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Adja ne se sentait pas une seconde gênée par la présence de Léon sur le siège passager, et elle avait bien conscience que ce n'était pas normal. Elle aurait dû se dire qu'elle allait traîner avec un inconnu au milieu d'une forêt, dans une maison abandonnée où personne ne viendrait l'aider s'il l'agressait, mais elle n'y pensait même pas. La seule personne qui occupait son esprit était Sylvana Dormeaux. Elle ne pouvait plus s'empêcher de l'imaginer assise dans un fauteuil, en train de... de quoi, d'ailleurs ? Qu'est-ce que les jeunes filles comme elles faisaient en 1880 pour se distraire ? De la couture, de la dentelle, du dessin, de la musique ?

« Et sinon, à part les vidéos, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

— Hein ? fit-elle en sortant de ses réflexions. De quoi ?

— Qu'est-ce que tu fais, à part les vidéos ?

— Euh... du code. Je développe des logiciels et je construis des sites pour des particuliers.

— Ah, c'est pas mal. Tu ne crois pas qu'il faudrait filmer un peu notre rencontre, au fait ?

— ... Pourquoi ? »

Elle vit du coin de l'œil que Léon fronçait les sourcils. Il devait se rendre compte qu'elle était dans un état second. Adja ralentit un peu et attendit d'être sur une ligne droite pour le regarder bien en face.

« J'ai l'air un peu absente.

— Plus qu'absente, ouais ! C'est bien que tu t'en rendes compte ! J'ai l'impression de parler à un fantôme, mais pas un faux !

— Tu vas bientôt voir ce que ça donne, répliqua-t-elle. Allez, filme avec ton téléphone, ça montrera que tu le fais volontairement et que tu n'es pas juste sous mes ordres. D'accord ? »

Léon ne se fit pas prier et narra leur voyage jusqu'à la maison, comme s'il avait toujours rêvé d'être une star sur internet, en filmant beaucoup trop la route au goût d'Adja. J'espère que personne ne va reconnaître les environs et venir nous voir, ce serait flippant... La chasseuse de fantômes avait tout fait pour cacher le lieu de son enquête à l'exception du département, mais si Léon vendait la mèche en montrant n'importe quoi à l'écran... Elle décida de lui faire part de son inquiétude en lui demandant de ne filmer que son visage.

« Tu penses franchement que quelqu'un aura envie de visiter la maison alors qu'on y est déjà ? s'étonna Léon, goguenard.

— On ne sait jamais, répondit Adja en faisant la moue. Tu sais, j'ai reçu beaucoup de messages bizarres depuis que j'ai commencé à poster des vidéos. Certains spectateurs peuvent être très agressifs.

— Okay, okay, je couperai tous les panneaux au montage. Ça te va ? »

Adja acquiesça en silence. Léon semblait irrité de devoir maîtriser ce qu'il filmait. Il va falloir t'y habituer, mon grand ! On ne peut pas trop montrer son intimité quand on est vidéaste, et encore moins quand on reçoit des menaces sur internet. Adja avait tendance à mal manier l'ironie lorsqu'elle répondait à des commentaires haineux, ce qui n'arrangeait rien. Elle avait fini par laisser ses fans s'occuper des énergumènes qui l'insultaient au lieu d'envenimer la situation. Léon poursuivit sa narration avec moins d'entrain.

« C'est là, annonça soudain Adja en se garant. C'est après ces arbres, mais je vais laisser la voiture ici pour filmer une jolie arrivée à travers les branchages.

— On est au milieu de nulle part... C'est vraiment sûr ? Je n'ai pas envie de me faire agresser par des dealers de drogue !

— Il n'y a aucun dealer, le rassura Adja en allumant sa caméra. J'ai visité toute la maison moi-même et personne n'y est entré depuis 1982. C'est vraiment un endroit brut, laissé tel quel, à peine remis sur pied pour le tourisme il y a trente ans.

— Je sais, j'ai vu ce que tu as posté. »

Adja fronça les sourcils. Mais il est lourd, lui !

« Je réexplique pour les nouveaux spectateurs, Léon. Tout le monde n'a pas forcément vu la première vidéo.

— Dans ce cas, je leur conseille d'aller la regarder d'urgence ! On n'a pas le temps de se répéter !

— Tu ne pourrais pas être chasseur de fantômes, dis donc, il faut avoir de la patience !

— J'ai développé une patience à toute épreuve en regardant ta chaîne, puisqu'il ne s'y passe rien du tout. »

Adja serra les dents.

« Okay, Monsieur Punchline, on sort de la voiture. » déclara-t-elle en ouvrant la portière.

Elle installa à nouveau une caméra fixe dans le hall d'entrée en ignorant Léon, sortit son K-II et sa planche de ouija, puis se tourna enfin vers le jeune homme. Il la regarda d'un air penaud et rangea son téléphone.

« Non mais vas-y, filme, l'incita-t-elle, comme ça les spectateurs verront qu'il n'y a rien de spécial autour de moi. Pas de fils, pas de dictaphone pour diffuser des bruits...

— Je t'ai énervée, marmonna-t-il.

— Oui, bon, on s'en fiche ! Filme, je vais commencer par le K-II. »

Adja se moquait comme de la dernière pluie que Léon se sente honteux de l'avoir provoquée. Elle était à quelques secondes d'entrer en contact avec Sylvana ! Qu'est-ce que je pourrais lui demander, aujourd'hui ? Je ne vais pas juste lui faire prouver à Léon que je ne triche pas, ce n'est pas suffisant. Adja avait tant de questions que rien ne lui venait à l'esprit. Ses loisirs, son passé ? Elle ne savait pas comment sa famille avait trouvé la mort, alors de quoi discuter en enquêtant ?

« Est-ce que mon téléphone ne risque pas de créer des interférences ? s'enquit brusquement Léon. Pas que je croie à ce genre de trucs avec ton K-II, évidemment...

— Mets-le en mode avion. »

Adja s'adressa directement à la jeune femme qu'elle considérait de plus en plus comme une amie difficile à rencontrer dans la rue, mais si enrichissante lorsqu'elle croisait son chemin.

« Sylvana Dormeaux, je suis de retour chez vous avec un garçon prénommé Léon. Léon est ici pour vérifier que je ne triche pas et que nos conversations sont réelles. Il donnera plus de cachet à votre histoire et à celle de votre famille. Je vais utiliser le K-II car c'est un moyen de communication moins fatigant pour vous, d'accord ? Une fois pour "oui", deux fois pour "non", comme avant. »

Léon sursauta violemment lorsque le K-II clignota une unique fois.

« C'est du hasard. » souffla-t-il en écarquillant les yeux derrière ses lunettes.

Adja soupira et expliqua à Sylvana :

« Léon est sceptique, il pense que notre communication n'est pas réelle.

— Non, ce n'est pas ce que j–

— Il n'osera pas l'avouer car le surnaturel lui fait peur, pas vrai Léon ? »

Le jeune homme ne répondit pas, pétrifié. Bien, enfin un peu de paix. Adja se sentait plus forte en présence de Sylvana, comme si Léon était un adversaire et qu'elle pouvait enfin se permettre de se moquer de lui. Ce n'est pas très gentil, c'est vrai. Il vient à peine de me rejoindre et je lui en mets plein la figure ! Elle réserva ses excuses pour la prochaine fois où Léon serait choqué par un événement paranormal, ce qui risquait d'arriver très rapidement.

« Sylvana, avez-vous envie de répondre à quelques questions pour prouver le bon fonctionnement de l'appareil ? »

"Non".

« Sylvana, la supplia Adja, je sais que c'est plutôt agaçant, mais j'ai besoin d'aide... Voulez-vous m'aider ? »

"Non".

Adja n'osa pas regarder dans la direction de Léon. Qu'il ait l'air sarcastique ou abasourdi, elle s'en fichait et avait besoin de rester concentrée.

« Je regrette beaucoup de vous avoir vexée hier, Sylvana. J'aimerais que vous ne soyez plus en colère contre moi et que nous soyons de vraies amies.

— Hein ?! s'exclama Léon.

— Tais-toi ! s'énerva Adja. S'il vous plaît, Sylvana, acceptez mes excuses... J'ai bien compris la leçon lorsque vous avez éteint ma caméra hier. Je ne pourrai jamais assez vous remercier d'avoir déverrouillé l'armoire à ma place, et je vous en demande encore beaucoup. Je ne pensais pas réellement que vous aviez l'air plus vivante décédée qu'en photographie, votre beauté était si idyllique que j'en ai tiré de mauvaises conclusions. »

Il y eut un silence au bout duquel Léon murmura :

« Mais qu'est-ce que tu dis ? Même si c'est de la comédie, c'est grave ce que tu racontes ! Tu flirtes avec un fantôme ? Dis-moi que c'est trafiqué, franchement. Tu appuies sur un bouton pour que le K-II clignote, c'est ça ?

— Puisqu'il est sceptique, Léon va tenir l'appareil et je vais lever les deux mains pour montrer que je n'actionne aucun mécanisme. Allez, prends le K-II, et ne le lâche surtout pas sinon tu me le paieras. »

C'est raté pour les excuses, je suis encore plus agressive qu'avant. Que Léon doute de sa proximité avec Sylvana Dormeaux la faisait pâlir de rage. Pour qui se prenait-il ? Tout le monde avait vu que cette jeune femme était absolument magnifique. Rappeler sa beauté n'était pas de la drague, c'était un fait objectif. Adja mit l'appareil dans les mains de Léon et leva les paumes dans le champ de la caméra.

« Sylvana, pouvez-vous répondre à quelques questions, à présent ? »

La diode clignota. S'il fait tomber le K-II, je le tue devant la caméra. Léon ne flancha pas mais avait les yeux exorbités.

« Avez-vous dix-huit ans ?»

"Non".

« Avez-vous dix-neuf ans ? »

"Oui".

« Merci de vos réponses, Sylvana. Auriez-vous, par hasard, assez de forces pour participer à une séance de ouija ? »

"Oui".

Adja reprit et éteignit le K-II, l'arrachant presque des mains de Léon.

« Tu fais tout ça devant moi sans un mot, bredouilla-t-il, en état de choc. Tu n'es pas saine d'esprit ! Tu fais des choses impossibles sans rien dire, sans trouver ça bizarre ! Je t'ai vue frissonner cinq minutes dans la vidéo précédente... et c'est tout ? C'est vrai, tout ça ? On est vraiment en train de parler avec quelqu'un de décédé... ?

— Léon, si tu veux vomir, sors de la maison, le prévint Adja d'un ton sévère. On ne salit pas la maison de Sylvana Dormeaux, surtout après lui avoir dit qu'elle n'était pas vraiment ici ! J'ai fait exprès de te choisir pour ton scepticisme, mais tu peux blesser les défunts avec ton comportement.

— Je ne peux pas croire à tout ça, marmonna-t-il. Et tu veux faire du ouija, en plus ?

— Ça te fait peur ?

— J'ai l'air d'avoir peur ? la brava-t-il, la lèvre inférieure tremblante. Je suis pâle ?

— Plus pâle que moi, en tout cas.

— Ah ah, très drôle. »

Il a peur, c'est évident. Oh et puis mince, je le traîne avec moi pour prouver que le paranormal existe, pas pour lui faire plaisir ! Adja installa la planche de ouija sur le sol et invita Léon à s'asseoir en tailleur en face d'elle. Il rangea son téléphone dans la poche de son blouson et obéit, méfiant. Adja lui montra comment poser son doigt sur la goutte sans appuyer trop fort et lui fit ressentir un déplacement volontaire.

« Maintenant, tu verras la différence avec les événements surnaturels .Sylvana, êtes-vous prête ? »

La goutte se précipita sur le "oui" et Léon étouffa un cri de surprise.

« Tu l'as bougée ! l'accusa-t-il en remontant ses lunettes de sa main libre.

— Est-ce que tu as senti une pression de ma part comme tout à l'heure ?

— Non, mais–

— Alors, c'est non ! C'est paranormal ! Ne fais pas perdre son temps à Sylvana, le ouija est très fatigant pour elle. Sylvana, avez-vous quelque chose que vous aimeriez nous dire ? »

La goutte trembla légèrement. Elle hésite ? Elle réfléchit à une manière simple de formuler sa réponse ? Le mot qui se forma sous les yeux médusés de Léon était plutôt énigmatique : JALOUSE. Adja dut se concentrer pour suivre les mouvements de la goutte : PASPARLERAVECLUI. La chasseuse de fantômes haussa les sourcils, plus étonnée qu'effrayée.

« Vous... vous n'avez pas envie que je parle avec Léon ? Est-ce que j'ai bien compris ? »

La goutte se déplaça sur le "oui" et n'en bougea plus de la séance. Adja eut beau poser des questions à Sylvana, elle ne répondit plus. Elle testa à nouveau le K-II, sans succès.

« Elle ne voudrait pas que je sois ici, conclut Léon avec un petit sourire satisfait, comme c'est pratique ! Je voulais rester pour enquêter, c'est dommage...

— Ça n'a pas d'intérêt si elle refuse de me parler. Est-ce que ça te dérange que je poste cette vidéo sur ma chaîne ? Je ne ferai quasiment aucun montage, ce n'est pas le but. »

Il hausa les épaules. En sortant de la maison avec le trépied, Adja se remit à filmer Léon.

« Dis-nous ce que tu as pensé de cette séance.

— Honnêtement ? C'était très... surprenant. Bien joué, Adja, j'ai failli y croire. Tu as joué ta petite comédie pour me faire comprendre que ta supposée Sylvana ne voulait pas que je t'accompagne dans tes aventures, comme ça tu pourras rester toute seule ici. Bien joué. »

Adja le regarda avec horreur.

« Sérieusement ?

— Sérieusement. »

Non mais... il se fiche de moi, ou quoi ?

« Tu vas poster sur les réseaux sociaux et sur ma chaîne que je suis une menteuse ?

— Ce n'est pas vraiment ça, mais–

— Sois honnête avec moi ! Tu veux foutre ma chaîne en l'air ? Tu es venu pour m'humilier ?

— Okay, je vais te proposer un marché. »

Adja était atterrée.

« Du chantage ? Tu avais prévu ça depuis le début ?

— Non, je viens de prendre cette décision. Tu veux que je sois honnête ? Je vais être honnête. »

Léon remonta ses lunettes et posa son gros sac de randonnée dans l'herbe. Adja se maudissait de plus en plus d'avoir laissé cet inconnu entrer dans sa vie, chez les Dormeaux, pour tout détruire. Le jeune homme se lança alors dans une explication interminable sur son propre scepticisme, ses années d'études, ses doutes...

« Excuse-moi, le coupa-t-elle après en avoir trop entendu pour ne pas exploser, mais ça ne m'intéresse pas plus que ça. J'aimerais que tu passes directement au moment où tu veux briser ma carrière sans raison, parce que ta vie... voilà, quoi.

— Oh, ça, sois un peu patiente ! Mais bon, puisque tu as décidé de me saouler, j'accélère. Je ne comprends pas grand-chose à ce nouveau monde qui s'offre à moi, et je n'ai toujours pas la preuve que tu n'as pas trafiqué ton K-II pour l'activer à distance.

— Je ne saurais même pas comment faire ! protesta Adja.

— Tu le fais forcément ! Je suis désolé, mais à part le cadenas qui s'est ouvert devant toi dans une vidéo sûrement truquée, je n'ai aucune preuve que tu ne triches pas. Et ta Sylvana n'a rien fait de spécial en ma présence, donc je n'ai pas plus d'indices.

— Ne parle pas d'elle comme ça, elle n'est pas à ton service ! Oh, et puis, tu sais quoi ? »

Adja rouvrit son sac et posa sur le sol son K-II, sa planche de ouija, sa spirit box et sa deuxième caméra.

« Tu prends tout ça, moi je m'en vais. Le K-II a coûté soixante-dix euros, la spirit box cent-soixante-dix, la caméra je n'en parle même pas, et la planche de ouija a une valeur affective inestimable. Si tu casses quoi que ce soit, je t'arrache la tête. C'est compris ? Je te laisse en plan et je reviendrai à dix heures du soir. Débrouille-toi ! »

Adja le planta sur place et retourna dans le hall d'entrée.

« Sylvana, veuillez m'écouter ! Léon est en train de me faire du chantage et refuse de croire que vous êtes réelle. Je vais le laisser ici pour qu'il se fasse sa propre idée, et j'aimerais que vous entriez en contact avec lui. Si vous ne le faites pas, je perdrai ma crédibilité et personne ne pensera que vous existez et que votre histoire est réelle. Je suis désolée de vous impliquer dans mes problèmes personnels, mais je voulais être sincère... Je reviendrai ce soir, Sylvana. Même si personne ne me croit, je serai toujours là pour vous. »

Mais... qu'est-ce que je raconte ? J'ai un appartement, je vis à Dunkerque... Je ne serai pas ici tous les jours, sauf si je déménage à Toulon. Adja sortit de la maison pour ne pas avoir de pensées vexantes supplémentaires envers Sylvana, qui pouvait manifestement les entendre. Elle était donc prête à changer de région pour un esprit ? Je dois être très fatiguée. Sa rencontre avec Léon lui avait donné la certitude qu'on pouvait plus faire confiance aux fantômes qu'aux vivants, sans doute. Elle n'adressa pas un regard au jeune homme, se laissa tomber dans sa voiture et quitta les lieux.

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