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##16

« Ma mère a deviné de quelle maladie il s'agissait, même si elle n'existe quasiment plus en France. J'ai fait quelques petites recherches sur internet avant de revenir et... »

Léon vérifia que sa caméra était bien allumée. Heureusement, il ne perd pas le Nord... J'avais totalement oublié que j'avais une chaîne de chasseuse de fantômes !

« Il y a eu une épidémie en 1884 à Toulon, et c'est ce qui vous a infectés.

— Il m'énerve, siffla Sylvana en s'impatientant. Allez, quelle maladie était-ce ?

— Le choléra. »

Devant le silence mortel qui accueillit son annonce, Léon se sentit sans doute obligé de développer son propos.

« Le choléra est arrivé à Toulon par bateau de Saïgon, et il est ensuite allé vers Marseille où l'épidémie a été terrible. Vous l'avez sans doute attrapé en côtoyant quelqu'un de la ville.

— Le livreur de lettres, marmonna Sylvana. Vous souhaitiez me marier avec un jeune homme qui est certainement décédé quelques jours avant vous, Grand-Père...

— Quelle catastrophe ! s'exclama Alphonse. Mais il s'agissait vraisemblablement d'une maladie, rien de plus. Pas de malédiction...

— Pas de malédiction, confirma Léon. Du coup... Est-ce que vous allez trouver la paix, maintenant ?

— Tu es pressé ? s'énerva Sylvana. Tu veux rester avec Adja ?

— Arrête, Sylvana, soupira Léon. Je veux juste appeler la police et les prévenir de sa mort, c'est tout. Ça a assez duré, j'ai passé la pire nuit de ma vie et son corps ne mérite pas de rester ici à pourrir. C'est plus clair ? »

Sylvana haussa les épaules, mais Adja était certaine qu'elle était d'accord avec lui. Trop fière pour le lui dire, par contre.

« Merci, Léon, lui dit Adja pour le réconforter. Est-ce que je peux te demander un dernier service ?

— Vas-y...

— Si mes parents et ma grand-mère l'acceptent, viens me chercher avec la planche de ouija et amène-moi jusqu'à eux pour que je leur parle via la spirit box. »

Léon acquiesça.

« Et qu'est-ce que je fais, pour la chaîne ?

— Annonce ma mort après avoir parlé à la police. Comme prévu.

— Je n'allais pas le faire avant, se moqua Léon avec un rire nerveux.

— Poste ce que tu veux, ça n'a plus d'importance. Et ne reste pas des mois à discuter avec mes abonnés ! Oublie-moi, oublie tout ça et continue tes études. »

Léon leva les yeux au hasard, ne sachant pas où elle se trouvait, et renifla.

« D'accord, je ferai attention.

— Ne te laisse pas submerger, d'accord ? C'est comme ça, tu n'y peux rien et... »

Adja hésita avant d'achever sa phrase.

« ... je suis plus ou moins heureuse, là où je suis. »

Léon rit doucement et boutonna son manteau pour ressortir dans le froid.

« Si j'avais su que ton délire malsain serait réalisable un jour...

— Malsain, malsain..., bouda Adja.

— Ouais, carrément malsain ! Mais bon, maintenant que vous êtes au même endroit... »

Il toucha du doigt le bouton d'arrêt de la spirit box.

« Au revoir, Adja.

— Au revoir, Léon. »

Elle ferma les yeux pour ne pas le regarder partir. Sylvana lui posa une main sur l'épaule, un geste qu'elles échangeaient bien trop souvent à son goût – Adja n'était pas très tactile.

« Est-ce que tu vas bien ? lui demanda Sylvana avec douceur.

— Euh... Peut-être, je crois, enfin... j'ai un problème. Je n'ai même pas envie de voir la police venir me chercher. Je préférerais éteindre ma conscience en les entendant arriver, est-ce que c'est possible ?

— C'est possible. » confirma Sylvana.

Le seul moment difficile sera donc de parler à ma famille si j'en ai l'occasion. Adja se sentait soulagée d'avoir au moins quelques jours de répit devant elle. Je suis morte depuis vingt-quatre heures au grand maximum... ce n'est pas grand-chose, par rapport à Sylvana, mais j'ai besoin de me reposer.

« Tu n'as pas l'air dans ton assiette, remarqua son amie. Viens, on retourne dans ma chambre pour se reposer.

— Dans ta chambre ? s'étonna Adja. Ça ne te gêne pas d'aller dans un endroit aussi... aussi... chargé d'histoire ?

— Je me moque du lieu où j'ai perdu la vie, expliqua Sylvana en l'invitant à monter les escaliers. Je suis ici depuis plus d'un siècle, cette maison est la mienne et le passé est très loin. »

Adja se retourna soudainement, prise d'une intuition.

« Où est Alphonse ?

— Il est parti pendant que tu parlais à Léon. »

Quoi ?

« Parti ? Comment ça, parti ? Dans la forêt ?

— Non, son âme a enfin été libérée de la tourmente. Il a compris que notre famille avait fait une erreur en écoutant Tante Sidonie, que je n'étais pas possédée par un démon. C'est tout ce dont il avait besoin pour quitter ce monde. »

Est-ce que c'est triste ? Est-ce que je devrais être heureuse pour lui ? Si Adja avait résolu le problème des Dormeaux en ne mourant pas bêtement tuée par Sylvana, celle-ci aurait passé le reste de l'éternité à errer dans la maison. Alphonse aurait fui sa petite-fille pour toujours sans rien savoir. C'est peut-être mieux que je sois décédée, tout compte fait. Elle sourit nerveusement en s'écoutant penser. Quelle horreur de réfléchir comme ça !

« Et toi, alors ? demanda Adja en arrivant dans la chambre de Sylvana. Tu n'as pas trouvé la paix, n'est-ce pas ? Tu es toujours ici...

— Je reste ici parce que j'en ai envie. »

Alors c'est exactement ce qu'elle m'avait dit il y a quelque temps... Quand on veut rester un fantôme et ne pas disparaître, on peut le faire. C'est fou ! Combien de personnes décédées pouvaient se vanter de ce qu'elle découvrait heure après heure ? Si on imagine que les trois-quarts des gens finissent fous parce qu'ils ne travaillent pas sur eux-mêmes comme Sylvana l'a fait, il ne reste plus grand-monde. D'autant plus que les défunts comprenaient en majorité pour quelle raison ils étaient morts. Je ne vois pas d'autre explication pour que le monde ne pullule pas de fantômes !

« Adja, tu m'entends quand je te parle ?

— Hein ? fit-elle. Désolée, je réfléchissais à ce que tu viens de me dire.

— Cela n'a pas l'air de t'émouvoir que je te choisisse à la place du repos éternel. »

Adja se figea sur place et eut presque froid.

« J'ai toujours pensé que ce serait le seul avenir possible pour nous.

— Comment cela ? demanda Sylvana en fronçant les sourcils.

— Je ne t'imaginais pas partir et me laisser seule, ou l'inverse. Depuis le début, il se passe quelque chose d'incroyable et d'anormal entre nous, ça ne pouvait pas être gâché par quelque chose d'aussi bête que... le repos éternel. »

Adja avait espéré la faire sourire en disant de telles absurdités – qu'elle pensait cependant avec toute l'honnêteté du monde – mais Sylvana était raide comme la Justice.

« Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai dit une bêtise ?

— Tu te moques de moi ! s'exclama Sylvana. Personne ne peut plaisanter sur le repos éternel ! Nous ne vivons que pour rejoindre le Paradis, tu le sais ! Cela ne te fait donc pas peur de rester ici au lieu de partir rencontrer Dieu ?

— C'est..., bredouilla Adja, qui n'avait absolument pas prévu sa réaction. Je ne m'attendais pas à t'entendre dire ça ! Il faut que je t'explique quelque chose, sinon tu risques de me prendre pour une insolente. »

Adja lui raconta que sa famille n'était pas pieuse du tout, et que même si ses parents étaient chrétiens, ils ne parlaient pas de religion à la maison. Elle n'avait jamais suivi un seul cours de catéchisme et allait à la messe pour les mariages et les enterrements. Lorsqu'elle visitait des lieux à forte connotation religieuse – comme des chapelles de vieilles cliniques –, elle récitait une petite prière pour la forme, sans trop y croire.

« Tu prends l'au-delà très au sérieux, Sylvana, n'est-ce pas ?

— Bien sûr, comme tout le monde !

— Comme tout le monde... à ton époque. Je suis désolée de t'avoir vexée, je ne me rendais pas compte de l'ampleur du sacrifice que tu fais pour moi. »

Adja se mordit la lèvre.

« C'est vraiment pour moi ? Juste pour moi ?

— Est-ce que tu vas jouer à l'idiote pendant des siècles ? » la provoqua Sylvana avec un sourire narquois.

Adja posa une main contre la tête de lit en bois, laissant le cœur qu'elle voulait bien imaginer battre à tout rompre dans sa poitrine. Je revis. Je revis presque. Elle sentait le sang couler dans ses veines et ses artères, de ses orteils à son cerveau, son ventre se tordre d'angoisse, d'embarras, de plaisir. Elle aurait pu se consumer sur place.

« Tu vois ? lui dit Sylvana en la prenant par les épaules. Quand tu as dit que je semblais plus vivante maintenant que sur mes photographies... Tu n'avais pas tort. Je me suis mise en colère car j'ai cru que tu allais te moquer de moi aux yeux du monde entier, mais ce n'était sans doute pas ton intention. Toi aussi, tu as l'air plus épanouie que jamais ! Tu prends conscience de tout ce qui existait dans ton corps, tout ce que tu as perdu mais que tu peux réinventer.

— Est-ce que ça va continuer de me faire des sensations beaucoup trop fortes ? demanda Adja en butant sur chaque mot, le souffle court. J'ai l'impression que je vais exploser... C'est beaucoup plus violent que ce qui m'arrivait quand j'étais encore en vie. »

Adja savait qu'elle ne disait pas toute la vérité. Elle s'était sentie presque aussi gênée et fébrile lorsque Sylvana les avait suivis jusqu'à l'hôtel et qu'elle avait tenté de dormir à ses côtés, présence glaciale et intouchable. La perspective d'être aussi près d'une jeune femme qui l'intriguait tant l'avait rendue folle de curiosité, avec une pointe de désir interdit.

« Tu repenses à notre nuit, devina Sylvana.

— Notre nuit, notre nuit... Il ne s'est rien passé ! Je t'ai accidentellement renvoyée dans les limbes et j'ai passé le reste du temps à essayer de te retrouver.

— J'étais tombée dans une position confortable, dit Sylvana en haussant négligemment les épaules. Le lit de l'hôtel était plutôt sympathique, contrairement à toutes les fois où j'ai ouvert des cadenas avant de m'écrouler bizarrement sur le parquet.

— C'est... c'est sûr. »

Bien joué, belle conversation ! Adja ne parvenait pas à se concentrer. Est-ce qu'elle va finir par retirer ses mains de mes épaules ? Sylvana la regardait dans le blanc des yeux, infiniment focalisée sur elle. Adja ne doutait pas un instant de ce qu'elle avait l'intention de faire. Je ne sais pas si je suis prête à l'embrasser, à vivre ici pendant des siècles... et peut-être même plus... ? Jusqu'où Sylvana était-elle capable d'aller avec elle ? Adja n'avait pas d'expérience sentimentale, à l'exception d'un baiser un peu raté au collège avec un garçon dont elle se souvenait à peine. Le reste n'était pas beaucoup mieux, puisqu'elle s'était enfermée dans sa passion pour le paranormal et n'avait plus rencontré personne. Je ne sais pas comment faire pour la rendre heureuse... Je ne sais même pas si j'embrasse bien !

« Si j'étais encore capable d'entendre tes pensées, soupira Sylvana, je suis certaine que j'y verrais un capharnaüm total.

— C'est juste que...

— C'est juste que tu réfléchis trop. Laisse-toi aller au moins une fois dans la vie que le destin t'a permis de passer sur cette planète !

— J'ai peur de tout, avoua Adja en baissant la tête, la peau de plus en plus foncée à force de rougir. Ce n'est pas... ce n'est pas normal pour moi, c'est tout.

— Est-ce que ce serait normal avec un garçon ? demanda Sylvana avec une pointe de fraîcheur dans la voix.

— Non, ça ne changerait rien au fait que je n'ai pas d'expérience.

— Moi... j'en ai peut-être un peu. Un tout petit peu. »

Adja faillit plaisanter sur Sylvana et sa cousine qui s'enfermait avec elle dans sa chambre, mais elle se retint à temps. Ce n'est vraiment pas le moment ! Elle se faisait martyriser par Sidonie, la pauvre ! Au lieu de provoquer un incident diplomatique, Adja invita Sylvana à lui raconter comment elle avait connu l'amour pour la première fois. La jeune femme rassembla ses cheveux blonds derrière ses épaules et fit la moue.

« Commence par t'asseoir sur mon lit, cela risque d'être long... »

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