Chapitre 13 : Réconfort...
POV : Newt
J'ai enfilé ma veste, le diner s'éternisait et je ne supportais plus d'être dans cette maison. Le dessert s'était déroulée dans une ambiance détendue pour les invités. Thomas se rongeait les ongles, il avait fait de la charpie avec sa part de gâteau et n'avait pas levé les yeux de son assiette. Il savait que je les avais entendu parler, avec ma sœur dans la cuisine, et visiblement, ça le minait. Il n'osait pas m'adresser un regard.
J'ai remballé mes affaires, attrapant ensuite mon sac et mon casque de moto. Minho était en train de discuter, assis dans le canapé avec Alby et Gally. Ma sœur était assise dans la cuisine, avec Brenda et Rachel, autour d'une tasse de thé. Je fis signe à Minho que je m'en allais et il me salua de loin. Il avait compris que je voulais fuir, déjà depuis trois bonnes heures, et il n'allait pas s'éterniser avec moi sur le pas de la porte. Sonya se leva pour m'accompagner sur le pas de la porte.
- Newt, faut qu'on parle... Ecoute, je... Elle commençait, visiblement dans ses petits souliers. En réalité, je n'avais aucune envie de parler avec elle. Son comportement à mon égard avait été détestable aujourd'hui, sur tous les points de vue et je n'avais pas envie de me coltiner ses excuses.
- Non, Sonya, pas ce soir. J'ai simplement répondu. Mon éclat face au discours de Gally et sa réaction ne m'avait pas laissé indifférent. C'était les mots exacts que mon père avait utilisé plus d'une fois pour me rabaisser, Sonya le savait très bien. Elle n'avait jamais pris la défense de mon père mais elle entendait son discours. Et avoir Gally à sa table qui servait les mêmes paroles à Thomas m'avait foutu hors de moi. Je n'avais pas envie d'entendre la leçon de morale de ma sœur. Je vais rester quelques temps loin de cette maison... je crois que c'est mieux ainsi. J'ai fini par dire avant d'ouvrir la porte et de sortir.
Sonya était peut-être ma sœur ainée, j'avais beau l'aimer de tout mon cœur, je détestais quand elle se comportait comme un tyran et gueulait pour tout, essayant de me mener à la baguette. Elle m'avait imposé ce repas horrible, elle avait voulu me faire taire, me faire plier et ça m'agaçait au plus haut point. Certes, c'était sa maison, mais un minimum de respect pour son petit frère, c'était la moindre des choses. Je n'avais pas passé une bonne soirée. Je n'avais qu'une hâte, rentrer chez moi et me rouler sous ma couette avec mes chats pour oublier tout ça. Ce programme-là me plaisait bien.
Sonya a tenté de protester mais elle s'est abstenue finalement. Elle a compris qu'elle avait dépassé les bornes. Elle me connaissait assez bien pour savoir que ce genre de comportement envers moi ne passait pas du tout. Je lui ai offert un sourire et j'ai fermé la porte d'entrée derrière moi. En avançant dans l'allée, j'ai aperçu Thomas qui fumait une cigarette, assis sur la marche. Je me suis arrêté à côté de lui et je lui ai tendu mon casque de moto.
- J'y vais. Je te ramène ou tu dors ici ? Je lui ai demandé.
Thomas a relevé les yeux vers moi. Malgré la pénombre, je distinguais ses contours rougis. Il avait pleuré. Il souffla sa fumée et écrasa sa cigarette avant de prendre le casque.
- Je... Je veux bien que tu me ramènes. Cette soirée est un cauchemar. Autant que ça se termine plus vite. Il a lâché, tant pour moi que pour lui-même. Je vais chercher ma veste, tu m'attends ?
J'ai hoché la tête avec un sourire. Bien sûr que j'allais l'attendre.
Thomas est descendu de la moto au pied de son immeuble. Je m'étais garé sous le porche, comme la dernière fois, lorsque je l'avais ramené chez lui. Il a enlevé son casque et m'a jeté un drôle de regard. Il a tourné la tête vers la porte du hall et il a déglutit.
- Je ne t'ai jamais remercié pour m'avoir ramené la dernière fois et pour avoir pris soin de moi... Jamais personne ne m'avait porté autant de soin. J'ai vu que t'as même changé l'ampoule des toilettes alors que j'ai jamais pris le temps de le faire... Il m'a dit avec une voix toute basse, comme s'il était au bord des larmes ou qu'il avait peur que je l'entende.
Il était redevenu le Thomas vulnérable, terriblement rongé par ses démons. Il semblait si fragile. J'ai retiré mon casque et je l'ai posé devant moi. Il semblait vouloir dire quelque chose.
- C'est rien. Je me suis juste pris la commode deux fois et ça m'a énervé alors j'ai décidé de t'acheter une ampoule. J'ai dit avec un petit rire. T'avais une sacrée fièvre, je me voyais mal te laisser comme ça, sans rien faire.
Il s'est à nouveau tourné vers moi, tout son corps s'est approché. Il m'a paru tremblant, à deux doigts de voler en éclats, s'effondrer dans les larmes. Je me demandais ce qui le chamboulait autant.
- La vérité, c'est que je déteste cet appart. Il a dit. Il s'est finalement assis sur la marche du porche et s'est allumé une cigarette. Je déteste vivre là, je ne veux jamais rentrer chez moi. Personne ne me rend jamais visite ici.
J'ai froncé les sourcils un instant. Je comprenais qu'un appart comme ça, sous les combes, au quatrième étage, sans plante, sans chat, sans couleur aux murs, sans ampoule dans les WC et sans rien de joyeux dedans, ne donne pas envie d'y vivre. En plus, il y faisait froid et la faïence de la salle de bain était moche. Et en le regardant comme ça, j'ai eu envie de le serrer dans mes bras. Je savais qu'il allait mal, qu'il était mal dans sa peau, que d'une certaine manière il se détestait. Mais il pouvait être si brillant, si charmant aussi et j'avais réellement de l'affection pour lui. Il me plaisait dans sa dualité, dans ses myriades d'humeurs et ses baisers étaient une sensation encore chaude sur mes lèvres. Eko, Vampire et Cactus ne m'en voudraient pas de ramener un petit Thomas blessé et triste chez eux.
- Alors, va faire ton sac. Prends de quoi t'habiller pour trois, quatre jours. J'ai dit en m'agenouillant face à lui pour que ses yeux ambrés rencontrent les miens. Je n'ai pas envie d'être seul ce soir et t'as pas envie d'être dans ton appart. Viens chez moi. Rentre à la maison avec moi. Il est hors de question que je te laisse là...
Je crois que je le voulais pour moi aussi, sentir sa présence près de moi, le voir évoluer dans un autre environnement. Pouvoir lui parler. Pouvoir l'écouter. Pouvoir le regarder. Profiter de sa présence à mes côtés pour en découvrir plus sur lui. Et le voir sourire. Rire à nouveau, comme cette fois-là, au mariage de Minho et Sonya, où son rire avait transcendé mon âme.
- Vraiment ? Il m'a demandé avec un regard étonné, comme si, naïvement, je racontais des bêtises et qui voulait y croire.
- Oui, vraiment. Allez, dépêches-toi avant que mon offre n'expire... Je lui ai répondu avec un petit rire et je me suis redressé.
- Attends-moi là, j'en ai pour deux minutes, il m'a dit avant de se redresser d'un bond et de filer vers le hall, me laissant dans la pénombre du porche de son immeuble.
J'ai attendu quelques minutes, le temps d'écrire quelques textos à Teresa, lui racontant les grandes lignes du diner chez Sonya et mon invitation pour Thomas. Je crois que dans le fond, j'étais assez content de mon audace. Il faut dire que j'avais un peu de mal à suivre tous les rebondissements de cette histoire. Ce que je savais, c'est que Thomas m'avait plu dès le premier instant où il est apparu devant mes yeux. Et quel que soit son bagage, passé ou autre, j'avais désormais envie de faire partie de sa vie. Il est vrai que son comportement à mon égard n'était pas toujours sans faille, mais maintenant j'avais une explication à beaucoup d'interrogations. Je profitais de ce temps d'attente dans le silence et la fraîcheur du soir pour faire le processus, comprendre et analyser les informations. Traiter les infos dans mon cerveau. J'avais eu la bonne idée de me pointer dans la cuisine au moment où Sonya et Thomas semblaient en grande discussion. Il avait lâché une vérité sur lui, qui, à en croire sa réaction, était avérée. Il était pute. Il vendait du sexe contre de l'argent. Cette information manquante dans ma connaissance de Thomas venait remplir le puzzle. Tout faisait sens désormais. Les morsures au mariage, le fait qu'il pense que j'attendais forcément quelque chose de lui en retour de mon invitation au café, cette Ava qui lui offrait une récompense s'il remontait avec elle. Il gardait cela secret, c'était sûr. Il en avait honte. Minho et Sonya étaient au courant et je pense même que c'était les deux seuls au courant. Je soupirais un bon coup, soulagé d'avoir dénouer quelques nœuds dans mon cerveau. Thomas ne tarda pas à redescendre, un sac sur le dos et un sourire discret aux lèvres, me coupant dans mes réflexions et évitant que je soulève d'autres questions.
- Vous êtes prête, princesse ?
Un sourire se traça sur ses lèvres, un sourire franc et ça me fit plaisir à voir. Il se rapprocha de moi, ajustant son sac à dos correctement et attrapa son casque. Il avait l'air plus serein, comme apaisé. Les rides d'inquiétude qui lui barraient le front depuis le diner semblaient disparaitre. Je l'ai approché doucement, coinçant mon corps entre lui et la moto et ma main a délicatement caressé sa tempe. Puis j'ai souri et je lui ai soufflé de mettre son casque.
En réalité, à ce moment-là, j'avais très envie de l'embrasser mais j'ai hésité. Je ne pense pas que ça soit une bonne idée ainsi. Il faut dire que la situation entre nous était quelque peu étrange. Je ne suis pas sûr que Thomas soit réceptif de toute manière. J'ai redémarré ma moto. Thomas est grimpé derrière moi et il a serré ma taille, comme la première fois, pour ne pas tomber. J'ai démarré et on a filé à travers la ville.
J'aimais bien la moto. J'en conduisais une depuis mes dix-huit ans, j'avais travaillé tous les étés pour économiser et m'acheter une bonne moto. Mes parents avaient participé pour deux anniversaires et un Noël, histoire que je puisse en profiter longtemps. Elle était mon seul moyen de transport. J'avais essayé la voiture mais j'avais mal fini. L'alcool avait fait le boulot aussi et pour ça je m'en voulais assez pour ne plus jamais reprendre le volant, ni boire une goutte avant de conduire. Mon père me raillait trop souvent à ce propos.
On a filé dans la nuit, jusqu'à arriver dans mon quartier. J'ai ralenti et je suis rentré dans la petite cour d'immeuble pour garer ma moto sous l'auvent dédié. Thomas est descendu lorsque j'ai éteint le moteur. Il a regardé autour de lui avec curiosité, levant les yeux pour admirer les balcons et l'ensemble d'immeubles anciens qui abritait mon appartement. Certains intérieurs allumés réverbéraient à l'extérieur. A chaque étage, une coursive permettait d'accéder aux appartements. Le mien était au premier, tout au bout, si bien que l'angle me servait de balcon. J'y avais installé une petite table et une chaise ainsi qu'une grosse plante. C'est souvent là que je prenais mon café, les dimanches matins, profitant des rayons du soleil pour réchauffer ma peau et me réveiller en douceur. J'indiquais le chemin à Thomas.
- J'espère que tu n'es pas allergique aux chats... Je lui dis en ouvrant la porte de mon appartement. Il secoua la tête, pour nier et un sourire se traçait sur son visage. Eko arrivait en miaulant. Je l'attrapais et intimais à Thomas ne refermer la porte derrière lui. Le ronron de ma boule de poils blanche se fit entendre, alors que je le grattais derrière la tête. Lui, c'est Eko, c'est le plus sociable des trois. Je lançais un coup d'œil à mon salon, cherchant les deux autres. Thomas s'avança, contemplant l'intérieur de mon appartement avec une certaine curiosité.
- C'est trop beau chez toi. Il me dit en enlevant sa veste. Il s'avança, tentant une approche douce vers Eko, toujours lové dans mes bras. Mon chat lui donna un petit coup de tête pour l'inciter à le caresser. Je lui tendis, content de lui coller dans les bras. Thomas l'attrapa délicatement et couvrir Eko de caresses, au plus grand bonheur du chat. Mais il est adorable... Souffla-t-il, alors qu'il arpentait le salon en chaussettes, caressant encore et encore Eko. Il n'y avait pas de raison pour qu'Eko ne fasse pas fondre le cœur de Thomas... Comme de la guimauve.
- Il est légèrement dépendant affectif aussi. Maintenant que t'as commencé à le caresser, tu ne pourras pas t'arrêter sous peine de sanctions. Je lui dis pour déconner. Les deux autres doivent encore dormir...
- Ils s'appellent comment les autres ? Thomas me questionna, alors qu'il s'asseyait sur le bord du canapé. Eko se lovait tout contre son ventre, faisant des biscuits avec ses pattes, près à s'installer, sous les caresses incessantes du brun.
- Vampire, que voilà... Je lui dis en désignant ma chatte noire qui descendait l'escalier de la mezzanine. Et le dernier, c'est Cactus. Il est vieux, il a quatorze ans. Je donnais une petite caresse de bonjour à Vampire qui se frottait contre ma jambe et lui servis des croquettes. Je relevais la tête vers Thomas, qui caressait encore et encore Eko, sans discontinuer, il lui murmurait des mots doux, un vaste sourire sur les lèvres. Eko avait le don d'apporter de la douceur et de l'amour brut, dès qu'il enclenchait son ronron. Tu veux boire un truc ? Je comptais me faire un thé et regarder un film sous mon plaid avec mes chats, j'avoue. Je lançais en attrapant la bouilloire pour la remplir d'eau.
Ma cuisine était aménagée dans un petit coin du salon, l'ilot central me donnait vu sur le salon et sur Thomas. Vampire ne tarda pas à aller renifler Thomas et s'installer près de lui, sur le dossier du canapé, pas trop près, mais pas trop loin quand même. Elle le regardait avec son air farouche et fit un mouvement de recul lorsqu'il tendit la main pour lui gratter le cou.
- Elle est moins sociable, elle... Il se tourna vers moi et me dit. Je veux bien un thé aussi, si tu en fais. A vrai dire, juste un film et des câlins de chatons, ça me va très bien. Ce diner était éreintant. Il baissa les yeux et les traits de son visage semblaient réellement traduire sa fatigue.
Je mis l'eau à chauffer et montais chercher deux plaids dans ma chambre, j'en profitais pour retirer mes vêtements de diner et passer un short et un sweat, histoire d'être plus à l'aise. Je fis surpris par le rire de Thomas, en bas et lorsque je passais la tête dans l'escalier pour voir ce qui se passait, Vampire avait établi domicile autour de son cou, s'allongeant sur ses épaules.
- Newt, je suis désolé, je ne peux plus bouger. Je suis désormais un arbre à chat !
J'ai souri. J'ai senti une vague de chaleur dans mon cœur, Thomas était dans mon appartement et mes chats l'avaient adopté. C'était juste magnifique comme tableau. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Je suis redescendu avec des plaids et je suis allé finir de préparer mon thé avant de m'asseoir à côté de lui dans le canapé et allumer ma télé.
Après la soirée horrible qu'on avait passée, on méritait bien un peu de réconfort. Non ?
ça vous plait ? To be continued, Love, Ali.
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