Chapitre neuf
Anna m'appela peu de temps après. J'étais entrain de jouer sur mon téléphone dans un parc. Je lui indiquai ma position et elle me retrouva rapidement.
-Tu veux en parler ?
-Non.
Son ton était ferme. Elle m'en parlerait plus tard. Elle s'allongea près de moi sur l'herbe. J'arrêtai mon téléphone pour faire comme elle. Le soleil se reflétait dans les feuilles du prunelier où nous étions. Anna sortit son téléphone pour prendre une photo. Ma mère adorerait. Elle pourrait le peindre. Je glissai ma main dans celle de ma sœur.
-Tu sais, l'an dernier.. quand on a mis le feu au labo de chimie... c'était peut-être un peu exagéré, tu crois pas ?
-Si. Pourquoi ? Tu veux refaire la même chose cette année Adam ? se mit à rire ma sœur en se tournant vers moi.
-Je cherche les facéties auxquelles je pourrais me soumettre.
-On pourrait se soumettre.
-Tu as déjà envie de passer du côté démoniaque Anna ?
-Non. Mais ça va arriver un jour ou l'autre.
Je lui caressai la joue avant de me redresser. On devait y aller. Lord Hamilton avait horreur que l'on soit en retard. Et vu ce qu'il s'était passé lors de notre semaine, nous ne devions pas nous faire remarquer plus que de mesure.
Nous étions habillés normalement, mais peut-être que nous aurions dû songer à nous changer. Ce fut ma première pensée en voyant les invités guindés de mon grand-père. Il écarquilla légèrement les yeux en voyant mon jean, déchiré, et je sus que j'allais me prendre une remarque. Anna avait retiré ses fausses lunettes et je vis dans ses yeux qu'elle ne se sentait pas spécialement à l'aise.
-Adam ! J'ai un costume pour toi dans ta chambre. Va te changer, m'intima Lord Hamilton. Anna, tu es très mignonne ainsi mais je crois que la robe que je t'ai fait apporter sera plus appropriée.
Toujours et encore, il avait une affection pour Anna et une douceur envers elle qui me laissait pantois. Pourquoi y'avait-il une telle différence de traitement entre nous deux ? Il lui caressa tendrement la joue et lui embrassa la tempe. Jadis, il se comportait ainsi avec moi, mais j'avais eu le malheur de devenir pubère. J'entrainai ma sœur dans les étages de l'hôtel particulier des Hamilton. Mon costume m'attendait. Je me mis en caleçon et je refusai de mettre une cravate. Il ne fallait pas exagérer. Je gardai également mes baskets en toile. Je n'avais pas envie de me dépersonnaliser uniquement pour lui faire plaisir. Anna frappa à ma porte et quand elle entra, elle se balança sur mon lit.
-Regarde ce que j'ai trouvé dans ma chambre.
Elle me tendit un écrin où se trouvait un bracelet serti d'émeraudes. Un mot l'accompagnait. Tu es une Hamilton, Anna, tu mérites ce qu'il y a de plus beau. Tu es parfaite comme tu es et ne crois pas ce que les autres diront. Je ne laisserai plus jamais quelqu'un te faire du mal. Ce bracelet est le gage de ma promesse. Grand-Père William.
-C'est d'un mignon. Donne-moi ton bras que je te le mette.
Elle me le tendit et je lui pris les mains.
-Je n'ai pas.. de bracelet où quoi que ce soit, mais je te fais la même promesse. J'assurerai toujours tes arrières.
-Moi aussi. Nous devrions descendre.
Je lui tendis mon bras et nous allâmes à la petite réception. Nous dûmes saluer des gens que nous ne connaissions pas ou très peu du moins et heureusement, j'avais une assez bonne mémoire visuelle. Nous nous rendîmes directement vers notre mère après ce petit tour. Elle nous ouvrit les bras et je regardai Anna. Cette dernière s'y fourra pendant que je serrai la main de mon père.
-Je suis désolé pour tout ça les enfants. Ce n'est pas vraiment ainsi que nous l'avions prévu.
-Non, en effet, rétorquai-je assez sèchement.
-ANNA, ADAM !
Je levai les yeux au ciel avant de me tourner vers le fils du premier ministre. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Il salua nos parents et me serra la main avant de se tourner vers Anna pour la prendre dans ses bras.
-Tu es en beauté aujourd'hui Anna.
-Je suis toujours en beauté mais merci à toi. Qu'est-ce que tu fais là ? Et où est la charmante fille avec qui tu étais hier ?
-Je pourrais te poser la même question sur le blond à lunettes.
Anna le fixa avec un air tellement étrange qu'il dut se reprendre et elle comprit enfin de qui il parlait.
-Tu es sérieux là ? Ne m'insulte pas, je te prie, rétorqua Anna. Pardonne-moi, mais Adam et moi devons aller saluer Lady Hamilton.
Je lui tendis la main et je l'entrainai à ma suite vers mon Grand-Père et sa Morue de femme. Anna eut un sourire de façade et embrassa Lady Hamilton. Je me contentais d'un hochement de tête. Elle me détailla de la tête aux pieds et cela m'agaça comme à chaque fois. Ma sœur se jeta dans les bras de notre Grand-Père. Elle faisait ça parce qu'elle avait vu mon agacement face à la nouvelle femme de Lord Hamilton.
-Je me sens terriblement gênée Grand-Papa vis à vis de vous.
-Ne le soyez pas mon petit ange. Cette histoire est derrière vous. Adam, approche mon garçon.
Je ne savais pas ce qu'il me voulait et honnêtement, son regard me glaçait.
-Adam, en défendant l'honneur de ta sœur, tu as bien agi. En défendant son nom, tu as défendu le nôtre. Je suis fier de ce que tu as fait. Tu as agi comme l'Hamilton que je veux que tu sois.
Je ne savais pas quoi dire alors je me contentai d'hocher la tête.
-Merci Grand-Papa.
Anna ne semblait pas comprendre ma réaction. Mais j'avais envie d'être un ange pour une toute petite minute.
-Je suis tout de même gênée, je ne sais pas si je mérite ce bracelet. Avez-vous vu le magnifique bracelet que m'a offert Grand-Papa ?
Elle agita son bracelet sous le nez de Lady Hamilton qui plissa un peu la bouche. Cette femme avait décidément un souci. Qui pouvait-être jaloux des bijoux de sa petite-fille par alliance à part une dégénérée vénale ?
-Comment se fait-il que notre goûter en famille soit devenu une réception ?
-Comme tu le sais, ton père a désormais un poste haut placé au Cabinet et vous vous deviez de le féliciter en public. L'avez-vous déjà fait ?
-Oh, fis-je. Évidemment... Suis-je bête ! Mais pourrons-nous à un moment passer du temps en famille sans public ?
-Pas tout de suite manifestement Adam.
-Je suis désolé de vous demander cela mais Anna et moi avons une foule de devoir à faire pour la semaine prochaine et nous avions l'intention de nous avancer, cela vous dérange-t-il si nous vous laissons avec vos invités ? Nous pouvons bien évidemment rester ici mais comme nous avons relativement besoin de calme..
-Vos études passent avant le reste. Je suis heureux que notre discussion ait porté ses fruits. Mais avant, allez féliciter votre père pour sa nomination.
Anna me sourit et m'emmena assez loin de lui.
-On va chez Chel ou Rick ?
-Aucun des deux Anna. Je suis un peu claqué et j'ai vraiment envie de dormir. On ne le dirait pas mais je t'ai veillé toute la nuit. J'ai eu peur pour toi et j'ai encore eu plus peur de devoir t'emmener à l'hôpital en cas de bad trip. J'en ai pas fermé l'œil alors j'ai juste envie de m'étendre sur mon lit et dormir.
-Ad', je ne le savais pas.
Je m'étais bien gardé de lui transmettre la peur que j'avais eu au réveil. Elle semblait assez mortifiée maintenant. Je ne lui en voulais pas pour ce qu'il s'était passé la veille, bien sûr que non, mais je voulais qu'elle comprenne que cela nous avait affecté tous les deux. D'autant plus que j'avais accentué la douleur de ma main en frappant le mec. C'était la gauche, donc pour le moment je n'avais pas eu à m'en servir mais mon père le remarqua alors que nous le félicitions haut et fort pour sa nomination.
-Adam.. qu'est-ce que c'est que ça ? Je t'ai vu dans la semaine et tu n'avais pas ça.
-Oh non. Tu t'es encore battu mon chéri ?
De la déception. Voilà ce que je voyais dans les yeux de ma mère et même si j'étais habitué, ça me fit mal.
-Il m'a..
-Oui, je me suis battu hier avec mec qui avait regardé les filles qui étaient avec moi de travers. Je lui ai fait comprendre qu'on ne regardait pas comme ça une femme. On va partir pour faire nos devoirs. On se voit tout à l'heure.
Je tournai les talons. J'avais parlé d'une traite et Anna me prit la main alors que je m'éloignai à grands pas.
-Adam.
-Non, j'ai tiré le côté démoniaque n'est-ce pas ? Laisse-moi le tenir.
-Je pense que c'est toi mon prince charmant.
-Non, c'est Colin Lightwood qui t'a sauvé. Moi je me suis contenté d'aller lui foutre une raclée après coup. Je ne suis pas un prince charmant. Je n'ai pas l'impression d'être un homme parfois.
Nous étions dans la rue et nous marchions silencieusement vers chez nous. Anna ne savait plus comment faire pour me parler et moi je ruminai.
-Il n'a pas été sympa.
-Qui ?
-Colin, il n'a pas été sympa tout à l'heure. J'ai cru vraiment mais je l'ai gêné à aller chez lui alors je me sens comme une conne. Et je n'aime pas me sentir comme une conne. Tu n'aurais pas dû me défendre auprès des parents. Dès qu'ils rentreront à la maison, je rectifierai ce que tu as dit.
-Non. Parce qu'ils s'inquiètent suffisamment pour toi sans que tu en rajoutes. Maman.. Maman m'a dit qu'elle avait été mortifiée. Elle m'a raconté que Papa était furieux et qu'il avait été obligé d'aller sur une ring pour retirer la rage en lui. Elle a utilisé le terme de rage. Et apparemment, Grand-Père aussi en a été affecté. Alors non, je ne vais pas dire à nos parents que tu as été droguée en plus. Je crois qu'il t'est arrivé suffisamment de trucs cette semaine.
Elle baissa les yeux et je lui pris la main.
-Il t'a dit quoi Colin ?
-Il m'a regardée froidement, j'ai eu l'impression d'être un chewing-gum sur une chaussure. Par contre j'ai vu sa mère. Elle a l'air hyper gentille.
-Pourquoi ai-je l'impression que ça t'affecte qu'il ne t'aime pas ?
-Je m'en fous du personnage en soi, c'est juste que Sweet Anna doit se faire aimer des autres. Mais j'ai l'impression que Bad Adam est plus aimé.
-Sweet Anna saura se frayer un chemin dans le cœur de Lightwood, j'en suis certain. Il ne peut pas te détester. Personne ne déteste Sweet Anna.
Elle était dubitative alors que nous passions la porte de la maison. Je m'affalai sur mon lit et je pris mon téléphone pour appeler Lightwood.
-Salut vieux, tu fais quoi ce soir ?
-Heu, Seth vient chez moi.
-Tu as une console de jeu chez toi ?
Il me répondit positivement et je souris.
-On se fait une partie de Call of ? continuai-je.
-Black Ops III ?
-Yep.
-Ça me va. 21h15 ?
J'acquiesçai à mon tour et je balançai mon téléphone sur mon lit avant de m'étirer. Je mis de la musique classique à fond et je pris un livre d'Oscar Wilde, mon auteur préféré, dans ma bibliothèque. C'était une édition originale offerte par ma Grand-Mère avant qu'elle ne parte loin de toute cette folie qu'était la famille Hamilton. J'avais envie de l'entendre. Je ne savais pas si j'avais son numéro. Je me levai et allai dans le bureau de mon père. Je n'avais théoriquement pas le droit d'y entrer pendant qu'il n'était pas là, mais lui avait forcément le numéro de sa mère quelque part. Je le trouvai dans un tiroir de son bureau, écrit sur une carte signée par elle. Je l'appelai avec le téléphone de mon père.
Elle répondit à la troisième sonnerie.
-Grand-Maman ?
-Adam !!! Mon petit chéri, comment vas-tu ?
-J'ai besoin de savoir ce que cela fait de ne plus être une Hamilton ?
-Du bien ?
Elle éclata de rire. J'adorai son rire.
-Qu'a fait William encore ?
-Il.. Il a beaucoup d'exigences envers moi. Je ne sais pas si je pourrais continuer.
-Un conseil mon petit chéri. Envoie le bouler. Je suis la seule personne qui s'est mise en travers de sa route. Je dois avouer que nous avons eu une relation passionnée tous les deux. Ton Grand-Père était un véritable brasier.
Je n'étais pas certain de vouloir entendre ça. Je me tournai dans le fauteuil de mon père et je fis face à la fenêtre.
-Mais quand il a récupéré le titre, il a soudain été emprunt de gravité. Le titre de Lord Hamilton s'accompagne de la sévérité. Je pense que c'est inhérent à la fonction. Il n'était pas comme ça. Alors quand il a commencé à devenir chiant comme la mort. Adios Willy.
Je souris. Elle était amusante. C'était peut-être d'elle que nous avions récupéré notre côté fun. Je ne savais pas trop mais elle m'avait manqué.
-Ce que je veux dire c'est que lui tenir tête.. plus personne n'en est capable désormais alors tu devrais le faire. Il t'en aimera davantage.
-Vous croyez ?
-Oui, je le crois... Tu n'as pas l'air d'aller bien. Dois-je l'appeler pour lui demander des comptes ?
-Non, bien sûr que non. J'ai une autre question à vous poser. Pourquoi l'avez-vous quitté, vraiment je veux dire . Et pourquoi nous avez-vous quitté ?
-Oh Adam. Mon petit trésor... Ce n'est pas que je ne l'aimais plus, je l'aimais énormément mais son nom nous a éloigné. C'est dur à porter d'être un Hamilton. J'en avais assez des faux semblants. Et j'ai su que.. je ne pourrais pas continuer à vivre dans ce pays sous son ombre. À le voir à chaque information du soir. C'était trop.
-Et pour nous ? Grand-Mère nous ne comptions plus pour vous ?
-Vous comptez énormément, d'ailleurs, votre père me donne de vos nouvelles très régulièrement. Et vous pouvez venir me voir quand vous voulez.
-Pas quand on veut.
-J'ai appris votre petite incartade de l'an dernier. Ce n'était pas très intelligent mon chéri, drôle mais pas malin. J'imagine que William vous a trouvé un nouvel établissement.
-Institut Crawford.
-J'en ai entendu le plus grand bien.
-Quand vous dîtes que Papa vous donne souvent des nouvelles ?
-Il m'a raconté pour Anna. Ma pauvre choupette. Tu lui diras que je pense très fort à elle, que je l'aime...
-Si vous étiez là, vous pourriez lui dire. Lady Hamilton est une grosse connasse de bourgeoise coincée. C'est une arriviste.
-Ça m'étonne ce que tu me dis.
-Adam, je peux savoir ce que tu fais dans mon bureau ?
Je sursautai et je me retournai. Mon père était là.
-Je fais ce que tu fais régulièrement, je suis entrain d'appeler ta mère. Tu veux que je te la passe ?
Mon père piqua un fard et secoua la tête.
-Je vous laisse. Dis-lui que je la rappellerai.
-J'ai entendu Adam, me souffla ma Grand-Mère. De quoi parlions-nous ? Ah oui. De la belle-mère de Wentworth.. Est-ce qu'il l'aime ?
-Papa ? Je ne sais pas, nous n'avons pas le droit de taper sur la vieille morue alors...
-Je parle de ton Grand-Père. Si tu penses qu'il l'aime, je t'invite à rester respectueux. Si tu crois que ce n'est que pour la façade.. je t'invite à rester toi-même.
-Je vous aime Grand-Maman.
-Moi aussi.
-Je vais devoir vous laisser. Mais.. je n'hésiterai plus à vous appeler. Est-ce que vous avez de quoi écrire ? J'aimerai vous donner nos numéros à Anna et moi. Comme ça on pourra s'appeler plus souvent.
-Je prends mon portable. Attends deux secondes.
Je lui donnai nos numéros et je raccrochai. Elle m'envoya un message immédiatement. Je souris tendrement. Nous n'étions pas les rebelles de la famille. Nous étions seulement les descendants de la rebelle. Je descendis dans le salon et je vis nos parents.
-Merci de m'avoir permis de parler à Grand-Mère, papa.
-Je t'en prie. Elle te manque n'est-ce pas ? J'essaye de la convaincre de revenir au moins nous rendre visite mais il semblerait qu'elle ne veuille pas. Anna !
Je me retournai et je vis ma sœur. Elle avait des feuilles en main.
-Apparemment vous aviez oublié de nous signer ces papiers. Ce sont les autorisations de sortie dans le cas où nous resterions le week-end à l'institut.
-Vous aimeriez ?
-Je pense que si nous avons un exposé avec quelqu'un qui n'a pas notre chance de pouvoir partir tous les semaines, ce sera pratique en effet. Et puis bon..
Ma sœur eut un sourire énigmatique.
-Si vous aviez envie de nous faire un petit-frère et une petite-sœur ou les deux dans le salon, je préfère pas que nous soyons là.
J'éclatai de rire et ma mère eut un regard agacé envers ma sœur.
-Nous n'aurons pas d'autres enfants.
-Un accident...
-N'arrivera pas., affirma ma mère.
Je fixai mon père, il ne disait rien du tout. Il regardait ma mère avec beaucoup d'amour. C'était tout. Je lui demandai s'il voulait passer sur le ring avec moi. Il se leva et me tapa dans le dos. Nous avions installé une salle de sport dans le fond du jardin. C'était notre ring. Il sentait la sueur, il sentait les larmes et il sentait l'ardeur et le courage. J'aimais la boxe comme Anna aimait la danse. Mon père m'avait toujours dit que j'étais doué et que cette force que je mettais dans le ring, je devrai l'utiliser dans ma vie future.
Je m'échauffais pendant que mon père choisissait une musique d'ambiance. C'était le moment pour nous d'écouter des musiques d'homme comme il le disait en riant. C'était du métal, pur et dur, du genre à vous faire hurler de terreur la nuit mais pendant le sport qui vous galvanisait comme aucune autre musique. Je montai sur le ring avant de mettre mes protections. Nous nous battions comme des pros. Je savais que ces heures que nous passions ensemble faisaient autant de bien à mon père qu'à moi. Il avait besoin de sortir tout ce qu'il avait en lui et qu'il ne pouvait pas sortir autrement.
« Je n'ai pas besoin de travailler pour vivre. Notre famille est suffisamment riche pour qu'aucun d'entre nous n'ait besoin de travailler pour au moins cinq générations. C'est pour ça que je fais de la politique, je veux aider mes concitoyens, ceux qui n'ont pas ma chance. Mais ce n'est pas pour ça que ce n'est pas difficile. J'entends des insultes. Tout le temps. Et tu sais comment j'arrive à tenir pieds ? La boxe. »
C'était ce que m'avait dit mon père. Il espérait me transmettre sa passion de la boxe et il avait réussi. Je sentais mes muscles s'étirer. Je sentais la sueur sous mes protections. Mon père m'envoya dans les cordes et je sentis de la rage.
-Canalise ton énergie. Frappe.
Je le frappai. Une fois, deux fois. Il encaissait chaque coup et il commença l'offensive. Je reçus plus de coups que j'en distribuai et je me retrouvai au tapis.
-Il faut que tu améliores ta détente, fils. Tu es un peu tendu mais j'ai l'impression que ça va mieux. Tu veux qu'on continue ?
-Non. J'avais... Anna..
-Oui. Je comprends.
Je me tus et je me vidai une bouteille d'eau sur la tête.
-Tu en aimerais d'autres ? Des enfants ?
-Je.. je voulais une multitude d'enfants avec ta mère. Elle est tellement parfaite.
-Oh. Vous avez changé d'avis après nous. Je comprends.
-Non, mais deux bébés en bas âge, c'est difficile. Imagine si nous avions eu encore des jumeaux ?
-Et nous sommes particulièrement insupportables.
-Je ne vous changerai pour rien au monde.. Ou du moins très peu. Pourquoi t'es-tu battu ?
-Je te l'ai dit.
-Tu m'as menti, je le sais.
Je le fixai droit dans les yeux.
-Je t'ai dit pourquoi je m'étais battu. Il a emmerdé des filles qui étaient avec moi. Je suis beaucoup de choses mais je ne peux pas supporter qu'un homme parle mal à une fille. C'est plus fort que moi.
-Tu ne m'en diras pas plus, je le sais bien mais tu peux venir me parler. Autant que tu le veux. Tu n'auras pas besoin d'appeler ma mère pour ça. Je suis là pour toi et je le serai toujours.
Il posa sa main sur mon épaule et se retira du ring, me laissant seul dessus. Il s'essuya et je soulevais les cordes pour m'extraire.
-Tu ne m'as pas répondu. Tu aimerais avoir d'autres enfants ?
-Oui.
Sa réponse sincère m'étonna mais je ne voulais pas le montrer. Je repartis vers la maison pour aller me laver. Anna me vit et elle fronça du nez.
-Tu pues.
-Viens me faire un câlin.
Elle se recula rapidement et je lui courus après dans le jardin. Je l'attrapai et l'écrasai au sol sous mon poids.
-T'es chiaaaant !
-Merci Anna, moi aussi je t'aime.
Elle me donna un coup et elle se précipita dans la maison. Je restai un instant dans l'herbe verte. Pourquoi tout n'était pas si facile que ça ? Anna et moi n'avions pas besoin des autres. Je me redressai et je vis ma mère arroser ses plantes. Nous avions des domestiques mais elle aimait s'occuper de ses fleurs. C'était son petit bonheur. Je me rendis près d'elle.
-Je ne veux pas te décevoir Maman.
-Tu ne me déçois pas Adam.
-Je pense que si.
Elle se tourna vers moi et elle soupira doucement.
-Adam, Adam, Adam. Tu me fais penser à mon frère. Toujours dans la contradiction n'est-ce pas ? Tu ne me déçois pas. Je suis inquiète pour ton avenir c'est tout. Je ne veux plus jamais être convoquée dans un bureau où une harpie me dit que j'ai mal élevé mes enfants. Parce que je ne t'ai pas mal élevé.
-Tu veux venir dîner avec moi ?
-On va dîner ensemble Adam.
-Non. Venir dîner avec moi. En tête à tête. Je t'invite. Laissons Anna avec Papa pour une fois et partons tous les deux. Je t'invite à dîner.
Ma mère était abasourdie et elle hocha la tête.
-Je ne suis absolument pas présentable.
-Tu es parfaite pour moi. C'est tout ce qui compte M'man. Je vais aller prendre une douche. Je te laisse une heure pour te préparer. Prends une chose assez.. décontractée.
-Et toi mets une chemise. Ou une veste. Ou les deux.
Je me mis à rire et je filai dans ma chambre. Anna y était déjà installée, allongée sur mon lit.
-Je sors avec Maman, tu restes avec Papa.
-Quoi ? t'es sérieux ? Tu aurais pas pu me prévenir avant ?
Elle se renfrogna et me suivit dans ma salle de bain. Elle se détourna le temps que je rentre dans mon bain et elle se retourna.
-J'ai envie de passer un peu de temps avec elle et je sais que Papa a besoin de te parler. Tu pourras le rassurer et moi.. je pourrais rassurer Maman. Ensuite, on sortira avec nos amis. Je sais que Chel finit de travailler à 23h, nous serons rentrés depuis belle lurette.
Elle n'avait pas l'air convaincue aussi je lui lançai de l'eau dessus pour la faire rire. Cela ne manqua pas. Son rire me fit du bien. Son rire me fit sourire. Son rire me donnait la force dont je manquais, à chaque fois qu'il sortait de sa bouche. Je n'avais pas su la protéger, Lightwood l'avait fait. Lightwood. Et mince. Notre rendez-vous de geek. Je sortis de mon bain où Anna m'avait laissé et je pris mon téléphone. Je tombai sur sa messagerie. J'essayai avec Seth D'Arcy. Il me répondit à la seconde sonnerie.
-Oui ? Adam ?
-Est-ce que tu pourras dire à Colin que c'est mort pour ce soir ? J'essaye sur son portable mais ça ne marche pas.
-Heu.. okay. Il est à côté de moi. Oui.. c'est Adam. Attends je te mets en haut-parleur.
-Hamilton ?
-On reporte à plus tard, je vais dîner avec ma mère ce soir.
-Ah. Okay. Pas de souci, passe une bonne soirée, alors, me répondit-il.
-En fait, j'ai un autre truc à te dire. À propos d'Anna. Je ne veux pas savoir ce que tu as dit ou fait quand elle a débarqué chez toi mais si tu l'as trouvée étrange...
-Désolée de t'interrompre Hamilton mais ta sœur est hyper bizarre comparée à toi. Elle est venue en bafouillant et j'ai rien compris de ce qu'elle m'a dit à part « Merci » et elle est partie aussi sec. C'est moi qu'elle a déstabilisé.
-Je voulais juste te dire qu'elle a été droguée la veille au soir. Elle n'avait pas bu du tout. Alors je pense qu'elle avait honte tout simplement. Elle fait toujours attention quand elle m'accompagne et elle ne l'a pas fait. Elle s'en veut énormément.
Il y eut un silence. J'imaginai parfaitement leurs têtes.
-Elle ne devrait pas, ce n'est pas sa faute.
-Anna est une fille ultra gentille. Et elle prend les choses à cœur. Il ne faut pas être.. brusque avec elle tu vois. C'est ce que je voulais dire. Un froncement de sourcil et elle peut penser que la terre est contre elle et qu'elle a un mauvais karma.
-Je vois. Je ferai plus attention. Bref, quand aurai-je le privilège de t'éclater à la console ?
J'éclatai de rire et je le rassurai sur ce point : il n'y arriverait jamais. J'avais besoin de faire cette mise au point avec lui. J'avais forcé le trait de Sweet Anna mais elle préférait quand tout le monde l'aimait. Je pouvais bien faire ça pour elle. Il m'avait dit qu'il ferai plus attention et je savais qu'il le ferait.
Je me regardai une dernière fois dans la glace avant de descendre. Ma mère m'attendait. Elle portait une robe noire simple mais elle n'avait pas pu s'empêcher de mettre un joli bracelet avec des pierres précieuses dessus. Moi je portais un jean, mais une chemise et une veste. Anna me fit un signe pour me dire qu'elle comprenait ma démarche et cela me rassura.
J'inspirai un bon coup avant de prendre le bras de ma mère. Tout allait bien se passer, j'en étais certain.
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