. Je compris que le propos n'était pas déplacé, ni amusant, au contraire. Ils semblaient très sérieux l'un comme l'autre. D'ailleurs, on a des comptes à régler toi et moi. J'entendais Thomas pester alors que j'allumais l'eau de la douche. Mais c'est pas le moment, j'ai une question très importante reprit Minho. Est-ce que tu crois que c'est grave si on ne fait pas l'amour le soir de notre mariage ? Le rire de Thomas se fit entendre et je filais sous l'eau, amusé par les questionnements de Minho, leur laissant un minimum d'intimité pour parler.
Lorsque je sortais de la salle de bain, habillé et coiffé, Minho avait quitté la chambre de Thomas et celui-ci pliait ses habits pour les ranger dans son sac.
- Merci, je lui dis avec un sourire.
Il me regarda un instant et m'offrit un sourire en retour. Il s'alluma une cigarette ensuite, près de la fenêtre. Je le rejoignais, m'appuyant contre l'embrasure de celle-ci pour lui faire face. Il était beau, divinement beau. J'aurais voulu que ce moment ne s'arrête jamais, que je ne cesse de lui faire face et de l'admirer. Ses yeux ambrés se posèrent sur mon visage un instant.
- Tu n'as pas remis de khôl ? C'est dommage, ça t'allait vraiment bien. Il me dit avec un léger sourire. Un silence suivit mes remerciements. Mon cœur s'affolait dans ma poitrine. Je crois qu'à cet instant, j'ai eu envie de l'embrasser. Est-ce que je peux faire à nouveau appel à ta magie, d'ailleurs, pour camoufler mes déboires ?
Sa question me surprit et me sortit de ma rêverie. Je lui répondais qu'il n'y avait pas de problème, que je pouvais cacher ça. Il termina sa cigarette et s'installa sur le tabouret de la salle de bain, face au miroir, pendant que je sortais mes accessoires. Je me tournais vers lui, pinceau prêt et il termina de déboutonner son col. L'envie de l'embrasser me reprit. Je la chassais et me concentrais sur ma tâche.
- Minho me fait trop rire. Thomas commença alors que je m'appliquais sur la marque violette dans le creux de son cou, juste en dessous de son oreille. Il débarque pour me demander si c'est grave de pas faire de bébés avec sa toute nouvelle femme parce qu'ils se sont endormis comme des grosses masses une fois dans leur chambre, tous les deux. Je lui ai répondu qu'on était plus au Moyen-Age et qu'ils pourraient encore plus en profiter plus tard... Je rigolais, content d'un côté d'avoir la fin de l'histoire. Thomas me regarda et grimaça. Oh, pardon, tu n'as peut-être pas envie d'avoir les détails de la vie sexuelle de ta sœur.
- T'en fais pas, elle me les raconte toute seule comme une grande.
Je sentais les yeux de Thomas qui ne me lâchaient pas. Il rigola aussi et sa main se posa sur ma cuisse, m'empêchant doucement de m'échapper. Mes yeux trouvèrent son regard et une once de chaleur me prit les joues.
- Est-ce que tu peux m'embrasser ? Il murmura du bout des lèvres.
Mon cœur s'affolait, je posais mon pinceau maladroitement et me penchais au-dessus de lui. Il en avait envie, j'en avais envie. Nos lèvres se rencontraient dans un baiser doux. Il m'attira contre lui, m'asseyant sur ses genoux. Thomas mordillait ma lèvre, m'embrassant encore plus intensément. C'était comme un rêve. Ce mec me rendait fébrile. J'avais envie qu'il m'embrasse encore, qu'il ne s'arrête pas. Thomas resserra son étreinte dans un ultime baiser et se ravisa, posa sa tête contre mon épaule, ses mains toujours posées sur mes hanches. Il soupira longuement, inspira un instant mon parfum dans le cou.
- Magique... t'es magique... Il murmura presque trop bas.
J'avais l'impression de rêver, de flotter dans le cosmos et de caresser du bout des doigts la douceur infinie d'un nuage trop vaste pour être pris à bras le corps... C'était magique, en effet... et terriblement grisant.
A suivre...
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