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##13

Adja se laissa tomber sur le parquet de la chambre de Georges Dormeaux en regardant fixement la porte – le seul point où elle ne pouvait discerner du coin de l'œil son propre corps confortablement installé dans le lit. Elle sentit le bois sous ses jambes, mais d'une manière inédite. Je sens ce qu'il y a autour de moi, mais pas à l'intérieur. Sa légère douleur permanente aux intestins avait disparu, son estomac ne criait plus famine. Lorsqu'elle touchait ses poignets, aucun pouls. Pas non plus la tension de ses muscles quand elle bougeait. Adja toucha ses yeux et comprit que ce qu'elle avait pris pour des larmes n'était que son imagination : il n'y avait aucune humidité dans son enveloppe corporelle. Pas d'eau, pas de sang, pas de bile.

« Tu peux faire apparaître ce que tu veux. » lui dit soudain Sylvana en s'asseyant à genoux devant elle.

Elle leva une main vers son visage et se concentra. Des larmes se mirent alors à couler sur ses joues et celles d'Adja, qui plaqua une paume contre son nez qui commençait à dégouliner.

« C'est le moins que l'on puisse faire pour se sentir vivantes, expliqua Sylvana. Si rien ne vient de notre imagination, nous ne sommes plus rien. Par exemple, je suis certaine que tu ne t'es pas aperçue que tu n'avais pas de vêtements. »

Adja s'affola en essayant de se cacher avec ses bras, mais elle comprit rapidement qu'il n'y avait rien à voir : elle ne discernait même pas son propre corps.

« Rien n'existe tant que tu n'y penses pas, Adja. Imagine-toi une tenue, fais comme bon te semble, et tu pourras te voir. En attendant... »

Adja se retrouva soudain affublée de la même robe en dentelle que Sylvana et fit glisser le tissu plus vrai que nature entre ses doigts. Je suis quelqu'un... Pas juste un fantôme invisible, je suis toujours moi...

« J'ai dû recréer des sensations humaines pour ne pas devenir folle, avoua Sylvana d'un air gêné. Je peux pleurer, rougir, me mettre très en colère en sentant le sang battre jusque dans mes oreilles... Parfois, je me donne mal au ventre pour avoir l'impression d'être normale, même si je sais que je suis décédée. Il faudra sûrement que tu le fasses aussi, Adja, sinon tu vas finir comme ces âmes perdues qui racontent n'importe quoi quand on leur tend une spirit box. »

Sylvana fit une pause et ajouta :

« Enfin, j'imagine.

— Je crois que tu n'as pas dit ça par hasard, soupçonna Adja.

— Plus de secrets entre nous, n'est-ce pas ? soupira Sylvana. J'ai analysé ton téléphone le premier jour, j'ai vu des centaines de choses en même temps... Il y a tant de vidéos montrant des esprits fous qui ne sont plus capables de communiquer avec les appareils que tu utilises...

— Tu peux passer par internet et regarder ce que tu veux ? Je ne pense pas que ça puisse nous servir pour le moment. Léon pourra toujours nous donner les informations dont nous aurons besoin.

— Léon ne reviendra jamais, Adja. »

Sylvana la toisait d'un air sévère et ses joues rosissaient à vue d'œil.

« Il aura trop peur pour enquêter, la vision de ton corps lui percera le cœur à chaque visite.

— Qu'est-ce que tu as fait pour me tuer, Sylvana ? » demanda Adja en ne se gênant pas pour changer de sujet, fatiguée par les insinuations jalouses de la jeune femme.

Sylvana faillit lui adresser une grimace, mais elle parut prendre conscience qu'elle était en tort dans toute cette histoire. Elle attrapa un pan de sa robe et le tordit nerveusement.

« J'ai voulu entrer dans ta tête pour te montrer quelque chose, mais c'est très difficile à faire. Je ne pense même pas que cela soit possible, à vrai dire... Ce n'est pas comme entendre les réflexions de quelqu'un. Comme tes pensées étaient un bloc impénétrable, j'ai tenté de ralentir ton rythme cardiaque pour que le temps passe plus lentement autour de toi...

— Et tu t'es trompée, compléta Adja, la bouche pâteuse.

— Et je me suis trompée. »

Sylvana semblait penaude mais empreinte d'une fierté impossible à faire chavirer. Elle a fait ce qu'elle a pu et prend peut-être la mort à la légère, après toutes ces années. Voilà pourquoi ça n'a pas l'air de la déranger de m'avoir assassinée par hasard...

« Est-ce que tu m'en veux ? lui demanda la jeune femme, même si ses yeux ne trahissaient aucune culpabilité.

— Je pense que non, avoua Adja. Pas tout de suite. Peut-être que la nuit me portera conseil.

— Tu n'as plus besoin de perdre tes nuits, à présent, lui rappela Sylvana avec un grand sourire désarmant. Mais tu peux faire semblant de dormir !

— Mais toi, tu le fais pour de vrai, non ? Quand on te dit–

— Arrête-toi immédiatement ! »

Adja serra les lèvres. Elle va enfin me parler de ses disparitions à répétition quand on lui donne l'ordre de dormir !

« Je pense que je dois te montrer quelque chose. »

Sylvana se leva et tendit les mains en direction d'Adja pour l'aider à se remettre sur ses pieds. Tout en se demandant si cela lui demandait un effort particulier, l'ex-chasseuse de fantômes lui saisit les poignets et se laissa soulever. Sylvana prit ensuite sa main sans discuter. Adja déglutit automatiquement, même sans salive, et bénit le sang de ne plus rendre ses joues écarlates. Même avec sa couleur de peau, il aurait été impossible de cacher un tel embarras. Sylvana tourna alors la tête vers elle et lui sourit, sans doute pour la rassurer.

Je maintiens ce que j'ai dit... Elle est beaucoup mieux que sur les photos. Sylvana était jolie comme un cœur, elle avait un visage à se damner, bien qu'assez glacial. Adja songea que si elle devait passer l'éternité avec une aussi belle jeune fille, malgré son tempérament explosif dès qu'un garçon entrait dans son champ de vision, elle n'était pas si mal tombée. Est-ce que je serais capable d'avoir une véritable relation avec Sylvana ? Adja était si horrifiée de ne plus être en vie qu'elle se demandait si la folie n'allait pas l'emporter avant tout.

« C'est ici. » déclara Sylvana, la sortant de sa torpeur.

Elles se tenaient debout dans l'encadrement de la porte de la chambre de Sylvana, qui la força à faire quelques pas vers le lit. Adja ne put s'empêcher de penser à une scène de film d'horreur, juste avant qu'un drame n'ait lieu.

« Je suis morte assise sur mon lit, mais pas d'une crise cardiaque. »

Adja attendit, mais Sylvana ne semblait pas encline à aller plus loin. Pourtant, je dois savoir.

« Que s'est-il passé ?

— C'est dur..., soupira Sylvana, et Adja sentit qu'elle ne jouait pas la comédie. Je peux te montrer à quoi je ressemblais juste avant de devenir celle que je suis. »

Sylvana se mit à déboutonner le haut de sa robe en dentelle et Adja ferma les yeux, gênée.

« Tu risques de me voir assez souvent jusqu'à la fin des temps, Adja ! Ne sois pas embarrassée.

— Oui mais... quand même. »

Elle regarda timidement dans sa direction, les paupières plissées pour en distinguer le moins possible, mais oublia tout respect en voyant la plaie béante entre ses deux seins.

« Mais...

— Je sais ce que tu vas dire, l'interrompit Sylvana en traçant de l'index les contours du trou que sa poitrine arborait. C'est laid, mais je vais te montrer toute la scène. Je me suis entraînée pendant des années, c'est plutôt réussi ! »

Elle leva les bras en fermant les yeux pour se concentrer, mais Adja la coupa dans son élan.

« Rhabille-toi avant, s'il te plaît !

— Oh, désolée. »

Sylvana fit alors disparaître la plaie : sa peau était redevenue aussi lisse que celle de ses bras.

« C'est mieux ?

— Tu te moques de moi, pas vrai ? dit Adja en ne pouvant s'empêcher de sourire. Tu restes ici, devant moi, la poitrine à l'air...

— Je n'ai pas froid. » la rassura-t-elle en secouant la tête.

Non mais... Elle se fiche de moi, ce n'est pas possible autrement ! Sylvana était très loin d'être naïve, elle ne s'était pas comportée comme une petite fille sage à l'hôtel. Elle comprend ce qu'elle est en train de faire, c'est évident ! Mais Adja décida de ne pas insister. Après tout, ce n'était pas une vue si désagréable, malgré son embarras...

« Toute la scène va se dérouler devant nous, expliqua Sylvana en refermant les yeux. Regarde et écoute. »

Adja se força à détourner son attention du décolleté de la jeune femme et sut que si elle avait été en vie, elle aurait sans doute très violemment rougi. Calme-toi, Adja, ce n'est vraiment pas le moment...

Soudain, une deuxième Sylvana apparut devant elle et se précipita vers la porte barricadée par des planches maladroitement arrachées du parquet.

« Non, non, ne faites pas ça... » murmura la Sylvana de 1884 en tentant de consolider sa maigre défense.

Des éclats de voix parvenaient jusqu'aux oreilles d'Adja, de l'autre côté de la porte.

« Brûle tout ! Elle doit payer ! »

Après quelques terribles minutes de silence, la porte prit feu et Sylvana se précipita sur son lit. Elle saisit une chaise et la brandit devant elle, prête à se défendre. Adja croisa les bras, nerveuse. Je ne peux pas regarder ça... Elle va mourir ! Lorsque les flammes eurent fini de réduire la porte en cendres, deux hommes posèrent un grand drap sur le sol pour que le feu ne se propage pas dans la chambre. Adja reconnu Georges et Jules Dormeaux, suivis de près par Elisa. Non... Pas eux, quand même...

« Jules, Elisa, attrapez-la, ordonna Georges avec froideur.

— Non ! s'exclama Sylvana en portant la chaise à bouts de bras. Laissez-moi ! Père, ne faites pas ça ! »

Sylvana n'eut pas la force de lutter contre deux adultes animés par une colère sans limites. Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils lui veulent ? Adja constatait que Sylvana avait vécu ses derniers instants face à trois membres enragés de sa famille, mais elle ne comprenait pas ce qu'elle voyait.

« Par les pouvoirs que Dieu me confère..., commença Georges en s'approchant d'elle avec un long couteau de cuisine.

— Père !

— ... que ton âme soit purifiée par les flammes qui t'attendent dans l'au-delà...

— Pèèèère ! répéta Sylvana en pleurant et en se débattant, mais Jules et Elisa l'avaient immobilisée.

— ... que le monde soit libéré de la puissance démoniaque que tu représentes...

— Non...

— ... retourne dans les Enfers, et par la puissance que Dieu accorde à ce couteau... Dors. »

Toutes les silhouettes s'évanouirent instantanément lorsque Georges Dormeaux prononça ce dernier mot, la pointe de son arme touchant à peine la poitrine de Sylvana. Adja se retrouva dans le silence de la chambre, sonnée. Le vent se levait de l'autre côté de la fenêtre, implacable, sans aucune attention pour le drame qui s'était joué il y a des siècles et qui revivait en cet instant.

La famille de Sylvana l'avait sacrifiée en l'accusant d'être possédée par un démon, mais pour quelle raison ? On en revient à ce que croit Alphonse Dormeaux... Il a sans doute vu cette scène sous forme de fantôme et l'a interprétée exactement comme moi. Mais de quoi serait-elle coupable ? Adja allait poser la question à Sylvana, mais la jeune femme était étendue sur son lit, le regard vide.

« Sylvana... ? »

Adja se précipita vers elle, en proie à la panique, mais se souvint que cet état n'était pas définitif.

« Est-ce que c'est parce que tu as entendu l'ordre de dormir ? Tu l'associes à ta mort et ça t'épuise ? »

Adja saisit Sylvana par les épaules pour l'installer plus confortablement sur le lit, plutôt qu'en diagonale avec les pieds pendant dans le vide. La jeune femme semblait totalement absente, comme si toute son enveloppe corporelle s'était figée dans le temps. Adja s'allongea à ses côtés, à une bonne trentaine de centimètres, et lui demanda :

« Tu peux entendre ce que je dis ? »

Il n'y eut absolument aucune réaction de la part de la jeune femme.

« Ça me donne l'impression que tu es morte, enfin... plus que d'habitude. Je n'aime pas ça... »

Je vais parler toute seule pendant une nuit entière, si ça continue. Dire qu'elle avait un jour eu envie de la mettre dans cet état pour être tranquille et discuter avec Alphonse Dormeaux ! Quelle horreur... Elle l'imaginait s'effondrer sur le parquet à chaque fois qu'elle l'avait aidée à ouvrir un cadenas. La culpabilité la consumait, elle se trouvait ignoble. Sans réfléchir, elle prit la main de Sylvana pour la réconforter et la trouva glacée.

« Tu ne contrôles plus ton corps, pas vrai ? Tu ne peux plus le rendre... humain, dans cet état ? »

En s'apercevant que les vêtements de Sylvana s'estompaient, Adja se dépêcha de l'installer sous les couvertures pour la réchauffer. Sa peau disparaissait, elle aussi. Je pense que ce que je fais ne sert à rien, mais si je peux faire quelque chose de gentil... Adja voulait profiter du peu de réflexion qui lui restait. Peut-être qu'elle n'aurait pas l'esprit aussi clair le lendemain, lorsque la panique la submergerait.


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