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##19

« Adja. »

Sylvana s'agenouilla aux côtés de ce qui restait d'Adja et resta silencieuse durant une bonne heure. Je n'arrive plus à bouger. Je crois que je la distingue... mais je ne peux pas lui parler. Adja se sentait faible et perdue, mais manifestement pas assez inconsciente pour réapparaître à l'endroit où elle avait trouvé la mort.

« Je vais te ramener, je ne vais pas t'attendre. » déclara soudain Sylvana en soulevant Adja du sol, au prix d'un immense effort.

Non... ne fais pas ça pour moi... Tu vas te fatiguer ! Adja parvint à bouger un œil en direction de ses bras et vit qu'ils avaient disparu. Elle perdit presque connaissance sur le chemin du retour, dans un vide absolu, sans inventer le bruit des feuilles craquant sous leurs pas ni la sensation du vent dans ses cheveux. Sa tête pendait lamentablement de droite à gauche, sans douleur, sans tension dans ses cervicales. Je déteste cette vie. Ce n'est pas une vie.

« Cela ne t'arrivera plus jamais, Adja, murmura Sylvana comme si elle l'avait entendue. Tu n'auras plus besoin de t'épuiser ni de fuir aussi loin. »

Elle ne parla plus avant quelques longues minutes.

« Tu es allée plutôt loin, pour une première promenade... Mais pas du bon côté, par contre. Je suis enterrée à l'autre bout du domaine familial.

— D... F...

— Ne parle pas, ne parle pas..., lui ordonna Sylvana. Tu seras bientôt sur ton lit. Mon lit deviendra le tien, d'accord ? »

Où sont mes parents et ma grand-mère ? Où est Léon ? Où est la police ? Adja était désespérée d'avoir volontairement saboté son esprit pour ne plus les voir. Sylvana avait-elle l'intention de lui donner les informations qu'elle désirait ?

« Ta mère a crié. » fit Sylvana, les dents serrées.

Une émotion atroce envahit Adja, d'autant plus intense et insupportable qu'elle ne s'exprima sous aucune forme. Elle aurait préféré hurler ou pleurer pendant des heures.

« Elle a dit que tout était de sa faute et qu'elle aurait dû t'empêcher d'avoir cette passion... Léon a été très efficace, il a réconforté toute ta famille en leur expliquant que c'était ton destin. Je crois que ça les a touchés... »

Adja pouvait très bien imaginer ses parents accepter que la ligne de sa vie s'arrêtait ici et maintenant. Mais comment leur parler ? Comment leur faire comprendre que je suis toujours là ?

« La police a confirmé ta mort accidentelle. Naturelle. »

La voix de Sylvana s'était brisée sur le dernier mot, mais Adja n'avait toujours pas la force de nier qu'il s'agissait d'un meurtre. Un homicide involontaire, comme on dit. Penser à ses parents en deuil était la dernière étape, la dernière marche de l'escalier menant à la pleine acceptation de sa nouvelle existence. Après ça, il n'y aura plus jamais rien de pire.

Terrassée par la tristesse, rongée par les regrets, Adja se laissa porter jusque dans la maison. Sylvana la souleva avec difficulté jusqu'à l'étage et la posa sur le lit, où elle ne resta pas longtemps.

« Tu ne tomberas pas très bas, fais-moi confiance... »

Seul le nez d'Adja dépassait du lit. Elle voyait vaguement autour d'elle les draps qu'elle avait traversés et se demanda combien de temps sa catatonie allait durer. Elle entendit Sylvana s'asseoir à ses côtés.

« Ils ont emmené ton corps, et Léon a tenté de me faire passer un message. Je crois qu'il reviendra bientôt avec ta famille pour entrer en contact avec nous. »

Cette idée affola Adja, mais elle se calma rapidement – après tout, il s'agissait de ce qu'elles avaient initialement prévu, n'est-ce pas ? C'est tout de suite moins drôle quand on visualise la scène. Sa famille éplorée, ne croyant pas à la véracité de la spirit box... L'expérience pouvait très bien se transformer en catastrophe.

« Maintenant repose-toi, je vais bien m'occuper de toi. » lui dit Sylvana d'un ton un peu trop autoritaire pour être affectueux.

Adja sentit un frisson de panique imaginaire parcourir sa colonne vertébrale. Est-ce que Sylvana va profiter de ma faiblesse ? Elle est beaucoup trop entreprenante... Elle voyait déjà la jeune femme faire disparaître ses vêtements et poser ses mains un peu partout, comme la dernière fois, mais sans aucun consentement mutuel. J'ai bien dit que j'avais envie qu'elle continue, mais certainement pas quand je suis dans cet état...

« Je vais te préparer mon thé préféré, quand tu iras mieux. Est-ce que tu connais le chai masala ? Il vient de très loin et coûte une fortune, mais le mien sera gratuit et irréel... J'inventerai l'odeur et le goût à ta place. Je suis sûre que ce sera réaliste. »

Sylvana passa les heures suivantes à monologuer sur tout ce qu'elle aimait manger, boire, écouter et coudre lorsqu'elle était encore en vie. Elle adorait le poisson et remerciait le Ciel chaque jour de vivre près de la mer, même s'il fallait se déplacer pour aller en acheter. Le thé restait sa boisson favorite et elle cousait des châles par dizaines en écoutant Elisa jouer du piano, souvent du Chopin.

Adja remonta lentement à la surface du lit, de plus en plus forte, galvanisée par les histoires simples et touchantes de Sylvana. La honte d'avoir pu croire qu'elle lui ferait du mal la mortifiait et la rassurait à la fois. Sylvana est une bonne personne, une personne normale et respectueuse. Malgré des décennies seule dans cette maison, elle n'avait pas perdu son sens moral.

Elles se regardèrent sans parler, un sourire timide plaqué sur le visage. Le temps n'existait plus. Si belle et calme... c'est comme ça que je l'admire, pas quand elle est jalouse et effrayante. Sylvana finit par rougir et lui proposa du thé, désireuse de faire diversion. C'est trop intense pour elle, peut-être. Et pour moi aussi ! Adja entendait jusque dans ses tympans son propre cœur battre la chamade et n'était pas sûre d'avoir créé elle-même cette sensation.

Sylvana fit semblant d'aller chercher quelque chose à l'autre bout de la chambre et lui tendit une tasse brûlante. Une délicieuse odeur d'épices emplissait la pièce et les narines d'Adja.

« Comment est-ce que tu as fait ?

— Avec de l'entraînement, répondit simplement Sylvana. Bois, mais fais attention... »

Impatiente de goûter le thé, Adja le refroidit par la force de son esprit et le descendit d'une traite.

« Je n'avais jamais vraiment essayé d'en boire, avoua-t-elle après avoir remercié Sylvana. C'est bon, en fait !

— Bien sûr que c'est bon, je n'allais pas te faire boire une horreur !

— Comme quoi ?

— De l'huile de foie de morue. »

Adja éclata de rire, bientôt suivie par Sylvana, même si sa connaissance de l'huile de foie de morue était très théorique : elle n'en avait jamais consommé de sa vie. Ce n'était qu'une histoire racontée par sa grand-mère paternelle, qui avait été élevée aux remèdes plus ou moins goûtus... Adja toussa et posa une main sur son cœur.

« Ah, ça fait du bien de rire un peu... »

Face au silence de Sylvana, elle ajouta, nerveuse :

« Après une journée pareille...

— Je suis heureuse que tu aies évité de voir tout cela. » soupira Sylvana en s'asseyant sur le lit.

Elle croisa les bras et laissa ses yeux se perdre dans le vague.

« C'était affreux de voir ta famille dans cet état. J'aurais voulu rencontrer tes parents dans d'autres circonstances, et j'avais tant envie de leur parler ! Léon n'a jamais utilisé la spirit box, ce n'était pas le moment, mais je leur aurais dit que tu allais être heureuse, que j'allais prendre soin de toi et de ta mémoire, jusqu'à ce que tu sois assez en paix pour partir. »

La bouche de Sylvana se tordit mais ses joues pâles restèrent sèches. Elle pleure, mais sans prendre la peine d'inventer des larmes... Adja la prit dans ses bras et posa sa tête sur son épaule, maigre et pointue sous sa joue.

« Merci. » murmura-t-elle, sans pouvoir en dire plus pour le moment.

Adja ferma les yeux mais finit par les rouvrir, agacée.

« En temps normal, je me serais endormie... mais rien ne se passe. »

Sylvana fit apparaître une grosse couverture grise et força Adja à s'allonger dessous avec elle, en diagonale, les pieds pendant dans le vide.

« On peut toujours faire semblant, c'est le principe de la mort. » dit-elle en l'enlaçant.

Adja sentait le souffle chaud de Sylvana contre son cou, ses doigts entrelacés avec les siens et posés sur son ventre.

« On ne fait pas vraiment semblant... » chuchota Adja en souriant.

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