8 - Partie 1
Nicholas revient quelques minutes plus tard, la mine bouleversée. Il se rassoit tranquillement à mes côtés, attrape sa bouteille et la vide d'un seul trait. Je repousse mon plateau d'une main, je n'ai plus faim.
— Tu vas mieux ? demandé-je en essayant de ravaler la colère qui commence à monter en moi, depuis que j'ai lu le message apparu sur son téléphone.
— Un peu mieux, oui, répond Nicholas.
— Tant mieux. Tu as reçu un message, annoncé-je.
Il se retourne vers moi, avant de baisser le regard sur son smartphone que je lui tends.
— Merci, dit-il tout simplement en le récupérant.
Il déverrouille son écran, puis fait glisser la barre des notifications avant de cliquer sur le message. Je continue de l'observer, en essayant de lire du mieux que je peux sur son visage. Une mèche lui retombe délicatement devant les yeux. Avec la lueur de son écran, il devient de plus en plus séduisant. Je me mords la lèvre inférieure en réprimant l'irritation que je ressens à cet instant-là.
Visiblement, Nicholas n'affiche aucune émotion, sans doute toujours chamboulé face à ce qui lui est arrivé il y a quelques instants. Il ne répond pas à son ami et décide de verrouiller son smartphone.
Il se tourne vers moi en désignant ma bouteille d'eau.
— Je peux te prendre un peu d'eau ? me demande-t-il.
— Vas-y.
— Merci.
Il attrape ma bouteille et fait couler le liquide entre ses lèvres sans toucher le goulot. C'est à ce moment que je décide de lâcher ma bombe :
— J'ai lu le message.
Nicholas s'étrangle et manque s'étouffer. Il tousse longuement, avant de se retourner vers moi, les yeux larmoyants.
— Quoi ?
— Alors, comme ça tu essaies de détruire ma vie..., dis-je. C'est intéressant... Où en es-tu ?
Le visage de Nicholas se décompose. Je n'attends pas plus longtemps, je prends mon plateau-repas et me lève.
— Attends, Jade ! me retient Nicholas. Je peux tout t'expliquer !
L'envie de partir immédiatement me vient à l'esprit. Cependant, je ne suis pas ce genre de personne à fuir les autres. Je repose mon plateau et décide de rester debout, en attendant ses explications.
— C'est un malentendu, dit-il. Je... Mon meilleur ami a dû mal interpréter les choses...
— Quelles choses ? demandé-je froidement.
— Eh bien... Je lui ai tout raconté à propos de nos péripéties lors des services... Je lui ai précisé que tu ne me supportais pas.
Je plisse des yeux en essayant de détecter le mensonge dans ses phrases. Malheureusement, tout me semble pertinent. Sans doute son ami a-t-il vraiment mal interprété les évènements, en imaginant que Nicholas avait élaboré un plan pour détruire ma vie. Puis, tout à coup, un détail me revient en mémoire.
— A ce propos... Comment se fait-il que tu m'aies lancé un sourire machiavélique quand tu as fait exprès de renverser toutes les assiettes sur les clients de la soirée d'hier ?
Nicholas reste de marbre, sans ciller.
— Je n'ai jamais fait ça ! nie-t-il. Je te l'ai déjà dit hier soir.
— Et je le répèterai une deuxième fois : tu mens ! m'exclamé-je en pointant un doigt accusateur dans sa direction. Tu ne peux pas nier que tu avais fait exprès de saboter mon service ce soir-là !
— De quoi tu parles ?!
— Comment un runner peut être aussi mauvais dans ce qu'il fait ? Ce n'est tout simplement pas possible, d'autant plus que ce n'était pas ton premier service au Rivage !
— Alors c'est ça... Tu penses que tout le monde doit être « parfait » comme toi au bout du troisième jour, riposte Nicholas avec mépris.
— Tu m'avais lancé un de tes foutus sourires de sadique ! répliqué-je. Tu ne peux pas prétendre n'avoir jamais fait ce que j'ai vu de mes propres yeux !
Le regard de Nicholas se refroidit instantanément. Il ne sait plus quoi répondre, sans doute pris sur le fait. Il m'a menti. Combien de fois l'a-t-il fait ? Combien de fois a-t-il prétendu vouloir devenir meilleur, alors qu'au fond, il se concentrait essentiellement sur son plan de destruction ?
Un pincement au cœur me fait frissonner. Après notre dernière soirée ensemble, j'avais pensé que tout marcherait désormais bien entre nous deux. Comment ai-je pu être aussi stupide ? Comment ai-je pu sympathisé avec cet homme qui s'est montré abject dès notre premier contact ? Et puis, pourquoi tant s'acharner sur moi ? Pourquoi me déteste-t-il autant pour vouloir détruire ma vie ainsi ?
— Alors c'est bien ce que je pensais..., conclus-je, d'une voix blanche, tout en reprenant mon plateau. Tout avait été voulu...
Nicholas ouvre la bouche pour répondre mais je l'en interdis en levant ma main.
— Cela ne sert plus à rien de me mentir davantage. Le message de ton ami le prouve assez.
J'observe Nicholas, dont le visage s'est complètement fermé, le regard planté dans le vide, comme s'il avait abandonné la partie. Au fond, c'est surement le cas. A quoi cela lui servirait-il d'avoir mon pardon ?
— Je suis vraiment désolé, murmure-t-il d'un ton sombre. Lorsque tu m'avais découvert dans la buanderie avec la cliente, j'ai eu du mal à supporter ce que tu me disais. Je n'ai pas pu résister à l'envie de saboter ton service.
— Tes sabotages ne remontent pas à la soirée d'hier, remarqué-je. Ils remontent au jour de ton arrivée. Tu n'as pas cessé de n'en faire qu'à ta tête et de faire comme s'il n'y avait aucune règle qui régisse les comportements à adopter en salle.
— Je suis désolé...
La mine de Nicholas s'assombrit de plus en plus. Il baisse le regard et attrape ma bouteille d'eau pour la terminer. Soudain, un déclic se fait dans ma tête. Ma colère retombe instantanément, tandis que l'évidence me saute aux yeux. Je ne peux m'empêcher de vouloir essayer de comprendre ce qui se cache derrière cet homme. Mon intuition me dit qu'il a eu une bonne raison de planifier un sabotage, et ce n'est sûrement pas à cause de mes réprimandes. C'est encore plus profond... Sinon, pourquoi mettre autant d'efforts à détruire ma vie et ce, dès le départ ? Et puis, d'après ce que je sais, on ne s'est jamais connus et je ne lui ai jamais rien fait de mal pour qu'il m'en veuille d'une certaine manière.
Sans réfléchir, je repose le plateau et m'assois aux côtés de Nicholas. Il tourne la tête vers moi, étonné.
— Tu n'es pas censée partir en mode furie ? me demande-t-il.
Je ne peux m'empêcher de sourire.
— Tais-toi et laisses-moi parler.
Nicholas pousse un soupir exaspéré en se levant.
— Je t'arrête tout de suite, Jade. Si tu veux continuer à me rabattre tes petites morales et d'autres ordres pour me montrer ta supériorité qui paraît déjà tellement évidente, laisses tomber. Je ne suis vraiment plus d'humeur à supporter tout ça une nouvelle fois.
— Je suis désolée. Assieds-toi s'il te plaît, j'aimerais juste comprendre un peu plus ce qui se passe.
— Ce qui se passe ? répète Nicholas. Tu le sais très bien. J'ai voulu détruire ta vie, tu l'as découvert, point final.
— Oui, je le sais tout ça, dis-je en chassant d'une main toutes ses paroles. J'ai juste l'impression que tu ne me dis pas tout. Lors de ton premier soir au Rivage, j'ai bien vu que tu avais l'air de mauvaise humeur. On ne se connaît pas, je le sais, mais c'est une impression comme une autre, que j'ai eu. Et aussi... tu avais plutôt l'air d'avoir été forcé à venir travailler ici.
Nicholas fronce les sourcils, un peu dérouté par mes réflexions.
— Comment peux-tu en être si sûre ? demande-t-il, avec méfiance.
— Ce sont juste des suppositions, je réponds avec calme. Je t'en fais part maintenant, car je sais que tu as essayé de détruire ma vie pour une autre raison.
Un rire s'échappe de la bouche de Nicholas. Un rire moqueur, froid, dénué d'émotions.
— Tu n'en sais rien du tout, Castle.
Mon cœur rate un bond en entendant mon nom.
— Je pense sincèrement que tu m'as assez menti, Golding, répliqué-je sur le même ton que lui, en reprenant l'utilisation du nom de famille. Si pour une fois, tu me dis enfin la vérité, je pourrais mieux te comprendre et essayer d'oublier ce que tu as voulu me faire subir.
Nicholas m'observe avec une telle méfiance, que cela m'en donne la chair de poule. Avec une telle réticence de sa part, je suis à présent convaincue qu'il me cache réellement la véritable raison de ses ambitions machiavéliques. Je continue :
— Je sais que jusqu'à maintenant, j'ai été un chef de rang très autoritaire et surtout incompréhensive à ton égard. Je m'en excuse sincèrement. C'est tout nouveau pour moi, et je t'avoue qu'au début, je ne savais pas trop comment me comporter avec toi, jusqu'au jour où tu commences à être de plus en plus désagréable et de moins en moins obéissant.
Le visage de Nicholas s'adoucit petit à petit. Le soulagement s'empare de mon être, et je poursuis dans ma lancée :
— Hier soir, grâce à toi, je me suis rendu compte que j'y suis allée un peu loin... Cela ne me ressemble pas du tout et notre altercation de la soirée m'a enfin ouvert les yeux sur ce qui se passait. J'aimerais vraiment faire des efforts, seulement si toi aussi, de ton côté, tu en fais autant. Je sais que ta vie ne me regarde absolument pas, mais je sens que j'ai besoin de savoir la vraie raison de tout ce cirque que tu nous as fait ces derniers jours. Je pense que ça pourrait tellement nous aider à mieux nous entendre.
A m'entendre, j'ai presque envie de rigoler. Il y a quelques instants, j'étais en colère et Nicholas tentait de m'expliquer la situation pour se faire pardonner, et à présent, c'est à peu près tout l'inverse. Je suis en train de l'implorer de me dévoiler la vérité pour lui offrir mon pardon. Quand j'y pense, cette situation est totalement étrange.
Nicholas pousse un soupir résigné avant de s'installer à mes côtés. Il se tourne vers moi.
— Tu ne me laisses pas vraiment le choix, Jade. Je sais très bien que tu ne lâcheras pas l'affaire avant d'avoir des réponses à tes questions.
Je souris.
— Tu me connais beaucoup plus que je l'espérais.
Il détourne le regard avant de se lancer :
— Tu as raison. J'ai été contraint de travailler au Rivage. Tu auras certainement du mal à le croire, et peut-être même que tu te moqueras de moi, mais... ce sont mes parents qui m'y ont obligé.
— Tu vis encore avec eux ? demandé-je, sans jugement.
— Oui. C'est assez compliqué et très personnel, donc je n'entrerais pas dans les détails.
— Je comprends.
— La première idée qui m'est venue pour m'échapper d'ici, était de ruiner ta carrière. J'ai cru comprendre qu'elle est très importante pour toi. Mon plan était donc de la détruire pour que tu puisses demander mon licenciement auprès de Anders.
— Pourquoi n'as-tu pas seulement démissionné ? le questionné-je en sentant mon cœur battre un peu plus fort.
— Le licenciement aurait eu plus d'impact sur les décisions de mes parents. Ils auraient compris que, bien malgré moi, je n'étais pas fait pour ce travail.
— Je t'avoue que j'ai un peu du mal à te croire, soufflé-je avec appréhension.
Nicholas se retourne vers moi, une fureur dans le regard.
— Je savais que tu ne comprendrais pas. Peu importe, que tu me croies ou non, cela ne changera pas grand-chose.
— Ecoute, dis-je, tu devrais me comprendre, tu m'as menti pas mal de fois déjà.
— Deux, trois fois seulement.
— Je dirais un peu plus.
Il sourit faiblement en secouant la tête et se lève.
— Je ne sais pas vraiment ce que tu espères de cette conversation. Quoi qu'il en soit, je ne veux plus en reparler car tout ce que je viens de te dire n'est que la pure vérité.
Je me lève à mon tour avant de croiser les bras devant ma poitrine.
— Je voulais juste essayer de comprendre la situation. Une partie de moi t'en veux toujours pour ce que tu as voulu faire, et l'autre partie compatit et te laisse le bénéfice du doute.
— Très bien, répond Nicholas tandis que son visage se détend enfin. En tout cas, j'aimerais vraiment que tu saches que je suis désolé.
— J'essaie de m'en convaincre. Comment vas-tu faire à présent pour quitter ton poste ?
Il détourne le regard.
— J'ai un autre plan en tête.
Il se retourne vers moi et m'adresse un sourire rassurant.
— Ne t'en fais. Cela n'a plus rien à voir avec toi. Et il est hors de question que je fasse souffrir une autre personne.
Il prend une pause avant d'ajouter, cette fois-ci, les yeux dans les yeux :
— Et puis, finalement, j'ai fini par apprécier ce nouveau travail. J'y ai vraiment pris goût, grâce à toi.
— Je l'espère bien.
Sourires, puis le silence gênant s'impose. Nos regards s'esquivent, chacun essaie d'éviter l'autre. Je jette un coup d'œil à ma montre.
— Bon. Le service nous attend, annoncé-je.
— Quand le devoir nous appelle...
Nous nous regardons pendant une petite seconde avant de prendre nos affaires et de regagner les vestiaires. Cette fois-ci, je suis à peu près sure que le service de ce soir se passera sans problèmes.
POINT DE VUE DE NICHOLAS
Je n'arrive pas à y croire. Après que Jade m'ait avoué qu'elle avait vu le message envoyé par Maxim, j'ai vraiment cru que plus rien ne pourrait sauver cette nouvelle complicité qui était née entre nous depuis hier soir. Décidément, je me suis trompé sur toute la ligne. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle change tout d'un coup d'humeur et surtout de point de vue. Elle a été à l'écoute, elle a essayé de me comprendre, et elle a mis sa colère de côté en me montrant que, encore une fois, elle me faisait confiance. Cette fille est un pur joyau. J'aurais mis ma main à couper qu'elle me giflerait et partirait sans demander plus d'explications. Pour la deuxième fois dans ma vie, je peux déclarer que j'ai de la chance. Après ce retournement de situation imprévu, il m'est désormais impossible de mentir et de décevoir Jade encore plus. A présent, je me rends compte qu'elle a toujours fait énormément d'efforts pour moi, et qu'elle mérite pour une fois que je sois à la hauteur de ses attentes. Malgré les reproches que je lui ai faits hier soir, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est parfaite pour ce poste de chef de rang. Au moins, ce soir, elle m'aura appris une chose importante : il suffit d'être à l'écoute pour faire la paix.
Je referme mon casier et prends la direction du restaurant. Pour une fois, depuis mon arrivée au Rivage, je me sens beaucoup plus léger et serein. M'être confié à Jade sur ma situation m'a réellement fait un bien fou, même si elle ne connaît que les grandes lignes. Il est hors de question qu'elle sache que je suis un ancien agent secret. Bon sang, rien que le mot « ancien » me met la boule au ventre.
— On a de la chance, m'annonce Jade lorsque j'arrive dans l'office. Il n'y a pas beaucoup de réservations pour ce soir, cela nous laissera un peu de répit.
Ses yeux pétillent et elle paraît beaucoup plus décontractée que d'habitude. Je prends plaisir à la regarder, et je me rends compte que j'aime vraiment la voir dans cet état. Elle inspire tout simplement le bonheur, une certaine légèreté, et surtout une paix intérieure. C'est vachement beau à voir.
— Super, m'enthousiasmé-je. On va pouvoir glander un peu, non ?
— Non. Dans ces moments, il faut s'attendre à tout.
— Oh, tant pis.
Florence arrive quelques minutes après, le chignon en bataille, comme si un chat venait de se jeter sur elle, les griffes accrochées à sa coiffure.
— Que t'est-il arrivé ? s'exclame Jade.
Florence paraît essoufflée. Elle passe devant moi en tapant dans ma main, puis dans celle de Jade pour nous saluer, avant d'ouvrir le réfrigérateur un peu plus loin. Elle attrape sa bouteille d'eau et en vide la moitié.
— Je suis sacrément en retard, dit-elle finalement, après s'être tamponné les lèvres avec un mouchoir en papier. Je devais arriver à la même heure que vous, mais...
— Florence ! la coupe une voix dans son dos.
Bien évidemment, Anders arrive toujours au parfait moment pour prendre les membres de son équipe en flagrant délit. Je me souviens qu'au tout début de cette semaine, j'avais éprouvé un peu de sympathie pour ce grand gaillard. Agé d'une cinquantaine d'années, il paraît en avoir plus et sa tête inspire rapidement confiance. Au premier abord, il donne l'impression d'être le grand-père attentionné qui sera le premier à vous féliciter à chacun de vos exploits. Au deuxième jour, on se rend rapidement compte que c'est plutôt le contraire et qu'on a affaire à une tout autre personne. Et cette fois-ci, il donne l'impression d'être le commandant d'une armée de soldats, toujours à l'affût de nouvelles reproches à faire. Il me rappelle vaguement mes années durant lesquelles j'ai été surentraîné à la SSD. La nostalgie m'envahit.
— Rappelles-moi à quelle heure tu devais arriver ?
Florence serre sa bouteille, avec cette envie de s'enfuir qui se voit à travers son regard.
— 16 heures...
— Et il est quelle heure ?
Si je ferme, ne serait-ce qu'un instant, les yeux, je me croirais des années en arrière, lorsque j'étais à l'école primaire. Je jette un coup d'œil vers Jade qui tente de ne pas se faire remarquer. Je l'observe en train d'essayer de trouver quelque chose à faire pour passer inaperçue. Je souris, amusé.
— 18 heures, répond une nouvelle fois Florence. Je suis désolée pour le retard, Anders. Je me suis déjà expliquée avec Carlton. Je l'ai croisé dans les couloirs.
— Que cela ne se reproduise plus dans ce cas, dit Anders en lui lançant un regard mauvais.
Il tourne aussitôt les talons pour rejoindre la salle. Florence souffle un coup avant de nous regarder tour à tour.
— Si le chef barman n'était pas absent ce soir, je n'aurais pas eu à me justifier auprès de cette asperge.
Jade étouffe un rire, je me contente de sourire.
— Au moins tu n'as pas eu droit à l'une de ses punitions, remarqué-je.
Florence referme sa bouteille avant de la ranger.
— Ouais, carrément. J'en ai de la chance, comparé à vous deux.
Je tourne la tête vers Jade, on se sourit, je hausse les épaules.
— Bah, pour tout te dire, ça s'est plutôt bien passé hier soir.
— Tant mieux pour vous ! Bon, je file avant qu'il ne revienne !
Lorsqu'elle franchit la porte menant à la salle, je me tourne de nouveau vers Jade.
— Ça te dirait d'aller boire un verre après le service ? proposé-je. Je t'invite pour me faire pardonner.
Elle rougit pour la première fois depuis que je la connais.
— Euh... Oui, pourquoi pas.
Elle détourne un instant le regard avant de reporter son attention vers moi.
— Mais ne penses pas que tu peux t'en tirer aussi facilement, prévient-elle, avec un air de défi. J'ai été clémente envers toi, mais je n'ai pas oublié...
— Je n'en doute pas !
Je la taquine un peu avant qu'elle décide finalement qu'il est temps pour elle de rejoindre la salle et son équipe. Je profite du temps qu'il me reste avant l'arrivée des premières commandes pour faire un tour rapide des locaux, histoire que tout soit en ordre.
Je passe furtivement devant une porte vitrée ayant une vue d'ensemble sur les tables dressées pour la clientèle. Je jette un coup d'œil, et mon regard se pose instantanément sur le premier client de la soirée : l'homme au fauteuil roulant qui m'avait rappelé mon père biologique lors de mon premier service. Je le vois fréquemment d'ailleurs. Je présume qu'il doit être un habitué et surtout fidèle client du rang de Jade. Elle se plie toujours en quatre pour satisfaire ses moindres demandes, et j'ai pu constater qu'ils discutent souvent ensemble lors de la prise de commande, et parfois lors du repas. D'après les bons de commande relatifs à la table qu'occupe souvent l'homme, j'ai pu découvrir qu'il a pour nom : Montgomery. D'une certaine façon, cette découverte m'a soulagé. Au moins, je sais à présent qu'il n'est pas mon père biologique. Je ne sais pas ce qui serait arrivé si ça avait été le cas.
Je me penche encore plus pour mieux apercevoir ses traits du visage. De loin, il a une grande ressemblance avec mon paternel ; mais lorsque je plisse les yeux pour mieux le voir, je m'aperçois qu'il possède des caractéristiques physiques que je ne reconnais pas.
Le visage de Jade me coupe dans mes réflexions. Il est tourné vers moi, le regard éberlué, avec l'air de dire « Mais qu'est-ce que tu fous ? ». Je lui fais un signe de la main pour la narguer, puis retourne rapidement à mon poste. Cette fois-ci, je sens que je suis vraiment prêt à fournir des efforts.
***
PETITE NOTE DE L'AUTEUR :
Vous l'aurez sans doute remarqué, ce chapitre est beaucoup plus court que les précédents. Ayant un emploi du temps assez chargé, et étant plongée dans une galère incroyable pour écrire le chapitre 10 de Double Jeu, j'ai décidé de diviser les prochains chapitres en deux parties. Cela vous permettra non seulement d'avoir un chapitre toutes les semaines, mais aussi d'avoir un chapitre beaucoup plus court à lire (je sais que la longueur de mes chapitres peuvent parfois décourager certains ^^).
Maintenant que le message est passé, j'aimerais prendre le temps de vous remercier. Oui, vous, chers lecteurs. Merci à tous ceux qui ont lu Double Jeu et qui sont arrivés jusqu'à ce chapitre 8 :) Vos commentaires, votre avis, vos corrections et vos votes me font tellement chaud au cœur, vous n'imaginez pas à quel point.
Je suis heureuse de vivre cette aventure avec vous et j'espère que cela durera assez longtemps jusqu'à ce qu'on soit tous vieux ensemble haha ^^ Encore merci à vous, prenez soin de vous et n'hésitez surtout pas à venir me parler si le cœur vous en dit ;)
En attendant, je vais faire des efforts, tout comme notre cher Nicholas, pour terminer d'écrire ce chapitre 10 ^^ L'action arrive bientôt !
Des bisous,
- Sha
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